Dossier collectif IA53004256 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Les résidences de plaisance de l'aire d'étude "rivière Mayenne"
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    château, manoir, villa, demeure, maison
  • Aires d'études
    Mayenne

Du manoir à la maison de maître

L'apparition de demeures de plaisance construites pour des notables en bord de Mayenne remonte sans doute à la fin de la période médiévale. Si certains manoirs angevins du XVe siècle, notamment dans le sillage du roi René, apparaissent clairement comme des villégiatures, il n'est pas si aisé de faire ce rapprochement pour le territoire étudié. Aucun document d'archive n'explicite l'usage de manoirs en bord de Mayenne comme résidences intermittentes pour la plaisance. Néanmoins, l'architecture désormais dépourvue de tout attribut défensif – à l'exception de quelques aménagements postérieurs dans le contexte troublé des guerres de Religion – et l'orientation du logis vers la Mayenne ou la vallée, comme à Bois-Gamats à Laval ou à Beaubigné à Fromentières, suggèrent l'attrait pour le paysage et sa contemplation. Malheureusement, la temporalité de l'occupation de ces manoirs reste non documentée.

A la période moderne, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècles, le phénomène de la plaisance devient beaucoup plus tangible et revêt plusieurs aspects. D'une part, on construit sur l'emplacement de certains manoirs médiévaux de véritables châteaux dédiés à la villégiature. Ces prestigieuses demeures s'inspirent directement des grands modèles que sont les châteaux de campagne de la périphérie parisienne, construits notamment par de riches financiers au service de la monarchie. Exportés dans toute la province, ces modèles se retrouvent également sur les bords de la Mayenne, à l'image de Magnanne à Ménil ou la Rongère à La Roche-Neuville. Les commanditaires sont des familles d'ancienne noblesse, qui sont ancrées dans le Maine mais demeurent désormais à la Cour près du roi où elles assument des charges de prestige. Selon l'usage de l'époque, elles font remanier leur résidence seigneuriale "historique" en château de plaisance, selon la mode du moment, château à la française ou maison de campagne. Les jardins à la française puis à l'anglaise en sont le complément indispensable.

En parallèle, se développe la typologie des maisons de maître, également nommées maisons à maître ou maisons de réserve dans les archives. Le terme désigne des logis de propriétaires intermittents à la campagne, accompagnés d'une exploitation agricole permanente où réside un fermier généralement appelé colon (bail à colonie partiaire). Le maître est un notable citadin, exerçant en ville une fonction dans le commerce, dans la magistrature ou dans l'administration le plus souvent. Les beaux jours venus, il effectue des retraites dans sa maison de maître, où il s'échappe de la ville et peut surveiller l'activité de son domaine. On pourrait donc considérer que la maison de maître stricto sensu n'est pas attachée à un fief noble et se distingue en cela du manoir. Dans la réalité, force est de constater que de nombreux bourgeois ont acheté à la période moderne des seigneuries en déshérence et ont remis les manoirs au goût du jour. Les textes contemporains abandonnent toutefois le terme de manoir ou ses équivalents pour désigner toute résidence aux champs du nom de maison de maître.

Du point de vue architectural, la maison de maître – qu'elle soit attachée à un fief noble ou non – revêt des aspects différents, mais possède comme dénominateur commun le développement vertical du logis du propriétaire, dit logis à chambre haute, qui se distingue des autres bâtiments construits en rez-de-chaussée. Dans les exemples les plus modestes, comme la Herpinière à Laval qui paraît être une petite maison de maître, le logis du maître est sous le même toit que celui du colon mais possède un niveau d'habitation surélevé au-dessus d'une cave et accessible par un escalier extérieur. Dans les formes les plus courantes, le logis présente un étage carré réservé entièrement ou partiellement (l'étage seulement le cas échéant) au propriétaire. A la Grande-Roche à Entrammes par exemple, le propriétaire occupe l'étage du logis tandis que le colon occupe le rez-de-chaussée.

Les plus grands logis de maisons de maîtres sont à l'usage exclusif du propriétaire. Dans les exemples les plus anciens, ils revêtent la forme du pavillon de plan plus ou moins carré, avec toit à quatre pans, comme à l'Hermitage à La Roche-Neuville (XVIIe siècle). Par la suite, le logis est généralement de plan rectangulaire avec une façade symétrique à trois travées, comme au Tertre à Martigné-sur-Mayenne (XVIIIe siècle). Ce modèle, rustique mais élégant, est également largement utilisé pour les reconstructions de presbytères et de prieurés au XVIIIe siècle (Azé, Contest, Ménil etc.) qui témoigne également de l'attrait des ecclésiastiques pour l'architecture de plaisance. Il perdure, comme l'appellation maison de maître, pour de nombreux logis en marge d'exploitations agricoles tout au long du XIXe siècle, comme la Prairie à Ambrières-les-Vallées.

Variété des demeures et "châteaux" du XIXe siècle

Bien souvent, les familles qui ont fait construire des maisons de maître aux siècles précédents, enrichies dans le commerce (notamment de toiles) ou les fonctions publiques, se sont ancrées dans un paysage aristocratique renouvelé en Mayenne avant même la Révolution. Si la noblesse ancienne perdure et fait parfois reconstruire des résidences au XIXe siècle, il faut imputer l'essentiel des constructions de "châteaux" du XIXe siècle à ces familles issues de la bourgeoisie et ayant gagné la noblesse sur le tard, voire n'en ayant que le train de vie mais pas le statut. Bien souvent, une particule associée au nom d'une terre suffit à en donner l'illusion. Attachée à ses propriétés foncières, cette caste demeure conservatrice tout au long du XIXe siècle et adhère au courant légitimiste. S'inscrivant à la fois dans un idéal châtelain mais aussi dans la mode des milieux aristocratiques, elle choisit bien souvent une architecture historiciste, notamment à partir du milieu du XIXe siècle lorsque décline le goût pour le néoclassicisme et que de nouvelles formes s'imposent.

On emploie bien souvent, dans le langage courant et dès le XIXe siècle, le terme de "château" pour désigner ces grandes demeures, qu'elles en revêtent ou non les codes architecturaux (tours, pavillons, etc). Toute maison d'une certaine ampleur, avec un parc et des communs, se voit désignée abusivement comme "château", malgré toutes les ambigüités du terme. Le château stricto sensu appartenant au régime féodal, éteint à la Révolution, il apparaît préférable de parler de demeure, dite château. Dans la droite lignée des maisons de maître d'Ancien Régime, il s'agit bien de maisons de plaisance à la campagne, les propriétaires possédant également bien souvent des hôtels en ville et séjournant, selon la saison, dans l'une ou l'autre de leurs propriétés. Les architectes sont connus dans une vingtaine de cas mais restent bien souvent à identifier. Ils sont pour l'essentiel originaires de la Mayenne et du Maine-et-Loire, parfois de Paris selon les contacts des propriétaires. Mais le plus prolifique est le sarthois Pierre-Félix Delarue, auteur de cinq châteaux dans le périmètre étudié. Parfois, la tradition orale attribue les plans au propriétaire lui-même, notamment lorsqu'il a œuvré au sein du Génie (La Roche à Origné, La Motte-Serrant à Montflours).

L'esthétique de ces demeures évolue tout au long du XIXe siècle. Dans la première moitié du siècle, il s'agit de maisons d'inspiration néoclassique, dont le plan reste rectangulaire et les proportions modestes. La décoration est sobre et discrète, faite de pilastres et de frontons triangulaires. Néanmoins, les composantes du "château" du XIXe siècle sont déjà présentes, avec le parc paysager à l'anglaise, les communs et les dépendances, ainsi que la ferme annexe. Bien que reprenant un édifice antérieur et qu'il soit demeuré vraisemblablement inachevé, le château de Bonne à L'Huisserie semble l'exemple le plus abouti parmi l'ensemble des œuvres étudiées. En 1885, soit bien après les dernières demeures néoclassiques, le Ricoudet à Changé apparait comme une réminiscence tardive du néoclassique palladien, peut-être par nostalgie ou goût du désuet.

A partir de la fin des années 1840, le modèle du "château à tourelles" (formule utilisée notamment dans un article du Bulletin de la Société de l'Industrie de la Mayenne en 1853), inspiré des temps féodaux et d'un idéal chevaleresque, se diffuse en Mayenne. Il apparaît semble-t-il quelques années plus tardivement que dans les départements voisins d'Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire et Sarthe (cette hypothèse serait à confirmer par une étude à l'échelle du département) où se trouvent des viviers d'architectes plus importants. A l'image de Bois-Gamats à Laval (1847), les premières réalisations sont assez neutres sur le plan purement stylistique. Mais l'une des principales caractéristiques de la vallée de la Mayenne est l'absence du gothic revival – pourtant très à la mode en Anjou – et la quasi-absence du néogothique sur toute l'aire d'étude : seul le château de la Juvaudière à Sacé s'en réclame véritablement, tandis qu'on n'en trouve que quelques touches éparses sur de rares autres demeures. Une déclinaison du gothique refait quelques apparitions à la toute fin du XIXe siècle, dans la lignée des théories de Viollet-le-Duc, avec des plans massés à décrochements multiples, traduisant à l'extérieur les fonctions de chaque espace et leur hiérarchie, comme à Brives à Mayenne.

A l'inverse, l'architecture néo-Renaissance connaît un succès certain, notamment à la suite des productions de l'architecte Pierre-Félix Delarue, proche des milieux aristocratiques sarthois et mayennais. Le modèle volumétrique, généralement symétrique avec pavillon central et tours d'angle, ne diffère pas des châteaux néogothiques contemporains, mais l'ornementation s'inspire quant à elle de la Renaissance, comme à Orange à Saint-Jean-sur-Mayenne. Ce constat invite à se demander si, en référence aux prestigieux châteaux de la Loire, il n'était pas jugé de meilleur goût de construire à la mode Renaissance aux abords d'un fleuve ou d'une grande rivière. Néanmoins, ce style n'ayant à l'heure actuelle fait l'objet d'aucune véritable étude, que ce soit à l'échelle de la France ou d'une région, il est difficile de s'avancer sur cette théorie. Dans les années 1870, le motif de la tour, symbole féodal par excellence, est délaissé au profit du seul pavillon symbole du château à la française ; en parallèle, le style néo-Renaissance évolue et tire désormais vers l'éclectisme, comme à Bréon à Daon.

La fin des "châteaux" et de la villégiature

A l'image du néogothique, les autres styles développés au cours du XIXe siècle ne connaissent guère de succès dans la vallée de la Mayenne. Ainsi, le style Louis XIII et le néo-XVIIe siècle font peu d'adeptes, bien que le brique et pierre soit régulièrement utilisé pour permettre des jeux de couleurs sur les façades. Seul Chantepie à Thuboeuf apparait comme entièrement inspiré par les châteaux français du XVIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, les architectures deviennent de plus en plus éclectiques et mêlent diverses influences. Torcé à Ambrières-les-Vallées en est l'exemple le plus significatif, avec ses références classiques, Renaissance et Art nouveau notamment. On note que nombre de ces demeures sont désormais construites pour des industriels nouvellement enrichis, désireux d'afficher leur réussite par l'appropriation du mode de vie châtelain. On peut alors distinguer la demeure de campagne, où l'industriel se repose et mène un train de vie d'aristocrate, du "château" patronal, qui jouxte l'usine et en constitue le fleuron architectural.

Autour de 1900 apparaissent les "châteaux" influencés par le régionalisme et l'architecture périurbaine et balnéaire, mais la vallée de la Mayenne y reste hermétique, à l'exception de quelques réalisations à la périphérie de Laval. Ainsi, le Pâtis à L'Huisserie apparaît comme le dernier "château" édifié dans la vallée, à la fois construction de bord de ville et de bord de l'eau. Il opte pour la forme d'une villa périurbaine ou balnéaire, refusant l'architecture châtelaine sans doute trop connotée pour son commanditaire, le maire républicain de Laval Victor Boissel. Néanmoins, il conserve l'habituel parc, les communs et la ferme. Le confortement de la troisième République et la fin du royalisme comme courant politique ne sont sans doute pas étrangers à l'abandon des codes châtelains. Les campagnes d'agrandissement des "châteaux" se poursuivent, de manière exceptionnelle, jusqu'aux années 1930 : on peut ainsi signaler la "terminaison" de la Girardière à Saint-Jean-sur-Mayenne, par l'architecte Guinebretière.

Une villégiature de classe moyenne émerge à cette époque aux abords de Laval notamment. Le quartier de la rue Berthe-Marcou à Changé en est le témoignage le plus tangible, caractérisé par ses petits "chalets" de plaisance construits le long de la rive droite, aujourd'hui remaniés. A Saint-Jean-sur-Mayenne, on trouve également quelques "villas" et un exemple de ferme transformée en modeste villégiature, "Bagatelle" à la Boussardière. Néanmoins le phénomène ne se généralise pas et ne concerne que les locaux, la Mayenne ne faisant alors pas figure de destination touristique. La suite du XXe siècle montre une absence complète de constructions de plaisance sur les bords de la Mayenne. Il faut sans doute y voir un désintérêt du public pour ce territoire rural à l'époque du développement du tourisme de masse, mais aussi peut-être le manque d'espace pour construire dans un contexte géographique déjà saturé de "châteaux".

Il faut attendre les années 1980 pour voir l'architecte Jacques-Henri Bouflet réaliser quelques œuvres contemporaines remarquables dans la vallée de la Mayenne, à Changé et à Nuillé-le-Vicoin. Aujourd'hui, les bords de la Mayenne sont de nouveau convoités notamment à la périphérie des villes – là où il est encore permis de construire sur les rives – , faisant apparaître des architectures contemporaines tout aussi audacieuses, comme certaines maisons à toits plats hissées sur pilotis, largement ouverte sur l'extérieur par de grandes baies. En parallèle, on repère en quelques endroits de la vallée des aménagement d'hébergement de loisir provisoires, qui tendent désormais à se pérenniser, à l'image des campings, du village "vacances et pêche" de Villiers-Charlemagne ou des "chalets" de l'écluse de Neuville à La Roche-Neuville.

  • Période(s)
    • Principale : Fin du Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le repérage a porté sur un bandeau d'environ 500 mètres de part et d'autre de la rivière, soit environ un kilomètre de large. Dans ce périmètre, en dehors des villes de Laval, Mayenne et Château-Gontier, plus de 160 ensembles liés à l'habitat de plaisance, parfois détruits et connus seulement par des textes ou des documents iconographiques, ont pu être identifiés. Le chiffre reste imprécis, du fait de l'incertitude qui plane sur la fonction réelle de certains édifices. Une fois écartés les éléments sans lien direct avec la rivière Mayenne, trop remaniés ou insuffisamment documentés, 118 dossiers ont été établis.

Il est malaisé de répartir les éléments repérés par typologie d'habitat, car certains sites ne peuvent être clairement rattachés à une catégorie. Ainsi, il est bien difficile d'affirmer si Lozé à La Haie-Traversaine est un château de plaisance, une maison de campagne ou une demeure dite château. Arrivé à la fin de cette étude, il est encore parfois compliqué de se satisfaire de certaines désignations d'édifices, qui ne rendent compte que partiellement de la réalité. Par ailleurs, de nombreux édifices ont été tour à tour manoir, maison de maître, demeure dite château et peuvent conserver les traces de diverses occupations superposées. La catégorie des maisons de maître en particulier pose difficulté, car elle se substitue à celle de manoir à partir de l'époque moderne. Néanmoins, on peut proposer, tout en gardant une certaine prudence, la classification suivante :

- La catégorie des châteaux de plaisance (ou, pour le cas de Bois-de-Maine, d'un château féodal transformé en résidence au XVIIIe siècle) est la plus clairement définie, avec 10 édifices repérés et étudiés : la Bermondière à Saint-Julien-du-Terroux, Chantepie à Thuboeuf, Bois-de-Maine à Rennes-en-Grenouilles, l'Isle-du-Gast à Saint-Fraimbault-de-Prières, le Bas-Mont à Moulay, la Cour à Contest, le Bois-Gamats à Laval, la Valette à Villiers-Charlemagne, la Rongère à La Roche-Neuville et Magnanne à Ménil. On pourrait ajouter à cette liste le château de Laval avec sa galerie face à la Mayenne, mais pas celui de Mayenne qui fut prison dès l'époque moderne. On remarque, sans pouvoir réellement l'expliquer, que la majorité des sites se trouve en Nord-Mayenne.

Il convient toutefois d'apporter quelques nuances. Pour Chantepie et le Bois-Gamats, les remaniements du XIXe siècle sont très importants et ne rendent pas véritablement compte de l'édifice d'Ancien Régime, dont seules les dimensions sont connues par le cadastre ancien. D'autres édifices disparus peuvent parfois porter, dans les textes, le nom de château ; au vu de leurs dimensions, ils semblent davantage s'apparenter à des manoirs et ne sont pas comptabilisés dans cette catégorie.

- La catégorie des manoirs pose plus de difficultés, du fait des nombreux édifices transformés après l'époque médiévale. Par ailleurs, à l'époque moderne, la notion de manoir se fond dans celle de maison de maître, venant brouiller les définitions : sont comptabilisés ici uniquement les édifices avec un statut noble avéré grâce aux archives, ou très fortement soupçonné dans les cas où le bâti affecte l'apparence d'un manoir mais où les sources textuelles sont insuffisantes : c'est le cas par exemple pour la Coudre à Changé, Malabry à La Roche-Neuville ou la Rivière à Ménil. Par ailleurs, les recherches dans la documentation ont permis d'identifier certains manoirs disparus, comptabilisés dans le repérage ; mais la rareté des archives dans de nombreux secteurs suggère que de nombreux manoirs détruits n'ont pas pu être identifiés. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les châteaux de plaisance ont eux-mêmes succédé à des manoirs, dont il n'est pas fait état ici.

Le repérage identifie ainsi une cinquantaine de manoirs dans l'aire d'étude, pour la majorité disparus, très remaniés ou à l'état de vestiges. Seuls les édifices significatifs ont fait l'objet d'un dossier, soit 22 éléments étudiés. Dans certains cas où subsistent d'importants restes d'un manoir aux côtés d'une demeure du XIXe siècle, le manoir a pu faire l'objet d'un sous-dossier : La Motte-Serrant à Montflous, le Bois-Gamats à Laval.

- La catégorie des maisons de maître est la plus malaisée à circonscrire. Entendue stricto sensu, elle inclut les maisons de notables aux champs qui n'ont pas, d'après la documentation disponible, de statut noble. Néanmoins, les archives de l'époque moderne ne faisant plus la distinction entre manoir et maison de maître, et les deux revêtant des formes architecturales similaires, on pourrait considérer que cette catégorie englobe les manoirs rénovés à l'époque moderne (non comptabilisés ici). Par ailleurs, si la plupart des maisons de maître remontent à l'Ancien Régime, certains édifices possédant les mêmes caractéristiques prennent encore ce titre dans les archives du XIXe siècle. Il a été fait le choix de les comptabiliser ici, bien qu'on puisse également les rapprocher des demeures du XIXe siècle.

Le repérage fait état d'une quarantaine de maisons de maître, 30 ont fait l'objet d'un dossier. Comme pour les manoirs, dans certains cas où la maison de maître subsiste à côté d'une demeure du XIXe siècle, celle-ci a pu faire l'objet d'un sous-dossier (la Grande-Roche à Entrammes). La maison de maître est un phénomène particulièrement présent autour de Laval et de Château-Gontier, plus rare semble-t-il en nord-Mayenne.

En l'absence d'étude plus exhaustive portant sur l'ensemble du département, il n'est pas possible de déterminer si la rivière Mayenne a véritablement polarisé la construction de manoirs et de maisons de maître. Il parait toutefois vraisemblable que ce n'est pas le cas. Certes, au milieu du Moyen Age, les mottes castrales s'implantent à proximité de la rivière pour en surveiller les franchissements notamment, et de nombreux manoirs seigneuriaux ont hérité de cette implantation sans pour autant conserver ce rôle de surveillance. Le maillage seigneurial dans le reste du département est probablement tout aussi dense. Pour ce qui est des maisons de maître, elles paraissent tout aussi répandues dans la périphérie des villes à l'écart de la Mayenne. Néanmoins, l'attrait du paysage de la vallée joue évidemment un rôle dans le choix de ces implantations.

 

- La catégorie de la demeure, et notamment de la demeure dite château, représente la catégorie la plus importante du corpus en termes d'édifices conservés en bon état d'analyse, à l'inverse des manoirs et maisons de maître bien souvent remaniés ou détruits. La demeure, propriété de notable au XIXe siècle accompagnée d'un parc, de communs et de dépendances, se voit appelée "château" quand elle prend des proportions importantes, des codes architecturaux propres aux châteaux et se trouve à la tête d'un domaine comprenant un ou plusieurs fermes. Il s'agit du cœur de cette étude et du patrimoine de la plaisance le plus visible sur les rives de la Mayenne.

L'ensemble des édifices repérés a été étudié, y compris lorsque l'accès n'a pas été possible. 38 dossiers ont ainsi été réalisés (souvent avec sous-dossiers pour les parcs ou communs), majoritairement des demeures dites châteaux dans le langage courant. L'essentiel de ces constructions repose sur un fonds bâti antérieurement au XIXe siècle, hormis quelles exceptions notables, comme Montgiroux à Saint-Germain-d'Anxure, le Ricoudet à Changé, la Coudre à Entrammes. Sur l'ensemble du corpus, 8 édifices reprennent des élévations significatives de bâtiments antérieurs à la Révolution, manoir ou prieuré, comme le château de la Porte à Daon. Tous les autres sont construits à l'emplacement de bâtiments dont il ne reste pas ou peu de traces.

Ici encore, en l'absence de travaux sur l'ensemble du département, il est difficile de dire si la concentration de châteaux sur les bords de la Mayenne est plus considérable qu'en d'autres points du département. Toutefois, la très forte densité de ces demeures aux abords de Laval et Château-Gontier tend à suggérer que c'est bien le cas. A l'appui de cette théorie, les cartographies dressées à la suite d'un repérage des jardins (notamment paysagers) en Mayenne en 2009 confortent l'idée d'une concentration des grands domaines dans les communes de la vallée de la Mayenne et plus largement dans les communes situées le long des principaux affluents.

 

- La catégorie des maisons de villégiature des XIXe et XXe siècle enfin regroupe aussi bien d'importantes villas que de modestes pied-à-terre. 15 dossiers ont été réalisés pour en livrer quelques exemples, mais le corpus d'œuvres ne peut être correctement estimé, du fait des lourds remaniements bien souvent subis par les petites maisons de villégiature en bord de Mayenne. Les maisons de bourg tournées vers la Mayenne, pour certaines étudiées, ont été écartées de cette synthèse lorsqu'aucun lien formel à la plaisance n'a pu être établi.

Quatre logements patronaux, affectant l'apparence d'une villa ou d'un château, ont fait l'objet d'un dossier, sans qu'il soit véritablement possible de les affecter dans l'une ou l'autre catégorie.

Enfin, deux édicules liés à des occupations de loisir très ponctuelles ont également fait l'objet d'un dossier : le pavillon de pêche de Charolles à Ménil et un autre pavillon à Corbray à Fromentières, dont l'usage n'est pas clairement identifié.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • étudié 118
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Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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