S'il semble risqué d'être trop affirmatif sur les raisons qui ont corseté le développement du village, plusieurs indices laissent néanmoins penser qu'une présence seigneuriale locale et forte pourrait en être une des causes. Rappelons que jusqu'en 1636 coexistaient dans la paroisse de Rennes-en-Grenouilles deux petites seigneuries dépendant du Grand Bois-de-Maine : celles de Rennes et du Petit Bois-de-Maine. Il est probable que le bourg de Rennes constituait le siège de la seigneurie éponyme. La présence sur le cadastre napoléonien de parcelles rondes, possibles traces fossiles de mottes (B1 113, nommée "la butte du pré de Noë" et B1 111), de douves, mentionnées comme telles sur le plan, au sud du village (B1 112), et d'un étang à l'est du tout vont dans ce sens. De surcroit, une des maisons se trouvant sur l'ancienne plateforme fossoyée présente les caractéristiques architecturales d'une demeure noble du début du XVIe siècle. Cela est confirmé par l'aveu rendu en 1454 par Guillaume du Temple au seigneur du Bois-de-Maine, situant la seigneurie de Rennes entre le domaine du Bois-du-Maine et la métairie de la Coquère. La question du rapport entre l'église paroissiale et la seigneurie de Rennes, ainsi que celle du lien originel avec les seigneurs du Grand Bois-de-Maine, demeurent toutefois irrésolues.

Les aveux rendus par les seigneurs de Rennes et les partages de succession livrent ainsi une image du bourg et de son évolution. Celui de 1454 indique que le fief de Rennes comportait un "habergement de Regnes, ouquel il a quatre maisons avec mon moulin [...] ; quatre estangs contenant tant chaussees que bois et haies, eaux et fousses et clouaisons [...] coustant d'un cousté au domaine du Bois de Maienne et d'autre cousté a la metarie de la Coquere et aboutant d'un bout a la lande Nolliere". L'"habergement" pourrait correspondre aux édifices situés sur la plateforme fossoyée : le manoir, auquel est jointe une maison, à l'ouest, et une autre maison au sud. Le ruisseau du Vieil étang alimentait un moulin, dont la description de l'aveu laisse entendre qu'il se trouvait sur la plateforme fossoyée, à proximité du manoir. En 1651, les possessions que se partagent ses héritiers sont entre autres composées de la "maison seigneuriale de Rennes, du jardin a herbe derrière et des vergers", de "la métairie scituée au bourg de Rennes" et de "la foullerie et teinturerie du pressouoir de Rennes demeurant communes entre les seigneurs du Bois-de-Maine et leurs puinés pour eux et leurs fermiers". La métairie du bourg de Rennes pourrait correspondre à l'ensemble sud. Le gabarit et la mise en œuvre du logis-étable de ce dernier (pente de toit marquée, murs bas et maçonnerie de petits moellons) désignent en effet une construction du XVIe ou du XVIIe siècle. Mention est également faite d'un "ancien canal qui conduisoit l'eau a l'antien moulin de Rennes".

Le presbytère se situe à l'écart de ce noyau originel. Il présente des éléments de bâti pouvant dater du XVIe siècle, mais a connu d'importantes restaurations en 1778. C'est également en dehors du village qu'est construite la mairie-école en 1844. Au cours de la première moitié du XXe siècle, puis à la fin de ce siècle, le village connait sa plus forte expansion avec la construction de deux maisons, dont une jumelée, le long de la route menant au Bois-de-Maine.