Dossier d’œuvre architecture IA85002388 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Ferme, actuellement siège de l'entreprise viticole Mercier Frères ; la Chaignée, 16 rue de la Chaignée
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Vix
  • Lieu-dit Chaignée (la)
  • Adresse 16 rue de la Chaignée
  • Cadastre 1836 D 168, 170  ; 2019 AE 104, 234

La ferme Lièvre puis Simonneau

Le siège du groupe Mercier est établi à l'emplacement d'une ancienne ferme remaniée à la fin du 20e siècle. Cette ferme existait déjà sur le plan cadastral de 1836 et était alors partagée entre, d'une part, Jean Duverdier, époux de Jeanne Lièvre, d'autre part Jean Brouard, époux de Louise Lièvre. Ils en ont hérité de leurs beaux-parents, Jean Lièvre (1757-1826), meunier, et Marie Lorit (1758-1839). Ces derniers se sont établis à la Chaignée vers 1785 pour exploiter le moulin de Cassinelle, proche d'ici, à la suite des parents de Marie Lorit, Jean Lorit (1737-1798) et Jeanne Favreau (1735-1812) qui habitaient aussi à la Chaignée (2 et 4 rue des Diligences). En 1826, le testament-partage de Jean Lièvre époux Lorit mentionne le logis de ferme, désormais divisé en deux, avec au total trois chambres basses avec grenier, un appentis à l'arrière, un puits et ses timbres ou abreuvoirs, un fournil, une grange à l'extrémité nord.

Cette ancienne ferme est reconstruite en 1882 pour Jean Simonneau (1857-1942), marchand de bestiaux, et son épouse, Marie Boutinard (1858-1944). Jean Simonneau tient là son activité jusque vers 1930 avec son fils René, boucher (mentionné au recensement de 1906), puis son autre fils Camille (recensement de 1921). En 1908, Jean Simonneau officialise par un arrêté préfectoral l'activité de son abattoir exploité depuis quelques années.

Aux origines de l'entreprise Mercier

En 1938, Roger Mercier (1898-1990) s'installe là pour développer l'entreprise viticole et vinicole de sa famille. Celle-ci tire ses origines du parcours de François Mercier (1807-1897), époux de Françoise Jourdain, cultivateur de lin et de chanvre au milieu du 19e siècle. Dans les années 1860-1870, il a pour client la corderie de Rochefort, ce qui l'amène à traverser régulièrement les terres viticoles d'Aunis. Alors que la production de lin et de chanvre périclite à Vix (voir l'histoire de l'usine linière puis minoterie Rouger), il constate aussi en Aunis les premiers effets du phylloxéra, ce fléau qui s'apprête à décimer le vignoble français en général et, en particulier, les petites vignes familiales qui couvrent déjà les coteaux de Vix.

François Jourdain est alors chargé de l'éducation de son petit-fils, Anatole Mercier (1866-1932), orphelin de père depuis 1869. Vers 1885-1890, alors que la crise du phylloxéra bat son plein, il l'envoie étudier les techniques de reconstitution du vignoble à l'école de viticulture de Puilboreau, près de La Rochelle. Vers 1895, il créée d'abord une pépinière viticole dans la région de Barbezieux, en Charente, puis revient à Vix pour se marier, en 1897, avec Marie Bonnaud. Celle-ci lui apporte la propriété de sa famille, au 17 rue Derrière les Champs, où Anatole installe alors son activité de pépiniériste. Il prospère notamment lorsqu'en 1911-1912, Eugène Pageaud dit "le Merle", propriétaire d'une porcherie industrielle à Vix (8 rue du Pont aux chèvres), fait replanter 8 hectares de vignes sur le versant ouest du coteau de Vix. Anatole Mercier lui fournit les plants, prépare le terrain et effectue les plantations. Cette opération lance véritablement son affaire. En 1924, il rachète même 5 hectares de vignes à Eugène Pageaud, lançant, en plus de sa pépinière, une véritable production vinicole.

En 1925, Anatole Mercier (qui s'éteindra en 1932) cède l'exploitation à ses fils Roger et Richard. En 1938, Roger la délocalise à la Chaignée en rachetant l'ancienne ferme Simonneau. La Seconde Guerre mondiale contribue cependant à la mauvaise santé du vignoble dont l'entretien est délaissé et dont la production se concentre toujours dans les mains des très nombreux petits exploitants locaux. La surproduction d'après-guerre n'aide pas non plus à l'amélioration de la qualité.

Le développement du groupe jusqu'à nos jours

En 1966, l'entreprise passe sous la direction des fils de Roger Mercier, Daniel, Lucien et Jean-Pierre, rejoints par leur frère Roger (fils) en 1974. Un GAEC est constitué et l'activité pépinière se développe. Le remembrement des terres opéré à Vix à partir de 1969 facilite cet essor par l'acquisition de nouvelles terres. Les efforts se portent aussi sur la qualité de la production vinicole. Tandis que l'ancienne ferme est remaniée (et en grande partie détruite), l'entreprise agrandit sans cesse ses locaux, jusqu'à nos jours. Dès 1968, la pépinière s'ouvre au marché bordelais et, de là, à une clientèle française plus nombreuse, puis au marché international en 1982. Le groupe Mercier vend ses plants aux pays qui souhaitent développer leur propre vignoble : Canada, Russie, Espagne, Californie, Argentine, Mexique, Ouzbékistan... Il développe aussi une activité de vente et de conseil pour partager son expertise avec des pépinières créées au Chili, au Pérou, en Russie. Un laboratoire est créé pour développer la recherche en matière de qualité sanitaire et de lutte contre les maladies.

Dans les années 2000-2010, la nouvelle génération Mercier continue à mettre l'accent sur ces activités et sur la consolidation de la qualité des vins. Dernière construction en date, un nouveau chai, avec espace de commercialisation, est édifié en 2018-2019 au milieu des vignes, au lieu-dit les Caves, au sud-ouest du siège de la Chaignée. Constitué en holding, le groupe Mercier emploie aujourd'hui de 250 à 300 personnes selon la saison. Il possède 66 hectares de vignes, dont 53 à Vix et 30 en Appellation d'Origine Contrôlée Fiefs Vendéens.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 4e quart 20e siècle

Le siège de l'entreprise est établi dans un ancien bâtiment remanié, perpendiculaire à la voie. Différents hangars et ateliers s'étendent au nord et à l'est.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée, 3 E 63/84. 1826, 18 janvier : testament-partage des biens de Jean Lièvre et Marie Lorit.

  • Archives départementales de la Vendée, 5 M 324. 1840-1939 : dossiers d'établissements classés, commune de Vix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 3392 à 3401, 3725 (complétés par les registres conservés en mairie). 1837-1971 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Vix.

  • Informations et documentation fournies par M. Jean-Pierre Mercier, Vix, février 2019.

Bibliographie

  • BELLIARD, Claude, GODARD, Gaston, CAMUZARD, Jean-Pierre, Histoire et traditions de la vigne et du vin en Vendée. La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2019, 256 p.

    p. 107

Documents figurés

  • Plan cadastral de Vix, 1836. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 303).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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