Dossier d’œuvre architecture IA72059384 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Ancien Hôtel-Dieu de Coëffort actuellement église paroissiale Sainte-Jeanne d'Arc
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mans (Le) - Le Mans
  • Commune Le Mans
  • Adresse place Georges-Washington
  • Cadastre 2022 DX 128
  • Précisions anciennement commune de Sainte-Croix
  • Dénominations
    église paroissiale, hôtel-Dieu
  • Destinations
    église paroissiale
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La première mention de l'Hôtel-Dieu de Coëffort est l'acte de fondation sous l'impulsion d'Henri II Plantagenêt signé entre 1180 et 1181. L'hôtel-Dieu s'intègrerait dès lors aux nombreux édifices construits au profit des malades et des pauvres, donc à visée caritative dans l'Empire Plantagenêt dans la seconde moitié du XIIe siècle. Ces fondations s'accompagnent de donations aux communautés religieuses pour assurer la gestion des sites. La position "faubourienne" de Coëffort peut tenir du fait que sa fondation est en effet dû à un laïc duquel le seigneur du lieu est le suzerain et permet cette implantation, au-delà des terres occupées par les congrégations religieuses ou par l'épiscopat.

Cependant, l'absence de sources rendent les années de fondation relativement imprécises. En effet, la charte de fondation connue aujourd'hui est une copie du XVe siècle. La disparition de la pièce originale paraît être précoce car en 1207 les religieux de la Couture réclament aux frères de Coëffort le service et la rente féodale qu'ils leur doivent du fait de la construction de la Maison-Dieu. L'archive relatant cet évènement rappelle que les frères de Coëffort ne sont pas en mesure de fournir la charte originale de fondation tout en spécifiant tout de même au court de la charte que la Maison-Dieu a été fondé par Henri II vers 1180. Ce conflit amène l'évêque du Mans a prononcé une sentence arbitrale déclarant Henri II comme fondateur. Pourtant, le témoignage de Guillaume le Maréchal, chevalier d'Henri II, lors de la prise du Mans par Philippe Auguste en 1189 évoque la Maison-Dieu ce qui suppose donc que l'édifice est alors achevé.

Pour les historiens et érudits de la seconde moitié du XXe siècle, un certain nombre d'éléments architecturaux venaient assoir la thèse d'une construction aux alentours de 1180. Le type de voûtement employé, bombé et dont les nervures sont brisées est tout à fait contemporain. Le profil des nervures aux voûtes de la grande salle reprend la forme en amande relativement mince tel qu'il est adopté à l'église de La Couture. Les chapiteaux sculptés en façade et en intérieur reprennent par endroit le motif des dents de scie et du ruban plissé caractéristique de la sculpture angevine et mancelle de la seconde moitié du XIIe siècle. De plus, la comparaison bien connue avec l'hôpital Saint-Jean à Angers n'est plus à faire tant les similitudes architecturales sont prégnantes. Enfin, la distribution intérieure soit une grande salle divisée en trois travées matérialisées par des colonnes rappelle des dispositions déjà éprouvées dans les salles des malades contemporaines à Angers, à Laon, à Caen ou à Chartres. Cependant, sous certains aspects, l'Hôtel-Dieu du Mans fait preuve d'une certaine précocité stylistique, notamment pour les colonnes de la salle dont les socle et les tailloirs octogonaux présentent des bases non griffées. Leur forme diffère du style manceau de la fin du XIIe siècle et paraît évoquer une certaine évolution du style décoratif.

Cependant, les études actuelles et les nouvelles comparaisons qui émergent pourraient apporter des éléments de datation relativement nouveaux. Le culot sur la façade occidentale représentant une tête humaine a pu être rapproché de celles sculptées dans la nef de la cathédrale du Mans et datées de 1158. Edifice qui semble avoir inspiré également les chapiteaux au revers de la façade occidentale (tailloirs moulurés de ruban plissé). De même, des chapiteaux conservés aux façades est et ouest peuvent être comparés à des corbeilles sculptées du chevet de la cathédrale de Poitiers dans les années 1160. De plus, plusieurs détails différent de Saint-Jean d'Angers. Les bases des colonnes sont lisses et non griffées et les socles sont octogonaux comme les tailloirs. L Les bases sans griffe sont un marqueur temporel important car dans le Maine, comme l'a démontré Bénédicte Fillon-Braguet elles sont exclusivement associées à des colonnes à pans coupés avant 1220-1230. Le motif de dents de loup présent sur la première pile nord est se développe à partir des 1220 en Normandie et en particulier au Mont-Saint-Michel. Enfin, les tailloirs à pans coupés s'imposent dans le premier quart du XIIIe siècle. Et la combinaison de tous ces éléments n'est identifié dans le royaume Plantagenet que vers 1220-1225 à Saint-Serge d'Angers, Cunault, Candes ou Beaulieu-Lès-Loches. L'analyse poussée des voûtes certes octogonales mais composites car mixant des nervures diagonales non pénétrantes et des liernes orthogonales pénétrantes, ce qui se développe dans le premier tiers du XIIIe siècle.

La proposition de datation de Bénédicte Fillon-Braguet tient notamment à l'analyse de l'escalier qui, il est vrai, présente un extrados à gradins situé dans l'embrasure de ce que la chercheuse identifie comme une ancienne porte menant à une pièce haute remplacée dans les années 1220 par la partie supérieure voûtée de l'église actuelle. Ainsi, cette division initiale de l'espace entre une salle basse et une salle haute remplacée dans les années 1220-1230 expliquerait les différences de style (vers 1150-1160 pour les éléments en partie inférieure et en extérieur) et la partie supérieure (vers 1220-1230).

Les documents les plus anciens conservés sont des règlements à partir de 1230. La règle de l'Hôtel-Dieu est édictée entre 1231 et 1234 par l'évêque du Mans, Geoffroi de Laval.

En 1397, la confrérie de Coëffort se transforme en communauté suivant la règle de Saint-Augustin. Bien que soutenu par les comtes du Maine successifs, notamment à travers des donations, les bâtiments de Coëffort semblent en état de dégradations au XVIe siècle, comme l'évoque les archives des nombreux procès qui opposent les frères à la municipalité. L'ensemble de ces documents apportent des informations précieuses quant à l'implantation des édifices, décrivant notamment dans un règlement de 1552 les travaux entrepris par les lazaristes : abaissement de la toiture ce qui implique le comblement des baies au niveau des combles dont les jambages sont en partie encore visible sur la façade sud.

Les travaux se poursuivent au début du XVIIe siècle, notamment au niveau des combles avec l'intervention d'un certain Nicolas Buon en 1611 dont la signature est visible dans la tour d'escalier en vis et en 1615 par Antoine Quereau, maitre charpentier qui modifie la charpente. En 1645, les Lazaristes s'installent à Coëffort à la suite du concordat entre Vincent de Paul, général de la Mission et le dernier maître de l'Hôtel-DIeu, Martin Lucas. La charge de l'Hôtel-Dieu revient aux prêtres de la Mission. Du fait de l'implication des lazaristes au Séminaire du Mans, Coëffort devient en 1648 la chapelle du séminaire du Mans. La charpente est à nouveau remaniée en 1663 avec une dépose et une repose. Elle correspond à la charpente actuelle.

En 1791, les lazaristes fuient Le Mans et le District récupère les bâtiments pour les utiliser comme prison pour les prêtres manceaux. En 1795, les bâtiments sont transformés en dispensaire pour les soldats vendéens. Puis, le bâtiment devient écurie, hôpital militaire et magasin à fourrages. Cela entraine de nombreux travaux à la fin du XVIIIe siècle (enlèvement de la grille de fer qui séparait le chœur de l'église de la Mission parce que les barreaux se trouvaient brisés) et au début du XIXe siècle : réfection des toitures, mise en place d'un plancher pour créer un étage au-dessus de l'écurie. En 1829, la salle est divisée en deux niveaux. Le plancher est situé au niveau des chapiteaux. LE rez-de-chaussée est une écurie et les étages sont des chambres.

Après une longue période dans le giron de l'Etat, l'église de la Mission est remise à la ville dans la séance du conseil municipal du 27 juin 1946 après qu'elle est donc été investie par l'Etat comme bâtiment militaire.

Le bâtiment est classé MH en 1947 après que Julien Polti, architecte en chef des Monuments Historiques de la Sarthe ait signalé le bâtiment au Directeur Général des Beaux-Arts. Ce classement engendre une phase de fouilles et de restaurations menées par Robert Vassas, architecte en chef des Monuments Historiques entre 1950 et 1955.

En 1952, le cardinal Grente consacre l'église sous le vocable de Sainte-Jeanne d'Arc de Coëffort.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , daté par travaux historiques

L'église Sainte-Jeanne-d'Arc est de plan rectangulaire à chevet plat. Des contreforts sont présents sur l'ensemble des façades : 4 à l'est et à l'ouest, 6 sur la façade sud et 4 sur la façade nord.

Les façades

Façade occidentale

La façade occidentale est composée de trois travées séparées par des contreforts en pierre de taille également positionnés aux angles. En élévation, la façade peut être divisée en trois parties. Au premier niveau où se positionne le porche composé d'un voussure de tors reposant sur des colonnettes. Les chapiteaux qui soutiennent la voussure sont sculptés de feuilles allongées. A l'angle sud du contrefort nord se trouve un décrochement en forme de larmier soutenu par un culot représentant une tête humaine. Un bandeau mouluré continu ménage le passage au deuxième niveau de la façade. Ce dernier est percé à chaque travée de fenêtres géminées en plein-cintre. La travée centrale est plus décorée avec une colonne central et des colonnes latérales qui soutiennent la voussure. Leur chapiteau est décoré de feuilles enroulée et dents de scie et rubans plissés en partie supérieure. Les piédroits des fenêtres latérales sont dénoués de décor. Un bandeau au-dessus des archivoltes des ouvertures courre sur la façade entre chaque contrefort. La rupture entre le deuxième et le troisième niveau s'effectue par un talus positionné en partie sommitale des contreforts latéraux. Il correspond au pignon de la façade. Il est percé d'ouvertures plein-cintre à chaque travée ; la travée centrale contenant une fenêtre plus allongée que celles latérales. Dans la partie nord est percée une fine ouverture rectangulaire pouvant correspondre à une fuie. Les matériaux utilisés en façade sont la pierre de taille appareillée pour les encadrements, les contreforts, les chaines d'angles, la travée centrale et la partie basse de la façade alors que les travées latérales et le pignon sont en moellons.

Façade orientale

La façade orientale reprend la même composition que la façade occidentale : trois travées séparées par des contreforts. Des portes sont percées au premier niveau d'élévation. Leur encadrement est en plein-cintre. Au deuxième niveau, des fenêtres géminées avec un bandeau au niveau de l'archivolte sont positionnées à la travée centrale. Les travées latérales ne sont percées que de fenêtres simples également en plein-cintre. LE même principe de talus sépare le dernier niveau d'élévation correspondant au pignon. Il est percé en sont centre d'une haute fenêtre en plein-cintre. Des éléments maçonnés sous enduit restituent l'emplacement de deux baies plus petites aux travées latérales comme pour la façade occidentale. De même, comme pour la façade occidentale la pierre de taille appareillée est utilisée aux encadrements, aux contreforts et en partie basse, moellons au pignon et à la majorité des murs.

Façades sud et nord

Les façades sud et nord sont composées de sept travées rythmées par des contreforts. Elles sont percées en partie inférieure par des portes et en partie supérieure par des hautes fenêtres en plein-cintre. Du moellon est utilisé comme matériau.

La grande salle

L'intérieur de l'édifice est une grande salle unique à trois vaisseau d'égale ampleur et égales hauteur couvertes de voûtes d'ogives bombées retombant sur des colonnes décorées de chapiteaux sculptées et des colonnes engagées aux murs latéraux. Les nefs sont divisées en 7 travées. Un bandeau mouluré courre sur les murs latéraux au niveau des assises des fenêtres et des tailloirs des demi-colonnes adossées.

Les voûtes, au nombre de 21, sont de plan carré avec huit nervures : ogives et liernes. Les doubleaux et les formerets sont en arc brisé. Les voûtes sont bombées avec des clefs de voûte surélevées par rapport aux clefs de voûte des formerets et doubleaux. Le profil des nervures est en amande avec un petit cavet. Leur retombée s'effectue sur des tas de charge moulurés.

La toiture et la charpente

La toiture est accessible par un escalier à vis pris dans un massif en saillie. Sa vis est inscrite dans le contrefort d'angle nord-ouest et une rampe droite à l'arrière du pignon. Les paliers sont couverts de voûte d'arêtes.

La toiture est à deux versants. L'accès aux combles se fait par un escalier en vis en pierre situé dans le massif de maçonnerie nord-ouest.

La charpente monumentale et à fermes et à pannes. Des croix de Saint-André relient les entraits dans la transversale.

  • Murs
    • pierre pierre de taille enduit partiel
    • moellon enduit partiel
  • Toits
    tuile plate
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Techniques
    • peinture
    • vitrail
    • sculpture
  • Précision représentations

    Les tailloirs des chapiteaux de la façade principale sont sculptés de feuilles allongées aux ouvertures de la travée principale. Ceux des fenêtres du deuxième niveau sont également sculpté de dent de scie et rubans plissés en partie supérieure.

    Des traces d'un faux appareil rectangulaire peint aux voutains sont visibles par endroit.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections

  • PROUTEAU Nicolas (sous la dir.de), Les Plantagenêts dans les Pays de la Loire, Nantes : ed. 303. 2021.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; L 61. Registre des arrêtés du départements de la Sarthe, 1796.

Bibliographie

  • CAUVIN, Thomas. Recherches sur les établissements de charité et d'instruction publique au Mans, Le Mans : Monnoyer. 1825.

  • MUSSAT, André. Le style gothique de l'ouest de la France : XIIe-XIIIe siècles. Paris : Picard, 1963.

  • DAVY, Christian. La peinture murale romane dans les Pays de la Loire. L'indicible et le ruban plissé. Laval : Société d'Archéologie et d'Histoire de la Mayenne, 1999.

  • GROUHEL, Anne-Sophie. L'Hôtel-Dieu de Coëffort (Le Mans). Université de Tours, 1999.

  • AURELLL, Martin. L'Empire des Plantagenêts, 1154-1224, 406 p. ; 24 cm. Bibliogr., index Paris : Perrin, 2003 (Coll. historique).

  • DUHAU, Isabelle, LAGET, Pierre, LAROCHE, Claude. L'hôpital en France. Du Moyen-Âge à nos jours. Histoire et architecture. Lyon : éd. Lieux Dits, 2016.

  • MIOT, Franck [sous la direction de]. Le Mans. Histoire mosaïque. Editions de la Reinette, 2019.

  • FILLION-BRAGUET, Bénédicte. "La grande salle de l'Hôtel-Dieu de Coëffort au Mans : l'architecture comme acte de mémoire", in Collectif, Les Plantagenets et le Maine, 2022.

Périodiques

  • VASSAS, Robert. "La Maison-Dieu de Coëffort au Mans", Bulletin monumental, 1954, t. 112

Documents figurés

  • Vue de l'hôtel Dieu depuis la place, carte postale ancienne, début XXe siècle. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 FI 08655).

  • Vue de la salle des malades de l'Hôtel-Dieu de Coëffort, carte postale ancienne, début du XXe siècle. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi 01214).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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