Dossier d’œuvre architecture IA72001314 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Église paroissiale Saint-Jouin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Maine 301 - Bonnétable
  • Commune Nogent-le-Bernard
  • Adresse place de l'église
  • Cadastre 1835 D 409  ; 2010 D 323
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Jouin
  • Destinations
    église paroissiale

L'ecclesia de Novigento fut concédée au chapitre cathédral du Mans par Hildebert de Lavardin, évêque de 1096 à 1125. La tradition locale rapporte la mise en défense de l'édifice pendant la guerre de 60 ans (construction d'une tour couverte d'une plate-forme, d'une tourelle de surveillance et de meurtrières). Entre 1694 et 1696, la couverture partiellement en ardoises, les vitres et le pavage furent réparés, les murs blanchis, le chœur réaménagé (haussement du grant autel et construction d'un emmarchement par le maçon Cristophle Breteau). Le balet de la principale porte est mentionné en 1740.

En 1795, des fleurs de lis furent effacées dans l'église, qui en 1801, servait à la fois au culte et de temple décadaire, avec prison et corps de garde construits avant 1803 au bout du balet. Les couvertures en ardoises, ganivelles et tuiles pour le balet, furent réparées en 1814-1818, et le chœur réaménagé en 1823 (installation de stalles).

Dans les années 1820-1840, l'église comprenait une nef à trois vaisseaux, un chœur semi-circulaire, une tour-clocher sur la travée III du bas-côté sud et une sacristie adossée à ce même bas-côté. Le vaisseau central était couvert en bois, les deux bas-côtés de voûtes en pierre ornées, au sud, de riches nervures et de pendentifs sculptés, exécutés en 1605 par Christofle, Robert et Jean les Viet. La tour, d'environ 30 m de hauteur, en moellons, était couverte d'un dôme cantonné de quatre clochetons de 7 à 8 m de hauteur et surmonté d'une flèche en charpente de 40 m de hauteur, le tout couvert d'ardoises. Elle s'appuyait à l'intérieur de l'église sur deux piliers assez épais, dont l'un contenait l'escalier, et communiquait avec le bas-côté sud par deux arcades percées dans les murs latéraux. L'inscription CEST OEUVRE A ESTE FAIT ET CONDUIT PAR ROBERT ET IEHA_ LES VIET MES MASSON ET IEHA_ CHEVALIER TREMELIERE PROCUREUR 1605 y est signalée.

Vers 1838, l'église fut inscrite au tableau de 2e classe des monuments du départements, présentant de l'intérêt pour certaines de leurs parties seulement, et réparée. En 1843, les entraits de charpente du vaisseau central furent supprimés et le lambris de couvrement remplacé par une fausse-voûte en plâtre sur nervures en bois, exécutées dans le style du XVIe siècle selon les dessins de l'abbé Tournesac, membre du Conseil des Bâtiments civils de la Sarthe et de la commission départementale des Monuments historiques.

L'effondrement de la tour-clocher le 14 juin 1847 entraîna la chute de trois des voûtes du bas-côté sud et endommagea la nef et le bas-côté nord. Les deux principaux projets de restauration, élaborés l'année même, divergeaient sur l'emplacement et le style de la tour à reconstruire. Celui de tour hors-œuvre dans l'angle du bas-côté nord et du chœur, dans le style du XVIe siècle pour s'accorder avec celui des bas-côtés, présenté par Laurent, architecte d'arrondissement et soutenu par le conseil des bâtiments civils et l'architecte départemental Delarue, fut écarté au profit de la tour dans-œuvre néo-romane, s'accordant avec le style du portail, seule partie, dans un édifice confus, véritablement caractéristique et réellement précieux tant au point de vue artistique qu'historique, proposée par l'architecte rouennais François Liger et soutenu par la municipalité. Outre la construction de la tour en grand appareil de pierre de taille de Villaines et maçonnerie de moellons fourrée sur un soubassement en granit, la reconstruction à l'identique des trois voûtes du bas-côté sud était également prévue (chapiteaux des deux nouvelles colonnes à tailler selon l'ordre ionique faussé des chapiteaux subsistants, pendentifs des nouvelles voûtes à mouler sur l'une des anciennes clefs ornée d'un écusson historique assez précieux du point de vue de l'art et de l'histoire).

Les travaux de construction et de restauration furent exécutés entre 1850 et 1852 par Papillon, entrepreneur au Mans, à l'exception du décor des trois voûtes. Sont en outre mentionnées dans la même campagne la destruction de deux grands pignons sur le bas-côté sud, l'ouverture de nouvelles fenêtre dans ce bas-côté et au-dessus du portail, la reprise de la troisième chapelle du bas-côté nord et du portail, la réfection en ardoise de la couverture, la reconstruction de la fausse-voûte du vaisseau central et la pose de pavés de Rouperroux.

En 1911, l'église fut classée Monument Historique, à l'exception de la tour-clocher. En 1935, le perron d'accès au portail occidental fut reconstruit à l'alignement par Emile Denis, maçon, sur les plans d'Abinal, ingénieur au service vicinal. Entre 1976 et 1986, Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments Historiques, fit restaurer les murs des deux bas-côtés (contreforts et chevronnières, remplacement d'une gargouille au nord), remplacer les ardoises de la couverture par des tuiles (sauf la tourelle, couverte en essentes) et la fausse-voûte du vaisseau central par un lambris de couvrement (restitution des entraits de charpente).

Synthèse

L'église du XIIe siècle.

De l'église construite au XIIe siècle, après la donation épiscopale, par le Chapitre cathédral du Mans, subsiste la nef, précédée du portail en avant-corps sur le mur-pignon ouest partiellement en pierre de taille, et l'abside du chœur, en maçonnerie de moellons épaulée de contreforts et percée de baies couvertes en plein cintre (vestiges de fenêtres et porte vers le cimetière au nord). Cet édifice, remarquable pour sa taille (près de 35 m de long) et son décor soigné (chapiteaux historiés du portail), affirmait la présence du chapitre cathédral aux confins de l'évêché du Mans.

Premières campagnes d'agrandissement : XVe-2e moitié XVIe siècles.

Les parties basses subsistantes (mur sud du rez-de-chaussée et contreforts angulaires) de la tour-clocher qui flanquait le sud de l'église datent peut-être du XVe siècle (fenêtre en place).

Au nord, les travées III et IV du bas-côté, la tourelle d'escalier et la nouvelle porte vers le cimetière ont été édifiées à la limite des XVe et XVIe siècles. Leur voûtement à liernes et tiercerons peut ne dater que des années 1530 (voûte de la quatrième travée similaire à celle du bas-côté nord de l'église paroissiale de Préval, construite vers 1533-1534). La tour d'escalier, accessible depuis le bas-côté nord par le couloir biais donnant vue sur le chœur, desservait peut-être une tribune (porte-haute bouchée en place).

Au milieu du XVIe siècle, le bas-côté fut augmenté de deux nouvelles travées vers l'ouest (travées I et II, chapiteaux étudiés ). L'emploi d'un appareillage de pierre de taille pour la façade ouest a permis d'intégrer la nouvelle construction à l'ancienne façade romane. D'abord à charpente apparente (sablières moulurées en place), ces deux travées ont été ensuite voûtées d'ogives (2e moitié du XVIe siècle ?).

Dernières campagnes d'agrandissement : 2e moitié XVIe-1er quart XVIIe siècle.

Les quatre travées du bas-côté, de part et d'autre de l'ancienne tour-clocher, ont été construites entre la 2e moitié du XVIe siècle et le premier quart du XVIIe siècle, peut-être en deux campagnes : les deux travées orientales, (dont la quatrième, barlongue appuyée contre la tour), puis les deux travées occidentales. A l'extérieur, deux grands pignons extérieurs flanquaient la tour.

Il ne subsiste du voûtement d'ogives à retombées pendantes des deux travées orientales et du rez-de-chaussée de la tour, construit vers 1605 par les frères Viet, maîtres-maçons fertois, que la voûte de la travée V (retombées pendantes refaites en 1850-1852) et la colonne engagée dans l'angle avec partie du formeret de la travée IV. Du voûtement des deux travées occidentales, réalisé vers 1621 par Hierosme Le Plege (inscription en place), subsistent la voûte d'ogives bombée de la travée I et la colonne engagée antérieure droite de la travée II. Le voûtement du bas-côté sud, dont la qualité a été signalée dans la première moitié du XIXe siècle, était orné d'un décor peint encore partiellement visible.

L'église a été fortifiée en même temps que l'achèvement du gros-œuvre du bas-côté sud à la limite des XVIe et XVIIe siècles : percement de canonnières, certaines à rotules, conversion de la tour d'escalier en tourelle de surveillance avec ouvertures de tir, creusement du souterrain-refuge sous la travée V du bas-côté sud. La mention de tour couverte en plate-forme pourrait correspondre à la tour-clocher, dont la couverture en dôme (disparue) ne datait peut-être que de la 2e moitié du XVIIe siècle (couverture en dôme de l'église paroissiale de Cherré datée 1665).

La construction de la sacristie en 1685 a condamné la fenêtre orientale du bas-côté sud (vestiges derrière le retable de l'autel latéral droit).

Campagnes d'aménagement : limite XVIIe-XVIIIe siècle – 1e moitié XIXe siècle.

L’élargissement des fenêtres du chœur vers 1700, qui a entraîné la destruction partielle des contreforts de l'abside, a probablement clos la campagne d'aménagement du chœur signalée en 1694-1696. Le réaménagement de 1823 a conduit à fermer la porte entre le chœur et la sacristie et à en ouvrir une nouvelle vers le bas-côté sud (date portée 1827). En 1843, le vaisseau central de la nef fut couvert d'une fausse-voûte en plâtre sur nervures de bois. Du balet détruit à une date inconnue ne subsistent que les corbeaux sur la façade ouest. Nouvelle tour-clocher et restauration de l'édifice.

Les travaux de 1850-1852

La nouvelle tour-clocher est construite entre ces deux dates. La restauration du bas-côté sud réalisée dans la même campagne a essentiellement consisté en la recomposition du vaisseau en cinq travées à peu près égales : deux anciennes conservées à l'est et à l'ouest (travées I et V) et trois nouvelles en lieu et place de la tour-clocher et des deux travées latérales, voûtées de voûtes d'ogives (décor des chapiteaux et des voûtes non réalisé). A l'extérieur, les deux grands pignons et les vestiges des parties hautes de la tour ont été remplacés par cinq pignons marquant, comme au nord, les travées du bas-côté. La nouvelle fenêtre est celle de la travée II (vestiges de l'ancienne fenêtre en place à l'extérieur). Au nord, les grandes arcades semblent également avoir été reprises. La fausse-voûte de la nef fut reconstruite à l'identique. Connue par photographies anciennes, elle a été remplacée dans le 4e quart du XXe siècle par le lambris actuellement en place.

L'église, de plan allongé, est composée d'une nef à trois vaisseaux, terminée par une abside circulaire, d'une tour-clocher à deux étages carrés élevée sur la première travée de la nef, d'une sacristie dans l'angle du choeur et du bas-côté droit et d'une tourelle d'escalier dans l'angle du choeur et du bas-côté gauche. Un souterrain-refuge orienté sud-est existe sous la travée V du bas-côté sud. Le gros-oeuvre est en moellons partiellement enduits avec chaînes d'angles en pierre de taille, sauf le mur pignon ouest pour partie en moyen appareil de pierre de taille, et la tour-clocher pour partie en grand appareil de pierre de taille. Les toits sont couverts de tuiles plates, d'essentes (tourelle d'escalier) et d'ardoises (tour-clocher).

On accède à l'église à l'ouest par le portail donnant dans la nef ou par une porte dans le bas-côté nord et à l'est par une porte couronnée d'une corniche, datée 1687, donnant dans la sacristie. On accédait au choeur par une porte remplacée par une autre à chambranle moulurée couverte en anse-de-panier, et au bas-côté droit par une porte accostée de deux pilastres cannelés et couronnée d'un fronton. A l'exception de la porte du choeur, toutes sont couvertes en plein-cintre. La porte de communication entre la sacristie et le bas-côté droit porte la date 1827.

Les fenêtres du choeur sont couvertes en plein-cintre, l'une d'elles porte la date 170_, celles des bas-côtés d'un arc brisé, la tour de fenêtres jumelées. Les bas-côtés et la tourelle d'escalier sont défendus par des canonnières.

La nef, le choeur et la sacristie sont couverts d'un lambris, les bas-côtés et le rez-de-chaussée de la tour de voûtes d'ogives. Celles des travées III et IV du bas-côté gauche et celle de la travée 4 du bas-côté droit sont à liernes et tiercerons, avec retombées pendantes pour la dernière, celle de la travée I du bas-côté gauche est bombée, celle de la tour, à clé annulaire, porte la date 1850.

Le toit de la nef est à longs pans, celui du choeur est une croupe ronde, chaque travée des bas-côtés est couverte d'un toit en batière transversal, la tour d'une flèche polygonale, la sacristie d'un appentis et la tourelle d'un toit conique.

Un perron à deux escaliers droits dessert depuis la rue le portail occidental. Trois escaliers en vis existent dans l'édifice : celui de la tour du bas-côté nord dessert une porte bouchée donnant dans le choeur ainsi qu'un niveau défensif, celui sous l'autel du bas-côté sud dessert le souterrain-refuge, celui desservant la tour-clocher est en ardoise ou en métal.

  • Murs
    • calcaire moyen appareil
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • silex moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, ardoise, bardeau
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux, rez-de-chaussée, 2 étages carrés, sous-sol
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
    • voûte d'ogives
    • voûte d'ogives bombée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe ronde
    • appentis
    • flèche polygonale
    • noue
    • pignon découvert
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH partiellement, 1911
  • Précisions sur la protection

    Eglise, à l'exclusion de son clocher : classement par arrêté du 11 février 1911

Documents d'archives

  • AD Sarthe : 2 O 221/6. Nogent-le-Bernard. Bâtiments communaux. Eglise. presbytère. 1814-1936.

  • AD Sarthe : 4 E 98/729. Etude de Me Julien Daspres, notaire à Nogent-le-Bernard. Bail d'une portion du lieu des Gujères... 18 décembre 1740.

  • AD Sarthe : 46 J 64. Nogent-le-Bernard : compte de fabrique. 1698.

  • AD Sarthe : 4 T 42. Monuments historiques. Dossier par communes. (1840-1909).

  • AD Sarthe : G ADD 68. Nogent-le-Bernard, cure et fabrique : Collation de bénéfice, comptes, etc. 1414-an V.

  • AD Loire-Atlantique : 1822 X 194. Monuments historiques. Dossiers travaux. Dossier Nogent-le-Bernard. 1975-1988.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : 1822 W 194

Bibliographie

  • VALLÉE, Eugène. Dictionnaire topographique du département de la Sarthe, comprenant les noms de lieux anciens et modernes, revu et publié par R. Laotuche. Paris, Imprimerie nationale, 1952.

    T. II, p. 652
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, suivi d'une biographie et d'une bibliographie. 6 tomes. Le Mans : Monnoyer ; Paris : Bachelier, 1829-1842.

    T. IV, p. 265

Périodiques

  • ANONYME. Le désastre de Nogent-le-Bernard. Province du Maine. Feuille hebdomadaire religieuse, historique, littéraire et archéologique. septembre 1847, 3e année, n° 36. Médiathèque du Mans. Maine 4° 2532.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2013
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(c) Pays du Perche sarthois