Dossier d’œuvre architecture IA85003409 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Château fort de Benet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Benet
  • Lieu-dit Bourg
  • Adresse rue du Guerfou , allée du Château , rue du Payré
  • Cadastre 1835 E 794, 795, 797, 800  ; 2023 AI 132, 481, 482, 483, 485, 487, 519, 520
  • Dénominations
    château fort
  • Parties constituantes non étudiées
    tour, courtine, logis, puits

Mentionné pour la première fois au Xe siècle, faisant partie des points d'appui des ducs d'Aquitaine, comtes de Poitiers, le château de Benet, fortifié, joue un rôle stratégique pendant les guerres médiévales et du XVIe siècle. En 1372, en pleine guerre de Cent Ans, Bertrand du Guesclin s'en empare contre les Anglais. En 1574, le duc de Montpensier, chef des troupes royales, fixe là son quartier général pendant douze jours, avant d'aller prendre Fontenay-le-Comte. Il fait pendre devant le château le pasteur du Moulin, le capitaine protestant bigot et plusieurs autres calvinistes. Du 18 au 21 août 1587, Henri de Navarre (futur Henri IV), en route pour La Rochelle, loge au château de Benet.

Détenu par les seigneurs successifs de Benet, qui n'y séjournent cependant jamais, le château apparaît en état d'abandon lorsqu'en 1735, une visite en est faite à la demande de la veuve du seigneur : les bâtiments sont "entièrement en masure, qu'il reste seulement deux tours en mauvais état et qui menacent ruine". Les murs sont "pour les plus grands en partie tombés", seuls subsistent les douves, les entrées et un petit bâtiment dans la cour. Jusqu'à la Révolution, le château est le siège hypothétique de la seigneurie de Benet qui tient ses assises judiciaires et dont dépendent un certain nombre de biens et de prérogatives tels que six fours banaux répartis à Benet, Lesson et Aziré. L'espace au pied du château, au sud, sert de champ de foire.

Saisi comme bien national contre la famille Lusignan-Lezay, le château est vendu aux enchères le 28 vendémiaire an III (19 octobre 1794) et alors racheté par Pierre Bichon (1751-1830), serrurier puis cabaretier, époux de Marie Debreuil. L'ancien château comprend alors des "chambres basses, une petite à côté, un grenier par-dessus, une tour, un jardin, une aire, des douves, un emplacement appelé le champ de foire, une écurie". Cette même année 1794, Henri Prézeau, juge de paix du canton de Maillezais, laisse la description suivante du château de Benet : "On y voyait autrefois une citadelle avec double fort, un donjon avec des pont-levis, trois herses à la porte d'entrée et plusieurs canonnières en pierre de taille tout autour. Il avait sept tours élevées de plus de 150 pieds et bâties sur broches aux extrémités des murs d'enceinte de la forteresse. Au bas de ces murs, des douves sèches de trente pieds de longueur sur vingt-quatre de profondeur. En dehors des douves, des redoutes et des retranchements considérables, avec un épais mur de clôture. Enfin, un souterrain très important avait été pratiqué dans l'enceinte du château."

Démantelé, l'ancien château apparaît sur le plan cadastral de 1835. On y décèle en fait deux périmètres différents, tous deux de forme ovale irrégulière. Le premier noyau (parcelles 795 à 803), en hauteur, est délimité par le mur de courtine encore observé aujourd'hui, au sud, avec ses deux tours et même une troisième à l'est, vestiges des sept tours mentionnées, ainsi que le logis seigneurial dans l'angle sud-ouest. Ce premier périmètre transparaît encore dans le parcellaire actuel, vers le nord et l'est de l'ancien logis ; il est traversé par l'allée du Château. Visible sur le plan de 1835, le second périmètre (parcelles 790 à 793 et 804 à 812) devait constituer la seconde ligne de défense du château, en incluant la basse-cour du château et des douves sèches. Il s'étend au pied des tours et de la courtine sud et englobe, à l'ouest, l'emplacement du puits. L'espace au pied de la courtine est, en ce début du XIXe siècle, utilisé comme champ de foire, et un petit bâtiment abritant un lavoir et un puits est mentionné au sud-est, en contrebas du château, auprès de la rue de la Combe. Le plan de 1835 montre enfin l'existence de maisons à l'ouest et au sud, le long de la rue du Guerfou, tandis qu'il n'en existe encore aucune au nord et à l'est, rue du Payré. Lorsqu'il les dessine en 1846, Octave de Rochebrune montre les ruines du château avec les deux tours encore dotées de leur partie supérieure.

En 1835, l'ancien logis seigneurial ainsi que les tours et l'essentiel du plateau appartiennent à Augustin Lanne (1776-1858), serrurier et cabaretier, époux de Marie Bichon. Il partage le reste de la partie haute de l'ancien château avec les héritiers de son beau-frère, Augustin Bichon (1786-1832), et avec son autre beau-frère, Pierre Petreau, marchand, époux de Marie-Anne Bichon. Tous en ont sans doute hérité de leurs parents et beaux-parents, Pierre Bichon et Marie Debreuil. L'ancien logis seigneurial passe ensuite aux petits-fils d'Augustin Lanne, Louis-Auguste et Eugène Soulisse qui en font reconstruire chacun une partie en 1869-1870 et 1872, tout en conservant certains éléments antérieurs : tours (arasées), mur d'élévation ouest avec sa baie à meneau (sans doute du début du XVIe siècle).

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, 3e quart 19e siècle

Les vestiges du château fort de Benet prennent place sur le coteau ouest du bourg, surplombant la rue principale et la place du Champ-de-foire. Le périmètre est délimité par les rues du Guerfou à l'ouest et au nord, du Payré à l'est et de la Combe au sud. L'allée ou impasse du Château perce ce périmètre par l'ouest. Le sentier qui la prolonge conduit à la rue du Payré, à l'est, empruntant vraisemblablement en partie l'ancien chemin de ronde. Il traverse le noyau même du château, espace de plan ovale irrégulier que délimite au sud un mur de courtine entre deux tours. Au pied du logis, des tours et de la courtine, s'étend ce qui reste probablement des anciennes douves sèches du château. L'ancien logis seigneurial en occupe l'angle sud-ouest. A l'ouest se trouve un puits et trois timbres ou abreuvoirs, sous un abri.

Les deux tours, qui ont été arasées, sont des tours engagées. La tour ouest marque un angle, la tour est devait s'inscrire entre deux murs de courtine, le mur oriental ayant disparu, éboulé et envahi par la végétation (le plan cadastral de 1835 montre l'existence d'une troisième tour, en angle, à l'est). La tour ouest et la partie de courtine qui la jouxte sont construites en pierre de taille, à assises régulières et continues, sauf exception. On retrouve le même type de maçonnerie, plus régulière encore, sur la tour est et sur la partie est de la courtine. La partie centrale de celle-ci, sans doute remontée, est édifiée en moellons équarris. Le sommet de la tour est est percé de deux meurtrières, et supporte une plate-forme, sans doute à l'origine un des étages de la tour, désormais à l'air libre après l'arasement de celle-ci.

L'ancien logis seigneurial, probablement du XVe siècle ou début du XVIe, est situé sur la plate-forme qui domine l'ensemble. Son élévation ouest se confond avec la courtine ouest du château. Construite pour partie en pierre de taille, et vraisemblablement arasée, elle est percée d'une baie à meneau (début du XVIe siècle ?), avec appui mouluré et linteau en accolade. Celui-ci est orné d'un écusson portant des armoiries en deux parties : à gauche, celles de la famille de Maillé, détentrice de la seigneurie de Benet au XVe siècle ; à droite, probablement les armoiries de Jean d'Aumont (1458-1523), marié avec Françoise de Maillé. Le reste du logis semble résulter de la reconstruction opérée dans les années 1860-1870. Le bâtiment est couvert d'un toit avec une seule croupe au sud, souligné par une corniche. Des pilastres marquent les angles, et les encadrements des baies sont saillants. Le mur pignon sud présente en outre une baie en arc en plein cintre, avec appui mouluré, sans doute en remploi.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 211 à 222 et 3477 (voir aussi l'exemplaire en mairie). 1835-1962 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Benet.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 560. 1794-1795 : vente des biens nationaux du canton de Benet.

Bibliographie

  • AILLERY, E., abbé. Chroniques paroissiales, tome 5, 1903-1904.

  • Benet, Lesson, Sainte-Christine, Groupe SCRHIBEs, Savoirs, créations, recherches historiques et informations sur Benet et ses environs, 2013, Fontenay-le-Comte : Lussaud, 2013, 308 p.

    p. 88-91
  • BROCHET, Louis. Maillezais, son histoire, son passé. tome II, 1900.

  • ROBUCHON, Jules. Paysages et monuments du Poitou, tome X. Paris, 1892.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Benet, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 20).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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