Dossier d’œuvre architecture IA53004352 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Hameau de Bignon
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Lassay-les-Châteaux
  • Lieu-dit Bignon
  • Cadastre 2020 166/ZC 20-120
  • Précisions anciennement commune de Niort-la-Fontaine
  • Dénominations
    écart

Le village de Bignon, connu pour son dolmen et son menhir, étonne également par ses proportions, importantes pour un hameau situé aussi proche du bourg de la commune. Nombre de maisons du XVIe et du début du XVIIe siècle sont conservées, certaines présentant un caractère d'authenticité remarquable.

Statut du village, habitants et activités

La première mention écrite de Bignon date de 1404. Dans l'aveu que Charles de Vendôme rend au duc d'Anjou à cette date, les "tenans et possidans du fief aux Bingnons" doivent 11 sols tournois au châtelain : nulle évocation de seigneur du lieu, les habitants apparaissent dépendre directement du châtelain de Lassay. Cette configuration se retrouve dans les comptes de la seigneurie de Lassay de l'an 1492-1493, où au "fief des Bignons" est associée une recette de 11 sols, sans qu'aucune personnalité noble ne soit mentionnée. Malgré la présence d'un édifice revêtant l'apparence d'un manoir au sud du village, la carte de Cassini qualifie le lieu de "hameau et gentilhommière". Dans les aveux ultérieurs, Bignon compte parmi les terres relevant censivement de Lassay : en 1756, ce sont François Derou, Renée Grosse, Louise-Thérèse d'Aroust, Michel Lecoq, François Oger et le prêtre Louis Raimbault qui se partagent la somme due au seigneur de Lassay.

Les citations ci-dessus, ainsi que le nombre des édifices représentés sur le cadastre napoléonien (1812), l'ancienneté de certaines maisons encore en élévation et les recensements de population du XIXe siècle, brossent le portrait d'un hameau fortement peuplé, et ce de longue date. La population du lieu atteint son apogée en 1845. Elle est alors forte de 110 habitants. L'état de section, dressé en même temps que le premier cadastre (1812) révèle la variété des activités du village : si les habitants sont majoritairement des agriculteurs, on compte également 2 "filassiers", un tailleur, un sabotier, un maçon et un charpentier. Une telle variété de métiers est rarement constatée hors des bourgs. L'analyse du recensement de population de 1846 renforce ce constat : on dénombre alors 4 maçons, 2 fileuses, 2 tisserandes, un peigneur de chanvre, un charpentier, un sabotier, le reste étant composé de cultivateurs, propriétaires et journaliers. A en croire ce dénombrement, le filage du chanvre a été important pour le village. La présence de deux pressoirs à cidre peut également être relevée sur le cadastre de 1812.

Phasage chronologique et évolution de l'architecture

Le XVIe siècle

Les plus anciennes maisons du village datent du XVIe siècle. L'une d'elles (parcelle ZC 116) a été datée par dendrochronologie du milieu du siècle : les bois de sa charpente ont été abattus entre 1547 et 1555. Les moulures à chanfrein concave, amorties d'un congé en pointe, se retrouvent sur le vieux logis, dont le reste de l'architecture est également caractéristique de la Renaissance, ainsi que sur la partie sud du bâtiment de la parcelle ZC 21. La construction de trois autres maisons (parcelles ZC 132, 47 et 90), disposant de hautes toitures et de murs gouttereaux relativement bas, ainsi que de baies à chanfrein droit, pourrait se rapprocher de cette date. Les édifices les plus anciens conservés apparaissent ainsi disséminés sans logique apparente dans l'ensemble du village.

Le XVIIe siècle

Un alignement de 4 maisons (parcelles ZC 29 et 30), orientées est-ouest, situé au nord du village, a été construit au XVIIe siècle. Deux portes portent les dates de 1610 et de 1681. Leurs linteaux et leurs maçonneries de petit moellon non équarri sont caractéristiques de cette époque. La maison de la parcelle ZC 50 et celle situées à l'est de la parcelle ZC 116 pourraient dater de cette époque ou du début du siècle suivant. Toutes ces constructions se caractérisent par leur orientation vers le sud. Le village de Bignon semble donc s'être densifié à l'intérieur de ses limites au XVIIe siècle.

Le XVIIIe siècle

Aucun des édifices aujourd'hui en élévation ne date du XVIIIe siècle. En revanche, certaines divisions parcellaires remontent sans doute à la 2e moitié de ce siècle. Ce phénomène a été mis en évidence pour la maison de la parcelle ZC 116, grâce à l'étude fine qui en a été réalisée.

Le bâtiment de la parcelle ZC 21, composé d'au moins 3 maisons, progressivement transformées en bâtiments agricoles, porte des inscriptions témoignant des réalités climatiques de la fin du XVIIIe siècle : sur les piédroits d'une porte, on lit : "ANNEE SEICHE 1785 IT HIVER RUDE 178? 1789 ET IT".

Le XIXe siècle

A deux exceptions près, la maison d'habitation de la parcelle ZC 132 et la grange-étable de la parcelle ZC 104, l'intégralité des édifices aujourd'hui en élévation était déjà présente à l'époque où le cadastre napoléonien a été dressé (1812). La première a été construite en 1841 et la seconde sensiblement à la même époque. En revanche, sur cette base ancienne, nombre de maisons et de grange-étables ont été agrandies ou modifiées, à commencer par celle située sur la parcelle ZC 113. Un grand soin a été apporté à sa reconstruction ; les linteaux de deux fenêtres de son rez-de-chaussée portent les dates et inscriptions suivantes : "JM 1806" ; "F. RAIMBAULT ET RENEE OGER". Les autres dates portées témoignent du dynamisme et de la prospérité du village vers 1840. La maison précédemment citée porte la date de 1841, le four à pain de la parcelle ZC 40 celle de 1840, le logis-étable de la parcelle ZC 114 celle de 1839 et la maison étable de la parcelle ZC 35 celle de 1846.

Peu d'ajouts ou de modifications ont été effectuées après ces dates. A la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, la maison de la parcelle ZC 30, appartenant à l'alignement du XVIIe siècle et celle de la parcelle ZC 40 ont été agrandies et leurs ouvertures refaites avec des encadrements de brique.

Synthèse

Le village de Bignon conserve ses proportions ainsi qu'un nombre important d'édifices de la période moderne. Peu de disparitions sont à noter ; seul l'alignement se trouvant à l'emplacement de l'actuelle route a été détruit.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1547, datation par dendrochronologie
    • 1610, porte la date
    • 1681, porte la date
    • 1785, porte la date
    • 1788, porte la date
    • 1806, porte la date
    • 1839, porte la date
    • 1840, porte la date
    • 1841, porte la date
    • 1846, porte la date

Le village de Bignon se situe à un peu plus de 500 mètres à l'ouest du bourg de Niort-la-Fontaine.

Forme et organisation de l'écart

Le village ne possède pas de principe structurant perceptible. Ses maisons et granges-étables sont tantôt orientées est-ouest, tantôt nord-sud. Une route le traverse aujourd'hui du nord au sud.

Bâti de l'écart

Sur les 24 édifices repérés dans le hameau de Bignon, tous sont construits en moellon de granit d'extraction locale et sont couverts d'ardoise. La moitié d'entre eux sont des constructions isolées ne présentant qu'une seule unité, agricole (8) ou d'habitation (4) ; les autres sont des alignements de deux à quatre logis (3), des alignements combinant des fonctions agricoles et d'habitation (8) ou des étables-granges regroupées sous le même faîte.

La plupart des édifices sont construit de plain-pied et ne disposent pas d'étage carré, à l'exception du vieux logis et de la maison portant la date de 1806 et l'inscription "F. RAIMBAULT ET RENEE OGER". Les maisons parcelles ZC 116 et ZC 50 disposent d'un niveau de soubassement.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2760/2, feuille A1 du cadastre napoléonien de Niort-la-Fontaine, 1812.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 922. États de section du cadastre napoléonien de la commune de Niort-la-Fontaine, 1812.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 6 M 315. Recensements de la population de Niort-la-Fontaine.

  • Archives nationales ; P 345/2. Aveux rendus au duc d'Anjou.

    Aveu de Charles de Vendôme au duc d'Anjou pour ses seigneuries de Lassay et la Chartre-sur-le-Loir, 1404.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 36. Chartrier de Lassay. Comptes de la seigneurie, 1485-1498.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 46. Chartrier de la seigneurie de Lassay. Documents divers concernant les censives.

    Brouillon de l'aveu de 1756 de la seigneurie de Lassay.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse-Victor (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1903.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
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