Le cimetière primitif de Montfort-le-Rotrou s'étendait au nord et à l'est de l'ancienne église Sainte-Croix (au chevet de l'actuelle église Notre-Dame), du côté du parc du château. Toutefois, depuis une date inconnue, il existait également, faute de terrains disponibles à Montfort, un "grand cimetière" sur le territoire de Pont-de-Gennes, accolé à celui de cette paroisse. Il était l'objet de profonds litiges : en 1749, selon les registres paroissiaux, le curé de Pont-de-Gennes l'avait même fait labourer pour priver Montfort du droit de l'utiliser. Trop petit et nuisible à la salubrité du bourg (loi de 1776), le cimetière autour de l'église est définitivement interdit par lévêque en 1780. Provisoirement, le lieu d'inhumation est entièrement transféré à Pont-de-Gennes "jusqu'au tems où les habitans de la paroisse de Montfort auront choisi un terrein plus à proximité de l'église pour en former un cimetière". Une simple haie vive sépare alors le cimetière de Montfort de celui de Pont-de-Gennes.

En 1804, Julien Vérité, maire de Montfort, décide le rapatriement du cimetière, jugé trop éloigné, sur le territoire de sa commune. On envisage alors de remettre en service le cimetière d'avant 1780. Cependant, le châtelain de Montfort, M. de Murat, refuse de voir le cimetière de nouveau sous ses fenêtres. Un petit terrain est donc aménagé au bout du jardin du presbytère, sur un carrefour d'un ancien chemin aujourd'hui disparu, à l'emplacement de l'actuel lotissement du Parc. Les travaux sont adjugés à l'entrepreneur Louis Cossonneau. Rapidement, ce nouveau cimetière est l'objet de plaintes à cause de la proximité des habitations et de son exiguïté (huit ares). De plus, M. de Nicolaÿ, gendre de M. de Murat, estime qu'il empiète sur son domaine. A son tour, et après moins de dix ans d'utilisation, il est mis en interdit par le préfet en 1813.

Entre temps, l'absorption de l'ancienne commune de Saussay dote enfin Montfort des terres agricoles qui lui faisaient cruellement défaut. Une parcelle est offerte par M. de Nicolaÿ en octobre 1813 à la sortie ouest du bourg, sur l'ancien territoire de Saussay, au champ Ragot ou Bouteloup. En échange, il obtient que le cimetière précédent soit définitivement incorporé au parc du château : les dernières tombes y seront enlevées en 1821 après un délai règlementaire de cinq ans. Les travaux de clôture du nouveau lieu d'inhumation sont en partie financés par M. de Nicolaÿ, l'entrepreneur n'est pas connu.

Sur le cadastre napoléonien de 1836, le quatrième et dernier cimetière de Montfort-le-Rotrou apparait donc ainsi à son emplacement actuel. A cette époque, il correspondait environ aux deux tiers sud du cimetière actuel : il est agrandi vers le nord en 1867 pour faire de la place aux concessions particulières, par l'achat d'un terrain à M. de Nicolaÿ. Les travaux de clôture sont réalisés en 1869 par Clément Cossonneau, selon un projet dressé par Louis Papillon "dit Landry". En parallèle, les anciens cimetières de Montfort (à Pont-de-Gennes) et de Saussay sont aliénés en 1867 pour financer des travaux de voirie. Le pilier droit du portail a été refait dans la 2e moitié du XXe siècle.