Dossier collectif IA72058921 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Maisons et immeubles du quartier de Saint-Pavin-des-Champs
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    immeuble à logements, maison
  • Aires d'études
    Saint-Pavin des Champs
  • Adresse
    • Commune : Le Mans
      Adresse : avenue, Rubillard, rue, Montoise, avenue de la Libération
      Cadastre : 2019 AL / AM / AN / AO / LS / LV / MP / MR / MS / MT

Les observations sur les maisons et les immeubles du quartier de Saint-Pavin-des-Champs portent sur l'ensemble du quartier repéré et se situent dans les sections AL, AM, AN, AO, LS, LV, LY, MP, MR, MT du plan cadastral actuel. Les matrices cadastrales de 1846 dénombrent 367 maisons. Sur les 932 unités repérées lors de l'opération d'inventaire à Saint-Pavin-des-Champs, 808 sont des maisons, 26 des immeubles et 2 des fermes.

Les matériaux : des éléments datant

Grès roussard, bois... : des matériaux du passé ?

Les encadrements d'ouvertures les plus anciens repérés dans la ville sont en grès roussard ou en bois. Généralement, ils sont associés à des façades-pignons (pour ceux en bois) et/ou à des souches de cheminée volumineuses traversant des toitures pentues. Quelques maisons conservent des cloisonnements à pans de bois avec un hourdis de torchis recouvert d'enduit. L'utilisation du bois comme matériau de gros-oeuvre est inexistant, à l'exception du corps de ferme situé rue du Pavé et de deux maisons avenue de la Libération. Ce mode de construction est donc très largement minoritaire aujourd'hui bien que dans l'atlas descriptif du plan voyer de 1848 une part importante des maisons dites "vieilles" sont construites en bois et terre. Vue d'encadrement en grès roussard rue de l'Union.Vue d'encadrement en grès roussard rue de l'Union.

L'enduit majoritaire

Graphique de répartition des matériaux façades, habitat de Saint-Pavin-des-Champs.Graphique de répartition des matériaux façades, habitat de Saint-Pavin-des-Champs.La grande majorité des maisons est recouverte d'enduit. Lorsqu'ils sont visibles les matériaux sous enduit sont composés de tout-venant (moellon de pierre, brique, etc.). La pierre est cependant visible aux encadrements de fenêtres et portes dans la plupart des cas (67%), correspondant à un procédé constructif développé tout au long du XIXe siècle et dans le premier quart du XXe siècle. Ces périodes correspondant à la fulgurante expansion urbaine du quartier, il semble cohérent que ces matériaux soient les plus représentés.

La brique et la pierre associées aux encadrements reste minoritaire, même si cette mise en œuvre est fortement utilisée (78%) entre 1870 et 1910. Bien que peu représentées, les maisons en béton entièrement recouvertes d'enduit (14%) se rattachent à un mode de construction prédominant dans les années 1920-1930 (95%).

L'apparition de la brique

Alors que l'enduit en façade est un matériau qui se retrouve tout au long de la chronologie de l'étude, la brique fait son apparition à Saint-Pavin-des-Champs seulement à partir des années 1860. Tout d'abord utilisée aux encadrements, seule ou avec la pierre de taille, elle est, autour de 1900, disposée en parement, parfois avec des intentions décoratives jouant sur des différences polychromes de la brique. Son développement s'associe à l'apparition dans les matrices cadastrales de nombreuses briqueterie en bordure du quartier, et donc à une forme de sérialité dans la construction vernaculaire qui a tendance à s'accentuer dans les années 1920 avec, notamment, la maison livrée en pièces détachées et montée sur place ; construction pour laquelle la brique est également visible.

De plus, les immeubles de la première moitié du XXe siècle sont construits en brique. Les deux exemples du carrefour Saint-Pavin et du boulevard Carnot indiquent bien une évolution de la construction de brique. Le premier en brique rouge locale (signée F.D.) est associé à un décor sculpté et une composition architecturale originale alors que la second en brique brune reprend les standards de la construction des H.B.M. des années 1920. Ainsi donc, une industrialisation et une sérialisation de la conception architecturale est notable à travers les formes et les matériaux à Saint-Pavin-des-Champs. Vue de l'immeuble des années 30 boulevard Carnot.Vue de l'immeuble des années 30 boulevard Carnot.

La toiture : tuile plate, ardoise ou tuile mécanique

Les toitures les plus anciennes repérées dans le quartier sont couvertes en tuile plate de petite taille. Les seuls éléments ayant conservé cette couverture sont des anciennes annexes agricoles.

L'ardoise apparaît relativement rapidement, au XVIIe siècle, et son utilisation se poursuit jusqu'aux années 1920, lorsque la tuile mécanique connait un véritable essor.

Façades et intérieurs : vers une théâtralité de la ville

Étages et travées

Graphique de répartition des étages et des travées, habitat Saint-Pavin-des-Champs.Graphique de répartition des étages et des travées, habitat Saint-Pavin-des-Champs.Les édifices du quartier de Saint-Pavin-des-Champs sont relativement bas. Les maisons en rez-de-chaussée représentent 36% du bâti et celles comprenant 1 étage sont majoritaires à 55%. Les bâtiments de plus de deux étages sont très peu nombreux avec seulement 6% de la masse repérée. Ces statistiques appuient la conclusion selon laquelle le quartier de Saint-Pavin-des-Champs en particulier et les faubourgs manceaux en général sont principalement construits de maisons individuelles, ce qui engendre un étalement urbain important.

En rapportant le nombre d'étages à la largeur des maisons, on constate que la logique souhaitant qu'un développement contraint par une parcelle étroite entraîne un développement en hauteur ne se vérifie pas. En effet, le quartier de Saint-Pavin-des-Champs s'étant établi sur des terrains majoritairement vierges, les parcelles ont été délimitées peu ou prou sur le même gabarit. Les maisons à deux travées sont absolument majoritaires (83%), ce qui vient soutenir la thèse selon laquelle le quartier a connu un phénomène de lotissement dès le début du XIXe siècle, qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui.

L'animation des façades

Les façades des maisons sont en général plutôt sobres. Des éléments de modénature : corniche moulurée, agrafe, bandeau et crossette se retrouvent dans la plupart des cas (518 maisons). Ces éléments de décor animant la façade correspondent aux maisons dites mancelles soient reprenant une typologie locale.

Certaines maisons arborent un décor plus fastueux composé d'éléments sculptés (32) et/ou de céramique (13). La plupart de ces maisons se positionnent sur des axes majeurs du quartier soit la rue Gambetta où se situent les maisons les plus somptueuses en façade, la rue Montoise où le décor de larmier mouluré est bien représenté ou encore le boulevard Paul Chantrel aux abords de la caserne Chanzy. Plusieurs maisons reçoivent des sculptures issues de l'atelier des Cottereau. Vue d'un décor sculpté en façade rue Gambetta.Vue d'un décor sculpté en façade rue Gambetta.

Le style des années 1930 entraine la multiplication des décors de façade devenus "bon marché", qui agrémentent alors des maisons situées dans des rues secondaires comme la rue Joubert . De même, le type "villa" est visible sur 30 maisons qui présentent des animations de façade caractéristiques (enduit, faux pans de bois...).

Des intérieurs sobres

Les décors intérieurs les plus abondants concernent particulièrement les maisons situées sur les axes majeurs du quartier. Ceux-ci datent du début du XXe siècle, alors que des familles plus bourgeoises viennent s'installer dans le quartier.

Les carreaux de ciment dans le vestibule d'entrée qui se poursuit dans le couloir traversant sont systématiques et se retrouvent dans les maisons plus modestes. Les moulures de stuc sur les plafonds, et beaucoup plus rarement sur les murs (dans 3 maisons visitées), reprennent des motifs végétaux et standardisés. Vue de carreaux de ciment dans une maison rue Gambetta.Vue de carreaux de ciment dans une maison rue Gambetta.

Les cheminées les plus décorées sont en marbre avec des éléments sculptés, mais la majorité d'entre elles sont composées de simples tablettes de marbre.

La pratique du vitrail est modeste avec des verres colorés sur la porte séparant le vestibule du couloir. Une seule maison propose un motif original de fleur de style Art déco selon la technique de la vitrauphanie.

La typologie des édifices

Graphique de répartition des typologies de l'habitat à Saint-Pavin-des-Champs.Graphique de répartition des typologies de l'habitat à Saint-Pavin-des-Champs.

La maison en rez-de-chaussée

Les maisons de type 1 et 2 sont présentes dans l'ensemble du quartier et correspondent majoritairement aux première (1810-1850) et deuxième (1850-1910) phases d'extension, soit les périodes les plus dynamiques en termes de construction.

Le type 1 est composé de maisons en rez-de-chaussée avec un étage de comble aveugle ou éclairé par une ouverture dans la pente de toit. Ces maisons sont mitoyennes, alignées et implantées en avant de parcelle avec un jardin à l'arrière. L'habitation peut être pourvue de deux travées (type 1A) avec un couloir latéral desservant deux pièces et ouvrant à l'arrière sur le jardinet, bordé sur un côté par une aile de service en retour d'équerre. Certaines maisons, très minoritaires (2%), sont pourvues de trois travées avec un vestibule central desservant une pièce de part et d'autre (type 1B).

Le type 2 est également composé de maisons mitoyennes en rez-de-chaussée, alignées en bordure de parcelle avec un jardin arrière. Contrairement au type 1, le type 2 présente une ouverture du niveau de comble par une (type 2A) ou deux lucarnes (type 2B). La distribution interne est similaire au type 1 ; l'escalier est situé en milieu de bâti. L'écrasante majorité des maisons de ce type ont deux travées, seulement trois ont trois travées (type 2C). Vue d'un aligement de mancelles rue du Pavé.Vue d'un aligement de mancelles rue du Pavé.

La maison à un étage

Les maisons de types 3 et 4 sont à 1 étage carré. Le type 3 concerne l'ensemble de la chronologie de l'étude alors que le type 4 correspond également aux deux premières phases d'extension. Les maisons rattachées à ce dernier type se situent principalement dans les grands axes et en particulier dans la partie nord du quartier dont l'urbanisation correspond à ce XIXe siècle constructeur pour Saint-Pavin-des-Champs.

Le type 3 est composé de maisons mitoyennes à un étage sans lucarne. La majorité est alignée (29%) et reprend l'organisation interne du type 2 (type 3A). Certaines sont en léger retrait, précédées d'une petite cour sur rue (type 3B), et sont principalement issues de la troisième phase de construction dans les années 1930. Toujours très minoritaires sont les maisons à trois travées ou plus (type 3C) ou les maisons ayant une distribution différente avec une façade-pignon sur rue. L'accès est donc ouvert sur la façade gouttereau perpendiculaire à la rue. Ces maisons sont donc mitoyennes seulement sur un côté (type 3D).

Le type 4 est représenté par des maisons mitoyennes, alignées à un étage carré avec deux travées et une lucarne (type 4A), qui reprennent l'organisation interne du type 2. Certaines ont deux lucarnes (type 4B) et très peu se développent sur 3 travées ou plus (type 4C). Celles-ci, au nombre de 5, sont situées rue Montoise et sont caractéristiques d'un bâti d'Ancien Régime.

La maison de type villa

A la marge de ces typologies majoritaires se place la maison de type villa (type 5), qui peut se diviser en deux sous-types : les anciennes maisons de villégiature en cœur de parcelle, présentant les caractéristiques de la villa aujourd'hui prises dans le tissu urbain (type 5A) et les maisons d'inspiration "villégiature" qui sont alignés, mitoyennes et dont la disposition interne reprend les spécificités locales (type 5B). Vue d'une maison de type villa rue du maréchal Gallieni.Vue d'une maison de type villa rue du maréchal Gallieni.

Le type 5 est à rattacher à la période des années 1920-1940.

L'immeuble

L'immeuble n'est que peu représenté dans le quartier de Saint-Pavin-des-Champs. Un exemple est lié au développement des HBM boulevard Carnot mais les autres éléments de cette typologie, au nombre de 25, sont quant à eux construits dans les années 1950-1970.Vue de l'immauble des années 1950, rue du Pavé.Vue de l'immauble des années 1950, rue du Pavé.

Les témoignages d'architecture domestique les plus anciens repérés dans le quartier semblent dater du XVIIe siècle. Ces traces se résument à des murs maçonnés ou quelques pans de bois avec fenêtres à châssis. Ces vestiges sont dispersés dans le quartier.

Dans les textes, quelques archives mentionnent des maisons autour d'un bourg constitué en 1626 puis lors de l'incendie de 1752.

Une proto-phase de construction autour des axes anciens (rue Saint-Pavin, rue Montoise et route de Sablé actuellement avenue de la Libération) remonte à l'Ancien Régime avec l'établissement de maisons dès le XVIIIe siècle dont certaines sont toujours visibles.

Dans la première moitié du XIXe siècle, de nombreuses maisons sont construites selon des intentions privées de lotissement de terrains vierges. Ainsi la comparaison du plan voyer de 1815 et du plan voyer de 1848 apporte de nombreuses informations relatives à l'habitat avec une augmentation significative du nombre de maisons à Saint-Pavin-des-Champs. Les mouvements de construction de la matrice cadastrale indiquent une nouvelle phase de construction dans la seconde moitié du XIXe siècle qui se poursuit au vue des permis de construire, jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

La construction de maison connait un ralentissement dans les années 1920 avant de connaitre une nouvelle dynamique dans les années 1930. Pendant cette période, les maisons s'établissent dans les zones plus périphériques du quartier, intégrant progressivement les pourtours ruraux à l'urbain.

A partir des années 1950, les immeubles et quelques maisons individuelles viennent combler les dents creuses. A cette même période des secteurs pavillonnaires s'établissent en périphérie.

  • Période(s)
    • Secondaire : 17e siècle
    • Secondaire : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

932 habitations ont été repérées dans le quartier de Saint-Pavin-des-Champs, dont 26 immeubles et 2 fermes. La très grande majorité de ces édifices sont construits en matériaux mêlés recouvert d'enduit avec encadrements de pierre. De même, la grande majorité des toitures est recouverte d'ardoise.

L'analyse des formes a permis d'établir un type local, notamment dans la distribution interne. Celui-ci, composé de maisons à deux travées avec couloir traversant menant à un jardin arrière, est pourvu de deux pièces par étage et d'une aile en retour sur la façade arrière. D'autres types viennent compléter cette disposition majoritaire.

  • Toits
    tuile plate, tuile mécanique, ardoise
  • Murs
    • brique brique et pierre enduit
    • pierre brique et pierre
  • Décompte des œuvres
    • repérées 932
    • étudiées 16

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; PC\183\324. Plan cadastral napoléonien de 1844, Saint-Pavin-des-Champs.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 28 / 36. Registre des augmentations et diminutions du bâti.

  • Archives municipales du Mans ; 569 W 7. Etude architecturale de Saint-Pavin, 1985.

Bibliographie

  • DELAPERELLE, Jean-Pierre. Saint-Pavin-des-Champs ; une paroisse, une commune, un quartier. Le Mans : Cercle généalogique de Maine et Perche, 1986.

Périodiques

  • LEGEAY, Fortuné. "Recherches historiques sur Saint-Pavin-des-Champs". Bulletin de la Société d'agriculture, des sciences et arts de la Sarthe, 1883.

Documents figurés

  • Plan d'alignement de la rue du Pavé, s.d. (Archives municipales du Mans ; 14 Fi 3224).

  • Plan voyer de la ville du Mans, par Barbou. Dessin sur papier. 1815. (Archives municipales du Mans ; 2 Fi 509 à 533).

  • Nouveau plan voyer de la ville du Mans, Tardif-Desvaux, Dessin sur papier. 1849. (Archives municipales due Mans ; 2 Fi 552-568).

  • Plan voyer de la ville du Mans, par l'architecte voyer. Dessin sur papier, 1877. (Archives municipales du Mans ; 2 Fi 609 - 632).

  • Plan de la ville du Mans (quartier de Saint-Pavin) dressé par Philippe Jarre, dessin sur papier. 1945. (Archives municipales du Mans ; 2 Fi 250).

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

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