Dossier d’œuvre architecture IA53004340 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Hameau de la Maillardière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Hydrographies
  • Commune Rennes-en-Grenouilles
  • Lieu-dit la Maillardière
  • Cadastre 2020 ZB 32-35, 48, 131-132
  • Précisions
  • Dénominations
    écart

Pour simplifier les analyses, le village de la Maillardière a été divisé en trois ensembles. L'ensemble 1 désigne la ferme la plus au nord (parcelle ZB 35), située à l'est de la route ; l'ensemble 2 les bâtiments qui se trouvent au centre du village, à l'ouest de la route (ZB 30-34 ; 95 ; 131-132) ; l'ensemble 3 a disparu (sud de la parcelle ZB 131) ; l'ensemble 4, la ferme la plus au sud (ZB 110).

Le fief de la Maillardière dépendait de la seigneurie du Bois-de-Maine. En 1462, les aveux des habitants de la Beslinière au seigneur du Bois-Thibault révèlent l'existence d'un "bois aux Maillars" qui semble se trouver dans les proches environs de l'actuel village de la Maillardière. C'est de 1510 que date la première mention explicite du lieu : Jean Duplessis, écuyer, sieur de Montgenard, la Maillardière et le Breil, marie sa fille avec Raoul de Boiville, fils de Jean de Boiville, avocat pour le duc d'Alençon en la vicomté de Domfront. En 1768, la Maillardière est qualifiée de closerie.

Paysage, activités et organisation

Quelques éléments de microtonymie, permettant de se figurer à gros traits un paysage disparu, sont dévoilés par l'état de section du cadastre napoléonien (1835). Directement à l'ouest de l'ensemble 2 se trouvait un champ nommé le "closet", nom laissant transparaitre sa nature fermée. A l'ouest de celui-ci se situait un ensemble dit "l'essard", toponymie permettant d'émettre l'hypothèse qu'il s'agit du résultat d'un défrichement, indatable dans l'état actuel de nos recherches. Ces deux ensembles, sans doute cohérents à l'origine, sont divisés en 1835. La superficie des parcelles reste néanmoins plus étendue que les petits jardins morcelés sis en périphérie directe des habitations. Une anomalie parcellaire émerge sur le cadastre ancien : alors que toutes les parcelles suivent des schémas rectilignes, la parcelle B3 132 est ronde et transmet sa forme aux parcelles la bordant ; parmi elles, deux parcelles se nomment "pré de la douve". Le terrain ayant été aplani à la suite du remembrement, il est impossible de déterminer si cela est dû à un relief naturel ou s'il s'agit de la trace d'un bâti ou d'une organisation de village aujourd'hui disparue.

Les documents anciens consultés ne mentionnent pas d'organisation des habitants en frérèche (contrairement à la Beslinière, située à proximité) ou autour d'un commun (comme à la Guiberdière, également située dans la commune de Rennes-en-Grenouilles). Cela peut néanmoins être dû au fait qu'il ne s'agisse pas des aveux originaux mais de copies du XVIIIe siècle qui ont pu éluder cette information. En revanche, la présence à travers les siècles d'un unique four à pain, bien qu'appartenant toujours à une seule personne, laisse supposer une forme de mutualisation de certains biens. En 1835, la place située au centre de l'ensemble 2 est possédée par plusieurs habitants, en l’occurrence les propriétaires des maisons situées autour. Cette forme de propriété collective est due à la division des édifices qui l'entourent entre de multiples propriétaires, entre le milieu du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, et permet les accès de tous aux différents bâtiments.

Les aveux antérieurs au XIXe siècle décrivent des champs à lin et à chanvre, à choux et porée, des jardins à légumes et des vergers, signe d'une polyculture vivrière. Dès le XVIIe siècle, la présence d'un pressoir, lié à des parcelles de verger dans ses abords immédiats, est attestée. Il n'en est plus fait mention à partir de 1684.

Le caractère synthétique des copies d'aveux du XVIIIe siècle permet de jauger rapidement et avec précision l'évolution du nombre de maisons du village : 3 maisons en 1639 ; 3 maisons en 1652 ; 4 maisons en 1684 ; 6 maisons en 1706 ; 7 maisons en 1733. Cette augmentation se poursuit jusqu'au milieu du XIXe siècle, comme on le constate à travers les recensements de population (22 foyers et 63 habitants en 1846), avant d'entamer une inexorable diminution (13 foyers et 51 habitants en 1861 ; 11 foyers et 43 habitants en 1886 ; 7 foyers et 35 habitants en 1921). Les professions indiquées dans le recensement de 1846 ne concernent que les chefs de feu, mais montrent néanmoins que la population du village est peu fortunée : 6 hommes sont des journaliers, pour seulement 4 cultivateurs. On compte un homme vivant à Paris, 7 fileuses et 2 menuisiers.

Phasage chronologique et évolution de l'architecture

Les XVIe et XVIIe siècle

Le premier des aveux conservés, datant de 1639, montre que sur 3 maisons, 2 s'insèrent dans des blocs plus larges comprenant également, sous le même faite, les dépendances agricoles : grange et étable pour l'une ; cellier, grange, étable pour l'autre. Ce dernier ensemble maison-cellier-grange-étable est encore mentionné en 1652.

Si les édifices les plus anciens du village semblent réunis au sein de l'ensemble 2 (et spécifiquement, la maison la plus au nord), d'autres alignements antérieurs au XVIIIe siècle pourraient être conservés sans que leur ancienneté ne soit lisible. Par exemple, la maison sud de l'ensemble 2 comporte une façade dont les baies sont refaites au XIXe siècle. Elle est cependant antérieure comme le montrent le fait qu'elle apparaisse dans ses dimensions actuelles sur le cadastre ancien et ses deux fermes de charpente à poinçon long (dont un recoupé) et embrèvements, modèle utilisé sur une large période du XVe siècle au début du XVIIIe siècle. La maison de l'ensemble 4, également antérieure au cadastre ancien, présente une structure qui pourrait correspondre à la typologie des blocs maison-dépendances, mais la modification de ses ouvertures et son enduit empêchent de l'affirmer.

Le XVIIIe siècle

A partir de la fin du XVIIe siècle (1684) et tout au long du XVIIIe siècle, les propriétaires se font de plus en plus nombreux, tandis que les nouvelles maisons ne côtoient pas forcément de dépendance. Une division du bâti antérieur peut même être perceptible, un habitant, Julien le Foulon, possédant trois parts d'une grange.

Cette division et cette augmentation du nombre de logis sont également perceptibles dans le bâti lui-même, comme le montre l'étude de la maison nord de l'ensemble 2.

Des dépendances isolées et antérieures au cadastre ancien pourraient donc dater du XVIIIe siècle, à l'instar de l'étable-grange de la parcelle ZB 131, dont le pan de bois, comblé de torchis maintenu par du lattis à l'extérieur, ressemble fortement dans sa technique à celui de la maison de la Guiberdière datée de 1778.

Le XIXe siècle

Le phénomène de division des parcelles que l'on devine déjà au XVIIIe siècle se poursuit dans la 1ère moitié du XIXe siècle, en même temps que l'augmentation du nombre d'habitants. Comme il a déjà été souligné, des champs auparavant uniques apparaissent divisés sur le cadastre ancien (le closet et l'essard), tandis que de petites parcelles sont en indivision entre 2 à 3 personnes. La maison au sud de l'ensemble 2 semble être en cours de partage. Morcelée en trois, la partie nord est une maison appartenant à François Derouault, la partie du milieu une maison appartenant à Julien Chambelland et la partie sud est partagée entre un bâtiment appartenant à Julien Chambelland et une maison appartenant à Joseph Chambelland. Etant donnée la petite taille de cette parcelle, soit la maison devait être minuscule, soit le bâtiment se trouvait au-dessus de la maison, soit le bâtiment est alors en passe de devenir une maison.

En 1867, les habitants de l'ensemble 3 sont expropriés pour la construction de la route, qui traverse aujourd'hui la Maillardière. C'est un ensemble de 5 maisons qui disparaît alors ainsi. C'est à cette même époque que l'ensemble 1 est réorganisé. Une partie des habitations du bâtiment nord-sud sont déclassées et le tout est transformé en étables et grange. La maison qui se trouvait dans le bâtiment nord est transformée en bâtiment rural en 1880 ; une autre maison est construite ex nihilo au sud de l'ensemble dans le dernier quart du XIXe siècle.

Synthèse

Le modèle de la ferme-bloc en rez-de-chaussée semble dominer jusqu'au XVIIIe siècle, moment où ces ensembles se fragmentent entre habitants qui augmentent. Ce phénomène semble s'accélérer au début du XIXe siècle avant que la baisse de population entamée au milieu du siècle ait pour conséquence la transformation de certaines maisons en bâtiments agricoles ou remises.

Le village de la Maillardière se trouve à proximité du ruisseau du Vieil Etang, ainsi que des villages de la Beslinière et de la Vieille Pellière.

Forme et organisation de l'écart

Le village est aujourd'hui structuré en trois noyaux distincts, quatre avant la construction de la route. La forme de ces derniers procède sans doute de la subdivision de fermes. Chacun est aujourd'hui occupé par une seule famille et réunit habitations et bâtiments agricoles. Aucune organisation spécifique dans l'implantation des édifices ne peut être relevée. La route coupe le village selon un axe nord-sud.

Bâti de l'écart

La plupart des édifices de l'écart sont construits en moellon de granit. Deux étables-grange sont bâties en pan de bois au sein de l'ensemble 2 : l'une au sud sur un soli de pierre d'environ 50 cm, l'autre sur un haut solin de pierre d'environ 1 m.

Aucune maison ne comporte d'étage-carré. Aucune grande grange étable à fond de grange n'est conservée dans le village.

  • Murs
    • torchis pan de bois
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
Image non consultable
Image non consultable

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 2780/2. Feuille A1 du cadastre napoléonien, Rennes-en-Grenouilles, date inconnue.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 949/1. États de sections du cadastre napoléonien, Rennes-en-Grenouilles, 1835.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 949/2. Etats de sections (B3-C), Rennes-en-Grenouilles, 1835.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 327. Matrices cadastrales, Rennes-en-Grenouilles, 1860-1880.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 561 J 2. Chartrier du Bois-de-Maine.

    Aveux rendus aux seigneurs du Bois-de-Maine, fief de la Maillardière, copie du XVIIIe siècle des aveux depuis 1639. .
  • Archives départementales de la Mayenne ; 2 J 139. Chartrier de la seigneurie de Bois-Thibault, fief de la Beslinière.

    Mention du bois aux Maillars, 1462.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 2 J 30. Chartrier de la seigneurie du Bois-Thibault.

    Conrtat de mariage de la fille de Jean Duplessis, écuyer, sieur de Montgenard, la Maillardière et le Breil, 1510.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 1 J 147. Chartrier de la seigneurie du Bois-de-Maine.

    Aveux du fief de la Maillardière, 1706.

Documents figurés

  • Feuille B2 du cadastre napoléonien, Rennes-en-Grenouilles, 1811. (Archives départementales de la Mayenne ; 3P 2780/6).

    Archives départementales de la Mayenne, Laval : 3P 2780/6

Annexes

  • AD Mayenne ; 561 J 2. chartrier de la seigneurie du Bois-de-Maine. Copie de la fin du XVIIIe siècle des aveux rendus pour le village de la Maillardière.
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
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