Dossier d’œuvre architecture IA49010820 | Réalisé par
Durandière Ronan (Contributeur)
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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  • enquête thématique départementale, Confluence Maine-Loire
Écart de la Roche-aux-Moines
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Confluence Maine-Loire
  • Commune Savennières
  • Lieu-dit la Roche-aux-Moines
  • Cadastre 1835 B4  ; 2020 0B
  • Commune Savennières
  • Cadastre 2020 B

Situé sur le bord d'un coteau longeant la rive droite de la Loire, à une douzaine de kilomètres au sud-ouest d'Angers, le site de la Roche aux Moines se situait sous l'Ancien Régime sur la paroisse d'Épiré, rattachée entre 1790 et 1794 à la commune de Savennières.

Le nom du fief, attesté dès le Moyen Âge central, trouve son origine dans la topographie du lieu et son acquisition par les moines de l'abbaye bénédictine de Saint-Nicolas d'Angers à la suite de plusieurs donations aux XIe et XIIe siècles. Au début du XIIIe siècle, le sénéchal Guillaume des Roches édifia, au pied du coteau – avec ou sans le consentement des moines –, un puissant château dominant la Loire. Destiné à protéger la route de Nantes à Angers. Ce dernier, avec les terres l'environnant, vint visiblement former une enclave dans le domaine des moines de Saint-Nicolas.

En 1370, Guillaume de Craon, héritier de Guillaume des Roches céda en 1370 au duc Louis Ier d'Anjou cette terre qui prit dès lors le nom de Roche au Duc. En 1481, le roi Louis XI, reconnaissant les services de Pontus de Brie, seigneur de Serrant, l'autorisa à donner à la terre, préalablement acquise par sa famille, le nom de la Roche Serrant.

La châtellenie de la Roche au Duc, puis de la Roche Serrant, relevant directement du château d'Angers, jouissait de droits étendus sur la Loire, de Saint-Saturnin aux Lombardières et de Savennières au Port-Thibault. Y étaient annexés, au milieu du XVIe siècle, le "lieu, clouserye, domaine et appartenances de la Coullée Serrant" dont le corps de logis subsiste toujours, au creux du vallon, avec ses deux ailes en retour et son grand porche d'entrée (voir dossier). Les bénédictins tenaient quant à eux, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le fief proprement dit de la Roche aux Moines. Ils avaient pour manoir seigneurial "une grande maison, avec cour d'entrée, haut et bas jardins, parterre vers le nord" et "pressoir", en haut du coteau du même nom (actuel Domaine aux Moines).

On ignore si au moment de leur acquisition par l'abbaye Saint-Nicolas, la Roche aux Moines et la Coulée de Serrant étaient déjà plantées de vignes mais il est probable que l'on doive aux moines bénédictins la plantation des premiers ceps dans le courant du XIIe siècle. La période s'inscrit, en effet, dans une importante mise en valeur de nouvelles terres et d'expansion du vignoble, notamment en périphérie d'Angers. Sur les bords de la Maine et de la Loire, la vigne occupait ainsi à la fin du Moyen Âge la quasi-totalité des coteaux, d'Avrillé à La Possonnière où elle était à la base d'une économie rurale prospère.

Dans le courant des XVIe et XVIIe siècles, le développement du commerce et l'économie spéculative autour du vin firent se multiplier les nouvelles propriétés. À l'instar de la noblesse, la bourgeoisie angevine, nouvellement enrichie et désireuse de créer des domaines de rapport, racheta à quelques distances de la ville de nombreuses terres pour y placer un vigneron ou closier. Le bas du coteau de la Roche aux Moines, en bordure de Loire, vit ainsi fleurir aux XVIIe et XVIIIe siècles de nombreuses maisons, pourvues d'un pressoir et de plusieurs planches de vigne exploitées le plus souvent en bail à complant. Ces logis, couverts d'ardoises, possédaient alors souvent une chambre haute, destinée à héberger le maître lors de ses visites au domaine. Le vigneron résidait quant à lui au rez-de-chaussée du logis ou dans un logement annexe (voir La Moinardière). La recherche d'un cadre de vie agréable et champêtre, hors des turpitudes de la vie citadine, transparaît parfois dans la dénomination de ces maisons. C'est le cas de la maison de "Belair", propriété de M. de Veaufoulon, résident à Angers. En 1763, elle est "composée d'une chambre basse, sans cheminée, deux autres au-dessus, l'une à cheminée, exploittée par un escallier de pierre situé dans la cour, un seul grenier au-dessus des deux dittes chambres hautes, le tout pour le logement du maître, et le tout couvert d'ardoise ; une chambre basse à cheminée, un grenier au-dessus, four dans icelle chambre, c'est le logement du vigneron".

Dans le courant du XIXe siècle, bon nombre de ces logis furent détruits ou modernisés, à l'image, de l'ancien logis de l'Épinay et son admirable allée de cyprès ouvrant à l'est sur la Coulée de Serrant, reconstruit vers 1840 par Edouard Moll pour la famille Jourdan. À la même époque, Pierre-Constant Guillory (1796-1878), dit Guillory l'aîné, industriel angevins, maire-adjoint à la ville d'Angers, fondateur de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire fait de la Roche-aux-Moines un terrain d'expérience pour la culture de la vigne en Anjou. Parmi ses travaux les plus remarquables figure l'expérimentation dans l'un de ses clos rebaptisé "le clos de Lausanne", de la culture de la vigne en terrasse, inspirée de celle mise en œuvre dans le canton de Vaud, au bord du lac Léman. Guillory effectuera dans cette parcelle plusieurs tentatives d'encépagement en vigne rouge, notamment en "Pineau noir de Bourgogne" et en Cabernet-Sauvignon.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée
  • Sites de protection
    site classé

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 504. Explication du plan géométrique du fief de la seigneurie de La Roche-aux-Moines en la paroisse d'Épiré. 1763.

Bibliographie

  • DURANDIÈRE, Ronan. La confluence Maine-Loire. Territoire de villégiature. Images Patrimoines en région, Nantes, Éditions 303, 2021, 136 p.

Périodiques

  • DURANDIÈRE, Ronan. Permanences et expériences de la vigne en Anjou. La Roche aux Moines et la Coulée de Serrant. De la vigne au vin, 303, hors série, n° 139, 2015.

    p. 74-84
  • GAULTIER, Frédéric. « Rapport sur plusieurs mémoires relatifs à la culture des coteaux en terrasse ». Bulletin de la Société industrielle d’Angers et de Maine-et-Loire, n° 3, 12e année,1841

    p. 89-91
  • GUILLORY, Pierre-Constant. « Travaux de construction et de plantation en vignes de terrasses superposées d’un coteau, situé en la commune de Savennières », Bulletin de la Société industrielle d’Angers et de Maine-et-Loire, n° 1-2, 13e année,1842, p. 42-50.

Documents figurés

  • Plan géométrique du fief de la seigneurie de La Roche-aux-Moines en la paroisse d'Épiré. 1763. (Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 503).

  • Ruines du château de la Roche-aux-Moines, par A. Gouin, non signé. Dessin bistre. (Archives départementales de Maine-et-Loire ; 11 FI 5848).

  • La Roche-au-Duc, aujourd'hui Roche-de-Serrant, autrefois appelée la Roche-aux-Moines. Reproduction d'un dessin conservé aux Archives départementales de Maine-et-Loire, H 514. Dessin à la plume. Fin 19e siècle. (Archives départementales de Maine-et-Loire ; 11 FI 5849).

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Durandière Ronan
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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