Dossier d’œuvre architecture IA85003344 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Prieuré de Sainte-Christine, puis ferme dite le Prieuré, actuellement maison, 2 rue du Prieuré
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Benet
  • Lieu-dit Sainte-Christine
  • Adresse 2 rue du Prieuré
  • Cadastre 1835 D 1146, 1147  ; 2023 AD 181
  • Précisions anciennement commune de Sainte-Christine
  • Dénominations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin, mur de clôture, portail, grange, étable, buanderie

Le prieuré de Sainte-Christine, mentionné dès le XIIe siècle et supprimé à la Révolution, avait son siège à cet emplacement. Le plan cadastral de 1835 montre plusieurs corps de bâtiments à la place du logis actuel, de plan en U, et d'autres entre lui et la rue du Prieuré au nord, ainsi que les dépendances au sud-ouest qui ont été démolies au début du XXIe siècle. Parmi tous ces bâtiments devait se trouver les vestiges de l'ancienne chapelle prieurale. Le périmètre du prieuré comprenait aussi, semble-t-il, un cimetière, avant l'ouverture du cimetière communal actuel.

Le prieuré jusqu'à la Révolution

Les religieux du prieuré de Sainte-Christine, liés à l'abbaye de Celles-sur-Belle à laquelle le seigneur de Benet aurait donné cette partie de marais, sont mentionnés pour la première fois dans un acte passé entre 1146 et 1187, portant don de la terre appelée Campo Umelli demandée par lesdits religieux, fait à l'abbaye de l'Absie par Hugues Brart et Odeline, son épouse. En 1343, Jean de Fontaine est prieur de Sainte-Christine qu'il quitte en 1353. En mai 1573, Louis de Byderen, prieur-curé de Sainte-Christine, prend part à l'assemblée générale du clergé de l'évêché de Maillezais, tenue à Poitiers. A la même époque, le prieuré est sans doute malmené par les troubles des guerres de Religion.

En 1601, lorsqu'il visite les lieux, le vicaire général de Maillezais, Jehan Collart est reçu par le curé de Maillezais, le prieuré-cure semblant dénué de titulaire. En 1617, lors d'une nouvelle visite, le prieuré est de nouveau desservi par un curé, Pierre Peton, prêtre du diocèse d'Angers, et l'on compte 60 communiants. En 1636, la chapelle prieurale est dotée d'une cloche (qui sera fondue en 1872, au moment de l'acquisition d'une nouvelle cloche pour la nouvelle église). En 1648, le Pouillé d'Alliot précise que le prieur-curé est à la nomination de l'abbé Celles-sur-Belle. En 1655, Mgr Raoult de la Guibourgère, évêque de La Rochelle, visite Sainte-Christine et son prieuré. Il demande au prieur-curé et aux habitants de faire réparer l'église "selon sa juste et ancienne grandeur", ce qui reste probablement un voeu pieux. En 1691, une enquête est menée par le diocèse de La Rochelle au sujet de Claude Oudinet, chanoine régulier de Saint-Augustin, prieur-curé de Sainte-Christine, "dont la conduite cause du scandale". A plusieurs reprises au cours des 17e et 18e siècles, l'église prieurale (longue d'environ 22 mètres sur 4 de large) sert de lieu de sépulture.

A partir de 1746 et jusqu'à la Révolution, Antoine François Gagelin (1701-1791) est prieur et seigneur temporel de Sainte-Christine. Il est mentionné en 1746 dans un état des revenus et charges du prieuré, avec pour fermier Jean Chartier. Cet état indique aussi la métairie dépendant du prieuré, ainsi qu'un four banal. La métairie est affermée une dernière fois par le prieur Gagelin en 1784. Le prieur procède aussi à des embellissements et aménagements de l'église prieurale et de son mobilier, qu'il note sur les registres paroissiaux.

A la Révolution, le prieuré est saisi comme bien national, au titre des biens ecclésiastiques. Tandis que le vieux prieur Gagelin s'érige contre la Constitution civile du clergé, un état des titres et papiers du prieuré est établi le 24 août 1790, puis un état de ses bénéfices et domaines le 1er octobre, avant une estimation de ses domaines et revenus les 29 novembre et 16 décembre. La métairie (chambres hautes et basses, grange, écurie, grenier, fuie près de la grange, chambre ayant servi de four) est alors estimée à 1600 livres, le prieuré avec sa maison prieurale à 57668 livres. Vendue aux enchères le 23 mai 1791, la métairie est acquise, pour 67600 livres, par Thomas-Jean Main (1745-1821), industriel chamoiseur à Niort. En 1794, les "fers provenant de l'église" (cloche ?) sont saisis et font l'objet d'un procès-verbal de pesée par un administrateur du district de Fontenay-le-Comte. L'année suivante, des ornements liturgiques et une bannière sont à leur tour saisis et emportés à Fontenay.

La métairie du Prieuré aux XIXe et XXe siècles

Après Thomas-Jean Main, l'ancien prieuré passe à son frère, Thomas-Venant Main (1749-1836), négociant à Niort, époux de Marie-Rosalie Bisson, puis à leur fils, Thomas-Hippolyte Main (1777-1860), demeurant à Paris. Neveu de l'industriel chamoiseur niortais Thomas-Jean Main, dont il a hérité d'une partie de la fortune, lui-même se distingue en faisant un legs à la ville de Niort pour construire les ponts qui franchissent la Sèvre Niortaise au coeur de la ville, appelés les ponts Main (près d'eux, sur le port Boinot, un monument a été érigé en 1903 à sa mémoire). Thomas-Hippolyte Main possède par ailleurs la métairie de la Cour de Celette et le Bois du Breuil, à la Garenne (15 route de Saint-Sigismond).

Peu avant sa mort, par testament du 12 septembre 1859 déposé en l'étude de Me Raveau, à Paris, le 28 février 1860, Thomas-Hippolyte Main lègue ses biens à Thomas Carteron qui vend la métairie du Prieuré dès le 21 septembre 1860 (devant même notaire) à Jean-Marie Fouquet, de La Mothe-Saint-Héray, et Alexis-Joseph Febvre, de Boulogne-sur-Seine. Ceux-ci agissent en fait au nom de Jacques-Alexis Baudry (1816-1888), époux d'Hortense Turpaud, demeurant au Coudrault, commune de Saint-Sigismond (celui-ci se fait construire à la même époque la demeure du Bois du Breuil, à la Garenne).

Dans les années 1860-1880, une partie des terres dépendant de la métairie, au nord, appelée le Champ de la Ville, est vendue à la commune pour construire d'une part l'église, d'autre part la mairie-école. En 1867, comme convenu dans la vente du terrain à la commune, celle-ci finance la démolition des vestiges de l'ancienne chapelle prieurale, "détruite pendant les troubles civils", abandonnée depuis des décennies, et dont une partie de la maçonnerie était commune avec le logis. L'essentiel des bâtiments, à l'exception des dépendances au sud-ouest, disparaît en cette fin du 19e siècle. Le logis actuel est édifié, selon le cadastre, en 1886 pour le compte du propriétaire d'alors, François Baudry. L'exploitation est tenue puis acquise par la famille Delaunay, soit Jacques Delaunay (1814-1901), époux de Françoise Robreau, puis son fils Auguste et son petit-fils, Edmond. Le fils de ce dernier, Gabriel Delaunay (1907-1988) sera résistant pendant la guerre 1939-1945 puis préfet.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle

La propriété est délimitée par un mur de clôture interrompu à l'ouest par un portail. Celui-ci possède des piliers maçonnés surmontés chacun d'un pot à feu orné de draperies. Une allée conduit vers le logis qui se situe à l'est. Une vaste grange-étable à façade en pignon prenaient place au sud, à côté d'une mare qui s'y trouve toujours. La grange-étable était de plan basilical, avec une grange centrale encadrée par deux étables en appentis, plus basses. La ferme possédait aussi une buanderie.

Le logis comprend un étage et un étage de comble. Il se distingue par ses murs pignons, sous des débordements de toit, le tout n'étant pas sans rappeler certaines villas de bord de mer, de type chalet. La façade principale, au sud, présente trois travées d'ouvertures réparties symétriquement autour de la porte centrale. Les encadrements des baies sont saillants, les linteaux en arc segmentaire. Au sommet des murs pignons, le comble est éclairé par de petites baies en arc en plein cintre.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Typologies
    Ferme à bâtiments séparés ; Grange-étable à façade en pignon ; Maison de maître ; 3
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Bibliothèque nationale de France ; Ms, Coll Dupuy 828, fol. 117. Entre 1146 et 1187 : don de la terre appelée Campo Umelli demandée par lesdits religieux, fait à l'abbaye de l'Absie par Hugues Brart et Odeline, son épouse (mentionné par le Fichier historique du diocèse de Luçon, Archives départementales de la Vendée, 1 Num 47/412).

  • Archives départementales de la Vendée ; 4 G 1. 1601, 4 septembre : visite du prieuré-cure de Sainte-Christine par Jehan Collart, vicaire général du diocèse de Maillezais.

  • Archives départementales de la Vendée ; 4 G 2. 1617, 11 juin : visite du prieuré-cure de Sainte-Christine par Jehan Collart, vicaire général du diocèse de Maillezais.

  • Archives départementales de la Vendée ; 183 G 1. 1784, 25 avril : bail à ferme de la métairie du prieuré de Sainte-Christine.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Num 47/412. 1146-1795 : actes concernant Sainte-Christine relevés dans le Fichier historique du diocèse de Luçon.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 772. 1843-1916 : archives de l'ancienne commune de Sainte-Christine, édifices et services publics (port, écoles, église, presbytère, cimetière).

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 2326 à 2330 et 3644. 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Sainte-Christine.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 174. 1790, 29 novembre : procès-verbal d'estimation comme bien national de la métairie du prieuré de Sainte-Christine ; 1790, 16 décembre : procès-verbal d'estimation comme biens nationaux des domaines dépendant du prieuré de Sainte-Christine, avec "la maison prieuralle, le jardin, la cour, grange, écurie", etc.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 559. 1791, 23 mai : vente de la métairie du prieuré de Sainte-Christine, en tant que bien national, à Thomas-Jean Main.

Bibliographie

  • AILLERY, E., abbé. Chroniques paroissiales, tome 5, 1903-1904.

  • Benet, Lesson, Sainte-Christine, Groupe SCRHIBEs, Savoirs, créations, recherches historiques et informations sur Benet et ses environs, 2013, Fontenay-le-Comte : Lussaud, 2013, 308 p.

    p. 194-198
  • DELAUNAY, Gabriel. Le Petit Chouan. Paris : Ace, 1985, 251 p.

  • VEILLET, Alphonse. Notice sur la commune de Sainte-Christine, Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, 1910.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Sainte-Christine, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 203).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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