Dossier collectif IA85003267 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Maisons, fermes : l'habitat à Benet
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme, maison
  • Aires d'études
    Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Adresse
    • Commune : Benet

L'inventaire de la commune de Benet a permis de relever au total 135 maisons et fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. Il convient toutefois de différencier, dans le cadre de l'inventaire du patrimoine de la Sèvre Niortaise, l'habitat situé dans la partie marais de la commune, de celui situé dans sa partie plaine, ces deux composantes présentant des caractéristiques géographiques et historiques très différentes.

86 maisons et fermes ou anciennes fermes ont été relevées dans la partie marais de la commune qui englobe les fermes des bords de Sèvre, Nessier, les Quatre Maisons, le Bas des Eaux, Celette, Sainte-Christine, la Garenne et Aziré. Au sein de cet espace, un repérage systématique a été réalisé dans une zone d'un kilomètre à partir de la Sèvre Niortaise, étendue aux hameaux de Nessier, des Quatre Maisons et du Bas des Eaux. Ailleurs (Celette, Sainte-Christine, la Garenne et Aziré), les maisons et fermes ou anciennes fermes ont été relevées lorsqu'elles revêtaient un caractère patrimonial majeur ou représentatif. Parmi ces 86 maisons et fermes ou anciennes fermes situées dans la partie marais de la commune, 39 (dont 19 étudiées) ont fait l'objet d'un dossier documentaire en raison de leur intérêt patrimonial ou de leur représentativité, et 47 d'un simple repérage à des fins statistiques.

49 maisons et fermes ou anciennes fermes ont été relevées et étudiées dans la partie plaine de la commune, qui englobe le bourg de Benet, le quartier de Villeneuve, le bourg de Lesson et les lieux-dits Prinçay et Sainte-Gemme. N'ont été retenues là que les maisons et fermes ou anciennes fermes qui revêtent un caractère patrimonial majeur ou représentatif.

L'habitat dans la partie marais de la commune

L'habitat observé dans la partie marais de la commune de Benet est révélateur du développement fulgurant de ce territoire dans la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, 75% des maisons et des fermes ou anciennes fermes (soit 65 sur 86) ont été construites ou reconstruites à cette époque d'essor économique et social pour la population des marais. Cette proportion monte à 91% si l'on ajoute les 14 habitations construites à la fin du XIXe siècle ou au tout début du XXe. Commencé dans les années 1850, cet développement se poursuit et s'amplifie même en effet jusqu'à la veille de la guerre 1914-1918 (46 habitations édifiées entre 1875 et 1910 environ). 4 dates portées témoignent de ce phénomène : par exemple 1900 au 11 route du Mazeau, à Aziré, 1908 au 21 route des Pictons et 1911 au 24 rue de la Fontaine, à Nessier. On relève ensuite un effondrement du nombre de nouvelles constructions, en lien avec le déclin démographique observé dans la première moitié du XXe siècle. 10 habitants seulement relèvent de cette période.

Parmi les 86 habitations relevées dans la partie marais, 15% (soit 13 habitations différentes) présentent encore des témoins des époques antérieures à la période de construction ou de reconstruction massive des habitations à partir de 1850. On en rencontre un certain nombre notamment à Aziré. 4 habitations présentent au moins un élément qui semble remonter au XVIe siècle, voire au XVe, c'est-à-dire une ouverture à la forme et au décor caractéristique (linteau en accolade, par exemple 13 rue Alfred-Roux ou 50 rue du Port, à Aziré). 9 habitations différentes présentent quant à elles, en tout ou partie, une architecture ou un élément de décor qui signe une construction du XVIIe ou du XVIIIe siècle (porte en arc en plein cintre, linteau en arc segmentaire ou délardé..., par exemple 84 rue de la Frémondière, à Celette).

L'habitat dans le bourg et la plaine

Le bourg de Benet et ses abords (quartier de Villeneuve notamment) sont davantage marqués par l'histoire de la commune antérieure au XIXe siècle. En témoignent les 25 maisons ou fermes et anciennes fermes porteuses d'un élément (décor, ouverture) datant de la période moderne, voire même du Moyen Age et des XVe et XVIe siècles. Les baies à encadrement chanfreiné ne manquent pas (beaucoup ont été relevées, sans exhaustivité), et on observe ici ou là des éléments pouvant provenir de l'ancien château fort : ici une baie à coussiège et une cheminée (Chambray, 67 rue de Mervent), là un appui sculpté (5 rue de la Cure), là une baie à meneau (41 rue de la Gare). Une ancienne ferme, bien que remaniée au XIXe siècle, présente encore deux dates inscrites à l'époque moderne, sur un linteau remployé : 1599 et 1708 (rue de l'Aumônerie).

La quasi totalité des habitations relevées dans le bourg et la plaine a toutefois été construit ou reconstruit dans la seconde moitié du XIXe siècle, un mouvement qui s'est essoufflé au début du XXe, comme dans les marais. Ce phénomène traduit là encore l'essor économique (et commercial) du bourg et de la plaine à partir de 1850 et jusqu'à la veille de la guerre de 1914-1918.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Une répartition de l'habitat très liée à la géographie et à la topographie

Dans la partie marais de la commune, où 86 maisons et fermes ou anciennes fermes ont été relevées, la très grande majorité d'entre elles se concentre dans les hameaux de Nessier, Celette, Aziré, les Quatre Maisons et le Bas des Eaux, et dans le bourg de Sainte-Christine. Tous se sont développés en bordure des terres hautes, à l'abri des inondations, mais à proximité immédiate des marais pour pouvoir y accéder et les exploiter. 8 fermes relevées prennent place dans les marais mouillés, en bordure de Sèvre, mais même là, aucune n'est isolée. On notera par ailleurs le caractère éminemment agricole de ces hameaux de marais, puisque sur 86 éléments relevés, 77 sont des fermes ou anciennes fermes.

Au sein de ces regroupements, on observe une grande densité des constructions, par manque de place, pour optimiser l'espace. Ainsi, 30% des maisons ou des logis de fermes sont placés en alignement sur la voie, formant parfois des fronts bâtis comme au cœur du hameau d'Aziré. Un autre tiers est disposé perpendiculairement à la voie, avec bien souvent des dépendances situées dans le prolongement du logis, de manière là encore à optimiser l'espace. On relève tout de même 40% d'habitations en retrait par rapport à la voie, dont elles sont souvent séparées par une petite cour ou un jardin délimité par un muret.

Cette concentration et cette recherche d'optimisation de l'espace se retrouvent dans la manière dont les bâtiments de fermes sont disposés sur la parcelle. Parmi les 77 fermes ou anciennes fermes relevées dans la partie marais, 68% (soit 53) sont à bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres. La majorité présente un plan allongé : le logis et les dépendances sont dans le prolongement l'un de l'autre, perpendiculairement à la voie, comme on l'a vu, ou, dans le cas des fermes des bords de Sèvre, parallèlement au fleuve. 23 forment même un bloc en longueur, le logis et les dépendances étaient non seulement alignés, mais aussi couverts sous le même toit.

Dans la partie plaine de la commune, l'habitat est également concentré dans les agglomérations que constituent le bourg de Benet, celui de Lesson et leurs quelques hameaux satellites. La nécessité d'optimiser l'espace y apparaît toutefois moins impérieuse. Parmi l'échantillon relevé de 49 maisons et logis fermes ou anciennes fermes, près de la moitié (22) sont placés en retrait par rapport à la voie. Reste tout de même un tiers de maisons et logis en alignement sur la voie, formant des fronts bâtis le long des rues principales des bourgs, notamment la rue de la Combe à Benet. Le caractère moins dense de l'habitat dans la plaine qu'aux abords des marais, apparaît aussi dans la disposition des bâtiments de fermes. Sur les 27 fermes ou anciennes fermes relevées, plus de la moitié (16) sont à bâtiments séparés, répartis autour d'une cour, sans plan régulier. Rares sont les fermes à bâtiments jointifs, encore plus celles de plan allongé.

Entre marais et plaine, des caractéristiques architecturales différenciées

Par ses caractéristiques architecturales, l'habitat dans la partie marais de la commune reflète le développement économique et l'élévation du niveau de vie de la population dans la seconde moitié du 19e siècle, époque à laquelle la majorité de ces constructions ont vu le jour (voir historique). C'est ainsi que près de deux tiers des maisons et logis de ferme observés (51 sur 86) présentent en façade 3 ou 4 travées d'ouvertures, indice de logements de taille relativement importante. Ce constat est toutefois relativisé par d'autres caractéristiques qui traduisent les limites de l'élévation du niveau de vie des commanditaires de ces constructions nouvelles. Les façades à 2 travées seulement, marques des petits logements, représentent tout de même un tiers du total dans la partie marais (28) (19% seulement dans le bourg de Benet et la plaine). De la même façon, 70% des logements (60 sur 86) ne possèdent qu'un rez-de-chaussée, avec dans la grande majorité des cas (48) un grenier toutefois habitable. Les habitations à un étage sont plus rares. Cette répartition s'inverse cependant dans le bourg de Benet et la partie plaine de la commune : 73% des habitations y possèdent un étage, avec ou sans grenier, signe d'une certaine opulence, tandis que les habitations en simple rez-de-chaussée avec grenier y sont largement minoritaires.

On relève par ailleurs dans la même partie marais de la commune une grande modestie dans le décor, par souci de discrétion et/ou par manque de moyens. Ce décor se limite le plus souvent aux appuis des fenêtres, saillants (55% des cas relevés), plus rarement à un bandeau marquant la façade horizontalement (11%) ou à une corniche venant la couronner (19%). La forme du toit est aussi très simple : le toit à longs pans est omniprésent, très rares sont les croupes de toit (4%). Là encore, on observe de ce point de vue-là une différence entre la partie marais de la commune et la partie plaine : dans le bourg et la plaine, les façades des habitations présentent plus fréquemment une élévation ordonnancée, un bandeau (32%) et surtout une corniche (59%), sous un toit à croupes (38%). On observe ici une porte à corniche et encadrement mouluré, là des lucarnes à fronton, ou encore des éléments de décor sculptés. Ce décor est particulièrement présent sur les 18 maisons de maître relevées, souvent couvertes en ardoise, un matériau plus onéreux que la tuile et absent des habitations dans la partie marais.

C'est aussi l'humilité et la recherche de fonctionnalité avant tout qui caractérise les dépendances des fermes dans la partie marais. La généralisation de l'élevage dans et en bordure des marais dans la seconde moitié du 19e siècle, s'est traduite par la multiplication des dépendances liées à cette activité : 57 étables, 35 hangars en pierre ou "balets" ont été relevés, de même que 25 fenils, le plus souvent placés au-dessus des étables et fermés par des bardeaux de bois. Liées à des exploitations plus importantes, les granges-étables dont la façade est placée sur le mur pignon sont ici extrêmement rares (seulement 4 relevées, dont une disparue, au Prieuré de Sainte-Christine). Leur part est proportionnellement plus élevée parmi les 27 fermes de plaine (14% contre 5%) où l'on observe de vastes dépendances de ce type, en particulier au 1 rue de la Chaumière, à Lesson, une grange-étable-écurie de plan basilical, avec un corps central encadré de deux autres plus bas, en appentis. En revanche, les fenils surmontant les étables, et fermés par le bois collecté dans les marais, y sont beaucoup plus rares. Le patrimoine rural et agricole de Benet présente encore enfin de beaux exemples (bien que moins nombreux qu'autrefois) de murs en pierre sèche qui délimitaient les parcelles sur les terres hautes.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • étudié 68
    • repéré 67

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 211 à 222 et 3477 (voir aussi l'exemplaire en mairie). 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Benet.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 1346 à 1349. 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Lesson.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 2326 à 2330 et 3644. 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Sainte-Christine.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Benet, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 20).

  • Plan cadastral de Lesson, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 122).

  • Plan cadastral de Sainte-Christine, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 203).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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