Bienvenue sur le site de l'Inventaire général des Pays de la Loire
Présentation

 

Fondé en 1964 par André Malraux, ministre de la Culture, l’Inventaire général du patrimoine culturel a pour mission de « recenser, étudier et faire connaître » le patrimoine urbain, architectural, artistique et mobilier de la France. Cette compétence a été transférée aux Régions par la loi de 2004 sur les libertés et responsabilités locales.

Ainsi, depuis 2007, la Région des Pays de la Loire poursuit cette mission sur l’ensemble du territoire régional, en partenariat avec les communes et leurs groupements, les Départements, les Pays.

L’ensemble des études réalisées lors des opérations d’inventaire forme des dossiers généraux ou individuels sur les œuvres retenues (édifices ou objets mobiliers) largement documentés, qui comprennent des textes de synthèses, des notices historiques et descriptives, des photographies, des cartes et des plans, des sources. Des liens facilitent la navigation entre les dossiers.

Voir nos études
Image du jour
Nef, mur ouest, côté sud : décor d'accompagnement de la statue de sainte Thérèse de Lisieux.
Lumière sur

I. COMPLEMENTS HISTORIQUES

L'abbaye

Fondée vers 530 d'abord sous le vocable de Saint-Germain, une première église dont il ne reste rien, accueille la dépouille de l'évêque Aubin auquel elle est ensuite dédiée, vers 555-556. La présence d'une communauté monastique est certaine dès la 1ère moitié du VIIe siècle. Occupés par les moines bénédictins à partir de 966, les bâtiments sont détruits par un incendie en 1032. L'abbatiale est reconstruite dans le milieu du XIe siècle et achevée pour le gros-oeuvre en 1070 : il en reste une partie du mur septentrional du bas-côté nord (avec quatre baies, dont une complète à l'est) remployée dans l'abbatiale du XIIe siècle dont subsistent aussi huit colonnes (restaurées à l'exception des deux dernières colonnes orientales, à la jonction du transept : ces vestiges sont conservés sur les façades du mail de la Préfecture (parcelles 181 et 185). L'entière réédification du monastère s'échelonne tout au long du XIIe siècle : avec ses chapiteaux corinthiens, la nef, dont subsistent quatre colonnes du collatéral nord (touchant à l'est le bras du transept) sur les façades déjà citées du mail, serait plus ancienne que le chevet construit entre 1128 et 1151. La tour-clocher ou tour des cloches isolée (dite la tour Saint-Aubin), commencée en 1130, est achevée vers 1170-1180, sans que ne soit jamais réalisée la grande flèche de maçonnerie au sommet du beffroi. Du milieu du XIIe siècle comme le cloître, le réfectoire est couvert de voûtes d'ogives plus tardivement, dans ce même siècle. La cuisine circulaire, similaire à celle de Fontevraud, lui est probablement contemporaine. Primitivement charpenté, le cloître n'est pas voûté avant le milieu ou la seconde moitié du XIIIe siècle. La façade occidentale de l'église ainsi que celle du porche attenant pourraient être reprises au XIVe siècle, à la suite d'un accident survenu au "pinaculum" en 1350. En 1426, à la demande de Yolande d'Aragon, un lanternon désigné comme une "échauguette de charpenterie", destiné à la surveillance, est installé au sommet de la "tour de la sonnerie" (tour Saint-Aubin). Il est probablement refait en 1541, date d'un marché de charpente pour la réparation "du beffroy". L'ensemble des couvertures du monastère (église, cloître, aile des dortoirs, logis abbatial) est remis à neuf en 1539. Plusieurs fois abattu par le vent, le clocher de l'église semble dater des XVIe ou XVIIe siècles d'après la vue cavalière du Monasticum. Ce document établi vers 1679 est le seul à représenter en élévation une partie des bâtiments (aile ouest des communs et aile sud du réfectoire) avant reconstruction. La localisation primitive de la sacristie, du chauffoir et de l'escalier du dortoir n'a pu être déterminée dans les restitutions de l'abbaye médiévale (plan et maquettes), établies en 1985-1988 sous la direction de l'historien et archéologue Jacques Mallet.

Après l'introduction officielle de la réforme de Saint-Maur en 1660, l'abbaye fait l'objet de douze projets de reconstruction (y compris les variantes) conçus par des religieux de la congrégation. Les rares plans d'ensemble tentent d'associer à la vie du monastère l'infirmerie et l'hôtellerie, au sud-ouest du quadrilatère (à la place des cuisines). Ce regroupement des fonctions participe du même souci d'unité architecturale qui s'exprime dans la recherche d'un plan régulier et d'élévations ordonnancées sur les jardins.

- Le premier plan de 1674, du prieur dom Thomas Journeaux, est limité à l'aile orientale des dortoirs, conservée dans son étendue initiale mais avec deux étages carrés destinés à accueillir quarante cellules. On peut lui associer l'élévation du Monasticum qui en montre vers 1679 un parti très monumental, tenant compte de modifications établies en 1675 (pavillons moins profonds) mais introduisant pour l'esthétique un troisième étage réuni aux précédents par un ordre colossal.

- En 1680 est élaboré le premier projet d'ensemble, attribué au prieur dom Marc Rivard, qui réduit l'aile des dortoirs à la taille du quadrilatère, sans la régulariser, et conserve la volumétrie des vieux bâtiments avec insertion de l'hostellerie et de l'infirmerie à l'angle sud-ouest. Il sera suivi de multiples variantes concernant majoritairement l'aile orientale, à l'exception du projet "A" de Meaux et de sa variante "au carré" (aile orientale seulement), tous deux en 1685.

- Le projet A, le plus original et le plus ambitieux (83 cellules au total), propose de rectifier l'obliquité de l'aile orientale relativement au bras sud du transept et développe deux ailes symétriques en oblique sur la façade sud, celle de l'est augmentant le dortoir, celle de l'ouest destinée à l'infirmerie. Parmi les variantes du projet A, la salle du chapitre forme un avant-corps sur la façade orientale, à la manière d'une chapelle polygonale (variation B).

- Le projet "au quarré", issu lui aussi du projet A mais plus austère (sans les ailes obliques), affirme encore davantage la régularisation des bâtiments conventuels : l'aile nord du cloître est de même déplacée vers le sud , mais l'aile orientale est cette fois dédoublée par deux cours intérieures dites préaux de part et d'autre de la salle capitulaire ; enfin l'aile ouest du cloître est rebâtie.

Outre l'abbatiale, la reconstruction des mauristes n'épargne des parties médiévales que la partie nord de l'aile ouest occupée par les caves et celliers, et le cloître gothique (avec obturation cependant des arcades romanes ouvrant sur la sacristie et la salle du chapitre). Sont également remployés en gros-oeuvre le mur ouest de l'aile orientale et le mur nord de l'aile méridionale, qui excluent toute régularisation du plan. Le chantier débute par l'aile orientale réduite à la taille du quadrilatère selon le plan de 1680 : la première pierre, posée en 1688, reste sans lendemain et la réalisation de cette aile des dortoirs n'est effective qu'en 1710, sous l'impulsion possible du révérend père et architecte connu de la congrégation, Denis Plouvier. La seconde campagne touchant l'aile sud (escalier d'honneur, lavabo, réfectoire) et la partie attenante de l'aile ouest (escalier de service, office, cuisine, salle des hôtes) est achevée probablement pour les extérieurs vers 1737.

Le logis abbatial est d'abord situé au nord de la tour des cloches. La vue du Monasticum qui en donne une bonne représentation vers 1680 ainsi que les vestiges permettent de le dater de la 1ère moitié du XVIe siècle. Un livre de comptes fragmentaire de cette époque relatif à des travaux essentiellement pour la maison de l'abbé, donne le nom de Jean Delespine pour la construction d'une galerie à deux niveaux, desservant une "estude" (peut-être la "chapelle" mentionnée ultérieurement sur différents plans et textes). Cet architecte est probablement l'auteur des travaux importants effectués tant pour le logis (vis neuve pour les galeries neuves, estude neuve, cave neuve...) que dans les jardins (treilles, cabinet au centre du dédalus...). Un procès-verbal de réparations mentionne en 1689, autour de la cour, la restauration du décor sculpté (remplacement de sept bustes, réfection des autres figures restantes). De cette grande demeure subsistent la tour de l'escalier principal, au revers du n° 24 rue Saint-Aubin et, dans le couloir du n° 8 rue des Lices, une des arcades de la galerie basse détruite vers 1957, qui fermait la cour principale au sud, en bordure de la tour Saint-Aubin. Le corps de logis sud remploie une baie médiévale sur le mur-pignon sud, place Saint-Eloi. L'ensemble est démantelé en plusieurs habitations au XIXe siècle, mais déjà remanié au XVIIIe d'après les baies situées 22 rue du Musée.

Situés au sud de la tour des cloches, les jardins de l'abbé sont, au XVIe siècle, séparés de l'habitation. Ils sont agrandis en 1712 au détriment de ceux des religieux, manifestement en relation avec le nouveau logis abbatial construit au sud de la tour Saint-Aubin, à l'ouest de la vieille hôtellerie. Ce déplacement est attesté en 1736 sur le plan des échevins. Ce second logis abbatial est encore en place, au revers du 14 rue des Lices. Il conserve plusieurs cheminées du 4e quart du XVIIIe siècle. L'escalier primitif, placé en façade, a été emporté par les remaniements du XIXe siècle et remplacé par un escalier en charpente, sur l'arrière de la maison. L'élévation latérale est a été masquée en 1872 par l'actuelle façade sur rue, tandis qu'une partie des jardins, encore figurée sur le plan cadastral de 1840, est lotie en 1874.

L'hôtellerie, encore figurée sur le plan de 1802, apparaît comme un édifice de la fin du Moyen Âge. Située au n°14 rue des Lices, elle disparaît avec le percement de cette voie vers 1836.

L'infirmerie, accompagnée d'une chapelle, est placée à l'est de l'enclos sur le plan dit de Saint-Germain en 1661. On n'en connaît pas les élévations. Au sud de l'enclos, la maison de l'infirmier, du XVe siècle d'après le projet "A" de Meaux, est détruite comme les autres logis satellites (maisons du prieur, de l'aumônier...) à une date indéterminée et qui ne figurent pas sur le plan des échevins en 1736.

La Préfecture

L'abbaye est évacuée en 1790. Fortement détériorée entre 1792 et 1796, elle est occupée définitivement par l'administration départementale en 1797 avant de devenir le siège de la Préfecture en 1800. En 1801, le premier préfet de Maine-et-Loire, Pierre Montault Desilles, décide le regroupement des services au deuxième étage de l'aile est (à l'exception des Archives logées dans la sacristie et la salle capitulaire) et l'aménagement d'un appartement et de pièces de réception au premier étage de l'aile sud, au-dessus du réfectoire. En 1802 est pratiqué dans l'aile ouest un passage couvert reliant la cour du cloître et la basse-cour. A l'abandon après avoir servi de dépôt militaire pendant les guerres de Vendée, l'église est progressivement démolie (1804 : écroulement des voûtes, 1807 : démolition du porche) afin de dégager la cour d'honneur. La nef et la croisée sont totalement détruites en 1816, mais le chevet subsistera encore à l'état de traces jusque vers 1819. Entre 1809 et 1814 disparaît le vieux cloître gothique conservé par les mauristes : il n'en reste aujourd´hui que les arrachements des voûtes et quelques chapiteaux sur le mur ouest du bâtiment oriental. Durant ces mêmes années, le cloître est remplacé par des galeries à toit terrasse (oeuvre de l´ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-François Demarie), sauf au nord où une grille encadrée de deux pavillons clôture la cour d´honneur. Cependant, l´actuel portail, provenant de l'abbaye de Fontevraud (grille du choeur de l'abbatiale), n´aurait été installé qu´en 1831. L´architecte départemental Louis François remanie en 1817 les couvertures des galeries sur cour, remplaçant les terrasses par des toitures en appentis (latéralement) et à deux versants (au centre), habillées de balustrades ; puis il achèvera en 1821-1823 l´aménagement intérieur de la galerie sud, plus profonde que les autres, qui comprend un vestibule entre deux pièces de réunion précédant la salle du Conseil général logée dans l´ancien réfectoire ; il conçoit également les lambris sculptés du salon d´honneur du préfet, au premier étage de l´aile sud. On doit à ce même architecte la création du mail précédant la cour d´entrée, à l´emplacement de l´abbatiale. Planté en 1818, cet espace public s´achève tardivement, sa régularisation et la tentative d'ordonnancement des façades se poursuivant encore en 1836-1837.

Dans les années 1830, l'enclos est réduit à l'ouest par le percement (décidé en 1825) de la rue des Lices, qui emporte notamment les jardins de l'abbé et l'ancienne hôtellerie du XVIe siècle. La tour Saint-Aubin échappe à la démolition : transformée en fabrique de plombs de chasse, elle est réparée et remaniée en couverture en 1823 (le clocheton et la partie supérieure des tourelles d'angle disparaissent) probablement par Mathurin Binet, à la suite d'un projet (non réalisé) de couverture à faibles pentes avec plate-forme d'observatoire. Classée en 1862, la tour est restaurée en 1904-1905 par Lucien Magne. L'enclos de la préfecture s'agrandit en revanche au sud, au-delà des remparts, sur le boulevard des Lices (actuel boulevard du Roi-René) qui assure une entrée sur le parc. Sa clôture (grille et pavillons) en est confiée à Mathurin Binet en 1833-1834, tandis que le parc actuel à l'anglaise est réalisé en 1835.

Intérieurement, les travaux se poursuivent dans l'aile orientale (1836-1841, toujours sous la direction de Mathurin Binet) lorsque le Conseil général quitte l'ancien réfectoire pour s'installer dans le chauffoir et le bureau du prieur. C'est alors qu'est probablement aménagé le passage reliant cour et jardin-potager, entre la salle capitulaire (laissée aux Archives) et le chauffoir, qui rationnalise les circulations (indépendance des salles, issue sur le vestibule principal dans l'axe des pièces rapportées par Louis François sur la cour d'honneur). D'après le plan de 1841, les appartements du préfet occupent déjà tout le premier étage de l'aile sud, ainsi que les pièces contiguës sur les deux ailes en retour (réception au centre, salle à manger et cuisine vers ouest, chambre, billard, bureau vers est).

Entre 1852 et 1861 sont effectués d´importants travaux de réaménagements intérieurs dans l'aile sud et dans la partie nord de l'aile ouest. En 1853-1855, Ferdinand Lachèse, architecte départemental, double la galerie sud sur cour par une nouvelle galerie plus étroite (qui rejoint celles, latérales, de 1817) et surmonte l'ensemble d'une grande salle des fêtes et d'une salle de billard s'élevant sur les deux étages carrés de l'abbaye. Aux mêmes niveaux, en retour dans l'aile ouest, est créée une grande salle à manger, achevée seulement vers 1861 et reconnaissable sur la cour par un fronton habillant le pignon nord. Elle sera remaniée intérieurement par l'architecte départemental Jules Dussauze en 1898. L´escalier d´honneur dans l´aile sud qui dessert cet étage noble est restauré durant cette période.

Transformée en orangerie depuis 1853, le réfectoire devient en 1862 la salle du Conseil général, après une lourde restauration de la voûte du rez-de-chaussée et du plancher du 1er étage sous la conduite de Ferdinand Lachèse en 1859-1861. Ainsi est libérée toute l'aile orientale au profit des Archives. L'emplacement de l'orangerie est une réelle préocupation du moment : après l'avoir envisagée accolée au sud du réfectoire et en différentes positions dans le jardin, Ferdinand Lachèse l'installe dans les années 1860 en bordure nord-est de l'enclos : le dessin qu'il en propose en 1861 reprend un premier parti de 1852. Elle disparaît en 1955 lors de l´extension du bâtiment des Archives.

Dans les années 1870-1880, des constructions annexes sur le mail accueillent de nouveaux bureaux, à l'est (cf. infra, Archives) et à l'ouest de la cour d'entrée. On doit à Ernest Dainville, architecte départemental, ou à son successeur Jules Dussauze, la surélévation d'un vieux bâtiment en rez-de-chaussée accolé à l'aile occidentale (figuré déjà sur le plan de 1661), occupé en 1886 par les bureaux du télégraphe. Cet emplacement fait l'objet à la fin du XIXe siècle d'un projet monumental, sans suite, de bâtiment d'accueil pour la préfecture. Après le vaste projet de construction du bâtiment des Archives élaboré en 1929 (cf. infra) et un certain nombre de remaniements intérieurs, dont l'aménagement en 1956 de bureaux entresolés dans l'aile est, au-dessus des trois travées sud de la salle du chapitre et au-dessus de l'ancien chauffoir, de grands travaux font disparaître, en 1973-1976, l'aile du télégraphe pour les bâtiments préfectoraux actuels (accueil, bureaux, parkings). Cette campagne menée par l'architecte Guy Lamaison selon un projet défini par Henri Enguehard en 1961 (et déjà envisagé par Ernest Bricard en 1937), consiste surtout en une surélévation de la partie médiévale (anciens celliers et greniers) et retraitement de couverture au-dessus de la salle à manger, à l'identique de l'aile en symétrie. Réalisés par Michel-Paul Masson, les derniers agrandissements de 1991 concernent le bâtiment dit des Services, situé au sud-ouest de l'ancienne basse-cour et sur le flanc ouest du jardin.

Archives départementales

Les Archives accaparent progressivement, à partir de 1797 et jusque dans les années 1950, tout le rez-de-chaussée de l'aile orientale de l'ancienne abbaye : sacristie et chapitre en 1841, puis chauffoir en 1861. Un petit bâtiment à un étage carré, accolé au pavillon d'entrée du concierge et construit peu après ce dernier, est occupé en 1841 par le premier bureau de l'archiviste. Avant les remaniements de 1954 effectués par l'architecte départemental Henri Enguehard pour en faire l'entrée de la préfecture, ce petit bâtiment est remanié en façade par Ernest Dainville vers 1887, parallèlement à des extensions en direction de l'orangerie. Comparativement à un premier dessin de 1872, celles-ci sont très modestes : deux corps en rez-de-chaussée juxtaposés, pour le bureau de l'archiviste et une salle de lecture (qui sera détruite en 1968 pour un bâtiment à trois niveaux destinés aux services du Cabinet du Préfet).

En 1929, Ernest Bricard conçoit un véritable édifice pour les Archives à l'emplacement de l'orangerie, selon deux projets de façade à parti symétrique, avec pavillons d'angle. En 1933 est proposée une façade principale, avec entrée centrale, développant un rez-de-chaussée à arcades bien dégagée sur le mail de la Préfecture qu'on propose de prolonger jusqu'au boulevard du Maréchal-Foch. Très différente du projet, la réalisation s'effectuera sur une longue durée, en quatre temps : la première tranche est réalisée en 1934 avec le pavillon droit (ouest). En 1938 est envisagée une seconde tranche concernant la partie centrale jusqu'au pavillon gauche. Finalement réduite à quatre travées (selon un parti différent de celui de 1938), cette seconde tranche est réalisée en 1954 par Henri Enguehard, associé et successeur de Bricard. En 1955, le prolongement du mail est toujours d'actualité, mais le parti a complètement évolué : un plan en T à 16 travées définissant un rythme de 3-5-3-5 au-delà des parties existantes. Le parti a encore changé en 1957 : le "mail prolongé" est abandonné et il n'y a dès lors plus de façade d'entrée : l'élévation présentée donne sur le jardin. Maintenu, le projet "d'extension totale en T" est proposé selon un rythme différent, en trois modules identiques de 4 travées, reprise du module réalisé en 1954. Mais on envisage parallèlement des projets "d'extension réduite" : un projet "A" de 7 travées (4 +3) définit sur le corps principal un rythme encore équilibré (4-3-4), entre pavillon occidental et un avant-corps oriental . Mais un projet "V" de même date, rectifié en mai 1958, opte pour deux modules de 8 travées (3 +5) avec suppression de l'avant-corps oriental. Ce dernier parti simplifié et sans rythme est celui de la troisième tranche, réalisée en 1959. Enfin en 1967, une quatrième tranche toujours confiée à Henri Enguehard, consiste en un corps de bâtiment bas à deux niveaux, adressé boulevard Foch et comprenant entrée principale (l'accès se faisant auparavant sur le mail de la Préfecture), bureaux, salles de tri, de conférence et de lecture. En 1987, les Archives sont déplacées dans un nouvel édifice plus spacieux, 106 rue de Frémur. Affecté au Conseil général, le bâtiment est alors remanié en couverture par des longs pans brisés, en harmonisation avec les bâtiments conventuels.

Découvertes archéologiques des XIXe et XXe siècles

1836 : mise au jour, côté cloître, des arcades du XIIe siècle à hauteur de la salle du chapitre et de la sacristie, lors des travaux d'aménagement de la salle du Conseil général dans l'aile orientale.

1853 : mise au jour par Ferdinand Lachèse de la porte de communication entre cloître et réfectoire lors des travaux d'aménagement de la salle des fêtes.

1934 : dégagement des fondations de la chapelle orientée sud-ouest dite Saint-Germain, lors de la première tranche de construction du bâtiment des Archives, par Henri Enguehard.

1954 : dégagement du côté de la salle du chapitre des arcades du cloître (découvertes en 1836), lors de l'installation du service des cartes grises dans la salle capitulaire.

1969-1970 : découverte des fenêtres romanes du réfectoire lors de la seconde restauration de cette salle par Henri Enguehard ; découverte des bases de la chapelle orientée du bras sud du transept, dite Saint-Benoît.

1982 : nouveau dégagement et relevé des substructions de la chapelle Saint-Germain ; découverte de la porte de fer du chartrier, du XIIe siècle, dans l'oratoire du prieur, au premier étage du pavillon sud-est.

1986 : dégagement sous la salle du chapitre datant d´environ 1130, des vestiges de trois édifices successifs : les deux premiers non datés et le troisième peut-être du XIe siècle, avant l´incendie de 1032. Découvertes effectuées lors de la restauration de cette salle et de ses arcades sur le cloître. Fouilles conduites par Daniel Prigent, archéologue départemental et présentées dans une crypte inaugurée en 1991.

1992-1993 : restauration des arcades de la galerie orientale du cloître.

II. COMPLEMENTS DESCRIPTIFS

Abbatiale (restitution) : plan en croix latine, trois vaisseaux. Au XIe siècle, mur en petit appareil de grès et micaschiste sur le bas côté nord. Au XIIe, nef et choeur voûtés en berceau plein cintre, collatéraux et déambulatoire voûtés d'arêtes.

Tour des cloches ou tour Saint-Aubin : moyen appareil de tuffeau, salle basse couverte d'une voûte d'arêtes, salle haute couverte d'une coupole sur pendentifs. Toit polygonal et lanterneau (disparu en 1823). Tourelles d'angle à flèches de maçonnerie.

Bâtiments conventuels médiévaux (restitution) : en rez-de-chaussée (réfectoire, aile ouest des communs) ou à un étage (aile est des dortoirs). Réfectoire couvert de quatre voûtes d'ogives. Grande cave de l'aile ouest voutée en berceau brisé.

Bâtiments conventuels classiques : moellons de schiste enduit, deux étages carrés, étage en surcroît, sauf l'aile ouest dans sa partie nord (cave et grenier), avant la surélévation de 1975. Sacristie, chapitre, bureau du prieur, réfectoire, salle des hôtes : couverts de voûtes d'arêtes à lunettes. Salle du lavabo et cuisine : couvertes de coupoles sans trompe. Oratoire du prieur, chartrier en entresol, pièces annexes de la cuisine, couloir, petites pièces au rez-de-chaussée et entresolées à proximité de la salle des hôtes : voûtes en berceau plein cintre. Escaliers : coupole (au-dessus de l'escalier d'honneur et de l'escalier des matines), voûte en berceau plein cintre, voûte d'arêtes, lunettes, voûte plate, voûte en demi berceau. Dallage de marbre rose et noir dans le vestibule de l'escalier d'honneur, d'origine. Escalier d'honneur et escalier de service sud-ouest : garde corps d'origine.

Logis abbatial du XVIIIe siècle : moellons de schiste enduit, sous-sol voûté en berceau plein cintre (moellonnés en schiste), rez-de-chaussée surélevé, un étage carré, étage en surcroît. Balcon sur jardin en fer forgé.

Bâtiments du XIXe siècle : constructions annexes sur le mail de la Préfecture : en tuffeau et schiste : en rez-de-chaussée ou à un étage carré, étage de comble. Galeries sur la cour d'honneur et pavillons à toit en terrasse. Couverture en tôle ondulée sur la salle des fêtes. Fausse voûte en arc de cloître au-dessus de la salle des fêtes et de la grande salle à manger.

Bâtiment des Archives : béton, quatre étages carrés, surélévé d'un étage en surcroît. Dernière extension de 1967 : un étage carré et toit en terrasse remplacé après 1987 par un étage en surcroît.

Vue de situation.