Dossier d’œuvre architecture IA72000891 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Château de Gallerande
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lude (Le) - Le Lude
  • Commune Luché-Pringé
  • Lieu-dit Gallerande
  • Cadastre 1811 G1 356 à 382  ; 1846 A4 984 à 993  ; 1984 ZA 27 à 31, 59  ; 1984 ZB 13 à 16
  • Dénominations
    château
  • Appellations
    de Gallerande
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, communs, orangerie, fabrique de jardin, parc

Les origines du château de Gallerande sont incertaines : le dictionnaire de Pesche signale un castellum Wallerandi seu Gallerandi. Néanmoins, des seigneurs de Gallerande sont mentionnés dès le XIIe siècle. La tradition orale attribue la construction du château aux anglais.

En 1210, la fille du sire de Gallerande épouse Robert II de Clermont et Gallerande passe aux Clermont-Gallerande. En 1265, Hubert de Clermont possède l'hébergement de Gallerande. En 1275 est fondée et construite la chapelle du Douet près du château. Dès 1360, au début de la guerre de Cent Ans, les anglais occupent Gallerande et détruisent la chapelle du Douet et probablement une partie du château. En 1382, on cite l'oustel de Gallerande. En 1421, après la bataille de Baugé, une partie des troupes anglaises de John Banester prennent et occupent le château de Gallerande livré par son gardien. En 1427, l'édifice est repris par Arthur III, comte de Richemont, mais il est ruiné : les récits de cette reconquête évoquent la basse-cour et le donjon de Gallerande. En 1448, Louis II seigneur de Clermont et de Gallerande est chambellan de René II, roi de Sicile. Il est fait chevalier de l'ordre du Croissant. En 1477, René seigneur de Clermont et de Gallerande est vice-amiral de France et capitaine de cent hommes d'armes. C'est probablement lui qui rebâtit Gallerande entre 1477 et 1500. Il meurt en 1523. Son fils Louis de Clermont maître d'hôtel de François 1er épouse Renée d'Amboise. En 1576, la terre de Gallerande est érigée en marquisat en faveur de Georges 1er de Clermont. Ce dernier avait acheté, en 1562, la seigneurie voisine de Mervé. Georges 1er de Clermont-Gallerande était calviniste. Son fils Georges II, conseiller du roi, devient calviniste en 1587 et entre en disgrâce. L'avènement d'Henri IV lui rend sa charge de conseiller du roi. Henri I de Clermont abjure le calvinisme en 1624 et devient conseiller du roi puis noble de Venise à partir de 1647. Est-ce celui-ci qui reconstruit la chapelle aujourd'hui abandonnée ? Son fils Henri II lui succéda à Gallerande et meurt en 1667. La terre de Gallerande est alors saisie par ses créanciers, vendue en 1689 au fils de Georges III de Clermont-Gallerande, puis revendue immédiatement à Louis Colbert, comte de Lignières puis rachetée en 1698 par Jacques de Royer au nom de sa femme Gabrielle de Champagne La Suze petite-fille du marquis Henri II de Clermont, puis rétrocédée à Laurent Thomé, et reprise en 1701 par Charles Léonor de Clermont d'Amboise seigneur de Loudon. Ce dernier relève le titre de marquis de Gallerande que portait son oncle Henri II. Il était le fils de Louis V de Clermont. Gallerande passe ensuite à Pierre Gaspard de Clermont marquis de Gallerande (frère du précédent ?) qui meurt en 1756. Sa fille Louise Diane de Clermont reçoit Gallerande en usufruit comme dot. Elle vend Gallerande en 1772 à son cousin Charles Georges de Clermont d'Amboise, fils de Charles Léonor (à la suite d'une perte au jeu de cartes). Charles Georges émigre en 1791 et revient en 1792. Sans héritier, il vend Gallerande à Bonnaventure Dufou de Nantes en 1808. En 1824, Dufou revend à un certain Fournier à Mayet qui revend en 1831 à Pierre Henri de Sarcé. Sa fille Eléonore Clémence de Sarcé épouse Alfred, vicomte de la Planche de Ruillé en 1840. Leur fils le sculpteur Geoffroy comte de Ruillé épouse Marie Marguerite Thébaudin de Bordigné. Leur fils Guillaume de Ruillé épouse Hervine Rogon de Carcaradec. Enfin, leur fille Anne de Ruillé lègue ses biens à l'ordre hospitalier de Malte qui, après sa mort en 1986, vend peu à peu tout le mobilier aux enchères puis le domaine. Gallerande réduit à son parc et à la ferme de la Ménagerie, est vendu en 2004.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle
    • Principale : 15e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Dates
    • 1831, daté par source
    • 1856, daté par source
  • Auteur(s)

Dans l'état actuel des connaissances, nous n'avons que peu d'indices sur l'implantation médiévale. La motte primitive pourrait se trouver au nord-ouest du logis actuel à l'intérieur du parc. Elle se compose aujourd'hui dans sa partie haute d'un sol sablonneux qui suggère une garenne à conils. Le château maltraité pendant la guerre de Cent Ans aurait été rebâti à la fin du XVe siècle, pour René de Clermont, vice amiral de France. La chapelle du Douet, fondée en 1275, fut détruite pendant la guerre de Cent Ans et reconstruite seulement au milieu du XVIIe siècle (au même emplacement ?) sur le rebord de la terrasse à l'alignement de la façade du corps de logis principal. En 1629, Henri de Clermont baille à ferme le château... enclos de murailles et fossés, ses entrées et pont-levis, jardins, garennes, allées, palmail.

Aujourd'hui, il n'y a plus de fossés, le château est construit au bord d'une vaste terrasse qui supporte les communs. Des travaux exécutés dans la cour il y a une cinquantaine d'années, ont révélé l'existence d'une forteresse plus importante construite autour d'une cour plus petite. Deux autres tours auraient disparu : la tour nord-ouest et celle qui faisait le pendant avec la tour nord-est pour constituer le châtelet d'entrée. Nous ignorons quand les fossés furent comblés, quand on aménagea la terrasse et quand la forteresse fut en partie détruite pour s'ouvrir sur l'actuelle basse-cour mais nous supposons que ce fut au milieu du XVIIe siècle comme de nombreuses autres forteresses résidentielles du Val de Loire.La chapelle reconstruite après 1624, est aujourd'hui ruinée. Elle renferme les vestiges d'un autel et d'un retable partie en tuffeau et partie en marbre : des tables de marbre noir ornaient les piédestaux, surmontés de colonnes en marbre rose. L'ensemble était couvert d'un toit à l'impérial et d'une charpente lambrissée. Les vitraux remontés dans l'église de Pringé et donnés par Anne de Ruillé, proviendraient de cette chapelle.

En 1811, d'après le premier cadastre, le château se composait d'un logis en L flanqué de trois tours rondes et d'une tourelle d'escalier polygonale placée dans l'angle avec l'aile en retour. Il existait deux entrées à la basse-cour ou cour des communs : une entrée nord (supprimée aujourd'hui) et une entrée nord-est (principale aujourd'hui).

En l'absence de document il est difficile de reconstituer les étapes de la réalisation de la terrasse et du modelé du paysage. On pourrait suggérer deux temps : d'abord, l'ouverture du château avec la destruction de l'aile nord et le comblement des fossés puis l'aménagement des jardins. Le château se compose aujourd'hui d'un corps de bâtiment allongé construit de fond en comble en une seule campagne et d'une aile en retour plus ou moins indépendante (pas de sous sol communiquant et combles séparés). La grande vis hors œuvre qui dessert les étages est surmontée d'une chambre en encorbellement. Cet escalier ne permet pas l'accès au sous-sol. Il pourrait être du type vis de Saint-Gilles puisqu'il se présente sous forme de voûte continue mais rompue sur le palier du premier étage par une demi-voûte d'arête plate. Il a probablement été restauré au XVIIIe siècle.Les niveaux de ce grand corps de logis ont été eux aussi remaniés : les plafonds visibles du premier étage sont constitués de poutres très serrées (remanié XVIIe ou XVIIIe siècle ?), un couloir sur la cour dessert toutes les chambres de l'étage (XVIIe ou XVIIIe siècle ?) et le 2e étage est devenu au XVIIIe siècle et jusque vers 1856, un étage-attique sur les deux ailes (cf. dessin de Wismes, fig. 8) avec l'agrandissement des baies ornées de petites consoles sous les allèges et la présence de volets à claire-voie. Est-ce à ce moment-là que la charpente fut modifiée ? Les entraits coupés et les poinçons raccourcis ont permis de rehausser les plafonds. On note, vers 1785, un travail comparable à La Grifferie (cf. dossier) où est créé un étage-attique avec la construction d'une balustrade en pierre au-dessus des lucarnes rejointes par un mur.

En 1811 et en 1846 (dates des plans cadastraux), un grand et large perron avec deux volées d'escalier permettait un accès direct aux jardins sud. Ce perron accentue l'axe de symétrie traversant le logis. Ce perron est maintenu jusque vers 1900 (cf. fig. 10).

Après 1856, l'architecte Ernest Dainville restaure le château et remanie le décor : il recrée des mâchicoulis et des lucarnes sur l'ensemble du logis. La restitution d'un faux chemin de ronde entraîne des dysfonctionnements intérieurs de l'ancien étage-attique : les fenêtres sont bouchées par les mâchicoulis et les lucarnes néo-gothiques forment puits de lumière (il faut aménager plusieurs marches devant chaque baie). L'utilisation de pierres de calcaire jaune dites des Rairies pour les baies de la façade sud suggère une première campagne de restauration néo-gothique avant Dainville. Ces pierres pourraient correspondre aussi au remaniement du XVIIIe siècle, Dainville choisissant plutôt du tuffeau blanc. Vers 1900, le logis est allongé vers l'ouest et flanqué d'une nouvelle tour d'angle sur la cour. Le vestibule de la grande vis est déjà construit. Ces derniers travaux seraient attribués au successeur de Dainville, René Chauveau.

Les communs ont été grandement remaniés au cours des XIXe et XXe siècles : grandes et petites écuries, atelier d'artiste à l'étage, buanderie. Les murs nord des petites écuries très épais pourraient être un vestige de l'ancienne basse cour de la forteresse médiévale. Les communs dans la basse cour ont été remaniés entre 1811 et 1846 (date du second plan cadastral). En 1831, les registres des augmentations et diminutions de l'ancien cadastre font mention d'une démolition entreprise par M. de Sarcé au château sur la parcelle 361. Nous pensons qu'il s'agit des bâtiments placés dans l'axe et qui correspondaient peut-être à la porte principale de l'avant-cour détrônée alors par la porte orientale. Aujourd'hui cet angle de la cour d'honneur est occupé par une orangerie (en ruine).

On ne connaît rien des jardins mentionnés dans le texte de 1629. La topographie des lieux tendrait à supposer que la route du Lude à La Flèche par la rive droite contournait le parc du château au nord. Le tronçon de route qui sépare aujourd'hui les jardins du clos de la Ménagerie pourrait être une création de la période révolutionnaire (d'où les accès par le nord). Sur le cadastre de 1811, on note la présence d'une composition régulière marquée par un fort axe de symétrie qui lie château et paysage. Cet axe privilégie l'accès nord de la basse cour des communs, passe par la tourelle d'escalier, s'interrompt au sud pour réapparaître sous forme d'un petit pont qui franchit la douve (sorte de saut-de-loup) pour se prolonger dans un canal médian qui divise un vaste verger en deux parties égales. Des fossés secondaires soulignent cette composition et permettent l'alimentation en eau et le drainage des terres (sont-ils des vestiges d'une large pièce d'eau recouverte aujourd'hui en partie par la route ?).Le canal médian sépare aussi les deux bâtiments rigoureusement identiques de la Ménagerie (cf. dossier). Tout cet ensemble pourrait dater de la première moitié du XVIIIe siècle : une douve semblable fut creusée au château de la Grifferie dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.Le cadastre de 1811 signale encore un jardin anglais sur la terrasse devant la façade est, un espace de parterres et de charmille au sud, une chaumière dans le petit bois, et deux jardins clos (le jardin haut et la jardin bas) à l'est, et enfin, une pépinière.Entre 1811 et 1846, un des jardins potagers dit le jardin bas est supprimé. Un lavoir apparaît à l'extrémité est de la douve (sorte d'embarcadère).

À partir de 1968, Anne de Ruillé remodèle les jardins selon son inspiration fortement influencée par ses voyages dans la région de Grenade (Espagne) où elle se rend tous les ans. Avec M. Bououl son régisseur, elle dessine le nouveau jardin bas divisé en quatre carrés de pelouse avec, au centre, les quatre colonnes de marbre rose provenant de la chapelle. C'est elle également qui dessine le parterre de broderies de buis au pied du château. La vasque de la petite fontaine est un achat effectué à Aix-en-Provence, le bassin est en ciment. Bououl fait également le large bassin entre le logis et l'orangerie.Vers 1930, la chapelle extérieure est abandonnée pour la chapelle intérieure à l'étage de la tour neuve nord-ouest, près de la chambre de la dernière comtesse de Ruillé. Cette dernière y installe un autel et son retable, et des bas-reliefs en terre cuite provenant d'une chapelle qu'elle possédait à Mansigné. Anne de Ruillé a entrepris beaucoup de travaux d'aménagements depuis les années 1960 : réfection des salles du rez-de-chaussée (lambris), des chambres à l'étage (non terminées) et déménagement de la bibliothèque du deuxième étage au premier.

  • Murs
    • silex
    • tuffeau moellon enduit
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, rez-de-chaussée surélevé, entresol, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée, élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier dans-œuvre : escalier tournant en charpente
  • Typologies
    domaine seigneurial
  • État de conservation
    état moyen
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    jardin
Image non consultable
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Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; B 2762. Gallerande, 1629.

Bibliographie

  • CLÈRE, Jules. Le Maine et l'Anjou historiques, archéologiques et pittoresques... : Le château de Clermont-Gallerande. Recueil des sites et des monuments les plus remarquables sous le rapport de l'art et de l'histoire des départements de la Sarthe, de la Mayenne et du Maine-et-Loire. Tome I : la Sarthe. Nantes, Paris : Forest et Grimaud, Auguste Bry, 1852-1864.

  • CORDONNIER, Paul. Entre le Lude et la Flèche : le château de Gallerande. Revue historique et archéologique du Maine, 1960, t. CXVI.

  • GIRAULT, Charles. Reconstitution du domaine de la noblesse sarthoise. Province du Maine, 1957, t. LIX.

  • MARLET, Léon. Généalogie de la Maison de Clermont-Gallerande. Revue historique et archéologique du Maine, 1896, t. 40.

  • MARLET, Léon. Clermont-Gallerande : autour d'une famille seigneuriale du Haut-Maine. Revue historique et archéologique du Maine, 1894, t. 36.

  • Gallerande ; Luché-Pringé ; Pringé, dans : PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe... Mayenne : Joseph Floch, 1974. Reprint de l'édition publiée au Mans : Monnoyer, 1829 et suiv.

    vol. 2, p. 494-498 et 674-684 ; vol. IV, p. 574-575.

Documents figurés

  • Protections existantes en matière d'environnement : sites inscrits et classés du département de la Sarthe. Nantes : DIREN, 1995.

  • La Sarthe dessinée par le baron Olivier de Wismes (1814-1887) : supplément au catalogue. Le Mans : Musée de tessé, 1998, [non paginé] [Exposition. Le Mans, Musée de Tessé. 27 février-25 mai 1998].

Annexes

  • Gallerande (Archives départementales de la Sarthe, 60 J 5).
  • Gallerande, 1629 (Archives départementales de la Sarthe. B 2762).
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général