Dossier d’œuvre architecture IA72058867 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maladrerie (?) dite commanderie de La Roche, puis fabrique de résine, actuellement maisons, 43, 43 bis, 45 Grande-Rue
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Montfort-le-Gesnois
  • Adresse 43, 43 bis, 45 Grande-Rue
  • Cadastre 1836 C1 166-167  ; 2019 206 AC 48, 203
  • Précisions anciennement commune de Montfort-le-Rotrou
  • Dénominations
    maladrerie
  • Appellations
    commanderie de La Roche
  • Destinations
    usine, maison
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, portail, puits, tunnel, mur de clôture

Cet ensemble, encore très largement énigmatique, pourrait vraisemblablement correspondre à l'ancienne maladrerie de Montfort-le-Rotrou. La tradition qui en fait une commanderie templière semble erronnée, aucun document d'archives n'y faisant référence. En réalité, rattaché momentanément à l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem entre 1672 et 1699, l'établissement aurait porté le nom de "commanderie", comme toutes les maisons de cet ordre. Les archives ne sont pas claires sur l'histoire, voire même l'existence de la maladrerie de Montfort, notamment par une confusion permanente avec l'aumônerie de Pont-de-Gennes. Elle serait néanmoins mentionnée en 1235 sous le nom de "maison-Dieu", puis dans un aveu de 1406 rendu par le seigneur de Montfort au comte du Maine, et aurait par la suite fusionné avec l'aumônerie de Pont-de-Gennes pour finalement disparaître. Deux documents de 1544 semblent encore différencier la maladrerie de Montfort et l'aumônerie de Pont-de-Gennes, avant qu'il ne soit plus fait mention que d'un seul établissement. Au début du XIXe siècle, Pesche et Cauvin évoquent cette ancienne maladrerie, et en 1863, le curé Carlet y mentionne une chapelle avec "deux constructions formant, l'une une nef, l'autre une espèce de transept" et un autel détruit en 1802.

A la veille de la Révolution, les bâtiments de La Roche appartiennent aux seigneurs de Montfort, et relèvent de la seigneurie des Piliers à Pont-de-Gennes, qui est en réalité un arrière-fief du marquisat de Montfort. Ainsi, dans un aveu de 1789, M. de Murat, marquis de Montfort, déclare tenir la maison de La Roche de son propre vassal, François de Mauduison, seigneur des Piliers : "scituée en proximité de la ville de Montfort paroisse du même nom, composée de deux chambres basses à cheminées cave dessous, deux chambres hautes, une écurie au bout, cour au-devant qui sert présentement de jardin [...] dans lequel est un puits" (on notera qu'aucune chapelle n'est mentionnée). Dans le même document, il se déclare nouvellement acquéreur de plusieurs maisons autour de La Roche, pour lesquelles il nourrissait peut-être un projet tel que l'agrandissement du parc ou des communs du château.

Au début du XIXe siècle, les bâtiments comprennent uniquement le corps perpendiculaire à la rue, selon le cadastre napoléonien de 1836. Ce corps, remanié par la suite, pourrait remonter au XVIe siècle comme l'indiquent les ouvertures chanfreinées et un vestige de pignon découvert (supprimé lors de travaux). D'après une délibération du conseil municipal tardive (1868), M. de Nicolaÿ, gendre de M. de Murat, avait envisagé d'en faire une halle aux toiles pour la commune, projet resté sans suite. On doit en revanche à M. de Nicolaÿ l'aménagement d'un passage voûté donnant dans le parc du château. Il fit également réparer les bâtiments et aménager une chapelle, dont le grand autel et la grille provenaient de l'église de Montfort. L'établissement de La Roche fut ainsi utilisé pour la célébration du culte durant les travaux de reconstruction de l'église, entre juin 1856 et septembre 1858. En 1958, la statue de la Vierge, amenée en procession depuis l'église dont on fêtait le centenaire, fut posée à l'entrée de La Roche en souvenir de cette époque.

Après l'achèvement de la nouvelle église, les bâtiments changèrent de destination. On y trouva peut-être une poterie, selon le propriétaire qui y a trouvé de nombreux débris de terre cuite. Les matrices cadastrales signalent qu'une fabrique de résine fut aménagée ici par M. de Nicolaÿ de manière très éphémère entre 1864 et 1870 (enregistrement en 1867 et 1873). Les bâtiments témoignent donc de la tentative d'exploitation (gemmage) des pinières artificielles plantées sur les terres du château de Montfort, dans la 2e moitié du XIXe siècle, et encore visibles à proximité du bourg. On en tirait divers produits tels que la térébenthine, la colophane, la poix ou le goudron. Toutefois, les années 1860 voient déjà le déclin de cette activité en Sarthe, le gemmage n'étant plus suffisamment rémunérateur. Aussi cette expérience sera rapidement avortée à Montfort. Devenu par la suite maison ou ferme, puis maréchalerie, l'ensemble fut totalement remanié en maisons et appartements dans le 4e quart du XXe siècle. La statue de la Vierge a été restaurée en 1997.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 19e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

Les bâtiments ont été remaniés en logements et la cour, autour d'un puits couvert, a été close d'un portail récent avec une croix templière sculptée. Fait rare, le bâtiment principal, perpendiculaire à la rue et orienté à l'ouest, a été restauré avec une couverture en bardeaux. Il conserve en façade principale des ouvertures chanfreinées partiellement remontées, formant trois travées. La façade arrière présente des traces d'ouvertures murées et une petite fenêtre avec sa grille en ferronnerie d'origine. A l'intérieur a été remontée une cheminée de la fin du XVe ou du XVIe siècle, provenant d'une maison de la rue de l'Église à Pont-de-Gennes.

Un large passage voûté, aujourd'hui condamné, s'enfonce sous le parc du château à la verticale de l'orangerie.

  • Murs
    • grès moellon enduit partiel
    • calcaire moellon enduit partiel
  • Toits
    bardeau
  • Étages
    rez-de-chaussée, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 E 2. 1520-1549 : pièces concernant la gestion d'Alexis de la Pastelière des établissements charitables de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 1343 (R 146). 1800-1873 : délibérations du conseil municipal de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 2083 P 208. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîtes 1031 et 1032. Papiers concernant la paroisse de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 1106. Papiers concernant la paroisse de Pont-de-Gennes.

Bibliographie

  • CARLET, René. Notice sur l'église de Montfort-le-Rotrou et ses beautés archéologiques. Le Mans, Leguicheux-Gallienne, 1863.

    p. 5-6
  • CAUVIN, Thomas. Géographie ancienne du diocèse du Mans. Paris : Derache libraire, Le Mans : Gallienne imprimeur-libraire, 1845.

  • DEBUISSER, J.-P. Histoire de Pont-de-Gennes, Montfort-le-Rotrou, Saussay (avant 1789). Pont-de-Gennes : 1981.

    p. 17
  • NICOLAY de, Jean. Montfort à travers mille ans d'histoire. Mesnil-sur-l'Estrée : Imprimerie Nouvelle Firmin Didot, 2008.

    p. 233
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    p. 155, 160
  • ROBVEILLE, Alphonse. Montfort-le-Gesnois, seigneurie et paroisse de Montfort-le-Rotrou. Paris : Res Universis, 1991.

    p. 17, 89

Périodiques

  • FROGER, Louis. La paroisse de Montfort-le-Rotrou. La Province du Maine, 1913.

    t. 73, p. 168
  • GOYON (DE), Isabelle. Pins et gemmage en Sarthe. La vie Mancelle et Sarthoise, février 2012.

    t. 421, p. 32-35
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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