Dossier d’œuvre architecture IA72059399 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Ancien couvent puis caserne actuellement lycée Touchard
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mans (Le) - Le Mans
  • Commune Le Mans
  • Adresse place Georges-washington
  • Cadastre 2019 DX 126-129
  • Précisions anciennement commune de Sainte-Croix

Jusqu'à la Révolution, l'emplacement de l'actuel lycée Touchard est occupé par les bâtiments dits de la Mission appartenant aux lazaristes et dont il ne subsiste aujourd'hui que l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Lors de la visite en 1792 de la "maison royale et collégiale, curiale de Notre-Dame des Coëfforts" il n'y a plus sur site que six religieux.

Naissance des bâtiments militaires, La Révolution

Pendant la Révolution française, la volonté d'établir au Mans un corps de cavalerie s'affirme. Une lettre de l'administration centrale adressée au général Georges de Vietinghoff qui commande la 22e division militaire à Tours présente les difficultés d'une telle installation notamment due au manque d'écuries et à la rareté des fourrages.

En 1795, l'église de la Mission est utilisée comme magasin de fourrage et quelques mois plus tard, la maison de la Mission sert d'hôpital militaire. Celui-ci apparaît sous le nom de l'hôpital militaire de l'Espérance en 1796. La même année les ministres de la Guerre et des Finances imposent la création d'un chemin de ronde sur le périmètre de l'enclos de 10 mètres de large. Une description succincte dans une lettre de René Chaubry, ingénieur en chef du service des Ponts et Chaussées de la Sarthe, datée de 1796 permet d'appréhender l'implantation des bâtiments à la période révolutionnaire : "les bâtiments sont considérables, les cours sont passables ; les jardins sont spacieux et le tout est effectivement entouré par une belle prairie de 70 à 80 hectares ou environ 25 à 28 hommées de pré. (...) l'établissement est le seul convenable dans la ville à faire une caserne de cavalerie (…) pour 1 000 à 1 200 hommes, les écuries, cours manège couvert et découvert ; quant à la prairie il faudrait savoir s'il est avantageux de mettre les chevaux au vert ou faire des évolutions sans sortir de son enceinte. (...) propose un chemin de ronde de 10 mètres en déduction de la prairie au moment de son éventuelle adjudication."

De nombreux débats ont lieu concernant la nécessité ou non de conserver le site dans son entièreté, à savoir bâtiments et prairies. Plusieurs points de vue s'opposent, d'autant que le citoyen Troussard avait acquis lors de la vente des bien nationaux, une partie des prairies et qui voit depuis son acquisition bloquée par le département afin de conserver l'espace pour le possible pâturage des chevaux d'une future caserne. La volonté de conserver l'ensemble est portée par Chaubry et par le département de la Sarthe contrairement au commissaire des Guerres qui n'y voit pas une nécessité. Le 21 août 1796, "il est approuvé que les bâtiments et enclos de l'ancien couvent de la Mission sont conservés au département de la Guerre, conformément au règlement du 30 floréal dernier, approuvé par le Directoire exécutif que toutes le maisons qui ont été employées pour un hôpital militaire doivent être conservées jusqu'à la paix générale. Le Ministre se réserve d'examiner à cette époque s'il convient d'établir dans ce local une caserne de gendarmerie. Quant à la prairie, (..) le Ministre a jugé convenable de l'abandonner à la réserve de la partie nécessaire pour former un chemin de ronde." La prairie est donc détachée de la Mission et vendue le 20 septembre1796 au citoyen Mathurin Troussard bien qu'il semble qu'il se soit désisté d'une partie du terrain alors acquis par d'autres propriétaires. En 1798, l'hôpital militaire dit de l'Espérance est fermé et les malades sont transférés à l'hôpital civil. Les bâtiments continus de servir de magasin de fourrage et de stockage.

Au début du XIXe siècle : de l'abandon, le projet de dépôt de mendicité au retour de la cavalerie

En 1802, une adjudication aux enchère publiques du bail du jardin de l'ancienne maison de la Mission par le commissaire des guerres au Mans permet à nouveau d'en connaitre une description :

"Charmille entourée de murs et de fossés, des bâtiments de la caserne et de la Manutention des vivres et pain ; location en même temps d'une étable, de 2 chambres à feu attenantes au hangar, d'une chambre à feu avec cave dessous, faisant partie de l'aile nord, le tout composant le logement du jardinier ; exclue, toute personne ayant à voir avec les administrations militaires ou départementales ; entrée dans le jardin par la cour de la Manutention, droit aux latrines, puits et cour, jouissance de la fosse à fumier ; l'adjudicataire sera tenu de cultiver en légumes et non en herbage ; versement du loyer en numéraire à la caisse des domaines nationaux au Mans."

Malgré cette adjudication, le projet du chemin de ronde persiste. Un plan levé en 1805 par Jean Dugué géomètre et arpenteur public, expert de la préfecture au Mans, et qui figure l'enclos de la Mission et du chemin de ronde à délimiter autour, indique avec précision l'ampleur du site de la Mission. A cette date, les locaux ne serviraient plus qu'au casernement d'une troupe de réserve et pour la gendarmerie et le site est finalement remis par le ministère de la guerre au département de la Sarthe. Jusqu'en 1811, les sources relatives à la Mission concernent le chemin de ronde.

En 1811, le département de la Sarthe est à la recherche d'un lieu comme dépôt de mendicité pour accueillir 300 mendiants. Le séminaire de la Mission est alors considéré comme étant le site "le plus convenable". Afin d'agrandir le site et permettre l'établissement de 12 gendarmes, la maison site Blossier (anciennement Tascher) adossée à l'église de Coëffort doit être acquise et le propriétaire est en passe d'être exproprié mais le lieu changeant d'affectation avec le changement de régime en 1815, l'expropriation n'est finalement pas prononcée.

En effet, le retour de la monarchie en 1815 implique de nouvelles orientations, notamment en matière de gestion militaire sur le territoire. Les bâtiments de la Mission sont alors à nouveau investis pour moderniser et agrandir ce qui sert alors de caserne. Des plans et élévations datées de 1816 rendent compte de l'ampleur du site projeté et de la symbolique politique. L'inscription "LE ROI / LA FRANCE" était alors envisagée au-dessus du portail monumental d'entrée. Les bâtiments projetés sur le plan ne sont pas réalisés. En revanche, deux corps en fond de cours et au nord sont construits et forme, avec l'église une cour d'honneur centrale. Durant les années 1820-1830, le problème pointé par les autorités reste le manque d'écuries pour établir la cavalerie. Une enquête datée de 1831 sur la commune de Sainte-Croix révèle qu'est alors même envisagée la location d'écuries particulières afin de résoudre ce déficit pendant que sont amorcés de travaux de construction pour le casernement de 611 hommes et 606 chevaux. Pour répondre à ce vaste chantier, l'ancien lieu de culte est réaménagé : pavage, plafonnage, cloisonnement. Une ordonnance royale de 1831 autorise l'emprunt de 20 000 francs par la municipalité en vue de l'achat des terres de la Hardière afin de construire de nouvelles écuries. De nombreux projets pour l'extension se suivent. En 1846, une enquête évalue à 852 cavaliers et 152 fantassins la capacité de logement à la Mission.

De la caserne Cavaignac au lycée Touchard-Washington

En 1868, un projet d'assainissement du quartier de la Mission est porté par le Comité des fortifications. Les travaux permettent l'installation du 26e Régiment d'Artillerie. L'entrée des Prussiens dans la ville en 1871 entraîne la récupération des bâtiments de la Mission qui servent alors de dépôt de prisonniers.

A partir de 1872, la réorganisation militaire et la construction de la caserne Paixhans complète le quartier dit d'artillerie. Des travaux de modernisation des locaux sont amorcés afin de réduire le taux de mortalité des soldats. La caserne de la Mission accueille alors le 44e régiment d'artillerie et la 4e compagnie du train des équipages. En 1886, le général Boulanger qui obtient de renommer les casernes françaises par le nom de héros militaires, fait baptiser la caserne de la Mission, la caserne Cavaignac.

Comme pour la caserne Paixhans, la Seconde Guerre mondiale marque un coup d'arrêt pour le site. La caserne est d'abord occupée par les soldats américains entre 1944 et 1946. La diminution de la présence de militaire dans le quartier d’artillerie est également marquée par la remise à la ville de l’église de la Mission dans la séance du conseil municipal du 27 juin 1946. La volonté de la mairie est alors de déplacer l'école pratique de commerce et d'industrie, alors dans la vieille ville dans l'ancienne caserne Cavaignac. Dès 1948, Pierre Vago et Pierre Savin sont missionnés pour reconstruire les bâtiments dans un style "moderne" afin d'y accueillir un collège technique. Mais il faut attendre dix ans pour les travaux débutent sous la directions des architectes Vago, Savin, Goussin et Prebay. La question de la destruction du bâtiment de l'horloge (bâtiment principal en fond de cour de l'ancienne caserne) entraîne des retards de travaux. Il est finalement détruit en 1962 et l'ensemble du site est inauguré en 1964. Le premier édifice du collège à être construit est le gymnase, aujourd'hui disparu, qui se trouvait dans la troisième cour au sud.

En 2000, les locaux sont réhabilités et l'établissement devient le lycée Touchard-Washington. L'isolation par l'extérieur de l'ensemble du bâtiment a modifié la physionomie des bâtiments mais quelques éléments de la première construction ont été conservées. Au rez-de-chaussée des façades est des bâtiments A et E, sud du bâtiment C et ouest du bâtiment D sont en béton laissé brut avec un motif quadrillé issu du projet dessiné par Pierre Vago. De plus, ces mêmes rez-de-chaussée, à l'exception du bâtiment E, sont précédés d'un auvent soutenu par des poteaux béton en forme de V et un porte-à-faux aux bâtiments A et C. Le rez-de-chaussée du bâtiment D présente jusqu'à l'avant-corps sud une claire-voie soutenue par des poteaux béton rectangulaires. Les menuiseries des fenêtres au nord sous cette claire-voie sont en aluminium et les verres des fenêtres, coulé et texturé, sont caractéristiques des années 1960. Les rambardes des escaliers tournants à retour et palier intermédiaire avec jour, positionnés à la jonction des différents corps de bâtiments et au centre de chacun sont en métal et présentent une forme en V ou rectangulaire.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1958, daté par source
  • Auteur(s)

Le lycée comprend plusieurs bâtiments répartis autour de trois cours. La première cour est ouverte sur la place Georges-Washington, la deuxième sur le boulevard Paixhans et la troisième sur la rue Cavaignac.

Le bâtiment principal a un plan en T. Il est composé du corps de bâtiment rectangulaire entre les deux cours et d’un autre corps perpendiculaire au nord à l’arrière duquel est placé le bâtiment des ateliers. Le bâtiment principal contient trois niveaux. Il est surmonté d’un toit terrasse. Les façades ouest et sud donnant sur la première cour sont vitrées en rez-de-chaussée et présentent une alternance de bandeaux vitrés et de bandeaux de dalles béton rectangulaires gris pâle. Les façades est et sud donnant sur la deuxième cour reprennent le même principe en élévation mais diffèrent en rez-de-chaussée qui est précédé d’un auvent soutenu par des poteaux bétons en V. Les murs sont en béton laissé brut avec un motif quadrillé.

Un bâtiment rectangulaire est placé entre les deux cours arrière. Il est composé d’un rez-de-chaussée en recul vitré et d’un étage soutenu par des colonnes en dalles béton et percé de fenêtres rectangulaires.

Le bâtiment longeant la troisième cour reprend les mêmes principes que le principal en élévation. Le rez-de-chaussée est composé d’une claire-voie qui ouvre sur le réfectoire et les cuisines. Les murs du rez-de-chaussée reprennent le même motif quadrillé dans le béton laissé brut. Dans la partie sud du bâtiment, un gymnase au rez-de-chaussée est ménagé en avant-corps avec une cursive. Il est placé en contre-bas. Pour rattraper la différence de niveau entre l'avant-corps et le reste du bâtiment, un escalier droit descend vers la cour. Les escaliers placés à la jonction des différents corps de bâtiments et au centre de chacun sont tournants à retour et palier intermédiaire avec jour. La rambarde en métal présente une forme en V ou rectangulaire.

Les toits des bâtiments sont des toits terrasses en béton.

  • Murs
    • béton enduit
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier, plan régulier en L
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Techniques
  • Statut de la propriété
    propriété de la région
  • Protections

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; L 82. Affectations de l'ancien séminaire hospice de lazaristes de la Mission, 12 août 1795 - 25 décembre 1796.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 N 189. Documents relatifs à la transformation de la Mission en dépôt de mendicité, 1811.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 N 63. Affectation et appropriation des bâtiments conventuels de la Mission nationalisés au casernement de gendarmerie, An IV-1884.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 Q 7/27. Visite de Notre-Dame des Coëfforts et rapport dans le cadre de la vente des biens nationaux, 1792.

  • Archives municipales du Mans ; 1 M 51. Travaux à l'ancien site de Coëffort pour le casernement d'hommes et de chevaux, 1823.

  • Archives municipales du Mans ; 209 W 40. Cahier des charges pour la construction du collège technique, 1948.

  • Archives municipales du Mans ; 209 W 41. Documents techniques relatifs à la construction du collège technique du Mans, 1953.

  • Archives municipales du Mans ; 5 W 23. Documents relatifs à la construction du collège technique , 1948-1964.

  • Archives municipales du Mans ; 72 W 231 – PC 1956 / 746. Permis de construire pour le collège technique du Mans, 1948-1956.

Bibliographie

  • DUTHEIL, Alexandra. La construction des casernes au Mans après la guerre de 1870. Mémoire de maitrise sous la direction de Nadine Vivier, Université du Mans, 2002.

Périodiques

  • MORDRET, Pierre. "Le lycée Gabriel Touchard", in La vie mancelle et sarthoise, n° 409, février 2010.

    p. 34-38
  • PLESSIX, René. Le Mans et l'armée. La Province du Maine, 2014.

    p. 247-280

Documents figurés

  • Plan et élévations des diverses constructions à exécuter dans la partie antérieure de l'établissement militaire de la Mission, 1816. Projet du corps royal du Génie, Direction du Havre, département de la Sarthe signé Ménard, capitaine commancant du Génie civil. 1 dess : encre et lavis sur papier, 1/0005. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 R 36).

  • Plan parcellaire pour les bâtiments militaires, 1874. 1 dess : encre et lavis, 1/1000. (Archives départementales de la Sarthe; 2 R 48).

  • Vue de la salle des malades de l'Hôtel-Dieu de Coëffort, carte postale ancienne, début du XXe siècle. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi 01214).

  • Vue de l'hôtel Dieu depuis la place, carte postale ancienne, début XXe siècle. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 FI 08655).

  • Façade état ancien du centre technique anciennement caserne Cavaignac, 6 juillet 1948. 1 dess : encre sur papier, 0,0005 pm. (Archives municipales du Mans ; 209 W 40).

  • Elévation et croquis pour le centre technique, 6 juillet 1948. 1 dess : encre sur papier. (Archives municipales du Mans ; 209 W 40).

  • Plan masse pour le centre technique sur le site Cavaignac, 6 juillet 1948. 1 dess : encre sur papier. (Archives municipales du Mans ; 209 W 40).

  • Petit Atlas des bâtiments militaires, quartier Cavaignac, s.d. [Plan bleu architecte] 1 dess : encre sur papier, 1/1000. (Archives municipales du Mans ; 209 W 40).

  • Plan du rez-de-chaussée, 1er, 2e et 3e étages du bâtiment H de la caserne Cavaignac, s.d. 1 dess. : encre sur papier. (Archives municipales du Mans ; 209 W 40).

  • Photographie de la cour d'honneur de la Mission, s.d. 1 photo : n&b. (Médiathèque Louis Aragon ; ES 4 MIL 1).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

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