A l'emplacement de la ferme de Bel-Eclair se trouvait sans doute le moulin du château du Bois-Frou, aujourd'hui démoli. En effet, la carte de Cassini figure un moulin sur ce lieu ; sur la carte du cadastre ancien, le pré situé à l'est de la ferme est représenté comme un étang, alimenté par le ruisseau de la Maison Neuve. Bien que l'étang ait aujourd'hui disparu, le pré où il se situait demeure marécageux. La digue se trouvait à l'emplacement de la route, qui est toujours inondée en cas de fortes pluies.

L'aveu de 1416, rendu par le seigneur du Bois-Froult à celui de Lassay, mentionne deux étangs dans la mouvance de la première seigneurie : celui d'Englenne et "le grand estang sis au dessus de moulin du Bois-Froult". Il s'agit alors d'un moulin à blé. L'aveu de 1756 est plus explicite à son sujet : "Mon moulin du Bois Froult à trois tournants,chaussée, grand étang au dessus et prés au dessus dud. étang, contenant à recueillir 40 charretées de foin ou environ cotoyant en partie mon bois situé derrière mondit manoir et autre le droit de contraindre les tenants et sujets de madite seigneurie de tourner moudre leur grain à mondit moulin, lesquels sujets sont tenus au train et trainage des pierres, plâtre et de ce qui est nécessaire pour la construction des meules de mondit moulin, ainsi qu’il est ci après rapporté". C'est dans ce même aveu que le toponyme de Bel-Eclair est pour la première fois cité, sous la forme "Belle Claire". Ce "lieu et domaine" est alors composé de "maisons, granges, étables, jardins, vergers, garennes".

Les éléments architecturaux les plus anciens sont visibles dans l'actuelle remise située à l'ouest de l'ensemble. Son mur gouttereau occidental est percé d'une demi-croisée chanfreinée et son mur-pignon nord soutient une cheminée dont les corbeaux sont composés de deux consoles de pierre. Certaines des pièces de bois de ses fermes de charpente ont été modifiées ou sont réutilisées en remploi. La ferme sud semble néanmoins relativement homogène et présente des signes d'ancienneté : son poinçon est renforcé à la base, les pannes reposent sur des embrèvements et la pente formée par ses arbalétriers est aigüe. Ces éléments architecturaux et le fait que cet édifice soit présent au moment où le cadastre ancien a été dressé (1812) rendent possible une datation originelle de la fin du XVe siècle ou du XVIe siècle, bien que l'édifice ait par la suite fortement été remanié. Sans doute maison-étable à l'origine, il a été transformé en bâtiment agricole. La partie sud de la grange-étable située au sud de ce premier édifice pourrait également être ancienne, mais les fortes transformations effectuées dans la première moitié du XXe siècle rendent toute analyse périlleuse. L'important volume central, encadré de deux corps de bâtiments plus bas, peut toutefois être relevé.

La maison située à l'est de l'ensemble apparaît également sur le cadastre ancien. Etant donné son emplacement, à proximité de l'ancien moulin et de sa digue, elle a pu constituer le logement du meunier. Ses proportions, sa maçonnerie de petit moellon et le linteau d'une de ses fenêtres permettent de la dater approximativement de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle. Une de ses fenêtres a été repercée entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle.

La ferme a été augmentée de plusieurs bâtiments dans le courant du XIXe siècle. Une maison de plain-pied à trois travées a été construite en 1837 au nord de la ferme. Elle en porte la date. Une seconde maison, plus petite, a été édifiée à l'est de celle-ci dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Une porcherie a été accolée au sud de l'ancienne maison-étable, aujourd'hui remise. Le bâtiment agricole situé au sud de celle-ci a été prolongé vers l'est pour ajouter de nouvelles étables.