Dossier d’œuvre architecture IA85003400 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Eglise paroissiale Sainte-Eulalie de Benet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Benet
  • Lieu-dit Bourg
  • Adresse rue de la Combe , rue du Temple
  • Cadastre 1835 E 710  ; 2023 AE 2
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Parties constituantes non étudiées
    clocher

Chef-d'oeuvre de l'art roman puis gothique poitevin, mis à mal par les guerres

Le prieuré de Benet, bénédictin, est attesté entre 1006 et 1120 puis à plusieurs reprises durant le Moyen Age. Un acte de 1106 environ cite Pierre, prieur de Benet, et Isembert, son suffragant. L'église elle-même est mentionnée pour la première fois en 1088 lorsque deux frères, Pierre et Etienne en font donation de la moitié, avec le fief presbytéral, à l'abbaye Saint-Jean de Montierneuf de Poitiers. Par une charte de 1123, le pape Calixte II confirme l'église comme une dépendance de cette abbaye. L'église devait être entourée par le cimetière comme le laisse penser la mise au jour, à l'occasion de travaux en 1861 (voir plus loin), de tombeaux d'époque médiévale (mérovingienne ou carolingienne ?), au nord, place du Croissant et dans l'enceinte de l'école Sainte-Mathilde. L'église est probablement reconstruite en ce 12e siècle, dans le style roman qu'a conservé sa façade occidentale. Celle-ci a sans doute été édifiée en deux temps : la partie inférieure vers 1120-1130, la partie supérieure vers 1150-1160.

Si cette façade a été conservée lors de la reconstruction du reste de l'église au 15e siècle, en gardant sans doute aussi la répartition entre une nef et deux bas-côtés, la réalisation des voûtes a nécessité, pour les soutenir, d'accoler deux contreforts massifs contre la façade occidentale, ainsi en partie masquée. Il semble par ailleurs que l'église n'aurait possédé à l'origine qu'un choeur à un seul vaisseau, les bas-côtés ayant été rallongés vers l'est dans un second temps. C'est ce qui expliquerait notamment la présence de deux anciens contreforts, en angle à 45 degrés, désormais intégrés dans le mur du chevet de part et d'autre de la baie d'axe, ou encore la présence d'une baie murée au-dessus de l'arcade sud de la travée orientale du choeur.

Les guerres de Religion n'épargnent pas Benet et son église. En 1601, comme le constate Jean Collart, vicaire général de l'évêché de Maillezais, "il y a trente trois ou trente quatre ans que l'église est ruinée et qu'il ne reste que les quatre murailles (...). Ladite église est remplie de démolitions et de ruines pleines d'arbres et d'ordures. Elle n'a que le quart d'icelle couvert". Le 6 mai 1674, visitant la paroisse, l'évêque de La Rochelle indique que "l'église ne contient que la troisième partie de l'ancienne, le surplus étant entièrement ruiné à l'exception des murs qui sont encore debout et qui font voir qu'elle était autrefois très magnifique. Ce qui reste de ladite église est pavé de pierre de taille et voûté environ la moitié, le reste étant tombé par terre". De la nef et des bas-côtés, derrière la façade occidentale, il ne resterait donc à cette époque qu'une partie, vraisemblablement le bas-côté sud et une partie de la nef. Des voûtes en pierre, n'auraient été conservées que celles des deux premières travées orientales du bas-côté sud et celle de la travée sous clocher.

Le 11 novembre 1696, au cours d'une nouvelle visite épiscopale, on constate que "une partie [de l'église a] été refaite à neuf depuis quelques années". A cette époque, l'église retrouve probablement l'entièreté de sa nef et surtout son bas-côté nord, qu'on se contente toutefois de séparer par de simples colonnes, remplaçant les anciennes piles gothiques. De même, les voûtes de la nef, du bas-côté nord et de l'essentiel du bas-côté sud ne sont pas relevées. Le 2 octobre 1699, après une visite de l'église par experts le 18 novembre 1698, les paroissiens présentent une requête à l'évêque pour la restauration de leur église. Le 8 septembre 1700, l'évêque vient constater que "le corps de l'église [est] dans un très mauvais état, y ayant une grande brèche". Les travaux se poursuivent dans les années qui suivent puisqu'en 1714, l'évêque indique désormais que "le corps de l'église est en bon état, elle est belle et grande". Cette même année 1714, un certain F. Bounaud inscrit ceci dans la tour d'escalier du clocher, près du sommet : "F BOUNAUD 1714 / A COMMANCE A LER...".

Sous la Révolution, l'église sert de temple de la Raison puis de manufacture de salpêtre. Malgré quelques réparations réalisées en 1803 puis 1818, notamment sur la charpente, l'église de Benet apparaît en mauvais état au début du XIXe siècle. En 1823, le curé se plaint de l'insuffisance du mobilier et de l'extrême pauvreté de l'église. En 1827, il réclame des travaux urgents, notamment le remplacement d'un plafond à lattes par un tillis. Sur le plan cadastral de 1835, on observe que la sacristie est plus petite qu'elle ne l'est aujourd'hui, se limitant à sa partie orientale actuelle. Elle est agrandie en 1850 : suivant les plans de l'architecte fontenaisien Auguste Garnereau, on l'étend vers l'ouest, au pied de la tour d'escalier du clocher.

La reconstruction des voûtes : première phase (vers 1853)

En ce milieu du XIXe siècle, l'attention se porte surtout sur le toit, la charpente et le voûtement de l'église. Le 8 juillet 1849, le conseil de fabrique expose le mauvais état de la toiture ; une poutre s'est effondrée, écrasant des bancs, et la pluie tombe dans l'église. Un plan du 22 février 1851, par Garnereau, montre l'église dans son état d'alors : la nef et les bas-côtés comptant chacun sept travées ; le choeur et les chapelles latérales, avec leurs autels, dans la première travée orientale, la seconde travée étant divisée en deux par un emmarchement qui sépare le choeur de la nef ; une suite de six colonnes séparant la nef du bas-côté nord (colonnes édifiées à la fin du XVIIe siècle), et une suite de six piliers (gothiques) formés de colonnes en faisceaux, entre la nef et la bas-côté sud. L'église n'est toujours pas voûtée (sauf les deux travées orientales du bas-côté sud), seulement en partie couverte d'un tillis.

Missionné par le préfet dès le 23 février 1850, l'architecte fontenaisien Jean-Firmin Lévêque remet son projet le 3 mai. Il propose de reconstruire la totalité de la charpente, mais le conseil municipal tergiverse, une partie des conseillers démissionne, et le projet de Lévêque est rejeté. Le 22 décembre, la commune confie à Garnereau le soin d'élaborer un autre projet, avec cette fois construction d'un tillis en bois là où il n'existe pas déjà. Le 22 janvier 1851, Garnereau rend ses conclusions : mauvais état et défaut de conception de la charpente, mauvais état des tuiles, présence d'un tillis au-dessus des trois premières travées orientales à partir du choeur mais pas sur la 4e ni sur les bas-côtés.

De nouveau, le conseil municipal hésite, faute de moyens financiers suffisants tant de la part de la commune de Benet que de celle de Lesson qui doit contribuer pour 1/7e au financement. Les budgets des deux communes sont en effet en grande partie entamés par les frais du procès qu'elles viennent de perdre contre les héritiers Lusignan au sujet de la propriété des marais communaux. La commune de Benet préfère donc un simple remaniement de la charpente et de la toiture. L'affaire s'éternise encore jusqu'en 1853, malgré les protestations du curé et du conseil de fabrique. En juillet 1853, deux tentatives d'adjudication de la reconstruction de la charpente échouent, le prix du bois de charpente ne cessant d'augmenter. Un marché de gré à gré est alors passé avec Molé, entrepreneur à Fontenay, sous la conduite de Garnereau. L'essentiel de la charpente actuelle remonte probablement à cette campagne de travaux.

Finalement, le conseil de fabrique, aidé par un don, se substitue à la commune pour engager, entre 1853 et 1857, la reconstruction des voûtes des trois premières travées orientales du choeur et du bas-côté nord. Ces voûtes sont reconstruites en briques. Avec les voûtes en pierre des deux travées orientales du bas-côté sud et de la travée sous clocher, toute l'église est désormais voûtée sur ses trois premières travées orientales. Les trois colonnes nord sont par ailleurs enveloppées d'un faisceaux de colonnes, sauf dans leur partie supérieure, cylindrique, entre les voûtes et la charpente où leur caractère cylindrique demeure. L'emmarchement séparant le choeur de la nef est déporté de manière à englober la totalité de la deuxième travée orientale dans le choeur.

Le 19 avril 1857, le conseil de fabrique, présidé par Emmanuel Saint-Martin, fait état de cette opération réalisée "à la grande approbation de tout visiteur et amateurs d'archéologie". Il déplore toutefois le fait que le reste de l'église soit toujours couvert d'un simple tillis et ne soit pas voûté, et qu'il est donc voué aux intempéries. Il appelle la commune à ne pas laisser se dégrader "un des plus beaux monuments de la Vendée", "remarquable par son architecture et sa grandeur", et dont la commune "doit être fière".

La reconstruction des voûtes : seconde phase (1859-1862)

En 1859, un nouveau projet est confié à l'architecte Jules Mandin, alors actif à Tours. Dans les plans, devis et mémoire présentés le 1er mai, il propose de poursuivre le voûtement de l'église sur les quatre travées orientales qui n'ont pas été voûtées lors de la précédente campagne. Parmi les piliers et colonnes qui soutiennent ces quatre travées, les trois premières colonnes occidentales entre la nef et le bas-côté nord seront renforcées et enveloppées à leur tout d'un faisceau de colonnes, comme l'ont été les colonnes orientales lors de la précédente campagne. Seule leur partie supérieure, cylindrique, entre les voûtes et la charpente, sera là aussi conservée. Les nouvelles voûtes seraient construites en pierre de taille provenant de Châtellerault, "légère et facile à travailler". Leur reconstruction concernerait 9 arcs doubleaux, 4 grands arcs formerets et 16 petits, 24 arcs diagonaux, 12 voûtes, etc. Mandin prévoit aussi de rouvrir la baie d'axe du choeur ainsi que deux baies murées dans le mur gouttereau nord (3e et 5e travée) et une autre dans le mur gouttereau sud (1ère travée). Il s'agira enfin de déblayer les abords de l'église dont l'encaissement favorise l'humidité, et d'adoucir la pente du sol intérieur, dallé.

Le projet, d'un montant total de 56000 francs francs, est rejeté par le conseil municipal du 7 août 1859. Les débats ont pour objet non seulement la nature des travaux eux-mêmes, mais aussi la contribution financière de la commune de Lesson. Dans le même temps, l'église continue de se dégrader, surtout à l'occasion d'une tempête fin 1859 : verrières endommagées, gouttières et infiltrations sont déplorées.

L'architecte départemental Victor Clair est alors missionné pour donner son avis sur la situation et sur le projet Mandin à deux commissions consultatives constituées par la commune et la fabrique. Suivant son rapport rendu le 8 octobre 1859, le projet Mandin est modifié à la marge, notamment en remplaçant le voûtement en pierre de taille par un voûtement en brique, plus léger et surtout moins coûteux. Il est aussi préconisé d'intervenir le moins possible sur la façade occidentale. Au final, le coût du projet est ramené de 56000 à 36000 francs. Le 5 novembre, Jules Mandin adresse un rapport à la commune pour protester contre une partie des modifications préconisées par Victor Clair : il dénonce en particulier le système d'enveloppe finalement retenu pour les anciennes colonnes, et s'érige "au pont de vue de l'archéologie contre la substitution de la brique à la pierre" pour les voûtes.

Le projet Mandin modifié suivant les instructions de Victor Clair, est bel et bien approuvé en conseil municipal le 25 août 1860. Les travaux sont adjugés le 27 janvier 1861 à Antoine Fusil, entrepreneur à Tours (que l'architecte Mandin, désormais en poste à Périgueux, a dû connaître lorsqu'il était actif à Tours), et à François Montigny, entrepreneur et sculpteur à Fontenay-le-Comte. En avril 1861, on dégage les abords de l'église, engoncés dans des déblais qui entretiennent l'humidité et les infiltrations. Les terres retirées sont étalées sur le nouveau champ de foire, au nord-est du bourg. On constate alors que la reprise totale du mur nord, sur 4 mètres de haut, s'avère urgente et nécessaire. On utilise alors de la pierre des carrières de Benet, alors que pour la partie inférieure des autres murs et contreforts, la pierre utilisée provient de Saint-Pompain. La pierre de Benet sert aussi aux piliers, aux nervures des voûtes, aux arcs doubleaux et formerets, et aux tympans des arcs formerets. En ce même printemps 1861, les voûtes du bas-côté sont montées et les colonnes ou piliers cylindriques entre la nef et le bas-côté nord sont en partie démolis. On décide alors de renforcer les étais côté nord, et de relier les trois voûtements de la nef et des bas-côtés par un chaînage supplémentaire, pour renforcer le tout.

En août 1861, l'essentiel des travaux est terminé et le sous-préfet de Fontenay-le-Comte vient visiter le chantier. Il reste alors notamment à finir les baies, dont la grande baie d'axe du choeur, ainsi que les ravalements des murs, les sculptures et le dallage du sol. Le 12 décembre, jour de la fête patronale de la paroisse, a lieu la réception provisoire du chantier. Les travaux ne sont pourtant pas tout à fait terminés : dans le bas-côté sud, trois baies se sont effondrées, et le maire demande à l'entrepreneur Fusil de rappeler ses ouvriers. Alors que l'enveloppe budgétaire est épuisée, il reste à reconstruire le beffroi, totalement délabré, à restaurer la façade occidentale, qui se dégrade, à rouvrir les baies du choeur et des chapelles latérales, etc. L'architecte Mandin présente un décompte définitif des travaux le 12 février 1862, document relié dans lequel il fournit une description des travaux et des plans détaillés. On aura dépensé au total 45282 francs.

D'autres interventions à la fin du XIXe siècle et au début du XXe

Parmi les travaux effectués par la suite, on relève la réfection complète du sol, jusqu'ici en pierres calcaires, une réfection motivée par d'importants problèmes d'humidité. Dès le 1er mai 1882, un devis est présenté par Jean-Baptiste Morteau, entrepreneur à Luçon, pour la pose de carreaux de ciment pressé, sous les bancs et dans les allées, avec une rosace en avant de la grande porte ouest. Le 2 juillet, Amédée Girard, ingénieur à Cholet, reprend l'idée d'un carrelage en petits carreaux de ciment pressé, de couleur grise sous les bancs, blanche dans les allées avec un encadrement de bordures noires. Il est aussi prévu de remettre à niveau le sol de l'église, incliné. Ce projet fait débat et l'on fait appelé à l'expertise de Jules Mandin, qui est intervenu vingt ans plus tôt sur les voûtes. Le 26 juin, il dénonce contre le projet de mise à niveau du sol, dommageable selon lui pour ce qui concerne l'humidité et les fondations. Girard présente un nouveau devis, le 11 juillet 1883, d'un montant de 3565,75 francs. Les travaux sont adjugés le lendemain à Edouard-Jean Charrier, entrepreneur à Benet.

Or, dans les semaines qui suivent, et alors que l'ancien dallage a déjà été retiré, les autorités paroissiales et municipales changent d'option : on s'en remet à l'avis de Jules Mandin qui, jugeant les carreaux de ciment envisagés par Girard trop peu résistants, leur préfère un dallage en ciment de Portland, selon un procédé récemment mis en oeuvre à la cathédrale de Périgueux où Mandin officie. Le 26 août, le président du conseil de fabrique en informe le fournisseur de carreaux, M. Larmanjat, de Tours, et le 5 septembre, il charge Mandin de la conduite des travaux. On consulte aussi A. Sappey, entrepreneur à Paris, spécialiste en dallages de ciment. Le 14 septembre, Mandin présente de nouveaux plan et devis pour le dallage en béton, suivis d'un rapport le 7 novembre. Il obtient par ailleurs de refaire l'emmarchement montant au choeur et aux chapelles latérales, en granite provenant de Bécon-les-Granits (Maine-et-Loire) plutôt qu'en marbre, trop coûteux. Les marches sont fournies par M. Desjeux-Vedie, entrepreneur à Tours, acheminées et posées par M. Boutré, entrepreneur à Angers. Ces travaux sont en cours à la fin octobre.

En 1887, on refait la charpente de la sacristie dans laquelle une cloison vient par ailleurs séparer l'ancienne partie de celle édifiée en 1850. En 1899 encore, le conseil de fabrique attire l'attention de la municipalité et du préfet sur le mauvais état de contreforts et du mur pignon de la façade occidentale, du mur de chevet et, à l'intérieur, des voûtes du choeur et du bas-côté nord, en relevant la chute de morceaux de celles-ci. Le 22 avril, le conseil de fabrique précise son intention : "Il s'agit de préserver de la ruine un monument communal qui mériterait les honneurs du classement parmi les Monuments historiques". Ce voeu ne sera exaucé qu'en 1913. En cette fin du XIXe siècle et début du XXe, l'attention se porte aussi sur le mobilier (vitraux, chaire, bancs...), sujet là encore de polémiques avec la municipalité. L'électricité est installée dans l'église en 1928 grâce à des dons de familles de la paroisse. Entre octobre 1933 et avril 1934, on restaure trois voûtes de la nef et trois voûtes du bas-côté nord, ainsi que le mur pignon du chevet.

L'église se trouve au coeur du bourg, dans sa partie sud et au pied du coteau est. Elle est précédée d'une petite place et est environnée de rues et ruelles qui permettent d'en faire le tour complet. Un passage a cependant dû être percé dans le contrefort nord-ouest, qui frôle le bâtiment voisin, pour assurer cette continuité.

L'église comprend une façade occidentale formant pignon découvert (la toiture, à l'arrière, devait toutefois être plus haute à l'origine), une nef et deux bas-côtés réunis sous un même toit à longs pans, et qui se terminent par un mur de chevet droit, formant également un pignon découvert. La façade occidentale, d'époque romane, est flanquée d'un portail massif, du XVe siècle, formé d'un auvent voûté d'ogives, réunissant deux contreforts. Ce portail masque partiellement la structure et le décor de la façade romane primitive. Celle-ci se compose de trois niveaux, séparés par des corniches à modillons. Elle était par ailleurs organisée verticalement en trois parties par des colonnes doubles, désormais en grande partie masquées par les contreforts, ces trois parties répondant à l'organisation intérieure de l'église en une nef et deux bas-côtés. Des piles constituées de trois colonnes engagées encadrent le premier et le deuxième niveau. Les deux premiers niveaux sont composés chacun d'un arc central et de deux arcs latéraux, tous en arc en plein cintre et aveugles, à l'exception des baies centrales. Les arcs du premier niveau sont à une seule voussure, ceux du deuxième niveau possèdent deux voussures, retombant sur des colonnes engagées. L'arc central du premier niveau est en partie muré. Sous la dernière voussure du portail roman primitif, a été percé au 15e siècle un portail gothique, à quatre voussures et arc en accolade. Le troisième et dernier niveau de la façade, formant fronton, présente une baie centrale en arc en plein cintre, à une seule voussure et colonnes engagées.

Les murs des bas-côtés sont soutenus par des contreforts plats qui délimitent sept travées de part et d'autre. D'autres contreforts marquent les angles de l'édifice. Tous sont réunis par un bandeau qui court de chaque côté de l'édifice. Les murs nord et sud sont percés de baies en arc brisé et à réseau, à deux lancettes sauf pour la deuxième et la quatrième baie du mur sud et la première du mur nord, à une seule lancette. Le mur sud présente en outre un portail en arc brisé (XVe siècle), à trois voussures, la voussure supérieure retombant sur des chapiteaux. Le mur de chevet présente trois baies à réseau, éclairant le choeur et les chapelles latérales qui prolongent la nef et les bas-côtés. La baie d'axe, en plein cintre, et la baie nord, en arc brisé comme la baie sud, sont plus larges que cette dernière qui a été murée.

La tour de clocher s'élève au-dessus du bas-côté sud et de sa cinquième travée. Couverte d'un toit en pavillon que souligne une corniche, elle est flanquée d'un contrefort et surtout d'une tour d'escalier carrée (abritant un escalier en vis), coiffée d'une flèche en pierre. La sacristie est adossée contre le clocher, en appentis. Le niveau supérieur du clocher, délimité par un bandeau, est percé, sur ses quatre côtés, de deux baies en arc en accolade, à deux voussures retombant sur des colonnettes engagées, sous un larmier en accolade. Les angles sont également marqués par des colonnettes engagées. Une baie en arc brisé et à réseau, à deux lancettes, est percée à la base de la tour du clocher.

On pénètre à l'intérieur par les portes ouest et sud, munies de tambours. On retrouve la composition en une nef et deux bas-côtés, prolongés par le choeur, les chapelles latérales et le mur de chevet plat, composition que suggère la structure de la façade occidentale. Un emmarchement sépare le choeur et les chapelles d'un côté, la nef et les bas-côtés de l'autre. L'ensemble est voûté d'ogives, légèrement plus élevées pour la nef que pour les bas-côtés. Les voûtes des deux premières travées orientales du bas-côté sud ainsi que celle de la travée sous clocher sont en pierre (derniers vestiges des voûtes gothiques ?). Les voûtes des trois premières travées orientales du choeur, de la nef et du bas-côté nord (réalisées après 1853) sont en briques masquées par un enduit nu. Les voûtes des quatre travées occidentales (réalisées en 1861) sont en briques sous un enduit peint en faux appareil. Toutes les voûtes retombent sur des piliers cantonnés de colonnes en faisceaux. Au-dessus, le toit est supporté par une charpente en bois. Côté sud, elle repose sur les murs gouttereaux et de refend. Côté nord, elle est soutenue par les colonnes qui prolongent les piliers séparant la nef et le bas-côté nord.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier en vis sans jour
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • animal fantastique, tête humaine, tête de femme, ornement végétal, cheval, sanglier, scène de chasse, lion, oiseau, griffon, ancien testament, Adam, Eve, ange, Evangéliste, saint, nativité, Vierge à l'Enfant, chien, loup, Présentation au Temple, armoiries, saint Hubert
  • Précision représentations

    Le décor sculpté de l'église se concentre, pour l'essentiel, sur sa façade occidentale, romane (12e siècle) pour l'essentiel (voir en annexe 1). On relève toutefois d'autres éléments ailleurs sur l'édifice, d'époque gothique (15e siècle). Une statue décapitée apparaît au sommet de la flèche de la tour d'escalier du clocher, et deux sculptures à sa base (combats d'animaux ou de monstres), proches des deux qu'on observe sur le contrefort d'angle sud-ouest. Des motifs gothiques (choux frisés) ornent les larmiers au-dessus des baies du clocher, ainsi que les pinacles qui surmontent les contreforts d'angles.

    A l'intérieur de l'église, le décor sculpté (2e moitié du 19e siècle) se limite aux chapiteaux des colonnes sur lesquelles retombent les voûtes de la nef, en particulier à la pile nord-ouest. Le thème principal en est la chasse (un loup poursuivi par des chiens, une chasse au sanglier...) mais aussi l'apparition du Christ, sous la forme d'un cerf, à saint Hubert, agenouillé devant lui. Les clés de voûtes présentent toutes un décor sculpté, la plupart à motif végétal. Celles de la voûte de la nef sont ainsi ornées, d'ouest en est :

    - des armoiries entourées d'une guirlande de roses, présentant une croix et deux lettres A entrelacées ;

    - des armoiries (un agneau et une balance) couronnées, dans un cuir découpé, surmontées d'une crosse et d'une mitre, au-dessus d'un phylactère portant l'inscription "JUSTITIA ET PAX" (armoiries de Mgr Charles-Théodore Cotet, évêque de Luçon de 1861 à 1874).

    - des armoiries (un évêque agenouillé, surmonté de trois étoiles), surmontées d'une crosse et d'une mitre, au-dessus d'un phylactère portant l'inscription "MISERICORDIA ET VERITAS", avec une médaille de la Légion d'honneur (probables armoiries de Mgr François-Augustin Delamare, évêque de Luçon de 1856 à 1861, officier de la Légion d'honneur)

    - des armoiries (trois brochets nageant l'un sur l'autre) entourées de feuillage (armoiries du chapitre de Luçon).

  • Mesures
    • l : 55 mètres
    • la : 19 mètres
  • Précision dimensions

    Dimensions intérieures.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    classé MH, 1913/05/19
  • Précisions sur la protection

    Classé Monument historique par décret du 19 mai 1913.

  • Référence Patriarche
    PA00110039

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 4 G 1. 1601, 3 septembre : visite de la paroisse de Benet par Jehan Collart, vicaire général de l'évêché de Maillezais.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 J 2354. Restauration de l'église paroissiale de Benet, décompte définitif des travaux, par Jules Théophile Mandin, architecte à Périgueux, 12 février 1862, 83 p.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Num 47/215. 1077-1799 : actes concernant Benet relevés dans le Fichier historique du diocèse de Luçon.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 103. 1813-1896 : gestion et travaux aux édifices du culte de Benet (église, presbytère, cimetière et temple protestant).

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 519. Déclarations des biens ecclésiastiques du district de Fontenay-le-Comte.

  • Archives départementales de la Vienne ; Carton 7. 1088 : donation à l'abbaye Saint-Jean de Montierneuf de Poitiers, par Pierre et Etienne de Niort de la moitié de l'église de Benet ; 1106 : donation par Joselin de Lézai de ce qu'il possède dans la châtellenie de Benet.

  • Archives municipales de Benet ; 2 M 1. 1859-1862 : restauration de l'église de Benet.

  • Archives paroissiales de Benet ; Paroisse de Benet, carton 24, dossier 1. 1846-1866 : travaux à l'église de Benet.

  • Archives paroissiales de Benet ; Paroisse de Benet, carton 24, dossier 1. 1875-1889 : travaux à l'église de Benet.

  • Archives paroissiales de Benet ; Paroisse de Benet, carton 24, dossier 3. 1890-1950 : travaux à l'église de Benet.

  • Archives paroissiales de Benet. 1812-1913 : registres des délibérations du conseil de fabrique paroissiale de Benet.

  • Archives paroissiales de Benet. 1867-1996 : Chronique paroissiale de la paroisse de Benet.

Bibliographie

  • AILLERY, E., abbé. Chroniques paroissiales, tome 5, 1903-1904.

    p. 178
  • Benet, Lesson, Sainte-Christine, Groupe SCRHIBEs, Savoirs, créations, recherches historiques et informations sur Benet et ses environs, 2013, Fontenay-le-Comte : Lussaud, 2013, 308 p.

    p. 79
  • BLOMME, Yves. Poitou gothique. Paris : Picard, 1993.

    p. 64
  • CAMUS, Marie-Thérèse, CARPENTIER, Elisabeth, AMELOT, Jean-François. Sculpture romane du Poitou, le temps des chefs d'oeuvre. Paris : Editions Picard, 2009, 620 p.

  • CAMUS, Marie-Thérèse. Le regroupement de sculptures dans l'aire artistique du Poitou au XIIe siècle, l'exemple de l'atelier de la façade de Benet (Vendée), Architecture, décor, organisation de l'espace. Lyon : Editions Maison de l'Orient et de la Méditerranée, 2013.

    p. 215-221
  • DECRON, Benoît. L'église Sainte-Eulalie de Benet. Langres : Editions Guéniot, 1992, 80 p.

  • DILLANGE, Michel. Vendée romane. Bas-Poitou roman. La-Pierre-qui-Vire : Zodiaque, 1976.

    p. 249-251
  • EYGUN, François. Art des pays d'Ouest. Paris : Arthaud, 1965.

    p. 136, 155
  • PROVOST, M. et alii. La Vendée 85, carte archéologique de la Gaule, 1996, 246 p.

    p. 71
  • ROBUCHON, Jules. Paysages et monuments du Poitou, tome X. Paris, 1892.

Documents figurés

  • L'église de Benet, dessin par Freeman, d'après Octave de Rochebrune, vers 1850. (Archives départementales de la Vendée ; 1 Fi 1156).

  • Plan cadastral de Benet, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 20).

Annexes

  • Le décor sculpté de la façade occidentale de l'église Sainte-Eulalie de Benet.
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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