Dossier d’aire d’étude IA44000845 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, patrimoine de la villégiature
La Baule-Escoublac, présentation de la commune
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  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Archives municipales de La Baule-Escoublac

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Patrimoine balnéaire
  • Adresse
    • Commune : La Baule-Escoublac

Vers 1760, Guillaume Charrault, châtelain de Merionnec (proche de Careil), s'inquiète de l'ensevelissement progressif des champs et du village d'Escoublac pourtant situé au sommet de la dune. Il écrit une demande adressée, semble-t-il, au duc d'Aiguillon pour que ce dernier l'autorise à planter les dunes tels les travaux fait au Croisic ou au Cap Breton au début du XVIIIe siècle et ce avant que le village ne soit "inondé par les montagnes ambulantes". Mais aucune réponse ne parvient et le gentilhomme décède avant que le sable n'engloutisse le pauvre village en 1781.

En 1784, l'église est reconstruite sur le coteau de Guérande le long de l'ancienne voie romaine entre Guérande et Saint-Nazaire. Le comte Donatien de Sesmaisons, revenant d'Angleterre après l'exil de la Révolution, reprend en 1813 cette supplique directement aux escoublacais mais essuie un refus. Il s'adresse alors à Louis XVIII qui en 1818 lui octroie la concession des Dunes d'Escoublac d'une contenance d'environ 650 hectares dont il doit, en trente ans, fixer une quinzaine d'hectares pour être déclaré propriétaire de la totalité de la concession. Les escoublacais ne l'entendent pas de cette oreille et freinent autant que possible les plantations du comté. Excédé par tant de réticence pour des travaux qu'il juge de première nécessité car son château de Lesnerac se situe sur l'inexorable trajectoire de la dune mouvante, il revend en 1834 au raffineur de sel Joseph Antoine Benoît (concession Benoit) 20 % de sa concession puis il cède les 80 % restants au comté de Monty de Rezé qui les revend à l'industriel Bonhomme Colin (gendre de l'inventeur de la conserve appertisée). Ce dernier fait faillite et c'est par le biais du tribunal que cette concession échoue en 1845 dans les mains de l'armateur nantais Jacques Yves Berthault (concession Berthault). Les escoublacais sont furieux de se voir subtiliser leurs pâturages pour quelques centimètres de sable. Mais les deux concessionnaires se démènent car les trente ans arrivent à échéance. L'administration reconnaît leur bonne foi et prolonge la concession jusqu'en 1860.

En 1784, l'église est reconstruite sur le coteau de Guérande le long de l'ancienne voie romaine entre Guérande et Saint-Nazaire. Le comte Donatien de Sesmaisons, revenant d'Angleterre après l'exil de la Révolution, reprend en 1813 cette supplique directement aux escoublacais mais essuie un refus. Il s'adresse alors à Louis XVIII qui en 1818 lui octroie la concession des Dunes d'Escoublac d'une contenance d'environ 650 hectares dont il doit, en trente ans, fixer une quinzaine d'hectares pour être déclaré propriétaire de la totalité de la concession. Les escoublacais ne l'entendent pas de cette oreille et freinent autant que possible les plantations du comté. Excédé par tant de réticence pour des travaux qu'il juge de première nécessité car son château de Lesnerac se situe sur l'inexorable trajectoire de la dune mouvante, il revend en 1834 au raffineur de sel Joseph Antoine Benoît (concession Benoit) 20 % de sa concession puis il cède les 80 % restants au comté de Monty de Rezé qui les revend à l'industriel Bonhomme Colin (gendre de l'inventeur de la conserve appertisée). Ce dernier fait faillite et c'est par le biais du tribunal que cette concession échoue en 1845 dans les mains de l'armateur nantais Jacques Yves Berthault (concession Berthault). Les escoublacais sont furieux de se voir subtiliser leurs pâturages pour quelques centimètres de sable. Mais les deux concessionnaires se démènent car les trente ans arrivent à échéance. L'administration reconnaît leur bonne foi et prolonge la concession jusqu'en 1860. Le travail est laborieux dans ces dunes si arides (en 1822, le comte de Frenilly, député du canton, les surnommait "la Libye"). Tous les procédés sont bons pour empêcher que le vent ne soulève le sable.

En 1860, les croisicais demandent au Conseil Général de prolonger la ligne de chemin de fer qui s'arrête à Saint-Nazaire en 1857. Les discussions sont longues pour rejoindre Le Croisic à travers la campagne. Berthault offre alors au Conseil Général le passage de la ligne dans sa concession pour lui éviter les frais d'expropriation. En 1870, la concession de la ligne est accordée et l'ingénieur ordinaire Antoine de la Perrière trace plans et profils. Mais la guerre avec la Prusse interrompt le chantier, puis en 1873, la compagnie fait faillite et tombe dans les mains de Simon Philippart, ressortissant belge, qui souhaite créer une 7e compagnie à travers les lignes secondaires. Mais il fait faillite entraînant avec lui le crédit mobilier des frères Perreire qui dirigent aussi les chantiers navals de Saint-Nazaire. En 1876, Jules-Joseph Hennecart, averti par son ami et agent de change Edouard Darlu, acquiert la compagnie de chemin de fer Saint-Nazaire-Le Croisic et décide de la terminer. Gendre de l'amiral de France, baron de Mackau, ancien ministre de la marine, Hennecart est passionné de voile et en août 1877, en suivant les régates de Saint-Nazaire, il découvre la baie du Pouliguen le long de laquelle court sa voie ferrée. Il est séduit par le site et achète avant la fin des travaux quelques hectares de dunes dans lesquels il choisit de créer pour sa famille et ses proches amis une station balnéaire à l'image d'Arcachon où il villégiature parfois.

Aidé dans cette démarche par Darlu qui l'imite, les deux amis concourent en plus des pins par leurs constructions et leurs voiries à la fixation des dunes. Berthault est ravi et l'administration le déclare propriétaire en 1884. Le premier lotissement grandit au milieu des jeunes pousses de pins, Aulnes, chênes verts, saules, etc. Hennecart, ancien maire de Tournan-en-Brie pendant 20 ans, érige puis vend des villas clés en mains pour ses amis de passage. Son voisin Benoit l'imite en traçant un élégant parc lotissement près du Pouliguen. Puis c'est l'institut Verneuil, organisme philanthropique pour enfants tuberculeux riches, crée en 1896 par André Pavie, avocat parisien, et Hippolyte Pallu, qui dresse sa haute stature au-dessus des cimes de jeunes pins. En 1900, plusieurs propriétaires nantais et parisiens qui se concertent depuis plus de 10 ans, obtiennent une scission de la commune de la Baule avec le quartier de Pornichet les Pins qui jouxte la commune de Saint-Nazaire. Coincé entre plage et voie ferrée, ce quartier est cédé par le Conseil municipal d'Escoublac. Le premier maire de Pornichet est un avocat parisien, Charles Mercier. Il veille sur les quartiers de Sainte-Marguerite, Bonne Source et le Vieux Pornichet qu'il a crée. Enfin, après la Première Guerre mondiale, c'est le lotissement de la Baule-les-Pins qui réalise " la Grande Baule" en joignant la commune de Pornichet à l'est à celle du Pouliguen à l'ouest. Cet ensemble urbanistique est unique en son genre : une plage exposée plein sud, de nombreuses villas enfouies sous l'immense couvert végétal et quelques artères commerçantes sont baignées par "les effluves basalmiques de pins et les senteurs iodées de l'océan" loin des miasmes urbains et des pollutions sonores. Une cité idéale dont rêvait Alphonse Allais.

La commune est contiguë aux communes du Pouliguen à l'ouest, Guérande au nord-ouest, Saint-André-des-Eaux au nord-est et Pornichet à l'est. La forme de la commune de la Baule-Escoublac est carrée avec un étirement vers l'ouest (tombolo de la plage Benoît). Toute sa partie sud sur un kilomètre. De profondeur est sablonneuse et plantée d'un couvert végétal important. C'est la partie balnéaire emplie de villas sous les pins et d'immeubles face mer. Elle forme une longue plage de 5,125 km bordée par l'Océan Atlantique de l'étier du Pouliguen jusqu'à Mazy. La partie Pornichet les pins, sortie de la commune d'Escoublac en 1900 (actuelle commune de Pornichet) prolonge cette plage sur deux kilomètres. La dune principale (forêt d'Escoublac), sous laquelle est enseveli le vieil Escoublac, mesure 56 m de hauteur. La voie ferrée sépare la partie balnéaire (sud) de la dune, du bourg d'Escoublac et de la partie agraire (nord). Le nouveau village d'Escoublac a été implanté sur le coteau de Guérande à 38 m de hauteur. Cette commune a la particularité de posséder sur l'Océan Atlantique une grande plage exposée plein sud, avec une barrière rocheuse (Evens, Pierre percée, Troves) qui brise les fortes lames de l'océan. La plage n'en est que plus sûre pour les enfants d'autant qu'elle est recouverte d'un sable très fin et est dotée d'une pente très douce. L'habitat dit balnéaire se retrouve dans une zone sablonneuse qui draine immédiatement l'eau de pluie sur les parcelles (pas de zone boueuse). La force urbanistique de cette station réside dans la forêt de pins et autres essences qui fixent ces dunes de sable.

La grande originalité de cette station balnéaire consiste a collectionner depuis sa création en 1880 jusqu'à 1960 un éventail complet des styles architecturaux de l'épopée balnéaire française (médiéval, gothique, ottoman, mauresque, art nouveau, art déco, classique, italien, breton (local), basque, provençal, anglo-normand, hollandais, paquebot, colonial, international, californien, espagnol, brièron (local). Au bout de cette recherche stylistique on peut affirmer qu'il n'existe aucun style baulois comme tend à le faire croire, par réflexe identitaire et existentiel, une frange politique locale sans en fournir aucun descriptif, mais bien au contraire une pluralité de styles qui tous évoquent l'évasion vers une vie en plein air. Les lotissements balnéaires sont ainsi répartis d'ouest en est : Benoît, Pavie, Darlu, Hennecart, Dunes, la Baule-les-Pins. Ils comportent tous une aire urbano-balnéaire (immeubles mitoyens d'habitat collectif et voie automobile à double flux) qui, face à la mer, scinde l'aire pavillonnaire balnéaire (villas et forêt) de la plage et des bains de mer. Chacun d'eux (sauf un) comporte aussi un parc jardin public pour les villégiateurs (Benoît : jardin public / Pavie : jardin de l'hôtel Royal à l'origine ouvert au public / Darlu : jardin public prévu de part et d'autre de l'allée des Frégates déplacé face à la poste / Hennecart : jardin des Aulnes / Dunes : non prévu / la Baule-les-Pins : parc des Dryades). Les commerces sont regroupés autour de 3 artères : avenue du Général-de-Gaulle, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny (parties Hennecart et Darlu) et avenue Louis-Lajarrige. Sur ces artères l'habitat collectif et/ou de commerce est mitoyen et en limite de propriété sur rue. L'habitat de villégiature se caractérise par un bâti centre sur une parcelle et entouré d'un jardin planté d'arbres de haute tige.

Date(s) d'enquête : 1990; Date(s) de rédaction : 1999
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général