La paroisse du Christ-Sauveur est fondée en 1955, pour répondre au développement démographique du secteur Vauguyon. Une chapelle provisoire en bois de 250 places, est érigée cette même année. Des salles de catéchisme préfabriquées suivant le procédé dit "Skalja" et un presbytère sont également construits, respectivement en 1958 et 1960.

Un terrain attenant à ces locaux est acheté en 1962 pour construire une église pérenne. Le projet est confié à l'architecte des Monuments historiques de l'Orne et de la Sarthe Louis-Jean Lagrange, aussi auteur d'un ensemble d'immeubles voisin rue de Ruaudin et de l'église Saint-Liboire du Mans. Le curé de la paroisse, Jean Benoît, donne à l'architecte des orientations précises : l'église doit être "centrée autour de la table de la Famille" et présenter "une convergence vers l'autel". Un plafond financier de 800 000 francs est également établi par le diocèse, calqué sur le coût de l'église Saint-Aldric dans le nord du Mans.

Le projet proposé par Lagrange, une église en forme de "coquille Saint-Jacques" tout en béton armé, est accepté par l'abbé mais dépasse ce plafond d'environ 40%. Il fait appel à un cabinet parisien de conseil en ingénierie du béton, Peinard-Considère, afin d'optimiser les coûts en matériaux sans porter atteinte à l'intégrité du projet architectural. Leurs calculs permettent la réduction souhaitée. Le budget sera néanmoins dépassé à terme de 100 000 francs. Une souscription publique et des manifestations associatives sont organisées afin de financer la construction dès 1963. Un important concours financier est aussi apporté par l'évêché allemand de Paderborn.

Le piquetage du chantier est opéré le 19 mars 1964. Les travaux durent un an. Le cabinet Peinard-Considère s'implique dans l'actualisation de ses calculs tout au long de la construction. L'église est ainsi le fruit du travail conjoint de l'architecte et des ingénieurs.

L'édifice est consacré le 27 juin 1965, en présence des prélats locaux et allemands.

Le Christ-Sauveur répond aux considérations du concile Vatican II (1962-1965). Il s'agit de fonder un "retour à l'Église primitive", notamment par l'aspect du baptistère évoquant les fonds baptismaux. L'accent est aussi mis sur la participation au culte de l'assemblée, dans la droite ligne de la constitution liturgique Sacrosanctum concilium de 1963 à travers la nef "en amphithéâtre". Il faut également créer un dialogue entre la tradition et la modernité de l'Église. Ici, ceci est marqué par l'emploi de matériaux permettant des techniques novatrices, comme le béton armé, ou les vitraux de polyester de Guy Soleille, dont l'entreprise se définissait comme créatrice des "vitraux de l'an 2000".

L'ancienne chapelle de bois et les locaux annexes sont détruits en 1980 pour faire place à l'ensemble HLM dit "Vert village du Vauguyon". Un parvis ainsi qu'un nouveau presbytère sont aménagés à cette occasion.