Contrairement à ce qu'affirme une tradition persistante, le logis dit "de l'Abbaye" n'a jamais été une propriété abbatiale ni une résidence de l'évêque d'Angers. Il n'a pas non plus été un bien du chapitre Saint-Laud (bien que ce dernier ait été le seigneur temporel de la paroisse de Bouchemaine) comme le propose le Dictionnaire historique et géographique de Maine et Loire dans sa version révisée de 1965. Le plan du fief de Ruzebouc dressé vers 1773, conservé aux Archives départementales de Maine-et-Loire, attribue en effet la propriété à un laïc : Mathurin Filoche. En 1810, le cadastre ancien confirme l'appartenance de la parcelle (A 988) à sa veuve.

Le logis construit au XVIIe siècle, vraisemblablement en 1664 si l'on se réfère à la date inscrite sur le linteau de la fenêtre centrale, pourrait avoir été bâti pour Symphorien Guesdon, notaire royal à Angers, actif de 1663 à 1708, et sa femme Jeanne Gabory, veuve de Jacques Lecourt, également notaire royal, auquel Guesdon avait succédé. Le 9 juillet 1692, celui-ci déclare au chapitre Saint-Laud d'Angers son "grand corps de logis, pressoir, jardin et vielles mazures et aplacements étant au devant dudit jardin". En 1733, le logis appartient à Madeleine Maumussard puis en 1755 à Renée Fresneau.

A la suite des Filoche, la maison devient successivement la propriété de Jean Guépin, médecin à Angers (vers 1824), Émile Guiet (vers 1882) puis Marguerite Riobé (vers 1902). La résidence semble de tout temps avoir été un lieu de villégiature pour ses propriétaires résidents principalement à Angers. En 1987, le bâtiment est racheté par la municipalité de Bouchemaine pour en faire la mairie. Les dates portées 1880 et 1987, sur la lucarne centrale, indiquent très vraisemeblment les grandes campagnes de restauration qui ont marquées le bâtiment.