Dossier d’œuvre architecture IA53004353 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Maison, hameau de Bignon
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Lassay-les-Châteaux
  • Lieu-dit Bignon
  • Adresse
  • Cadastre 2021 166/ZC 116
  • Précisions anciennement commune de Niort-la-Fontaine
  • Dénominations
    maison

Cette maison du hameau de Bignon possède les caractéristiques d'une maison de notable (porte surmontée d'un linteau à accolade et écu fruste, nombreux éléments de décor). La présence du manoir de Bignon à quelques dizaines de mètres laisse penser qu'il s'agit de la maison d'un riche métayer ou propriétaire. Son état de conservation exceptionnel pour du bâti rural en fait un témoignage rare de ce qu'était une maison du début de l'âge moderne.

Elle a fait l'objet d'un travail de recherche, dans le cadre d'un mémoire de Master 2 en archéologie du bâti, qui a permis une compréhension approfondie de l'édifice, grâce à la réalisation d'une numérisation 3D, de coupes, d'élévations et de plans. La datation précise qui en a été faite a ainsi permis d'identifier par comparaison d'autres maisons ou parties d'édifices datant possiblement du XVIe siècle sur le territoire lasséen : à la Mansonnière (Lassay), à la Fônerie (Niort), au Meslangis (Lassay)...

1. Une maison du XVIe siècle

Des prélèvements dendrochronologiques, ainsi qu'une étude de bâti précise, menées sur la maison de la parcelle 166/ZC 116 du village de Bignon, ont permis de renseigner la date de construction de cet édifice. L'abattage des bois de la ferme sud de la charpente, dont l'ensemble est archéologiquement cohérent, a été daté entre 1547 et 1555. Les prélèvements effectués sur la grosse poutre et deux solives du plancher nord (numéroté, également archéologiquement cohérent) ont livré une fourchette chronologique similaire, mais moins précise : 1547-1577. On ne peut donc exclure que le plancher de la pièce nord ait été mis en place légèrement après la mise en oeuvre de la charpente. Néanmoins, l'insertion de sa grosse poutre dans le mur gouttereau ouest et celle des corbeaux portant la poutre de rive dans le mur-pignon nord, qui ne présente pas de trace de reprise, rendent cette hypothèse peu probable. Les maçonneries de petit moellon non équarri, majoritaires sur la partie nord du gouttereau est, sur la partie centrale du gouttereau ouest et sur les murs-pignons, ainsi que les moulures des baies, corroborent cette datation.

La relative homogénéité de cette construction laisse imaginer l'apparence que devait revêtir cette maison à l'époque de sa construction. Un mur de refend la divisait en deux parties, l'une au nord occupant les deux tiers de la superficie globale, celle du sud un tiers. La grande pièce constitue l'espace principal de la maison. On y accède par une porte surmontée d'un écu fruste. Elle comprend une grande cheminée sur mur-pignon, encadrée de deux niches, une pierre d'évier dans son coin sud-est et est éclairée d'une grande fenêtre dans son mur est et d'une petite baie carrée dans son mur ouest, toutes deux fermées de grilles. Cette pièce nord distribuait les autres espaces de la maison. Dans le mur de refend, deux portes superposées conduisaient l'une dans la cave de la partie sud, l'autre dans la petite pièce à cheminée qui surmonte cette dernière. Un escalier, sans doute en bois, devait conduire à cette porte. La pièce sous comble nord était accessible par une trémie située contre le mur de refend. Sa charpente étant plus ornée que celle se trouvant dans le grenier sud, il est possible que les combles nord aient servi de pièce à vivre. Bien que cette maison soit de taille réduite, le décor différencié de ses pièces (cheminées, charpente, porte) semble désigner la partie nord comme plus noble que les pièces situées au sud.

Une porte a semble-t-il été percée en 1683 dans le mur-pignon nord. Elle porte la date, ainsi que le monogramme "HR". On peut émettre l'hypothèse qu'elle distribuait alors une pièce ajoutée et aujourd'hui disparue.

2. Une division de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle

La maison apparaît divisée en deux parcelles sur le cadastre napoléonien, chacune appartenant à un propriétaire différent. Cette division correspond sans doute au percement des deux portes dans le mur gouttereau est donnant accès à la cave et à la petite pièce nord. La forme des ouvertures, de leur encadrement et la maçonnerie grossièrement équarrie et assisée qui leur est associée permet de les dater de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. C'est sans doute à ce moment-là que les portes superposées du mur de refend ont été bouchées et que les fenêtres de la pièce haute et de la pièce basse ont été percées sur le mur gouttereau ouest. Cette campagne de travaux rend donc chacun des espaces complètement indépendants.

  • Période(s)
    • Principale : milieu 16e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 4e quart 17e siècle , porte la date
    • Principale : limite 18e siècle 19e siècle
  • Dates
    • 1547, datation par dendrochronologie
    • 1555, datation par dendrochronologie
    • 1683, porte la date

La maison est orientée nord-sud et présente un plan rectangulaire. Elle est profonde de 8 mètres, longue de 11 et comporte des murs de moellon de granit d'environ 70 à 80 cm d'épaisseur dans leur partie médiane. Sa longueur est divisée en deux espaces : une pièce occupant les 2/3 de la superficie globale au nord ; et une occupant 1/3 de la maison au sud.

Les niveaux de ces espaces sont décalés : alors que la pièce à feu de la pièce nord est presque de plain-pied et dispose d'une hauteur sous plafond de 2 mètres, celle de la partie sud est montée sur un soubassement ; son plafond est haut d'1,80 mètre. Les solives du plancher du grenier de la partie sud reposent donc directement sur l'entrait de la charpente ; le plancher du grenier nord repose sur une grosse poutre, insérée dans la maçonnerie, qui redouble et se situe sous l'entrait de la ferme de charpente.

Malgré ses petites dimensions, la maison n'est pas dénuée de décor : la porte de la pièce nord comporte un linteau à accolade portant un écu fruste, la fenêtre située à ses côtés est ornée de chanfreins concaves qui se terminent en une délicate moulure que l'on retrouve sur une baie du manoir du village ainsi que sur la maison de la parcelle 166/ZC/21. La cheminée de la pièce nord possède un linteau de pierre, reposant sur de gros corbeaux à double ressaut. Les piédroit sont dotés d'un profond chanfrein, terminé en haut par un congés. La cheminée sud apparaît moins riche : un linteau de bois repose sur deux corbeaux volumineux dont la forme est simple. Les chanfreins des piédroits sont également profonds.

Sa charpente, dotée de deux fermes, d'une faîtière et d'une sous-faîtière reliées d'une croix de Saint-André, comporte également quelques éléments ornementaux dans sa partie nord. Quatre triangles sont sculptés dans la partie inférieure du poinçon, à la jonction avec le faux-entrait. Ce dernier est chanfreiné. Il est assemblé avec les arbalétriers par un système à tenon et mortaise, mais contrairement à ce qui est observé dans la plupart des cas, le faux-entrait ne pénètre pas dans l'arbalétrier, mais l'entoure.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de soubassement
  • Couvertures
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2760/2, feuille A1 du cadastre napoléonien de Niort-la-Fontaine, 1812.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 922. États de section du cadastre napoléonien de la commune de Niort-la-Fontaine, 1812.

Bibliographie

  • BEN MAKHAD, Théo. Les systèmes d'information géographique comme outil d'étude pour l'archéologie du bâti. Application à deux manoirs du canton de Lassay-les-Châteaux (53). Mémoire de master 2 en archéologie, Université Rennes 2, 2020.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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