Les observations sur les équipements des Sablons portent sur l'ensemble du quartier. Le choix de les analyser conjointement, bien qu'ils répondent à des usages différents, tient de la démarche urbanistique commune qui a mené à leur construction.
Répartition des types d'équipement, quartier des Sablons.Sur les 434 édifices repérés, 46 sont des équipements. Bien que la part puisse paraître faible, leur importance n'en est pas moins grande tant ils servent à structurer le quartier et tant ils agissent de concert avec les logements, répondant aux attentes des nouveaux habitants des Sablons lors de la création du site. Typologie des édifices, quartier des Sablons.
Pierre Vago, architecte en chef de la ZUP, conçoit l'équipement comme créant le réseau du quartier. A l'ouest, l'entrée dans les Sablons est matérialisée par la piscine olympique et à l'est par la patinoire (disparue). Le centre commercial est central et sa physionomie en placette à portiques entouré de boutiques joue le rôle de nœud où convergent les deux voies principales créant ainsi une polarisation urbaine à l'échelle du quartier. De part et d'autre de ce centre commercial se développe le site pensé en deux unités au centre desquelles sont positionnées des équipements scolaires (Sablons I et Sablons III). Structure du quartier des Sablons.
Les matériaux : construire rapidement
Le monopole du béton
La quasi-totalité des édifices est construite en béton selon le procédé TRACOBA, majoritaire aux Sablons (99% des édifices liés aux équipements), à l'exception du gymnase Pierre Rozière construit en bois et recouvert de shingle.Détail du shingle en façade du gymnase Pierre-Rozière Tous les bâtiments ont leur panneaux préfabriqués sur place par l'usine Heulin, sauf pour l'église Saint-Bernard des Sablons dont la construction diffère du reste du site du fait de son histoire. Les moulurations intérieures et extérieures en témoignent.Détail des moulurations extérieures, église Saint-Bernard des Sablons
Certains édifices sont recouverts de carreaux de céramique. Il semblerait que la majorité des bâtiments ait eu ce type de parement à l'origine mais qu'il ait été parfois perdu. Un seul édifice est recouvert d'un parement de brique (Gymnase Alain-Fournier).
L'utilisation du panneau préfabriqué assure une rapidité d'exécution pour les équipements qui devaient pouvoir être fonctionnels rapidement. Ainsi, la construction de ces équipements concrétise la rhétorique que Pierre Vago développe dans son œuvre critique, soit "une solution correcte, logique et constructive à des nouveaux problèmes, répondant à de nouveaux besoins, réalisés par de nouveaux moyens techniques".
Variations des toitures
Malgré cette unité des procédés constructifs, les toitures des équipements montrent quelques variations. Les toits sont surtout plats en béton, mais 2 écoles sont couvertes de toits pyramidaux en ardoise, 2 autres sont couvertes de tôles à deux pans, et enfin 2 autres ont des toits plats en béton mais avec une corniche en tôle. Enfin, le gymnase Alain Fournier présente également une toiture originale avec des décrochements en verre et menuiseries aluminium. Cette liberté prise par les architectes d'opération pour les toitures des équipements, contrairement aux logements, pourrait s'expliquer par la faible hauteur de ces bâtiments. En effet, à l'exception de deux édifices à plusieurs étages (dont l'immeuble Lafitte), 55% d'entre eux sont construits en rez-de-chaussée et 44% ont un seul étage. Le principe de co-visibilité depuis les étages des tours pourrait donc avoir amené les architectes à envisager ses variations formelles. Vue de l'école Henri-Wallon depuis le toit de l'immeuble voisin.
Une architecture stéréotypée
Comme pour l'ensemble des ZUP, la conception des équipements avait pour volonté de susciter de la vie sociale et ont donc été établis en association étroite avec les logements.
Les équipements du quartier des Sablons se rattachent à des modèles architecturaux véhiculés notamment par les revues architecturales contemporaines (L'architecture Aujourd'hui, Techniques et architecture...) et dont les gabarits et les normes ont été dictés par les ministères correspondants. Ainsi, "l'école est devenu un bâtiment fonctionnel pourvu de vastes baies vitrées, bien orienté, accompagné de préaux donnant sur des terrains rectangulaires" (Joseph Abram) et les normes ministérielles imposent le couloir central, les classes rectangulaires etc.Préau de l'école Gérard-Philippe. Façade nord de l'école des Sablonnières.
De même, les gymnases répondent à des typologies dressées par l'Etat. Bien qu'adaptés par les architectes locaux, ces modèles sont généralement rationalisés. Affiche pour le concours du gymnase Alain-Fournier.