Dossier d’œuvre architecture IA72001057 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Maine 301
Château de Courcival
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Maine 301 - Bonnétable
  • Hydrographies Tripoulin
  • Commune Courcival
  • Lieu-dit Le Château de Courcival
  • Adresse
  • Cadastre 1835 B 357-366  ; 1993 B 240-246
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    logement, écurie, sellerie, remise, orangerie, colombier, grange, étable, pressoir, porcherie, poulailler, cour, douves, terrasse en terre-plein, parc

Le château actuel est probablement commencé pour Pierre de Baigneux avant 1629 et achevé pour son fils René avant 1646. De nombreux éléments de chambranles chanfreinés provenant probablement du château précédent sont réemployés dans les encadrements de baies de l'aile ouest, qui a peut-être été bâtie au démarrage du chantier. Les échanges et acquisitions de terres que René de Baigneux pratique au même moment peuvent correspondre à l'aménagement des dehors : si les jardins et bosquets ne sont mentionnés qu'en 1730, le plan cadastral de 1835 montre clairement le lien entre le parc et le château, placé à l'intersection des 2 avenues perpendiculaires structurant le parc, l'avenue nord-sud formant l'axe de composition du château. De la distribution d'origine du logis subsistent la cuisine située dans l'étage de soubassement de l'aile ouest, et probablement l'escalier rejeté à gauche du vestibule central. Un premier remaniement intervient avant 1755, qui fait disparaitre la chapelle et touche la distribution du logis : le salon mentionné correspond au salon du rez-de-chaussée du corps central.

À la campagne de travaux du dernier tiers du XVIIIe siècle se rattachent probablement les extensions vers le nord des ailes en retour et la surélévation de l'aile est. D'après la description de 1798, il est tentant de situer à l'ouest l'appartement de Jacques de Baigneux, à l'est celui de sa femme, muni d'un cabinet de bain qui est très certainement celui conservé au rez-de-chaussée de l'aile est. La tradition orale situe à l'étage de cette aile est une chapelle, du fait de l'existence d'une voûte en plâtre sur lattis masquée par les plafonds des chambres, mais cette voûte peut aussi correspondre au théâtre que la description de 1798 semble situer à cet étage. Le décor présent dans le salon du corps central date également de cette campagne de travaux. Enfin, le nom de jardin neuf donné sur le plan cadastral de 1835 au jardin bordant l'est du château pourrait signaler une création ou reprise contemporaine des travaux de l'aile est.

Les travaux menés par Ponce-Thimoléon Stellaye de Baigneux entre 1830 et 1871 affectent l'ensemble du château. Pour le logis, il s'agit principalement de la reprise totale des élévations de l'aile ouest qui a effacé les deux campagnes de construction de ce corps de bâtiment. Le corps central est également restauré, comme l'indiquent les chambranles à crossettes des portes d'accès au vestibule et les armoiries des lucarnes de la travée centrale. Cette restauration, dont l'ampleur reste à préciser, porte également sur la distribution du logis : pour le corps central, elle concerne au moins l'escalier dont le décor est également refait (présence des armoiries des Baigneux – Vanssay). Dans l'aile est un nouvel appartement est créé au rez-de-chaussée, comprenant salle à manger et salon mais en conservant le cabinet de bain, l'étage est replafonné et divisé en chambres. Un calorifère assurant le chauffage de l'ensemble est installé au rez-de-chaussée de la tour ouest du logis. À l'extérieur, l'escalier d'accès au logis et le mur de soutènement de la terrasse sont reconstruits. La basse-cour est également restructurée, suite à l'incendie du bâtiment ouest. La construction de la tour rééquilibre la perspective du château depuis l'avenue principale, le bâtiment subsistant est converti en communs et son élévation sur la cour reprise avec la construction de l'orangerie au pignon sud. Parallèlement, les fonctions agricoles sont rejetées immédiatement à l'ouest du château avec la création dans l'ancien jardin de l'Ouche d'une nouvelle basse-cour, comprenant la grange-étables-pressoir, la porcherie et le poulailler ainsi qu'un hangar disparu, puis complétée dans un second temps par le logement du régisseur. Le tronçon ouest des douves est partiellement comblé afin de faciliter la communication entre l'ancienne et la nouvelle basse-cour.

La famille de Baigneux est présente dès la première moitié du XVe siècle à Courcival, terre mentionnée en 1098 sous le nom de Curcivado et relevant au XVIe siècle de la baronnie du Saosnois pour la plus grande partie et de la châtellenie de Saint-Aignan. Un premier logis seigneurial avec cour rassemblant les parties agricoles est mentionné en 1521, jouxtant le cimetière paroissial. Il n'en subsiste probablement que l'actuel presbytère.Le château actuel, construit immédiatement au sud du site ancien, est peut-être édifié pour Pierre de Baigneux entre la fin du XVIe siècle et 1629, date à laquelle est partiellement décrite la maison seigneuriale composée d'une grande salle, deux chambres basses dont l'une sur la cuisine, une grande chambre et une petite, deux cabinets, deux pavillons, une écurie aux chevaux. Le château est achevé pour René de Baigneux, fils de Pierre, qui s'en attribue la construction en 1646, et son épouse Marthe Joubert. Plusieurs acquisitions et échanges de terres sont menées dans le même temps pour agrandir le domaine. L'édifice décrit en 1730 possède tous les attributs du château : fossés revêtus de murailles que franchit un pont-levis, basse-cour occupée par deux grands-corps de bâtiments identiques, haute-cour occupée par un grand corps de logis avec tour, pavillons au bout et deux autre corps de bâtiments, chapelle, le tout entouré de jardins et bosquets, bois de haute futaie, taillis, rivière et garenne, avec une fuie.

La chapelle n'est plus mentionnée après 1730. La description du château en 1755 révèle la spécialisation de certaines pièces (salon, cabinet du trésor) et l'existence d'appartements (chambres avec garde-robes et cabinets). Les bâtiments de la basse-cour sont distribués en communs (chambres de domestiques et du jardinier) et parties agricoles (porcherie, étables aux vaches, grange, petite écurie, écurie aux chevaux, pressoir et remise).

D'importants remaniements sont menés entre 1775 et 1798 pour Jacques de Baigneux et son épouse Marie-Hélène Hebert d'Islette : la distribution du logis est revue dans le sens d'une spécialisation accrue des pièces : mention du salon à manger, du vestibule (corridor), du salon de compagnie. L'une des chambres est accompagnée d'un cabinet meublé entre autres d'une baignoire de cuivre, avec chauffoir équipé d'une chaudière dans une pièce voisine. A l'étage se trouve un théâtre muni de son rideau de scène. Le décor est également renouvelé dans le goût de l'époque (notamment les chaises en damas blanc, fauteuils en soie à fleurs ou en panne rouge du salon de compagnie, les tissus à rais bleus, jaunes, verts ou rouges sur fonds blancs des rideaux de lits ou de fenêtres et des fauteuils des chambres, les chaises garnies de toile bleu et blanche du cabinet de bain).

Deux dessins du début du XIXe siècle montrent la surélévation et l'extension vers le nord de l'aile est, et la construction dans le prolongement nord de l'aile ouest d'un petit corps de bâtiment couvert d'un toit à croupe brisée. Le logis est accompagné en 1829 de beaux jardins, de plantations d´agrément et d´avenues dans toutes les directions. Le plan cadastral de 1835 figure en outre une glacière construite près du presbytère ainsi qu'un chenil et un fournil à proximité du château.

Une dernière campagne de travaux est menée pour Ponce-Thimoléon-Maurice Stellaye de Baigneux, militaire revenu sur ses terres en 1830, marié en 1832 à Marie de Vanssay et mort en 1871. La tradition orale situe au milieu du XIXe siècle la destruction du corps de bâtiment ouest de la basse-cour. En 1855 sont déclarées les constructions d'une maison et de la tour de l'angle sud-est de la basse-cour (tour dénommée fuie dans la description de 1908). La comparaison des plans cadastraux montre également la reconstruction du pignon sud du bâtiment subsistant de la basse-cour pour créer l'orangerie, et la construction dans l'ancien jardin de l'Ouche de parties agricoles. Dans le même temps, l'aile est du logis est remaniée. Un jardin anglais est créé avant 1858 sur des parcelles agricoles dépendant de l'ancienne ferme de la basse-cour. En 1908 sont décrits le pont de pierres fermé par une grille entre la basse-cour et l'avenue et la terrasse devant le logis avec son escalier central. Une vue aérienne de la première moitié du XXe siècle montre un potager installé dans l'ancien jardin neuf. Baigneux.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle
    • Principale : 4e quart 18e siècle , (incertitude)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1855, daté par source

Composition d'ensemble

Le château est isolé au sein d'un parc largement en prairies, sur un coteau descendant en pente douce vers le ruisseau de Tripoulin au sud et bordé à l'ouest par le coteau occupé par l'église paroissiale. Les bâtiments sont répartis entre la cour en terrasse et l'avant-cour plus basse et partiellement entourée de douves, dans une composition pyramidale axée sur l'avenue sud-nord du parc et dominée par le corps central du logis. Dans la cour, le logis de plan en U se développe autour de la terrasse, bordée du côté de l'avant-cour au sud d'un mur de soutènement. Dans l'avant-cour, le bâtiment des communs, construit au droit de l'aile ouest du logis regroupe écuries, sellerie, logement, remise et orangerie, la tour occupe l'angle sud-est. Les parties agricoles (grange-étables-pressoir, poulailler et porcherie) et le logement du régisseur sont construits à l'écart, sur une parcelle bordant l'ouest de l'avant-cour. À l'arrière du logis, le parc s'étend vers le nord jusqu'à l'église paroissiale et l'ancien presbytère près duquel se situe la glacière, en ruines.

Matériaux

Le logis et la tour sont construits en maçonnerie enduite (moellons sans chaine en pierre de taille ?), avec chaînes d'angle en pierre de taille pour l'aile est du logis. Le bâtiment des communs est en moellons sans chaîne en pierre de taille, sauf le pignon sud construit en moyen appareil de calcaire. Les parties agricoles et le logement sont construits en appareil mixte de moellons enduits et chaînes en briques, avec piédroits des baies et bandeau en pierre de taille. Tous les bâtiments sont couverts d'ardoises, sauf les communs et la grange-étable-pressoir, couverts de tuiles plates.

Le logis

Le logis est composé d'un corps central construit sur sous-sol, avec rez-de-chaussée surélevé et un étage carré, il est flanqué côté nord de deux tours à rez-de-chaussée surélevé sur sous-sol, avec étage carré et étage de comble. Ce corps central est fortement marqué par son haut toit à croupe et les toits coniques des tours. Deux courtes ailes en prolongement permettent d'articuler le corps central avec les deux ailes en retour d'équerre vers le sud, toutes deux sur étage de soubassement de plain-pied avec le sous-sol du corps central. Les ailes ouest sont en rez-de-chaussée surélevé, elles sont surmontées à l'est d'un étage carré. Toutes deux sont couvertes d'un toit à croupes. L'aile est a été prolongé d'une travée vers le nord, l'aile ouest est prolongée au nord d'un bâtiment de plan massé fortement individualisé par son toit à croupes brisées.Toutes les élévations sont à travées, sauf les élévations postérieures de l'aile ouest, avec remplois d'éléments architecturaux du XVIe siècle, et de l'aile est (étage de soubassement percé de deux portes-fenêtres couvertes d'arcs en plein-cintre formant imposte et d'une petite baie à chambranle chanfreiné). Les travées du corps central sont prolongées par les lucarnes. Les encadrements des baies sont en pierre de taille, chanfreinés pour le corps principal et l'aile gauche, à crossettes pour l'aile droite et la tour. Le décor du corps central du logis est concentré sur les lucarnes, celles de la travée centrale sont timbrées des armoiries des familles de Baigneux (élévation antérieure) et de Vanssay (élévation postérieure). L'élévation nord du bâtiment prolongeant l'aile ouest est ornée aux angles de deux pilastres cannelés, elle est éclairée de fenêtres jumelées passantes, avec piédroits et meneaux traités en pilastres cannelés, couvertes d'une plate-bande et d'un fronton curviligne portant un décor géométrique.Depuis l'extérieur, l'accès principal au logis est l'escalier symétrique donnant accès de la terrasse au vestibule du rez-de-chaussée du corps central. Deux petits degrés droits permettent de descendre depuis la terrasse dans le sous-sol. Côté nord, le rez-de-chaussée du corps central est de plain-pied avec le jardin. Le rez-de-chaussée du corps central, simple en profondeur, est constitué de pièces en enfilade. L'entrée se fait par le vestibule (à cheminée), placé dans la travée axiale. À gauche se trouve l'escalier, éclairé du seul côté sud, puis la salle à manger, à double exposition, et l'aile en prolongement donnant accès à l'aile en retour est. À droite du vestibule se trouve le salon, à double exposition, occupant deux travées du corps central, puis le passage vers l'aile en retour est. L'extension nord de l'aile est est occupée par l'ancien cabinet de bains, accessible par une porte percée dans l'ancien mur pignon nord de cette aile. Il comporte une cheminée et communique de plain-pied avec le jardin par une porte-fenêtre. Le bâtiment prolongeant l'aile ouest communique également avec le jardin par une porte-fenêtre.L'escalier principal, tournant à retour avec jour, en charpente, dessert l‘étage carré. Deux escaliers secondaires, tournant, montant de fond jusqu'aux greniers, se trouvent dans les deux ailes en prolongement. L'étage n'a pas été vu.

Communs et tour

Le corps de bâtiment des communs est en rez-de-chaussée, couvert de longs pans et croupes. Les baies et lucarnes sont en pierre de taille, les portes charretières couvertes en plein cintre, le pignon sud correspondant à l'orangerie est un pignon découvert en moyen appareil percé de trois portes-fenêtres donnant sur la douve, couvertes en plein cintre et sommées d'un garde-corps orné de claustras de tuiles creuses et de vases en fonte. La tour est à rez-de-chaussée, étage carré et étage en surcroît. Elle est percée de fausses meurtrières, la corniche en pierre de taille imite un rang de mâchicoulis. La toiture conique est surmontée d'un lanterneau.

Logement et parties agricoles

Le logement de régisseur est composé d'un corps central à un étage carré, flanqué sur deux côtés d'ailes en rez-de-chaussée. Les longs pans de la toiture couvrent les pignons. La grange-étable-pressoir est en rez-de-chaussée, l'élévation est à travées, la travée centrale surmontée d'un surcroit, la toiture à longs pans. Adossés aux pignons, deux corps de bâtiments en appentis abritent porcheries à droite et étable à gauche. Le poulailler est accoté à l'étable. Il est construit en rez-de-chaussée, avec travée centrale traitée en avant-corps, et toiture à longs-pans. La glacière est constituée d'un cylindre en moellons enduits couvert d'une coupole, enterré sous une butte de terre artificielle et accessible depuis l'extérieur par un couloir.

  • Murs
    • calcaire maçonnerie enduit
    • brique moellon
    • moyen appareil
    • appareil mixte
  • Toits
    ardoise, tuile plate
  • Plans
    plan régulier en U
  • Étages
    sous-sol, étage de soubassement, rez-de-chaussée, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique croupe brisée
    • appentis lanterneau
    • noue
    • pignon couvert
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
    • escalier de distribution extérieur : escalier symétrique en maçonnerie
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente, suspendu
    • escalier intérieur : escalier tournant
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    cuisine, salle de bains

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 E 60/289. Inventaire des meubles et effets de la communauté entre René Evrard de Baigneux de Courcival et René du Hardas sa femme, Étude de François Boivin, notaire à Bonnétable, 6 avril 1755.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 477. Collection Paul Cordonnier : dossier Courcival.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 103/11. État des sections de Courcival. 1835.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 103/12. Matrice des propriétés foncières. 1838-1913.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Q 278. Déclaration des biens rendus par Jacques François Michel Baigneux aux administrateurs du département de la Sarthe. le 8 thermidor an VI.

Bibliographie

  • GIRAULT, Charles. La noblesse émigrée et ses pertes foncières dans la Sarthe. Laval : Goupil, 1957.

  • LEDRU, Ambroise. Courcival, Le Mans, 1908.

  • Notices généalogiques sur la famille Stellaye de Baigneux de Courcival et ses alliances. Première partie. Généalogie. Mamers, Fleury et Dangin, 1883.

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, suivi d'une biographie et d'une bibliographie. Tome II. Le Mans : Monnoyer ; Paris : Bachelier, 1829.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Courcival, 1835. (Archives départementales de la Sarthe ; PC/103).

    section B2.
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois