Dossier d’œuvre architecture IA72001067 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Manoir de la Paysanterie, puis ferme
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Maine 301 - Bonnétable
  • Commune Jauzé
  • Lieu-dit la Paysanterie
  • Cadastre 1835 B 145-152  ; 1994 B 103-107, 110, 111
  • Dénominations
    manoir, ferme
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    manoir, grange, colombier, étable à vaches, étable à chevaux, porcherie, logement, garage, hangar agricole, fenil, entrepôt agricole, cellier, fournil, puits

La composition d'ensemble est celle décrite en 1735, les travaux de la 1ère moitié du XXe siècle, malgré la destruction des étables en L, n'ont globalement modifié ni l'emplacement ni la fonction des bâtiments. Il est donc possible de supposer que la cour était flanquée, aux deux angles sud et de chaque côté du portail, de bâtiments couverts de croupes : il en subsiste le colombier et l'atelier. Cette composition d'ensemble est probablement mise en place dans la seconde moitié du XVIIe siècle par Gédéon Morel, qui réunit en plusieurs étapes les bâtiments partagés depuis un siècle et demi entre différents propriétaires : l'aveu de la Paysanterie qu'il rend en 1682 à la seigneurie de la Valette (Peray) présente un manoir complet.

Néanmoins, le logis est celui décrit dès 1528. Il a sans doute été construit à la limite des XVe et XVIe siècles, peut-être pour Jullien Le Houx, et comportait jusqu'en 1939 un étage en surcroît construit pour partie en pan-de-bois, connu par une photographie et un tableau. La description de 1646 laisse penser que l'élévation principale du logis était avant cette date l'actuelle élévation sur le jardin, sur laquelle s'appuie la tour d'escalier, mais l'examen du bâtiment ne l'a pas confirmé. Des aménagements intérieurs, remaniés notamment dans la première moitié du XXe siècle, ne subsistent que l'escalier en vis et la cheminée de la chambre haute de l'aile en retour. La grande chambre haute du corps principal a pu abriter à la fin du XVIIe siècle un prêche protestant : une tribune en bois élevée, associée par la tradition orale à l'exercice du culte protestant, y est décrite en 1829 et en 1939, date de sa destruction. Or Anne-Marie Morel, femme de Louis d'Espaigne et héritière direct de Gédéon Morel, est attestée comme protestante en 1682 et la pièce, décrite alors comme chambre à cheminée, est ensuite désaffectée : elle n'est plus qu'un grenier en 1735.

La quasi totalité des parties agricoles est citée dès 1528 ou au moins dans la première moitié du XVIIe siècle, mais les élévations sur cour et les baies ont été unifiées entre 1921 et 1933. L'atelier et les écuries correspondent aux étables et pressoir en L décrits en 1528 (les élévations postérieures montrent plusieurs reprises de maçonnerie et deux hypothétiques meurtrières), les porcheries en prolongement sont construites avant 1735, l'écurie couverte en appentis est celle projetée en 1933. Le colombier date de la 2e moitié du XVIIe siècle (avant 1682), la grange, remaniée, conserve une ferme à contrefiches et une sous-faitière datant peut-être du XVIIe siècle. Le fournil attesté avant 1835 est remanié sans doute au milieu du XIXe siècle. Les parties agricoles construites entre 1921 et 1933 sont de conception moderne (étables vastes et aérées, quai de déchargement pour le magasin à engrais), le garage à toit en terrasse est construit après cette date (vers 1939 ?).

La terre et métairie, fief et seigneurie de la Paysanterie, est partagée en 1528 entre les héritiers de Jullien Le Houx. Sont mentionnés la grande maison à étage, la potence d'ycelle maison et bouge à appentis, ainsi qu'une grange, un fournil, des étables avec pressoir, une cour avec puits commun, une cour des latrines et un jardin. La maison avec chambre haute dénommée en 1601 le Celier pourrait correspondre à l'aile en retour du logis. Un escalier en vis est mentionné en 1646. À cette date le logis semble avoir été retourné, il est en effet précisé que le jardin, clos de murs, s'étend devant le logis et non à l'arrière comme dit dans les anciens partaiges. Outre les parties agricoles déjà citées sont mentionnées quatre étables, dont une à bœufs, un bâtiment de plan en L abritant 2 étables et le pressoir et situé derrière les porcheries construites en carrie, et la mare commune. Il est prévu d'adosser au mur-pignon du pressoir une cheminée avec four de 8 pieds carrés permettant de cuire 4 boisseaux de blé, mesure de Bonnétable, et de partager en deux la grange et la batterie qu'elle abrite. En 1660, les bâtiments sont toujours partagés entre différents propriétaires, le fournil et une étable construits en pan-de-bois et couverts de vieux bardeaux sont en ruines.

En 1682, l'ensemble des bâtiments et la seigneurie sont rassemblés entre les mains d'un seul propriétaire, Gédéon Morel, écuyer, sieur de la Montagne. La maison seigneuriale est distribuée en salle, chambre à cheminée, cuisine avec four et laiterie, et trois chambres à l'étage. Aux parties agricoles déjà décrites s'ajoutent un colombier, une charreterie et deux écuries, le jardin s'étend derrière le logis et le pressoir-écuries.

Dès 1735 toutefois, la Paysanterie n'est plus qu'une importante métairie. La cour est à cette date délimitée par les bâtiments couverts de tuiles et de bardeaux. Elle est fermée à l'ouest par un grand portail à portes charretière et piétonne construit entre la grange et le colombier, dont le rez-de-chaussée sert de cellier. Dans le logis sont décrits un évier et une laiterie contre le pignon nord, un four construit en appentis dans le jardin, une annexe voûtée dénommée la prison (utilisée comme office en 1744). L'étage semble partiellement désaffecté : deux chambres hautes à cheminée et cabinets démolis sont comptées, la troisième, au-dessus de la grande chambre basse, n'est plus qu'un grenier. Le bâtiment en L déjà cité abrite les bergeries les écuries, le pressoir désaffecté, puis les porcheries appuyées à l'est contre le mur du jardin. Un second bâtiment de même plan abrite les étables à bœufs et à vaches. Le jardin contient un clos de chanvre. En 1744, l'une des croisées de la chambre haute du logis est à condamner, un logereau en bois avec couverture en paille non arrangée ni liée existe dans la cour. Entre et 1735 et 1835, l'édifice, qui appartient à Louis Marie Auvray, préfet de la Sarthe, semble n'avoir pas subi de grandes transformations.

De 1921 à 1939, les bâtiments sont transformés et l'exploitation modernisée pour Alphonse Dorison, fermier puis propriétaire en 1932, selon les préconisations d'un professeur d'agriculture rencontré en captivité en Allemagne. Les étables en L sont remplacées en 1921 par un nouveau bâtiment de 124 m², contenant de vastes étables doubles, à vaches, la chambre des commis et un fenil. Sont ensuite remaniés en 1932-1933 le premier bâtiment en L (remaniement des porcheries, du pressoir (?), converti en atelier, des écuries avec projet d'extension d'une écurie vers l'ouest), la grange (construction contre l'élévation sur cour d'une étable à veau et d'un magasin à engrais), le fournil (installation de chaudières pour l'alimentation du bétail et construction d'un poulailler) et le colombier (construction d'une étable, d'une remise et d'un garage). Toutes les élévations sur cour sont reprises, un hangar essenté de bois est construit le long de l'allée. En 1939, la restauration du logis marque la fin des travaux : le corps principal est surélevé pour transformer en étage carré l'étage en surcroît connu par deux représentations du 2e quart du XXe siècle, l'élévation antérieure est reconstruite. À cette date il dispose de cheminées dans toutes les pièces et de l'éclairage électrique grâce au générateur installé dans l'atelier. L'approvisionnement en eau des bâtiments comme l'évacuation des purins sont assurés par un réseau de canalisations souterraines. Les couvertures sont en tuiles, la pierre utilisée est extraite sur le domaine (à la Perrière en 1939), le sable provient d'Aulaines, la chaux, les briques et le ciment de Bonnétable.

Les bâtiments ferment les quatre côtés d'une cour quadrangulaire. En fond de cour, le logis est construit en moellons de calcaire sans chaine en pierre de taille, avec toit à demi-croupes couvert de tuiles, sauf un petit campanile et la tour à toit polygonal qui sont couverts d'ardoises. De plan régulier en L, avec tourelle d'escalier dans l'angle, il possède un étage carré (remplaçant pour le corps principal un ancien étage en surcroît dont la charpente est conservée), et une élévation sur cour à travées. Une annexe en appentis s'appuie contre le pignon nord de l'aile sur cour, une seconde est placée contre l'élévation nord de l'aile en retour. Une demi-croisée en pierre de taille aujourd'hui bouchée est visible sur l'élévation sud de l'aile en retour.

Les bâtiments agricoles sont construits en moellons de calcaire, les élévations sur cour, particulièrement homogènes, possèdent des baies à chambranles de briques et en partie basse un enduit en ciment orné d'un décor géométrique gravé. À l'est et en prolongement du logis se trouvent les porcheries, puis l'atelier couvert de croupes dans l'angle sud-est, le cellier avec porte charretière couverte d'un arc surbaissé en briques et les étables à chevaux, la dernière à l'ouest couverte en appentis. Les étables à vaches avec logement des ouvriers et fenil possèdent un comble à surcroît à usage de fenil, l'élévation est à travées, les pignons sont couverts, la couverture en tuiles mécaniques. Le rez-de-chaussée du colombier abrite une étable, l'étage de comble est le colombier proprement dit, il est couvert de croupes et possède deux annexes en appentis (étable et garage). La grange est agrandie côté cour d'un magasin à engrais et d'une étable, le toit à longs pans est couvert partie de tuiles mécaniques (côté cour) et partie de tuiles plates. Le bâtiment porte les inscriptions fait par Imbert 1933 (intérieur de l'étable) et A. IMBERT Maçon à COURCEMONT 1936 (pignon ouest). Les poulaillers et clapiers adossés au pignon est de la grange sont construits en briques, le garage est couvert d'une terrasse en ciment, et près du puits le fournil possède des baies à chambranle en pierre de taille calcaire.

Les bâtiments d'exploitation actuels sont rejetés au nord de la cour, autour d'un hangar agricole construit en bois et couvert de tuiles plates.

  • Murs
    • calcaire
    • torchis
    • brique
    • enduit
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
    • pan de bois
  • Toits
    tuile mécanique, tuile plate, ardoise, ciment en couverture (incertitude)
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    rez-de-chaussée, étage en surcroît, 1 étage carré, comble à surcroît, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans
    • appentis
    • toit polygonal
    • noue
    • croupe
    • demi-croupe
    • pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    ferme de type IV, le logis, ancien manoir, échappe à la typologie des maisons et logis de fermes
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe. 7 M 34. Enquête agricole de 1929. Département de la Sarthe. Monographie d´un domaine agricole de la région médiane du département en terre silico-argileuse, par M. METAIS, professeur d´agriculture. (s.d., vers 1933).

  • Archives départementales de la Sarthe. 3 P 151/8. État des sections du cadastre de Jauzé. 1837.

  • Archives privées La Paysanterie. Aveu du fief de la Paysanterie rendu par Gédeon Morel. 3 janvier 1682.

  • Archives privées La Paysanterie. Aveu du fief de la Paysanterie rendu par Julien Hain. 23 juillet 1601.

  • Archives privées La Paysanterie. Détail des biens sis paroisse de Jauzé appartenant à madame de Verneil. 3 décembre 1735.

  • Archives privées La Paysanterie. Extrait des partages de la terre et métairie, fief et seigneurie de la Paysanterie. 13 novembre 1528.

  • Archives privées La Paysanterie. Lots et partages des biens de Jean et Jacques les Hains. 23 novembre 1646.

  • Archives privées La Paysanterie. Montrée d'un fournil et d'une étable au lieu de la Paysanterie. 30 avril 1660.

  • Archives privées La Paysanterie. Montrée et visite de la métairie de la Paysanterie. 9 et 10 décembre 1744.

Bibliographie

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, suivi d'une biographie et d'une bibliographie. 6 tomes. Le Mans : Monnoyer ; Paris : Bachelier, 1829-1842.

    T. II. p. 553-555.

Documents figurés

  • Plan cadastral révisé en 1933 mis à jour en 1994, section B2 (Direction générale des impôts - cadastre).

  • Enquête agricole de 1929. Département de la Sarthe, plan à l'encre, monographie d´un domaine agricole de la région médiane du département en terre silico-argileuse, manuscrit par Métais, s.d. (vers 1933) (Archives départementales de la Sarthe ; 7 M 34).

  • Photographie ancienne, vers 1923 (Collection particulière ; La Paysanterie à Jauzé).

  • Sans titre, huile sur toile, 50 x 30 cm, s.d.

Annexes

  • Enquête agricole de 1929. Département de la Sarthe
Date(s) d'enquête : 2007; Date(s) de rédaction : 2007
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois