Aucune construction n'apparaît à cet endroit sur la carte de la région par Claude Masse en 1720. Seuls existent ici, parallèle à la Sèvre et ses méandres, entre la Sotterie et les Bourdettes, les "vestiges des digues qui enceignaient les marais de Benet quand ils étaient desséchés, mais elles sont à présent toutes ruinées". Ces digues sont alors les derniers témoins de la tentative de dessèchement des marais entre Coulon en Damvix, avortée dans les années 1660. Le canal qui délimite le hameau dans partie ouest (Coin de Chambrun) et la ligne de fossés qui le prolonge derrière les habitations vers l'est jusqu'à l'Adressoir, en les séparant des marais communaux du Mazeau puis de Benet, pourraient être les derniers témoins de cette ancienne ligne de digues et du canal de ceinture qui devait la longer.

Le creusement du canal ou bief du Mazeau ou Vieux Bief, sans doute au XVIIIe siècle, reliant le bourg du Mazeau à la Sèvre Niortaise, a dû faciliter la création d'un embryon de hameau là où le canal vient se jeter dans le fleuve. L'attrait de la Sèvre et de son activité de navigation et de commerce, a dû aussi motiver ces premières implantations. La carte du bassin de la Sèvre par Mesnager en 1818 montre en tout cas l'existence de près d'une vingtaine de petites habitations disséminées tout le long du fleuve, entre l'Adressoir et la Cabane à Guenon. Comme le confirme le plan cadastral de 1835, elles sont établies au cœur du réseau de fossés et de petites parcelles qui maille l'espace entre la Sèvre et la ceinture de fossés au nord, laquelle les sépare des marais communaux du Mazeau et de Benet.

Le Village de la Sèvre se développe véritablement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, à la faveur des travaux d'aménagement, de curage et d'élargissement de la Sèvre Niortaise menés à partir des années 1840-1850, puis de la construction de la route le reliant au bourg du Mazeau à partir de 1901. En 1908, le chemin de halage est élargi et décrété chemin rural, permettant de mieux desservir l'ensemble des habitations qui bordent la Sèvre. Au recensement de 1891, soit deux ans après la création de la commune du Mazeau à laquelle le hameau a été rattaché, celui-ci compte 58 habitations et 180 habitants. On dénombre 66 habitations et 217 habitants au recensement de 1911. L'augmentation du nombre d'habitants et les difficultés à rallier le bourg du Mazeau (la route ne sera goudronnée qu'en 1934) poussent à la création d'une école de hameau, ouverte en 1913. Dans l'entre-deux-guerres, un poste téléphonique public est ouvert au Village de la Sèvre.

En 1942, l'installation de la passerelle transférée depuis Irleau, facilitant les relations avec l'autre rive du fleuve, est un autre facteur de développement du village, même si, à cette époque, le nombre de ses habitants diminue. Au recensement de 1946, ce nombre s'élève à 121 (pour 38 habitations). L'école ferme en 1972, à la même époque que la plupart des commerces. A la fin du XXe siècle et au début du XXIe, le hameau doit son renouveau à son cadre paysager et environnemental, au cœur de la "Venise Verte" où se pressent promeneurs et résidents secondaires.