Dossier d’œuvre architecture IA44004813 | Réalisé par ;
Robineau Evelyne
Robineau Evelyne

Chercheur, Service du Patrimoine, Région Pays de la Loire.

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  • patrimoine de l'industrie de la canne à sucre
  • inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Raffinerie de sucre, candiserie dite Le Cordon bleu, boulevard de Chantenay
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bas-Chantenay - Nantes
  • Commune Nantes
  • Adresse rue Jules-Launay , rue Réaumur , boulevard de Chantenay
  • Cadastre 1833 B 727-727 bis-728- 728 bis ; 1972 IK 79  ; 2009 IK 140-141
  • Dénominations
    raffinerie de sucre
  • Précision dénomination
    raffinerie de sucre, candiserie
  • Appellations
    Raffinerie de sucre candiserie dite Le Cordon bleu, puis de Chantenay

Un terrain de 4 900 m², situé à l'angle des chemins de Vincennes (rue Réaumur) et du Cordon-Bleu (rue des Usines puis Jules-Launay), dont la partie ouest était occupée par une maison de maître de plan octogonal avec serre et jardin, édifiée avant 1834, était acheté vers 1856 par la société Charles Suffisant, qui établit dans la partie est une huilerie en service en 1858. L'usine consistait en un bâtiment de fabrication à deux étages en maçonnerie, isolé et allongé nord-sud, et un hangar en planches adossé au mur de la rue Jules-Launay. Une machine à vapeur de 45 CV mettait en mouvement un jeu de cylindres concasseurs, deux meules de grande dimension, deux chauffoirs à vapeur, quatre presses hydrauliques, deux jeux de pompes en bronze pour les presses. Exploitée depuis 1863 par la société en nom collectif Guillaume Hermange et Pierre-Tristan Briaudeau père et fils, l'huilerie était achetée en février 1866 par Louis Cézard pour être convertie en petite raffinerie de sucre, équipée pour fondre quinze tonnes par jour. A l'est du bâtiment de fabrication en maçonnerie, réutilisé comme halle de cuite et empli, avec une purgerie au-dessus, fut adossée une extension construite par les architectes nantais Clériceau et Lesant, des collaborateurs de Belond frères, auteurs des plans. La clarification et la filtration, équipée de onze filtres cylindriques du type Dumont en occupait la partie sud et quatre étuves la partie nord. La vapeur de l'usine était fournie par trois générateurs de 40 CV, compris celui de l'ancienne l'huilerie. Les machines motrices totalisaient 32 à 34 CV. L'ancienne maison de maître servait de magasin et de logement de contremaître et de cuisinier. Un gazomètre, destiné à produire le gaz d'éclairage des ateliers et une revivification du noir de raffinerie usé furent construits en 1869, à l'angle sud-est du fonds, sur un terrain contigu, pour Albert Cézard, associé et locataire de son frère depuis 1868 et directeur de l'usine de 1868 à 1883. Une nouvelle revivification était achevée de construire en 1876. Vingt-cinq ouvriers y travaillaient. L'extension de l'usine à l'ouest dans les années 1878-1880 concrétisa l'adoption du procédé d'essorage de la masse-cuite moulée en tablettes, dont l'utilisation avait été négociée le 15 mars 1878 par A. Cézard avec son inventeur, un raffineur de Cologne du nom de Langen. Au sud du bâtiment de la halle de cuite, fut construite une aile en retour en maçonnerie à un étage, dans laquelle les tablettes étaient façonnées en moins de 48 heures, du remplissage des moules des turbines Langen à l'envoi à la casserie située en prolongement. Celle-ci était équipée de trois machines à scier les tablettes en lingots puis en morceaux et de tables auxquelles étaient assises les ouvrières qui rangeaient les morceaux de sucre dans les boîtes. Un des deux grands cuiseurs était dédié à cette seule fabrication. Un bâtiment en construction légère, pris sur la cour subsistant entre le bâtiment principal et la maison, était adossé à cette aile. L'unité de fabrication des sucres en morceaux était complétée par trois petits bâtiments à l'usage des ouvrières de la casserie (toilettes, vestiaire et réfectoire), bâtis à l'alignement d'appentis (atelier de réparations, dépôt des noirs d'engrais, laboratoire, magasin et cave) adossés à la rue Réaumur. L'effectif était passé de 33 à 71 ouvriers entre 1864 et 1880. En 1880, année de la fusion avec la société É. Étienne (Les Ponts et candiserie Bourcard et Cie), pour former la société anonyme des anciens établissements Émile Étienne et Cézard, il restait peu de place autour du noyau de la raffinerie de 1866. Les parties découvertes servaient, à l'est, de dépôt de charbon, au nord-ouest, de cour des livraisons, accessible par le pan coupé de l'angle des rues Réaumur et Jules-Launay, et le reste, d'allées de service. Un chemin de fer intérieur reliait la revivification au treuil de chargement du noir sur les filtres. Une nouvelle salle des turbines occupait l'ancien empli, surmonté par trois étages de greniers de purgerie équipés de 73 lits de pains appelés localement billards, totalisant 19 488 trous pour encastrer les formes à sucre. La cour couverte et l'ancienne maison de maître étaient affectées au traitement des mélasses et à la fabrication des vergeoises. La pilerie, où ces dernières étaient pulvérisées, occupait le long de la rue Jules-Launay un bâtiment en rez-de-chaussée, prolongé par le logement du concierge et le passage couvert qui servait d'accès principal à l'usine. De l'autre côté de ce dernier, s'élevait une ancienne maison avec jardin, occupée par des bureaux et un logement. Un réfectoire des ouvriers avait été installé à l'arrière de la revivification. La bande de terrain close, peut-être acquise en 1875, qui s'allongeait jusqu'au canal Derrien (boulevard de Chantenay), restait inoccupée. En 1882, la fonte était de 36 486 tonnes. Cent ouvriers de la clarification furent licenciés, mais il en restait 80, auxquels il faut ajouter les 30 ouvrières de la casserie. La société était en faillite en 1883 et l'usine fermée. Achetée en 1884 par Pierre, Lapeyre, un entrepreneur de travaux publics parisien, elle était remise en activité l'année même par Ernest Souques, un industriel guadeloupéen propriétaire des usines centrales de Beauport (1863-1990) et de Darboussier (1869-1980), qui cherchait à acquérir des raffineries en métropole (Nantes, Paris) pour transformer ses sucres et ses rhums et l'avait louée, le temps de former la société qui en deviendrait propriétaire. E. Souques devint le directeur-gérant de l'usine en 1886, date de la formation de la société anonyme Raffinerie de Chantenay, contrôlée par les héritiers et les proches (La veuve de Jean-François Cail, Hebert, Solacroup, etc) de ses bailleurs de fonds et fournisseur de matériel de ses usines centrales (Jean-François Cail) et le resta jusqu'en 1896. Le siège social était transféré à Paris, rue de La Bienfaisance. Sur une extension de terrain à l'est, le long de la rue Jules-Launay, fut construit dès 1886 (?) le bâtiment, où le rhum arrivant des Antilles était conditionné après décantation. L'atelier de façonnage et de conditionnement des sucres en morceaux fut prolongé jusqu'à la rue Réaumur par un bâtiment à deux vaisseaux (1887). Suivirent la construction d'un atelier de fabrication des sucres en pains, d'une nouvelle filtration, située devant la revivification rebâtie, d'un atelier d'ajustage sur le même terrain, d'une ferblanterie, d'un atelier de réparation des formes sur le terrain allant jusqu'au canal Derrien. La fonte, la clarification et les greniers étaient refaits, les transmissions des turbines Langen électrifiées, les générateurs modifiés et la chaufferie augmentée et couverte de toits bombés. Avant 1893, la pilerie était surélevée de deux étages de hauteur décroissante et prolongée jusqu'au pan-coupé des rues Réaumur et Jules-Launay par une maison à étage, dont le traitement de façade soigné suppose l'intervention d'un architecte. La chaufferie et la halle des générateurs furent reconstruites ou prolongées vers 1893 par deux halles jumelles. Une deuxième cheminée industrielle était construite. Les trois-quarts des nouvelles actions émises, en 1899, année du décès d'E. Souques, étaient détenues par Charles et Philippe Hébert et Alphonse Dehaynin qui commençaient à constituer une réserve foncière, augmentée en 1901-1902, puis de 1904 à 1910. La dernière augmentation fit passer le fonds de l'usine de 10 700 m² à environ 15 000 m². D'après l'expertise faite par un ingénieur attaché à la société Say, nommé Lizeray, devenu administrateur délégué de la raffinerie en 1905, le matériel était vieilli et les transformations partielles avaient généré une mauvaise organisation qui nécessitait trop de main-d'œuvre. Sur les terrains acquis en derniers, au sud-est de l'usine primitive, fut construite la nouvelle raffinerie, où serait transféré l'essentiel de la fabrication, qui s'opérerait à l'aide des procédés et des matériels les plus récents, déjà utilisés dans la raffinerie Say de Paris : décoloration initiale des sucres bruts de canne (2/3 de la fonte) à la turbine et à la vapeur selon le procédé de l'Autrichien Steffen et essorage du sucre moulé en plaquettes avec les turbines d'essorage de conception récente du Belge Adant. Les travaux prévus pour une mise en service en 1907 étaient inachevée en 1908 et le budget initial largement dépassé. A la demande du président du conseil d'administration, A. Watel-Dehaynin, les travaux furent expertisés par un ingénieur de l'entreprise Fives-Lille, nommé Prangeay qui prit la suite de Lizeray et fit appel à l'entreprise lilloise Mollet-Fontaine, constructrice des turbines Adant pour terminer les travaux. Les ateliers de fonte, de démoulage, de fabrication de produits chimiques, des étuves, une casserie et un magasin, étaient déclarés achevés en 1911 et 1912, un atelier de fabrication des petits pains à la turbine, une tonnellerie et un réservoir à eau, en 1915. Au tout début de la première Guerre Mondiale, la nouvelle usine était pratiquement achevée. C'est dans une partie des bâtiments anciens libérés par le transfert que commença en 1911 la fabrication de sucre cristallisé de candi et, vraisemblablement, celle d'un aliment mélassé pour chevaux et bestiaux appelé "L'Intensif" sous la direction de Pierre Turgault, ingénieur des Arts et Métiers, nommé directeur technique en avril. Le site était relié par un embranchement industriel à la ligne Paris-Nantes, sans doute supprimé au moment de la mise en tranchée de celle-ci. En 1914, la raffinerie employait 700 ouvriers. En 1921, la candiserie était augmentée d'un bâtiment pour "L'Intensif" par L. Cormerais et M. Jamin, architectes à Nantes. Une centrale thermique et une centrale électrique complétaient la nouvelle usine, dans laquelle furent encore installées trois turbines Mollet-Fontaine (1923), une plate-forme pour trois turbines et trois malaxeurs, portée par des piliers de béton armé, un support d'installation de chauffage au charbon pulvérisé (1927), et enfin d'un silo à mâchefer (1929), d'après les plans d'O. Robiou du Pont et d'H. Martin, agents nantais de l'entreprise Hennebique. À quoi étaient venus s'ajouter, avant 1926, une filtration, un atelier de fabrication des petits pains à la turbine (ancienne usine), puis une casserie, des garages (voitures de tourisme, tracteurs), un laboratoire, les bureaux du contremaître et de l'infirmière visiteuse, une conciergerie, en 1929. La société anonyme des raffineries et sucreries Say reprenait l'établissement en 1967 et le fermait en 1968, un an après la construction d'un dernier bâtiment. Ceux alignés sur la rue Jules-Launay étaient aussitôt démolis pour l'élargir. Il ne subsistait de l'ancienne usine qu'une partie de l'Intensif de 1921, adossé à celui de la cartonnerie (ancienne candiserie ?) détruits en 1978 en même temps que la nouvelle usine, bâtie pour l'essentiel de 1905 à 1914-1915, où des machines étaient restées en place (cuves, malaxeurs, turbines, pompes), notamment dans la centrale thermique (chaudière à charbon "Penhoët" de 1951) et la centrale électrique (alternateurs dits Garnier, de la Société générale de construction mécanique), ainsi que la grande cheminée en béton armé, à côté de laquelle subsistait la base d'une plus ancienne en brique. Le bâtiment construit à la veille de la fermeture existe encore. L'usine primitive, dont le cœur était constitué par l'ancienne huilerie et l'annexe de 1866, était bâtie en maçonnerie de pierre, de même que la plupart des bâtiments édifiés autour depuis, jusqu'à celui de L'Intensif (1921). L'annexe de 1866, un corps de bâtiment à deux étages de 12 m de long sur 5,20 m de large, avait été fondé sur des piles de granite placées tous les deux mètres et renforcé par des contreforts, en raison de l'instabilité du terrain et du poids prévisible des machines à installer. L'immeuble occupant le pan coupé des rues Jules-Launay et Réaumur présentait un jeu sur les matériaux : soubassement en pierre ou placage de pierre apparente, contraste entre le traitement des murs (enduits) et celui des baies. Le corps de bâtiment pris sur la cour et adossé à l'aile sud, entre 1878 et 1880, était en construction plus légère. D'après la maquette du port de Nantes (1900-1914), le seul bâtiment apparemment en maçonnerie de brique aurait été celui édifié au nord de la revivification à la fin du XIXe siècle. La partie ancienne de la raffinerie était caractérisée par un large usage des charpentes courbes. Une ou plusieurs charpentes à fermes courbes, formées de poutres en treillis, couvertes en métal et verre figurent à divers endroits selon les documents : sur la revivification (1880), sur la chaufferie et la salle des générateurs (avant 1893), et peut-être sur la cour couverte (1898 ?), tous bâtiments et espaces modifiés avant 1900. Le type de charpente le plus répandu était celui à fermes à arcs segmentaires avec tirant et entrait, employé peut-être dès 1878 sur les bâtiments nouvellement construits pour la fabrication du sucre en morceaux, puis sur ses extensions, sur la halle des générateurs et la chaufferie (après 1893) et sur le bâtiment de fabrication servant à l'origine de halle de cuite (avant 1900 ?), notamment.

A la veille de leur destruction en 1978, les vestiges de l'ancienne raffinerie comprenaient le bâtiment appelé cartonnerie (ancienne candiserie ?) et celui en maçonnerie de L'Intensif qui lui était adossé. Tous deux, à un étage et partiellement détruits. La reste était la nouvelle usine, comprenant un premier ensemble de bâtiments à sept étages au plus, en pan-de-fer hourdé en brique et couverts de fermes métalliques. La partie ouest était couverte de toits à longs-pans, celui du bâtiment le plus haut étant terminé par un lanterneau, la partie est, de sheds. Les planchers à poutres métalliques étaient portés par poteaux formés après un assemblage de profilés de fer. Le second ensemble comprenait la centrale électrique, en pan-de-fer sur trois côté et en béton armé sur le quatrième. Dans la halle sous charpente métallique de l'étage étaient encore en place des machine à piston dite Garnier de la Société générale de construction mécanique (1921). La centrale thermique accolée était une halle à ossature en béton armé, close de verre (?), dans laquelle subsistait une chaudière à combustible à charbon type Penhoët de 1951.

  • Murs
    • brique
    • pierre
    • enduit
    • pan de fer
    • pan de béton armé
  • Étages
    7 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • shed
    • lanterneau
    • pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur
  • Énergies
    • énergie électrique
    • énergie thermique
    • produite à distance
    • moteur électrique
  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 4 E 35/61*.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 4 E 50/65.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 4 E 50/85.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 5 M 289.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 7 P 938*.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique : 1671 S.

  • Archives municipales de Nantes ; G 1 587.

  • Archives communales, Nantes : 1 O 2571.

  • Archives municipales, Nantes : 1 O 2987.

  • Collection particulière, Arnaud Biette.

Bibliographie

  • Exposition universelle de 1878 à Paris. Rapports de jury international. Groupe VII. Classe 74. Rapport sur les condiments, les stimulants et les produits de confiserie. Paris : Imprimerie nationale, 1884.

    p. 41
  • FIERAIN, Jacques. L'action des syndicats patronaux dans le raffinage du sucre en France (1844-1914). Enquêtes et documents, 1985, IX.

    p. 62
  • FIERAIN, Jacques. Les raffineries de ports en France. Lille : Atelier de reproduction des thèses, Université de Lille III, 1976.

    p. 43, 57, 58, 105, 151, 156-159, 162-164, 167-170, 196, 204, 258, 259, 325-335, 342-355, 369, 375, 377, 379, 405-447, 458, 460, 461, 465-466, 468-472, 477, 509, 511, 513, 571, 573, 577, 581-582, 584, 591, 601, 626, 680, 682-685
  • Les usines de la société des anciennes raffineries Émile Etienne et Cézard, de Nantes. In : Album industriel et financier publié sous les auspices des la banque de prêts à l'industrie. Paris : A. Chaix et compagnie, 1881.

    p. 210-218
  • ROCHCONGAR, Yves. Capitaines d'industrie à Nantes au XIXe siècle. Nantes, MeMo/e+pi, 1999.

    p. 154-155
  • VALLADIER, Hector. Histoire de la raffinerie à Nantes. Le sucre et les raffineries nantaises. Nantes, 1940, texte dactylographié. (AD Loire-Atlantique : in 8° 939)

    p. 164, 182, 190, 216, 286, 290, 299, 312

Périodiques

  • Journal de l'exposition de Nantes paraissant tous les samedis. 11 septembre 1886, n° 11.

Annexes

  • Gestionnaires et propriétaires de la raffinerie
Date(s) d'enquête : 1989; Date(s) de rédaction : 2005
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Robineau Evelyne
Robineau Evelyne

Chercheur, Service du Patrimoine, Région Pays de la Loire.

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