Dossier d’œuvre architecture IA53000213 | Réalisé par
Eraud Dominique
Eraud Dominique

Conservateur du patrimoine, chercheur à l'Inventaire général, conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Mayenne.

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Garnavault Sylvie (Contributeur)
Garnavault Sylvie

Chercheure à l'Inventaire général du patrimoine culturel (Mairie de Laval).

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Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Bonenfant Anaïs (Rédacteur)
Bonenfant Anaïs

En stage au Département de la Mayenne en mars-avril 2022.

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  • inventaire topographique, Laval faubourg
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Château du Bois-Gamats
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Laval faubourg - Laval Est
  • Commune Laval
  • Lieu-dit Bois-Gamats
  • Cadastre 1808 B1 190  ; 1976 BS 5 A 14-89  ; 2022 BS 149
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, remise, parc, four, portail, clôture

Du manoir médiéval…

Un enclos rectangulaire d'époque indéterminée a été repéré par prospection aérienne sur le site. Dès le XIIe siècle, le domaine se développe comme fief vassal de Laval dont le premier seigneur est sans doute Guémard Crispus, qui donne son nom au lieu par déformation progressive : "Boays Guemar" en 1325, "Boscoguemaz" en 1340, "Boaisgamar" en 1398, "Boisgamaz" en 1488, etc. La famille de Bois-Gamats est présente jusqu'au début du XVIe siècle (Guillaume de Bois-Gamats en 1461, Jehan de Bois-Gamats en 1566). L'orthographe ne se fixe que très tardivement et varie encore parfois. Au XVIIIe siècle encore, les cartes de Jaillot et de Cassini mentionnent respectivement "Bois-Glamard" et "Bois-Gamard" tout en attestant de la nature seigneuriale du lieu.

Au moins dès le XIIe ou le XIIIe siècle, un manoir est installé sur les hauteurs de la vallée de la Mayenne, une place stratégique qui lui permet de contrôler le passage de la rivière tout en bénéficiant d'une vue agréable sur la vallée. Le domaine dispose d'une chapelle dédiée à Saint-Maur, de communs et d'un moulin. Le logis primitif, dont il subsiste sans doute une partie de l'élévation avec notamment une porte cintrée murée, est remanié dans la 2e moitié du XVe siècle comme en attestent la mouluration et le décor des baies, ainsi que la forme de la charpente. La construction de la chapelle Saint-Maur, dont il subsiste une partie des murs près du logis, est contemporaine de ces transformations, avec sa porte ornée d'un fleuron et de choux frisés.

Selon l'abbé Angot, la famille du Bois-Gamats semble subsister jusqu'à la fin du XVe siècle malgré une histoire complexe. Vendue à plusieurs reprises, la seigneurie échoit dans la 2e moitié du XVIe siècle à Jacques Marest, bourgeois et marchand à Laval, et son épouse Jeanne Audouin. En 1584, le partage de leur succession inclut "la terre et seigneurie du Boisgamatz, parroisse d'Avesnières, composée des maisons et enclos seigneurial et la présentation de la chapelle dudict lieu et dont y a chapelle en l'église d'Avesnières et appellée la chapelle de Sainct Mort et banc au cœur de la dicte église, item fiefs, cens, rentes, hommes, subietz" et ses dépendances, landes, bois taillis et bois de haute futaie, métairie et closerie de la Cour, moulin "sittué au dessoubz de la dicte maison seigneurial appellé le moulin du Boisgamatz avecq droict de moustaux et de pescherie en la manière accoustumée", les closeries du Bellay, de la Chevalerie, de la Faluère etc.

 

...au logis Renaissance

A une date indéterminée, le manoir est laissé au fermier du domaine tandis qu'un château neuf destiné au seigneur est construit à proximité. Les commanditaires de cette coûteuse reconstruction ne sont pas connus. Le dictionnaire topographique de l'abbé Angot fait état des nombreux changements de mains de la terre du Bois-Gamats, celui-ci n'étant guère conservé plus de quelques années ou décennies par une même famille. Il est donc difficile d'identifier un commanditaire, mais il faut noter que le partage de 1584 ne semble pas encore faire état d'un château. Il parait vraisemblable que cette construction soit postérieure.

Il est tentant d'attribuer la construction à la famille Lefebvre de la Faluère, qui devient propriétaire du Bois-Gamats à partir des années 1630 et s'y implante dans la durée. Il s'agit d'une famille de robe et de finance qui tire son nom de la métairie (peut-être anciennement noble) de la Faluère située paroisse d'Avesnières. Selon l'abbé Angot, elle était établie à Blois avant l'installation de Jean Lefebvre comme grenetier à Laval en 1544. Son arrière-petit-fils Claude, propriétaire du Bois-Gamats en 1639, est trésorier des finances et réside aussi bien à Laval qu'à Tours. La famille possède en Touraine plusieurs résidences de prestige, les châteaux de Jallanges, la Belle Jonchère et Noizay. Parmi ses successeurs, on compte plusieurs parlementaires à Rennes et à Paris. En 1749, Claude-René, président au parlement de Bretagne, décède à Laval. La famille sera inquiétée pendant la Révolution mais demeure néanmoins en possession du château du Bois-Gamats.

Il subsiste de cet ancien château, repris dans le château actuel qui en a sans doute conservé en bonne partie les fondations, le pavillon est avec la tourelle carrée qui y est accolée. Par le peu d'éléments conservés, la datation est incertaine : il pourrait s'agir d'une construction de la fin du XVIe siècle, mais la 1ère moitié du XVIIe siècle semble également recevable. Elle est d'autant plus plausible qu'une influence ligérienne, à mettre en lien avec les racines blésoises et tourangelles des Lefebvre, est perceptible. Sur le plan cadastral napoléonien de 1808, le corps de logis rectangulaire semble posséder, en plus du pavillon carré hors-oeuvre, deux tours circulaires demi hors-oeuvre sur la façade postérieure.

Les descriptions des lieux au XVIIIe siècle

En 1751, une montrée des lieux précise la nature des bâtiments du Bois-Gamats avec la description d'un "portail d'entrée de la cour" et un "second portail" ainsi qu'une "allée pour arriver dans la maison et celle allant vers le bois taillis". Le "chasteau" dispose de tous les communs nécessaires, remise, grange, étable aux bœufs, étable aux vaches, toit à porcs, écurie, bûcher, jardin, four et "pressouer". Il est également fait mention d'un "apartement de la tour réservé par le susdit bail de la part du dit sieur Lefevre". L'ancien manoir est quant à lui utilisé par l'exploitant, "la maison du dit Duval".

En 1795, l'administration procède à l'estimation du "lieu de la Cour du Bois-Glamard" appartenant à Claude-Pierre Lefebvre de la Faluère, dont la famille a en partie émigré ; lui-même est temporairement emprisonné à Tours. Le lieu est alors affermé à un certain Embrois Deffay et comprend "une ancienne maison à maître, cuisinne, salle, scillier à côté, quatre chambres par hault, grenier sur le tout, construite à muraille et couverte d'ardoisse ; une ancienne chapelle au côté vers couchant desdits bâtiments le tout dans le plus mauvais état de réparation puisque partis des murs ne tienne en place que par des étais ; item la maison du métayer […] ; item les étables à bestiaux placés sous les chambres de la principalle maison un petit touet à porcs au bout ; item une grange à présoir construitte à muraille et couverte de mauvais bardeaux ; item un four à cuir pain situé dans le closeau de la chapelle". La visite indique l'état de vétusté des murs de clôture, cite le jardin et le bois taillis, une pièce de vigne, deux châtaigneraies et divers champs et prés environnants.

L'expertise se poursuit au moulin sur la Mayenne "construit partie en muraille et partie en colombaige et planche", endommagé par une inondation l'hiver précédent. On y note la présence d'une "petite maison qui servoit autrefois de cor de garde" et qui commandait sans doute le franchissement de la rivière par la chaussée du moulin. La visite se poursuit à la métairie du Bois-Gamats, exploitée par un certain Julien Février, comprenant "premier une maison à cheminée, une chambre froide de suittes le fournil ensuitte le tout doublé de plancher construit à muraille et colombaiges et couverts partis en ardoisse et partis en bardeaux", étables à bestiaux, écuries, toits à porcs, four, loge à pressoir, jardin. Elle continue sur le reste du domaine comprenant la closerie de la Chevalerie, les closeries du Bellay et la Jaillière réunies et la métairie de la Faluère, toutes situées paroisse d'Avesnières.

La reconstruction du XIXe siècle

A l'initiative d'Agathe Lefebvre de La Faluère et de Léopold de Quinemont, son mari, l'essentiel du château est reconstruit par l'architecte lavallois Eugène Boret. D'après les matrices cadastrales, une phase de remaniement du site est initiée vers 1838, notamment avec la destruction d'un bâtiment de réserve et celle du château. Le château est rebâti à l'emplacement du précédent et déclaré imposable en 1852. La date 1847 est inscrite sur le linteau d'une porte de soubassement sur la partie ouest du château et témoigne sans doute du début des travaux. Les commanditaires font sculpter leurs armoiries, "d'azur au chevron d'argent accompagné de trois fleurs de lys aux pieds nourris d'or" (de Quinemont) et "d'azur à trois bandes d'or" (Lefebvre de la Faluère), au-dessus de la porte principale. Les communs, absents du cadastre napoléonien, sont issus de cette campagne de construction, comme en témoigne la date portée 1847. Le parc est sans doute aménagé dans le même temps, en tirant notamment partie d'une perspective sur la Mayenne, le bourg d'Avesnières et la ville de Laval.

Un dessin du château a été réalisé entre 1847 (après la phase de travaux) et 1863 (avant la destruction du moulin qui y est représenté). Malgré une perspective approximative, il présente le château au bord de la Mayenne avec les communs, le manoir, la chapelle et le moulin ainsi qu'une partie du parc. Il donne des précisions : absence de porte sur la tour circulaire et représentation de cheminées aujourd'hui disparues sur cette tour et sur un bâtiment des communs supposant l'existence d'une cuisine ou buanderie à cet endroit. Ni la porte du pavillon est, ni le contrefort ne semblent présents. Une carte postale des années 1900 montre des lucarnes au sommet du pavillon est aujourd'hui disparues.

La famille de Banville succède aux Lefebvre de La Faluère et fait à son tour apposer ses armoiries "de vair plein" sur le château, sur le fronton de la lucarne centrale. Elle se sépare de la ferme du Bois-Gamats, ancienne métairie. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le site est occupé par la Kommandantur. Des lignes de communication reliant le domaine et les postes de Laval traversaient la Mayenne. A la fin du XXe siècle, le château est restauré par les actuels propriétaires, la façade principale est préservée tandis qu'une extension vient flanquer la façade postérieure, le pavillon à l'est est percé d'une grande baie vitrée.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 16e siècle, 2e quart 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1847, porte la date
  • Auteur(s)

Le château, dont la façade antérieure est orientée vers le nord, donne sur une cour ouverte. Il domine la Mayenne qui longe le domaine sur l'ouest. Une brèche dans la végétation avait été créée afin de faire bénéficier au domaine d'une vue sur la ville et la rivière. Il se situe au cœur d'un parc boisé de quatorze hectares dont l'accès est limité par un portail à piliers récent.

La dissymétrie générale du logis, bâti en moellons enduits, s'explique par le fait que le château actuel est construit à partir d'un élégant pavillon latéral antérieur en deux étages avec contrefort et une tourelle d'escalier carrée, accueillant un escalier en vis. La pierre de taille de granite est utilisée pour les encadrements de portes et de fenêtres excepté dans la partie plus ancienne où il s'agit de tuffeau. Les encadrements et les appuis des fenêtres sont moulurés. Le corps principal est accolé à ce pavillon. Il est de plan rectangulaire à trois travées avec un toit à longs pans en croupe. Les armoiries des familles propriétaires au XIXe siècle sont représentées au-dessus de la porte principale et au niveau de la lucarne centrale. La façade antérieure est complétée à l'ouest par un pavillon latéral à une travée accompagné d'une tour d'angle circulaire avec un rez-de-chaussée surélevé accessible par un escalier extérieur. La façade postérieure est en partie masquée du fait des aménagements récents : on y retrouve une approximative symétrie avec deux pavillons latéraux et une tour polygonale éclairée par des demi-croisées, légèrement décentrée. L'ensemble du château est agrémenté de corniches. Au niveau du comble, les lucarnes sont à meneaux et traverses et sont pendantes au niveau des pavillons. Les toits sont couronnés par des épis de faitage en zinc et les souches des cheminées sont en briques.

Les communs sont à l'est du logis. Ils sont organisés autour d'une cour fermée où s'exerce une symétrie parfaite. L'accès est permis grâce à deux portails alignés sur les murs nord-ouest et sud-est. L'ensemble des constructions présente des formes d'ouvertures similaires cintrées en brique. Deux bâtiments pour animaux sont adossés au mur de part et d'autre de l'ouverture sud-est. L'un d'eux porte une tablette avec l'inscription 1847 accompagnée de représentations d'outils. Deux autres bâtiments se font face, avec une orientation nord-est / sud-ouest. Ces derniers sont des remises avec greniers. La partie ouest de l'un des deux, qui abrite un four comme en témoigne le cul-de-four à l'arrière, possède une pierre d'évier sous la fenêtre.

Un ancien manoir inoccupé et sa chapelle, dont il ne reste que les murs, se trouvent à côté du château, à flanc de coteau, dominant la Mayenne. Le parc abrite les traces d'un bâtiment de la Kommandantur de la Seconde Guerre mondiale ainsi qu'un édicule semi-circulaire bâti par un soldat allemand.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique
    • toit en pavillon
    • toit polygonal
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Armoiries sculptées au-dessus de la porte principale (de Quinemont et Lefebvre de la Faluère) et de la lucarne centrale (non identifiée).

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 108. Apposition de scellés au château du Bois-Gamats, 1749.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 9/310. Montrée de Bois-Gamats, 1751.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 6 J 48. Chartrier de Goué, Papiers de la famille du Bois-Gamats, 1470-1494.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 50 J 1. Fonds du Bois-Gamats, XVe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 94 J 1. Fonds Marest ; succession de Jacques Marest et Jeanne Audouin, incluant le Bois-Gamats à Avesnières, juin 1584.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 200 J 112. Généalogie de la maison des Quatrebarbes, 1903.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 395 J 8. Succession de Jacques Marest et Jeanne Audouin concernant le domaine de Bois-Gamats, 1584.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 232. Matrices cadastrales, registre des augmentations et diminutions de construction de la commune d'Avesnières, XIXe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 636. Procès-verbal d'estimation du domaine du Bois-Gamats en Avesnières, 20 juillet 1795.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Service des musées de Laval. Dessin du domaine du Bois-Gamats, 2e moitié du XIXe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; CN 95. Plan cadastral napoléonien d'Avesnières, 1808.

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

Date(s) d'enquête : 1980; Date(s) de rédaction : 1996, 2022
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Laval
(c) Conseil départemental de la Mayenne
Eraud Dominique
Eraud Dominique

Conservateur du patrimoine, chercheur à l'Inventaire général, conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Mayenne.

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Garnavault Sylvie
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Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Bonenfant Anaïs
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Articulation des dossiers
Parties constituantes