Dossier d’œuvre architecture IA44000837 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, patrimoine de la villégiature
Lotissement concerté La Baule-les-Pins
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Collection particulière

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Patrimoine balnéaire - La Baule-Escoublac
  • Commune La Baule-Escoublac
  • Lieu-dit
  • Dénominations
    lotissement concerté
  • Appellations
    lotissement La Baule-les-Pins

En 1818, Louis de Sesmaisons obtient la concession des dunes d'Escoublac pour planter des pins et stopper les dunes de sable (montagnes ambulantes » qui ont recouvert le vieil Escoublac en 1781. En 1845, Jacques-Yves Berthault, armateur nantais, rachète cette concession et plante tant qu'il peut. Au fil du temps une partie de sa concession est lotie par des investisseurs mais la partie coupée de la mer en 1879 par la ligne de chemin de fer et adossée à la grande dune d'Escoublac est dénommée par les villégiateurs "Le Bois d'Amour" car il y fait bon se promener sous le couvert des pins.

En 1922, le député parisien Louis Lajarrige lance un concours d'architectes français pour créer un lotissement dans ce fameux Bois d'Amour qu'il vient d'acheter en 1919 à la Société des dunes d'Escoublac dirigée par Gustave Baillergeau : gendre de Jacques-Yves Berthault, planteur des dunes. Le concours tourne court et deux architectes inconnus qui n'apparaissent pas dans les résultats publiés emportent la révision de ce concours. Ils réalisent en fait une synthèse des projets et se calquent un peu sur le réseau viaire serpentant dans les dunes. L'avenue de la Mer joignait la plage au vieil Escoublac ; l'avenue du Bois-d'Amour joignait le vieux Pornichet au port du Pouliguen à l'intérieur des dunes. Suivant la loi de 1919, un dossier de création de lotissement est déposé en préfecture avec un plan signé des deux architectes Labbé et Lévesque. Puis le lotissement est inauguré en grande pompe en juillet 1923 avec de nombreuses personnalités parisiennes. Y sont prévus, une gare, un grand hôtel, un casino, une chapelle, un temple, un marché, un parc fleuri, des tennis et son club house, une allée cavalière, etc. Un vrai village. Angevins et nantais investissent dans l'attente d'un réel décollage des ventes des terrains. Mais pour Lajarrige, l'achat est lourd et il lui faut vendre à une plus grosse société de lotissement tout cet ensemble.

En décembre 1925, la Société générale Foncière, créée au Havre en 1913, supplante la Société Immobilière de La Baule-les-Pins de Lajarrige et cherche à mieux rentabiliser son nouveau territoire par un redécoupage des grandes parcelles arrivant ainsi à une moyenne de 1000 m2. En 1926, un nouveau plan est déposé en préfecture pour valider la création du lotissement et le plan de 1923 disparaît des archives de mairie comme celles de préfecture (ce plan est retrouvé dans les archives de la mairie). En 1925, François André qui tient le casino de La Baule depuis 1920 le fait redessiner par l'architecte Georges Vachon. Sur la longue plage d'Escoublac, deux casinos sont suffisants et la Société générale Foncière annule le projet de casino de La Baule-les-Pins au grand dam des premiers investisseurs qui réalisent que La Baule-les-Pins sans son centre d'attraction ne pourra jamais rivaliser avec le lotissement original "La Baule central". Ils en veulent durement à ce pauvre Lajarrige.

Celui-ci ne disparaît pas pour autant car il continu de vendre les terrains du lotissement dans la villa Marthe, avenue de la Grande-Dune. Il est intéressant de noter qu'outre le savant tracé de ce lotissement, les avenues "sentent" bon la France. La revanche de 1918 laisse un parfum de renaissance et chaque quartier porte des noms de musiciens, d'écrivains, de provinces, de villes françaises. Cependant Lajarrige se bat pour son lotissement car en 1927 avec l'accord du Ministère des travaux publics, la participation de la Société générale Foncière, la commune de La Baule et la Compagnie d'Orléans qui gère la ligne Saint-Nazaire. Le Croisic, cette dernière est dévoyée derrière le lotissement. Elle longeait la plage et remontait (au niveau de la piscine) vers la gare (au niveau de la poste) en traversant tout le lotissement, séparant celui-ci de la mer. La déviation, la gare de La Baule-les-Pins et le concours de celle d'Escoublac-La Baule sont médiatisées et redonnent vie au lotissement.

Arrive la crise de 1929, les prix chutent et les villas se font rares. Certains architectes quittent la station de La Baule et le creux de la vague se fait sentir en 1936. C'est à cette date que Lajarrige est élu maire de La Baule jusqu'à la guerre de 1939. Respecté en 1936, il est hué par l'hebdomadaire local "La Mouette" en 1939 pour diverses raisons de gestion dont l'entretien du parc des Dryades par la commune toute entière. Après la Seconde Guerre mondiale, Louis Lajarrige et la Société générale Foncière continuent de vendre des parcelles et en 1952 apparaît sur la plage de La Baule le premier immeuble "Le Floride". Lajarrige décède en 1956 et la commune donne son nom à l'avenue des Tilleuls, artère principale de ce grand lotissement forestier.

La plage de 3 km environ est exposée au sud-ouest. Les parcelles ont une superficie de 1000 m2 en moyenne. Le lotissement est bord au nord par la ligne de chemin de fer au sud par la plage, à l'ouest par une ligne partant de la gare de la Baule-Escoublac longeant l'avenue de l'Hallali et plongeant au sud le long de l'avenue de la Mer. La partie nord calée dans la courbe de la ligne est occupée depuis 1970 par le lycée climatique Grand Air. Une très large allée cavalière bordée de grandes villas remonte, en une ample courbe, de la plage vers la gare de la Baule-les-Pins. De cette gare on descend vers la mer par l'avenue Louis Lajarrige (ex. avenue des Tilleuls). Au centre de cette avenue la place des Palmiers, cerclée par une avenue (Edmond Rostand puis Sarah Bernhardt), rayonne en 8 directions dans le lotissement vers l'église à l'ouest, le marché puis la gare au nord, le parc des Dryades puis les tennis à l'est, et enfin vers la mer et des villas au sud. L'architecture possède ici tous les styles du délire régionaliste des années folles (basque, provençal, anglo-normand, breton, colonial, hollandais) plus quelques autres créés par les architectes installés à la Baule (hispanique, art déco, paquebot...). Une bonne partie des terrains furent bâtis après la Seconde Guerre mondiale dans des styles neufs (espagnol, californien, briéronne...).

  • Murs
    • granite enduit
  • Toits
    ardoise, tuile, chaume
  • Typologies
    anglo-normand ; breton ; basque ; provençal ; colonial ; paquebot ; art déco
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 1990; Date(s) de rédaction : 1998
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Articulation des dossiers
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