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Guérande : présentation de la commune et de l'aire d'étude
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    Guérande
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    • Commune : Guérande

Présentation de la commune

Guérande (Géraundd en gallo, Gwenrann en breton) est une commune française, chef lieu de canton, située dans la région des Pays de la Loire, dans le département de Loire-Atlantique. La superficie de la commune est de 81,44 km², ce qui en fait la 6e plus grande commune de ce département. Sa population est actuellement de 15 356 habitants (recensement de 2007), soit une moyenne de 189 habitants/km².

Située à 80 km de Nantes, à 70 km de Vannes et à 19 km de Saint-Nazaire, la commune prend place au centre d'une presqu'île qui porte son nom, entre les estuaires de la Loire et de la Vilaine, encadrée à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord-est par le marais de Brière.

Pôle touristique de la Côte d'Amour, la commune dont une partie appartient au Parc naturel régional de Brière est renommée pour sa cité médiévale et ses marais salants.

Guérande bénéficie d'un riche passé historique : l'abondance de ses monuments, vestiges et sites archéologiques de toutes époques a conduit, dès 1976, à la création d'un secteur sauvegardé pour la ville intra-muros et sa périphérie immédiate (17,3 ha) puis à la mise en place d'une Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) en 2006. En 2004, Guérande a obtenu le label Ville d'Art et d'Histoire.

La commune comprend 11 monuments protégés au titre des monuments historiques : 6 classés (collégiale Saint-Aubin, 1840 ; enceinte urbaines, 1877 ; moulin de Crémeur, 1901 ; chapelle Notre-Dame-la-Blanche, 1910 ; dolmen de Sandun, 1935 ; menhir de l'île de la Chapelle, 1978) et 5 inscrits (château de Careil, 1925 ; croix du Requer à Clis, 1944 ; maison 2 rue Honoré-de-Balzac, 1966 ; menhir du Clos de la Pierre, 1984 ; hôtel Saint-Clair, 1994 ; couvent des Ursulines, 2001). Les marais salants de la presqu'île guérandaise, dont une partie se situe sur la commune de Guérande, sont inscrits sur la liste des zones humides protégées (convention de Ramsar).

Données géographiques

La commune de Guérande recèle des paysages riches et variés, fruits d'une lente évolution géologique, d'érosions et de sédimentations, mais aussi du façonnage et de l'intervention des hommes qui s'y sont implantés. La presqu'île et plus particulièrement la cuvette occupée par les marais salants, jouit d'un microclimat océanique relativement sec et venté, et changeant au cours de la journée sous l'influence des marées et des brises thermiques.

Le territoire communal est traditionnellement divisé deux entités : le pays paludier au sud, formé par les marais salants et les terres adjacentes et le pays métais qui s'étend au nord et redescend vers la Brière. Entre les deux, le coteau correspond à une ligne de faille qui s'étend de Piriac-sur-Mer à Saint-Nazaire selon une orientation nord-ouest/sud-est. Il présente à cet endroit une dénivellation moyenne de 40 m avec une pente s'adoucissant vers les marais salants. La ville s'est implantée sur cet éperon rocheux, non loin du point culminant de la commune (61 m à Bréhany).

Au sud, les espaces plats, aux sols imperméables mêlés d'un peu de sable, accessibles aux plus hautes mers et pouvant être vidangés à marée basse ont probablement dès le Bas-Empire été transformés en marais salants : la faiblesse des pluies estivales, l'ensoleillement prolongé et les vents réguliers permettant à l'eau de s'évaporer et au sel de cristalliser. Les marais salants dits de Guérande s'étendent en réalité sur six communes (Guérande, La Turballe, Le Croisic, Batz-sur-Mer, La Baule-Escoublac et Le Pouliguen), représentant une superficie d'environ 2 000 ha. Les marais salants strictement sur la commune représentent environ 50 % de cette surface.

Les coteaux de Guérande, exposés au sud-ouest, ont longtemps été un terroir favorable aux cultures, notamment à celle de la vigne qui, jusqu'au XVIIIe siècle, donnait un vin blanc réputé - le vin d'Aunis - vendu dans le reste de la Bretagne et jusqu'en Angleterre.

Le revers du coteau, au nord, est une zone de culture et d'élevage. Les sols, établis pour l'essentiel sur des roches anciennes (micaschistes, granite à deux micas, gneiss), sont pauvres en humus et de valeur limitée. Aussi, le bétail a-t-il été engraissé jusqu'aux grands défrichements opérés notamment au XVIIIe siècle, sur les landes incultes. À l'extrême nord-est de la commune, la Brière a fourni très tôt des pâtures riches, du poisson et de la tourbe.

Selon les chiffes du Rapport de Présentation du POS (1991), les zones naturelles représentent 6819,5 ha. 71 % de la zone de plateau sont actuellement cultivés mais le territoire a été façonné au fil de l'occupation humaine. Ainsi, le développement lent du bocage ne semble pas s'être fait, dans le pays guérandais, avant la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle où il paraît accompagner le mouvement de création des métairies. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, le bocage cohabite en effet avec des espaces largement ouverts où dominent les landes et les terres incultes qui occupent encore une grande partie du territoire. Au XVIIIe siècle, 1/5 de la subdélégation de Guérande est encore en inculte. En 1753, Jean-Baptiste Ogée note que Guérande quoique très peuplé contient beaucoup de landes. En 1826, les matrices cadastrales signalent encore 1138 ha de landes (La Turballe incluse) soit 15 % du territoire. En 1843, le pourcentage tombe à 8 %. Actuellement, la lande sur la commune s'élève à 51 ha, soit environ 0,75 % de la superficie totale. La lande du Mené est la plus vaste avec 8,2 hectares.

Les espaces boisés n'existent pas à Guérande sous la forme de grands massifs. Liés aux anciens domaines seigneuriaux, ils s'étendent sur 158 ha en 1826 et sont constitués essentiellement de chênes (79 ha en bois taillis, 73 en bois futaies 4 ha en châtaigneraies).

Mise à part la zone des marais salants, la présence de l'eau sur la commune reste ponctuelle. On la retrouve le plus souvent sous la forme de noue ou noë, tel qu'elles sont désignées localement, sorte de fossé peu profond mais large formant une prairie marécageuse. Les mares ou bouillon, souvent creusés pour tirer de la pierre, sont nombreux notamment près des écarts où, associées au puits commun du village, ils servaient à abreuver les bêtes voire à lessiver le linge. Les étangs sont souvent liés au domaine d'un manoir et pourraient, de fait, avoir été creusés artificiellement à partir de l'élargissement d'une noë pour accueillir un moulin à eau ou servir de vivier (Crémeur, Cardinal, Kercabus, Bissin, Troffigué, etc.). L'étang de Sandun créé en 1933 par le Syndicat Intercommunal des Eaux résulte également de ce procédé. Étangs, mares, marais et lavoirs représentaient 0, 66% (51 ha) de la surface totale de la commune en 1826.

Données historiques

Les nombreux mégalithes présents sur la commune (menhirs de Bissin et de Congor, allée couverte de Bissin, enclos mégalithique des Brétineaux, etc.) attestent d'une occupation humaine dès le Néolithique Moyen. Des découvertes isolées pourraient toutefois suggérer un peuplement encore plus ancien (Épipaléolithique, Mésolithique, Paléolithique moyen).

Quelques vestiges épars indiquent une continuité du peuplement à l'Age du Bronze mais c'est à l'Age du Fer, au Hallstatt puis surtout à La Tène, que les découvertes ont été les plus importantes (Beaulieu, Villejames). Les nombreux vestiges de fours à augets attestent notamment dès cette époque de l'existence d'une production importante de sel ignigène. À la fin de l'Age du Fer, le pays guérandais appartient à la cité des Namnètes mais paraît soumis à la puissance commerciale des Vénètes. La présence romaine dans la région fait suite à la bataille navale livrée contre ces derniers en 56 av. J.-C. que certains érudits ont placée à tort à Guérande. Une forte densité d'établissements gallo-romain est à relever à Clis et à Beaulieu.

Le site d'implantation de la ville médiévale ne semble pas révéler de traces d'ensembles monumentaux de cette époque même si des vestiges attestent d'une occupation du lieu.

L'établissement de la ville de Guérande date probablement du Haut Moyen Âge, plus probablement de la seconde moitié du 6e siècle. Les reliques de saint Aubin, à l'origine de la fondation de la collégiale, auraient pu être obtenues en 556 au moment de la translation du sarcophage du saint. C'est autour de cette première basilique, qu'il convient d'envisager dès les 7e ou 8e siècles, une concentration progressive des hommes, donnant naissance à un vicus. La forme ancienne de Guérande Uuenran, employée dans un texte en 854, associant le terme ran (lot de terre) au mot uuen (saint, sacré) tend à corroborer cette hypothèse. La paroisse primitive de Guérande englobe à cette époque les actuelles communes de Batz, du Pouliguen, du Croisic, de Saint-Lyphard et vraisemblablement de Saint-Molf et de Mesquer. La deuxième moitié du IXe siècle voit l'établissement du collège de chanoines à Guérande, fondation traditionnellement attribuée au roi Salomon (857-874). C'est également à cette époque qu'apparaissent les premières mentions de salines solaires dans les sources écrites.

Pendant, un siècle, du milieu du IXe siècle au début du Xe siècle, Guérande subit les invasions normandes. Au XIe siècle, le duc de Bretagne est représenté à Guérande par un vicarius (vigiuer), ce qui pourrait impliquer l'existence d'un château dont l'emplacement reste néanmoins impossible à préciser. C'est vraisemblablement à ce premier qu'il faut attribuer la fondation d'un bourg attesté en 1206 mais dont la création est antérieure. En ville, le duc partage les pouvoirs de justice et de police avec l'évêque de Nantes. Vers 1050, Guérande est rattachée tant du point de vue civil que religieux au comté de Nantes.

Le Moyen Âge central est une période déterminante pour le pays guérandais. La conquête de la zone marécageuse, résultat d'une multitude d'initiatives des abbayes et des seigneurs, fait que les marais salants connaissent un premier seuil de développement. La croissance démographique s'accompagne d'un mouvement de colonisation rurale et de densification de l'habitat dont témoignent le nombre de toponyme au préfixe en Ker- ou Car-. L'activité commerciale maritime et terrestre s'anime autour de l'exportation du vin et du sel. Cette période correspond aussi à un profond renouveau religieux avec la création de nouvelles paroisses par démembrement de la paroisse primitive (Saint-Lyphard, Mesquer, Saint-Molf, Batz, Le Croisic, Le Pouliguen), la fondation de prieurés (Saillé, Batz) et de bourgs (Batz). L'église collégiale Saint-Aubin connaît probablement à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle une grande phase de reconstruction, peu avant que ne voit le jour l'église Notre-Dame-la-Blanche. La construction de l'enceinte urbaine, dont certaines parties conservent des caractéristiques attribuables au XIIIe siècle (porte Vannetaise) pourrait également dater pour partie de cette époque.

En 1332, Guérande, Batz et Saillé appartiennent à Jean de Montfort. Celui-ci ouvre en ville un atelier monétaire, comme à Brest, Quimperlé ou Vannes. En 1342, Guérande est prise par l'armée française menée par Louis d'Espagne. Les chroniques attestent que les cinq églises de la ville sont toutes brûlées et pillées. À partir de cette date, le duc décide de renforcer les fortifications de la ville. Dans le contexte de la guerre de succession de Bretagne, qui oppose les tenants de Charles de Blois et ceux de Jean IV de Montfort, Guérande occupe une place stratégique, attachée au parti breton. C'est dans cette ville que sont signés deux traités de paix en 1364 et 1381. À partir de 1365, Guérande devient le siège d'une sénéchaussée distincte de celle de Nantes, statut que la ville conserve jusqu'à la Révolution.

A la fin du XIVe siècle, Guérande est donc le chef-lieu d'une châtellenie importante et d'une sénéchaussée ducale. Elle est également à la tête d'une circonscription fiscale, religieuse et militaire. En 1408, Jean V de Montfort fonde un couvent de dominicains, auxquels il accorde une foire. Il renforce également à partir du milieu du XVe siècle les fortifications de la ville. Cette dernière semble alors connaître une nouvelle croissance démographique. À la fin du XVe siècle, Guérande compte environ 4000 habitants, répartis pour moitié dans la ville et ses faubourgs et dans la campagne. La population des faubourgs (Bizienne, Saint-Michel), rassemblée autour de leurs chapelles, augmente sensiblement. Dès le Moyen Âge, la paroisse Saint-Aubin semble divisée en frairies, sorte de circonscription religieuse et fiscale, étendant son influence sur un quartier de paroisse et pouvant être centrée sur une chapelle. Quilgars en recense six au XIVe siècle en plus de celles de la ville (Congor, Careil, Clis, Quéniquen, Saillé et Trescalan). Au XVIIIe siècle, selon le même auteur, huit autres frairies avaient été créées : Bogat, Lessac, Léveno, Poissevin, Miroux, Savena, Mouzac et Coëspéan.

Le développement économique de Guérande est sans doute freiné dans la seconde moitié du XVIe siècle par les guerres de Religion mais il reste soutenu notamment par le commerce du sel. Les expéditions sont faites en grande partie par des navires du Nord, notamment d'Angleterre et d'Hollande. Ce commerce fait sous le nom de "Guérande" concerne en fait surtout les ports du littoral, notamment celui du Croisic qui tend à ravir la place de ville-centre qu'était Guérande au Moyen Âge central. Une proto-industrie textile est attestée dans les campagnes guérandaises dès le milieu du XVIIe siècle (serge et toiles de lin dites basins de Guérande), de même que plusieurs activités artisanales en ville (pintiers, orfèvrerie, perruquiers, horlogers). Les XVIIe et XVIIIe siècles voient l'édification de nouveaux établissements religieux (hôpital Saint-Louis, couvent des Ursulines, hôpital Saint-Jean). La pression démographique et la croissance économique entraînent une longue phase de reconstruction, appréhendable aussi bien en ville que dans la partie rurale. De 1764 à 1774, sous l'impulsion du duc d'Aiguillon, gouverneur de Bretagne, les abords de la ville intra-muros sont transformés (place du marché-au-bois, mail, pavage des chemins d'accès de la ville). La période révolutionnaire est vécue à Guérande sans grands bouleversements. Même si en mars 1793 la ville est prise par les royalistes, l'occupation est de courte durée. Les établissements religieux sont néanmoins vendus comme biens nationaux (couvent des Ursulines, couvent Saint-Yves, collège de chanoines).

En 1800, Guérande, alors chef-lieu de district, perd sont statut au profit de Savenay qui devient chef-lieu d'arrondissement et le siège du tribunal de première instance. Il s'ensuit une période de relatif déclin. En 1865, Guérande est amputée d'une partie de son territoire par la séparation de l'ancienne paroisse de Trescalan qui devient la commune de La Turballe. Sur le plan économique, les marais salants maintiennent une certaine prospérité jusque vers 1850 mais l'industrialisation de la production de sel des salins du Midi et de l'Est de la France provoque une chute des cours du sel et l'effondrement du commerce des salines de l'Atlantique. Par ailleurs, le développement industriel de Saint-Nazaire isole le Pays guérandais qui se tourne vers ses ressources agricoles. La ville vit au rythme de ses foires aux bestiaux avec comme point d'orgue la foire aux bœufs et aux porcs qui attire des acheteurs et vendeurs de toute la région.

L'inauguration de la ligne La Baule-Guérande en 1879, embranchement de la ligne Saint-Nazaire-Le Croisic, puis le développement du tourisme balnéaire donnent à Guérande un nouveau souffle économique. En 1905-1906, une ligne d'intérêt local est construite entre Guérande, Piriac et Herbignac. Cette ligne qui permet de relier Vannes fonctionne jusqu'en 1938. Quant à la ligne Guérande-La Baule, elle est sur le déclin à partir de 1940 : le trafic voyageurs est d'abord réduit aux trains ouvriers vers Saint-Nazaire puis il cesse définitivement en 1955, tandis que le trafic marchandises se poursuit jusqu'en juillet 1971.

A partir des années 1960, alors que le tourisme de masse se développe, Guérande bénéficie d'un phénomène de desserrement urbain, à partir de la région de Saint-Nazaire et de la zone côtière. La commune qui bénéficie d'une superficie importante y gagne une population plutôt jeune et active et connait une vague de construction de maisons individuelles ou secondaires qui s'accompagne de l'implantation de nombreuses entreprises. Entre 1962 et 2007, la population de la commune passe de 6 499 habitants à 15 356, soit une augmentation de 236 %. Son parc de logements a été multiplié par 3 entre 1968 et 2007, passant de 2318 à 7625. Actuellement, 46 % des résidences principales se trouvent dans la zone urbaine de Guérande (ville intra-muros et faubourgs).

Conditions et objectifs de l'enquête

Partenaires scientifiques, politiques et cadre institutionnel

L'inventaire général du patrimoine de la commune de Guérande fait suite à la labellisation de Guérande Ville d'Art et d'Histoire en 2004. Cette étude s'est inscrite dans le cadre d'une convention tripartite entre la municipalité de Guérande, le Conseil général de Loire-Atlantique et la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire, prorogée après la loi de décentralisation du 13 août 2004, avec la Région des Pays de la Loire. Cette étude venait, en outre, dans la continuité d'une opération engagée depuis 2002 par le Parc Régional de Brière et la D.R.A.C., menée par François Lebœuf, chercheur au Service régional de l'Inventaire.

L'étude sur la ville intra-muros et les faubourgs a été attribuée par marché en 2004 à la société Atemporelle avec pour chercheurs associés Vincent Gil puis Frédéric Dufrêche. Elle s'est achevée en 2007. La seconde partie de la recherche a été menée de 2007 à 2010 sur la partie rurale par Ronan Durandière, chargé de recherche à la Région des Pays de la Loire puis à la Mairie de Guérande. Elle a été complétée par une étude thématique sur les moulins menée en collaboration avec Christian Cussonneau, chercheur à la Région des Pays de la Loire. L'inventaire mobilier a été effectué par Véronique Daboust, chercheur associé au Conseil général de Loire-Atlantique. Les photographies de terrain ont été réalisées par Denis Pillet, photographe au Conseil général de Loire-Atlantique.

Objectif de l'enquête

La commune de Guérande possède un patrimoine architectural et mobilier riche et varié, réparti sur l'ensemble de son territoire. Intégré au périmètre du Parc naturel régional de Brière, elle est dotée d'une ZPPAUP et d'un Secteur sauvegardé et bénéficie du label Ville d'Art et d'Histoire, les enjeux pour la ville étaient donc multiples :

- Répondre aux exigences liées à l'obtention du label Ville d'Art et d'Histoire de disposer d'un outil de connaissance homogène et scientifique couvrant l'ensemble du territoire de la commune exploitable pour la valorisation et l'animation du patrimoine et la mise en place du Centre d'Interprétation du Patrimoine (CIAP).

- Disposer de données informatiques normalisées en y intégrant les résultats d'inventaires ponctuels antérieurs.

- Disposer d'un outil de gestion du patrimoine intégré au Système d'information géographique de la ville (SIG), également exploitable par les services de l'urbanisme.

Limites chronologiques

Les limites chronologiques retenues ont été définies conformément aux Principes, méthode et conduite de l'Inventaire général, c'est-à-dire de l'an 400 après J.-C. pour la limite haute à n - 30 pour la limite basse. La limite ante quem de l'étude n'a cependant pas empêché de prendre en compte certains monuments importants comme les mégalithes de Bissin, de Sandun et du Clos de la Pierre ou les vestiges gallo-romains de Clis.

Délimitation de l'aire d'étude

L'étude s'est cantonnée aux limites administratives stricto-sensu de Guérande telles qu'elles apparaissent à la date de l'enquête. Elle ne prend ainsi pas en compte la commune de La Turballe, séparée de Guérande en 1865.

Objets de l'étude

Sur l'ensemble de la commune, l'inventaire du patrimoine bâti compte actuellement 902 notices d'œuvres (base Mérimée) : 251 notices pour l'aire d'étude Guérande intra-muros et faubourgs, 641 notices pour la partie rurale, 9 dossiers collectifs et 1 dossier de présentation de la commune. 286 objets ont été répertoriés dans la base Palissy.

Le recensement a pris en compte l'ensemble du patrimoine bâti inscrit sur le territoire de la commune. Chaque œuvre repérée a fait l'objet d'une information minimale : désignation, localisation, datation, historique ou description sommaire.

La sélection des édifices a été effectuée sur certains critères, selon le Principes, méthode et conduite de l'Inventaire général. Il peut s'agir d'un bâtiment représentatif d'une même famille ou d'un groupe (typicum), ou au contraire être une exception (unicum). Il peut également être dans un état de conservation remarquable, au contraire prêt à disparaître, ou encore être exceptionnellement documenté.

Pour la partie rurale, très tôt le choix de traiter une partie de l'architecture domestique "en série" sous forme de dossier individuel rangée, s'est imposé. L'habitat rural du territoire de Guérande a, en effet, pour caractéristique de s'organiser en ensembles d'unités alignées comportant généralement logis et bâtiments agricoles. Ces rangées peuvent être un ensemble construit simultanément, comme un groupement construit progressivement à partir d'un noyau d'origine. Malgré les multiples transformations intervenues sur ce bâti, notamment depuis les années 1970, empêchant parfois d'en comprendre le sens, il nous a semblé peu pertinent d'en appréhender la construction sous forme d'unités d'habitation individuelle (voir dossier collectif maisons, fermes) ; cela n'aurait conduit qu'à une étude d'objets sortis de leur contexte architectural voir social. Ce parti pris méthodologique s'inscrivait par ailleurs naturellement dans le prolongement du travail déjà effectué par François Lebœuf entre 2002 et 2007 sur le Parc régional de Brière. Le terme de rangée tel qu'il apparaît défini et désormais normalisé par Bernard Gauthiez dans l'Espace Urbain, vocabulaire et morphologie, publié en 2003, a été retenu pour l'ensemble des dossiers et préféré au mot longère employé dans l'Ouest. Les sources écrites guérandaises utilisent, en effet, plus volontiers ce terme dès le XVIIe siècle pour désigner un alignement de plusieurs logis et réserve le terme de longère au mur gouttereau du logis.

La notion de dossiers ensemble dans laquelle se sont inscrits ces dossiers individuels a aussi paru importante : les villages et les écarts ont, de la même manière, fait l'objet d'étude spécifique sur le terrain. Ces dossiers ensemble ont en outre permis de rattacher à son contexte le petit patrimoine (croix de chemin, four à pain, puits) inventorié systématiquement et bien souvent au centre de la vie commune de l'écart. Seules les croix de chemin ont toutefois fait l'objet d'une fiche systématique de repérage individuel. De la même manière, il a été jugé bon d'appréhender les marais salants sous la forme d'un dossier ensemble unique afin d'y rattacher l'ensemble du patrimoine bâti (magasins industriels dits salorges, ponts, passerelles, digue).

Les dossiers collectifs se sont efforcés de synthétiser les données de repérage des familles dont le corpus est important et peut rendre l'analyse pertinente. Ils sont au nombre de 9 :

Églises, chapelles : le patrimoine religieux : 29 repérées ; 10 sélectionnées.

Châteaux, manoirs : 51 repérés ; 17 sélectionnés.

Maisons, manoirs, hôtels : l'évolution de la demeure urbaine : 207 repérés ; 83 sélectionnés.

Écarts, villages : 63 repérés ; 9 sélectionnés.

Maisons, fermes : l'habitat rural : 388 repérées ; 23 sélectionnées.

Blockhaus : 42 repérés ; 4 sélectionnés.

Moulins : 40 repérés ; 7 sélectionnés.

Croix de chemin : 53 repérées ; 5 sélectionnées.

Fours à pains-fournils : 87 repérés ; 0 étudiés.

L'ensemble de l'étude compte en tout 6219 images et 796 notices documentaires. Les relevés ont été effectués sur le terrain par Romuald Bodier, architecte du patrimoine. La cartographie a été réalisée par Yann Le Duff, cartographe-sigiste, Virginie Desvigne et Élodie Rama, infographes ; la relecture de la base de données par Sophie Onimus-Carrias, chef du pôle recherche-inventaire à la Région des Pays de Loire et Régine Faugeras, administratrice des bases de données.

Bibliographie

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    p. 801-857.
  • GALLICÉ, Alain. Le pays de Guérande des origines jusqu'à l'époque médiévale. In : CONGRES DE L'ASSOCIATION BRETONNE ET UNION RÉGIONALISTE BRETONNE (131 ; 2004 ; Le Croisic). La Baule, 2004.

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  • GALLICÉ, Alain. Guérande au Moyen Age. Guérande, Le Croisic, le pays guérandais du milieu du XIVe au milieu du XVIe siècle. Rennes : PUR, 2003.

  • GAUTHIEZ, Bernard. Espace Urbain, vocabulaire et morphologie, Ministère de la Culture et de la communication, Direction de l´architecture et du patrimoine, 2003.

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  • MEURET, Jean-Claude, Aux origines du pays de Guérande, des hypothèses aux données archéologiques. In CONGRES DE L'ASSOCIATION BRETONNE ET UNION REGIONALISTE BRETONNE (131 ; 2004 ; Le Croisic). La Baule, 2004, tome n° CXIII.

    p. 21-38.
  • NENNIG, Jean-Pierre. Un chemin de fer d´intérêt local en Loire-Inférieure Saint-Nazaire, La Roche Bernard, Herbignac-Guérande, Pornic-Paimboeuf, la compagnie du Morbihan, les bacs de Saint-Nazaire à Mindin. JPN éditions, 2003.

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  • ORIEUX, Eugène. Nantes et la Loire-Inférieure. Tome 2, Nantes, 1898.

  • QUILGARS, Henri. A travers le pays de Guérande : guide historique et archéologique. Lesguiriac, 1914.

  • QUILGARS, Henri. À travers la ville de Guérande : guide historique et archéologique contenant un plan de la ville. Nantes : Librairie Durance, 1913.

  • QUILGARS, Henri. L´histoire du protestantisme dans la sénéchaussée de Guérande, en Bretagne. Bulletin de la société d´histoire du protestantisme français, 1912.

  • QUILGARS, Henri. La sénéchaussée de Guérande. Revue morbihiannaise, 1912.

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Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Guérande