Dossier d’œuvre architecture IA85003346 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Eglise de Sainte-Christine, place Gabriel-Delaunay
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Benet
  • Lieu-dit Sainte-Christine
  • Adresse place Gabriel-Delaunay
  • Cadastre 1835 D 1202  ; 2023 AD 37
  • Précisions anciennement commune de Sainte-Christine

Aucune construction ne figure à cet endroit sur le plan cadastral de 1835. L'emplacement du presbytère et de l'église ainsi que tout le sud du bourg entre la rue du Champ de la Ville et la rue du Prieuré, sont englobés dans une vaste parcelle, appelée le Champ de la Ville et qui dépend du prieuré de Sainte-Christine (2 rue du Prieuré). Jusqu'à la Révolution, l'église de Sainte-Christine se confond d'ailleurs avec la chapelle prieurale, et le prieur est aussi le curé.

Après la suppression du prieuré à la Révolution, la petite chapelle prieurale de Sainte-Christine est abandonnée et rarement desservie par le curé de Saint-Sigismond. La commune est rattachée à cette paroisse voisine et doit même contribuer aux frais d'entretien de l'église de Saint-Sigismond. L'absence d'église paroissiale dans la commune pose toutefois problème, en particulier pour les sépultures. Dès 1860, un projet de construction est mis en avant. Le 11 décembre 1863, un arrêté préfectoral autorise la commune à acheter le terrain nécessaire, soit une partie du Champ de la Ville dépendant de la métairie du Prieuré. Il est précisé que l'église sera en partie construite avec les matériaux provenant de la démolition de l'ancienne église prieurale, opérée en 1867.

Le projet de construction est conçu par Jules Mandin, architecte à Périgueux (qui, à cette époque, intervient aussi à l'église de Benet). D'un montant de 44100 francs, il est approuvé en conseil municipal le 19 août 1868 mais reçoit de vives critiques de la part des services de l'Etat quant à sa conception, notamment pour ce qui concerne le clocher. Dès lors, le projet prend du retard. Le 16 mars 1870, le maire écrit au ministre des Cultes pour s'en plaindre, soulignant que, depuis trois ans, deux épidémies de choléra ont plongé la commune dans une profonde désolation et que l'éloignement du curé de Saint-Sigismond n'a pas facilité les inhumations. Une partie du conseil municipal et de la population s'oppose toutefois au projet, estimant que la commune n'a pas les ressources financières suffisantes. Une subvention de 6000 francs est accordée par l'Etat, et les travaux commencent enfin en 1870, de même que la construction du presbytère voisin. Un seul candidat se présente à l'adjudication des travaux, le 10 juillet 1870 : Charles Gaucher, menuisier à Benet, associé à Edouard Charrier, entrepreneur à Benet. Ils passent peu après accord avec Louis Thibaudeau, carrier à Sainte-Christine, pour la fourniture des pierres de taille. On commence par la construction du presbytère puis, en 1871, par celle de l'église.

Le 27 mai 1872, le conseil municipal demande l'érection de Sainte-Christine en paroisse, annonçant la fin des travaux pour le mois d'août. Le 30 janvier 1873, le curé de Maillezais, dépêché par l'évêque, lui rend compte de sa visite : l'église est "parfaitement achevée et vraiment belle pour cette petite localité", mais l'ameublement nécessaire au culte est insuffisant (absence de chaire et de fonts baptismaux). Il relève toutefois la présence, par exemple, de burettes et d'un plateau offerts par Ugoline du Cayla, princesse de Beauvau-Craon, possessionnée et influente dans la région (elle détient d'importants marais à Benet et aux environs). L'église et sa cloche sont bénites le 17 juin 1873, mais l'ouverture au culte est reportée, faute, toujours, des aménagements intérieurs et du mobilier nécessaires.

On fait alors intervenir la princesse de Beauvau-Craon, les uns pour obtenir l'érection de la paroisse, les autres pour accélérer l'aménagement intérieur de l'église. L'évêque lui écrit dès le 21 février 1873 pour lui exposer les besoins de l'église, tant pour sa construction que pour son ameublement. Le 15 octobre suivant, la princesse écrit tout d'abord à l'évêque pour lui demander, de la part du maire, la faveur "d'avoir la messe dans l'église neuve qui a été bénite cet été", église qu'elle trouve "charmante, Monsieur Mandin, l'architecte, a fait un petit chef d'oeuvre". Elle explique "l'utilité de cette église pour les cabaniers des bords de la Sèvre qui viennent de très loin", et précise qu'à l'occasion du baptême de la cloche, elle a donné "un fort beau calice, un ostensoir, des linges, etc.". Le même jour, elle écrit dans le même sens au préfet qui lui répond le 20 octobre pour lui préciser que les 40000 francs budgétisés pour l'église ont déjà été dépensés. Tant que l'église et le presbytère (dont il reste à clore le jardin) ne sont pas achevés, l'église ne peut être ouverte au culte. Le 22 janvier 1874, enfin, un décret présidentiel érige enfin Sainte-Christine en paroisse succursale. Celle-ci sera rattachée à la paroisse de Benet le 3 octobre 1946.

Dans l'escalier qui monte au clocher, on observe plusieurs graffitis relatifs à des travaux réalisés au clocher ou à la cloche au cours du XXe siècle.

L'église se situe dans la partie sud du bourg, sur un terrain à l'angle de deux voies. Elle est bordée au sud par une petite place qui la sépare de l'ancien presbytère. L'église présente un plan en croix latine, avec une nef unique, à trois travées et mur pignon découvert, un transept et un chevet plat terminant le choeur à une seule travée, avec là aussi un mur pignon découvert. La sacristie prend place dans l'angle sud-est formé par le choeur et le bras sud du transept. Le tout est couvert en tuile mécanique. Le clocher s'élève au-dessus de la première travée de la nef, laquelle est soutenue par deux contreforts de chaque côté. Le clocher est accessible par un escalier en vis, en bois, puis un passage d'échelle aménagés dans l'espace compris entre les deux contreforts sud-ouest. Deux autres contreforts renforcent les murs gouttereaux de la nef, de chaque côté.

La façade occidentale présente une travée d'ouvertures qui englobe la porte, une baie en arc brisé au premier niveau, et enfin une meurtrière. La porte, accessible par un degré, s'inscrit dans un portail à trois voussures aux arêtes abattues et à corbeaux moulurés. Une croix dans un cercle est sculptée sur le tympan. Couronnant le tout, le clocher, de plan rectangulaire, est coiffé d'un haut toit à croupes et en ardoise, souligné par une corniche à modillons. Il est éclairé par des baies en arc brisé, jumelées sur les longs côtés comme pour les baies de la nef, du transept et du choeur.

A l'intérieur, le sol est pavé en dalles de pierre. La nef et la croisée du transept présentent des voûtes d'arêtes soutenues par des arcs doubleaux brisés qui séparent les travées. Les bras du transept et le choeur sont voûtés en berceau brisé.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile mécanique, ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • pignon découvert
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • croix
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 772. 1843-1916 : archives de l'ancienne commune de Sainte-Christine, édifices et services publics (port, écoles, église, presbytère, cimetière).

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 2326 à 2330 et 3644. 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Sainte-Christine.

  • Archives diocésaines de Luçon ; SM 203. 1872-1901 : correspondance de la paroisse de Sainte-Christine reçue à l'évêché de Luçon (en ligne sur le site internet des Archives départementales de la Vendée).

  • Archives paroissiales de Benet. 1867-1996 : Chronique paroissiale de la paroisse de Benet.

  • Archives et documentation de l'Association généalogique et historique de Benet et sa région.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Sainte-Christine, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 203).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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