Dossier thématique IA72059504 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheuse auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Les maisons faubouriennes du Mans dites "les mancelles"
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Précisions anciennement commune de Saint-Pavin-des-Champs ; anciennement commune de Sainte-Croix ; anciennement commune de Saint-Georges-du-Plain ; anciennement commune de Pontlieue
  • Aires d'études
    Mans (Le)

La maison dite mancelle rejoint la thématique du lotissement car elle témoigne d'une volonté de construire en lot des terrains vierges. Ce processus, tout d'abord porté par des acteurs privés locaux, a pu être identifié lors du travail de repérage sur le terrain et appuyé par les sources notariales et permis de construire notamment. En particulier dans les quartiers outre-octroi étudiés lors de la recherche d'inventaire, l'homogénéïté rendue par le grand nombre des maisons dites mancelles éclaire le processus d'urbanisation de ces anciens bourgs ruraux.

Traditionnellement, la maison typique du Mans est appelée "la mancelle". La légende locale veut que la maison soit appelée ainsi car sa construction débute alors qu'Eugène Mancel est préfet de la Sarthe (1839-1847). Cependant, la maison en rez-de-chaussée avec deux travées et une lucarne, type en effet très répandu, porte le nom de mancelle du simple fait qu'elle est la maison caractéristique du Mans, telle que l'Angevine ou la Nantaise. La terminologie apparaît dans les archives à partir de 1908 sous le nom de "maison mancelle" bien que le modèle soit véhiculé depuis les années 1820 et jusqu'aux années 1920. Ainsi, elle peut être identifiée comme le type majoritaire des maisons faubouriennes. Egalement dénommées mancelles sont les maisons à un étage, deux travées avec ou sans lucarne. Ce second type appelé "grande mancelle" apparaît dans les années 1840 dans le quartier de Sainte-Croix avant de s'établir, plutôt vers 1860 dans les autres quartiers faubouriens.

Pour les deux types, la réalisation des bâtiments est menée principalement par des entrepreneurs en bâtiment. L'organisation interne est similaire avec deux pièces par niveau, un appentis et un jardinet à l'arrière. Mais au-delà du gabarit et de la distribution, ce qui caractérise également la maison faubourienne du Mans est sa modénature :  agrafe saillante en diamant, bandeau, corniche moulurée… Ces éléments de modénatures permettent d'établir une typo-chronologie. Les premières maisons au plus large volume présentent un larmier au-dessus de chaque fenêtre et une corniche à denticules. Ces éléments disparaissent vers 1850 au profit des agrafes et des corniches à entablement. Les jouées de la lucarne sont, dans la première moitié du XIXe siècle, faites en bois puis travaillées en pierre à partir de 1860. À partir de 1880, les formes s'adaptent parfois à un style issu des immeubles parisiens. La modénature est alors sculptée, des crossettes et des bossages sont agencés en façade.

Le plan orthonormé et l'alignement de maisons "mancelles",  indiquent un aménagement rapide et porté par des acteurs locaux dans un premier temps privés. La position des maisons sur la rue avec l'établissement d'un jardin à l'arrière, est une des caractéristiques de l'aménagement urbain manceau. La structuration du territoire est menée, entre autre chose, par la construction des maisons mancelles. Elles accompagnent à partir des années 1820, un véritable processus d'urbanisation, avec une nouvelle modification de l'usage de ces espaces périurbains, qui, de terres agricoles puis jardins, deviennent terrains constructibles.

La nécessité d'avoir une façade sur rue conditionne le quadrillage urbain des faubourgs du Mans. Les propriétaires qui construisent ces maisons percent généralement des rues au statut donc privées. De nombreux textes durant le XIXe siècle indique la volonté des municipalités de cadrer l'étalement urbain et en particulier les rues la gestion des rues attenantes aux maisons dites mancelles. Ainsi, les quartiers où ces maisons s'implantent, grandement construits sous l'impulsion de particuliers tendent à rejoindre un cadre imposé par les pouvoirs locaux, notamment par l'amélioration du réseau viaire : gestion des eaux, éclairage...

Durant l'entre-deux-guerres le modèle local tend à disparaître au profit de maisons construites avec des matériaux nouveaux (béton, tuile mécanique). Les mancelles marquent cependant encore fortement le territoire faubourien.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle , daté par source, porte la date
    • Principale : 20e siècle , daté par source, porte la date

La "petite mancelle" se développe en rez-de-chaussée avec un étage de comble pouvant être percé d'une lucarne. La lucarne peut être de trois formes : en arc surbaissé (largement majoritaire), en arc segmentaire ou en fronton triangulaire. La couverture est systématiquement en ardoise. La façade alignée sur la rue est percée d'une fenêtre et d'une porte piétonne. Celle-ci ouvre sur un couloir traversant où se situe l'escalier tournant. Deux pièces composent le rez-de-chaussée et le niveau de comble. Une aile en retour dans le jardin arrière abrite les pièces de service. Chaque pièce est pourvue d'une cheminée et un placard est aménagé sur le même mur. La "grande mancelle" reprend les mêmes principes avec un étage carré supplémentaire.

Les formes architecturales des grandes et des petites mancelles sont similaires. Les encadrements des ouvertures en arc segmentaire ou à linteau droit sont en pierre avec une agrafe généralement traitée en pointe de diamant. Un bandeau bombé continu sépare les niveaux en élévation. La corniche à entablement souligne la toiture.

Le mode de construction de la mancelle s'adapte aux matériaux locaux. Les murs, sur solin de pierres, sont en moellons bloqués ou assisés recouverts de plusieurs couches d'enduit : une couche préparatoire (le gobetis), une couche épaisse (sous-enduit) et un enduit de finition réalisé à la chaux. En intérieur, des carreaux de ciment pavent le rez-de-chaussée et le départ d'escalier est généralement coiffé d'une boule de verre. La maison alignée sur rue s'implante sur une parcelle en lanière, en croûte d'îlot. Les toits sont à deux pans et couverts d'ardoise mais plusieurs ont connu des surélévations avec la création d'un brisis de toiture dans la première moitié du XXe siècle. Les alignements de ces maisons sont représentatifs du paysage urbain manceau. Leur nombre important dans les zones faubouriennes en fait un type bien défini et introduit la notion de sérialité en architecture domestique au Mans grandement soumise au principe de lotissement.

Documents d'archives

  • Archives municipales du Mans ; 1 O 125. Permis de construire pour une maison de type "mancelle" par l'entrepreneur en bâtiment Louis Gasnier, 1909.

Bibliographie

  • CHARLES, Robert. Guide illustré du touriste au Mans. Le Mans : Pellechat, 1880.

  • COLLECTIF. Le Mans : Métamorphoses d'une ville. Editions Bordessoules, 1987, 220 p.

  • HAGUET, Michel. Le passé éclaire le présent : petit historique du secteur nord-est du Mans et de son patrimoine. Editions de la Reinette, 2016.

  • LORGEOUX, Alain, MASQUELIN, Brigitte. Le Mans, regard sur la ville. Editions Bordessoules, 1988, 214 p.

  • LORGEOUX, Alain. Le Mans : Révolution dans la ville. Editions Bordessoules, 1991, 171 p.

Périodiques

  • LEMONNIER, Thierry. "Le Mans et ses maisons, deux siècles de mancelles", in La Vie mancelle et sarthoise, n° 373, 2004.

Annexes

  • Dépouillement des permis de construire, Le Mans
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

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