Dossier d’œuvre architecture IA53004581 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Jardin et parc de la Rongère
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - L'Huisserie
  • Commune La Roche-Neuville
  • Lieu-dit la Rongère
  • Cadastre 1833 A1 9 à 11, 19 à 24  ; 2022 254 A 11-12, 843, 931-932
  • Dénominations
    parc, jardin
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    allée, portail, étang, belvédère de jardin, mur de clôture, serre, bassin, abreuvoir, terrasse en terre-plein

La date de conception du jardin à la française du château de la Rongère n'est pas connue, pas plus que son commanditaire ou son maître d'œuvre. Néanmoins, l'articulation de la grande perspective avec l'aile sud du château, construite peu avant 1675 par Hyacinthe de Quatrebarbes (1644-1703), laisse penser que l'aménagement pourrait avoir commencé dès la fin du XVIIe siècle. A ce titre, la Rongère possède le plus ancien jardin conservé sur les rives de la Mayenne.

Un plan de la Rongère de 1749, ainsi qu'une vue cavalière du château et des jardins probablement postérieure de quelques années, attestent de l'existence du jardin à la française dans une forme très proche de l'actuel. On y observe la grande perspective menant au château, avec les parterres et les carrés de pelouse divisés en deux travées par les six pavillons (dont le passage couvert et la chapelle). Les grands abreuvoirs, qui semblent ne pas figurer sur le plan, apparaissent sur la vue cavalière. Le plan montre également la grande pièce d'eau triangulaire, ainsi que les quatre carrés aménagés sur les terrasses vers l'ouest. La première terrasse accueille, comme aujourd'hui, deux carrés divisés chacun par deux allées en croix. La seconde terrasse est déjà occupée par le quinconce au sud ; le carré nord présentait deux boulingrins aujourd'hui disparus. Une grande charmille formant des cabinets de verdure marquait ici l'extrémité du jardin ; encore en place au début du XXe siècle, elle a été remplacée par une double rangée d'arbres. Le plan révèle également la présence d'une orangerie à cet emplacement : avant les années 1780, celle-ci est détruite et réaménagée dans la grande écurie en retour du château. L'agrandissement des pavillons à l'entrée de la propriété permet de loger de nouvelles écuries plus loin de l'habitation. Enfin, le plan de 1749 atteste la présence des allées tracées dans le bois et du belvédère, dit l'octogone, surplombant la Mayenne.

Les jardins actuels de la Rongère conservent donc toute leur authenticité. Un plan d'ensemble de la 2e moitié du XIXe siècle révèle quelques petites modifications, notamment l'embellissement des carrés de la première terrasse avec l'ajout du bassin, de la serre et du perron symétrique. La modification la plus significative est l'aménagement d'un parc à l'anglaise dans le prolongement du bois, de part et d'autre du ruisseau qui se jette dans la Mayenne. Un réseau d'allées sinueuses est aménagé dans le vallon, avec des petits ponts, des salles de verdure et peut-être quelques fabriques aujourd'hui disparues. Ces aménagements pourraient avoir été commandités par Gabriel ou Georges de Chavagnac dans le courant du XIXe siècle, mais paraissent antérieurs aux grands travaux du château réalisés pour Charles de Saint-Mauris à partir de 1887. Le parc à l'anglaise fait d'ailleurs l'objet d'une gravure de Tancrède Abraham publiée en 1872. Le commentaire de Albert Lemarchand qui l'accompagne fait cependant l'éloge du jardin à la française : "ce que la Rongère a de plus surprenant, et ce qui donne une physionomie à part dans le bassin de la Mayenne, ce sont ses vastes jardins si bien étagés et dessinés A l'est et au midi se déploient les spacieuses et géométriques terrasses, ornées de vases et bordées de plantes exotiques. De cette esplanade en rectangle, on ne découvre que des aspects sévères, ou des ombrages penchés et des eaux réfléchissantes, comme il en fallait au pinceau de Ruysdael. Du haut de ce tertre octogone, nous apercevons le pont qui relie le bourg de Villiers-Charlemagne à celui de Houssay".

Entretenus tout au long du XXe siècle, les jardins de la Rongère sont ouverts au public à la période estivale. Depuis 1991, le parc avec la grande allée, les pavillons et fabriques, les aménagements hydrauliques et les douves sèches sont classés car considérés, plans et photographies à l'appui, comme un témoignage authentique du jardin d'agrément à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle, milieu 19e siècle

Le jardin et le parc de la Rongère se déploient au sud et à l'ouest du château. L'ensemble du jardin à la française, avec les parterres, les terrasses et les carrés de pelouse, est clos d'un mur, à l'inverse du bois. On peut diviser l'ensemble en quatre espaces bien différents.

Le premier espace est la grande perspective dans l'axe de la façade principale du château, vers le sud. Celle-ci se divise en trois travées matérialisées par les différents pavillons qui structurent l'espace. La première travée est le parterre devant le château, sur lequel donne la vaste orangerie. Celui-ci est planté d'une pelouse délimitée par des broderies de buis. Il est clos par un muret en demi-cercle dont la forme, évoquant les sauts-de loup, qui vient adoucir l'austérité de la façade. Les piliers du portail sont sculptés de trophées militaires. Le parterre est planté d'une pelouse délimitée par des broderies de buis, motif que l'on retrouve sur la petite terrasse du côté est du château. La seconde travée est cantonnée par les pavillons du passage couvert, de la chapelle, de la graineterie et de la buanderie. Elle surplombe la pièce d'eau triangulaire, à l'est, sur laquelle se trouve un lavoir. La troisième travée, donnant sur la grande allée, est séparée de la deuxième par un fossé ; elle est fermée au sud par le portail et les pavillons des écuries, et accueille les grands abreuvoirs rectangulaires destinés aux chevaux. Cette grande perspective, savamment agencée, met en valeur la façade d'honneur du château dans une composition magistrale et solennelle.

Le second espace du jardin est un vaste carré sur deux terrasses, qui se déploie à l'ouest de la grande perspective et est accessible par un perron à deux escaliers. La première terrasse comprend deux carrés divisés chacun par deux allées disposées en croix. Celui au nord, planté de topiaires, d'arbustes et de massifs de fleurs bordés de buis taillés, s'organise autour d'un bassin en pierre ; la serre est placée dans un angle, tandis que le mur nord est palissé de rosiers et d'arbres fruitiers. Celui au sud accueille des compositions géométriques. L'ensemble est agrémenté de vases en pierre qui contribuent à structurer la composition rigoureuse du jardin. La seconde terrasse est occupée par un quinconce ou labyrinthe, dont les allées tracées depuis les angles rejoignent un carré, puis un cercle, menant à un espace central planté d'un arbre. L'ancien boulingrin est aujourd'hui simplement traversé d'une allée bordée de topiaires. Cet espace s'achève à l'ouest par une double rangée d'arbres en berceau.

Le troisième espace, le bois, est accessible depuis les terrasses par un portail à piliers ou depuis le parterre du château par le passage couvert. Il est sillonné de chemins rectilignes, dont l'aboutissement est un belvédère de forme octogonale surmontant la Mayenne. Il est clos par un muret et un garde-corps en ferronnerie et planté d'arbres disposés en cercle. Les murs de l'octogone  sont percés de deux discrètes alcôves ; les agrafes des arcs sont sculptées et un anneau au centre de la voûte pouvait permettre de suspendre un éclairage. La terrasse repose sur un massif de maçonnerie formant des éperons et des demi-cercles : il s'agissait peut-être d'évoquer le pittoresque d'une forteresse au bord de la rivière.

Le quatrième espace, dans le prolongement du bois, est le parc à l'anglaise aménagé dans le vallon d'un modeste ruisseau affluent de la Mayenne. Celui-ci se caractérise par ses allées sinueuses qui longent le cours d'eau et le franchissent via des petits gués et ponts, desservent d'anciens et discrets salons de verdure à travers une végétation dense.

A l'entrée de la propriété, un puits artésien couvert d'un toit polygonal reposant sur des poteaux en bois, permettait d'alimenter les jardins en eau. Une avenue rectiligne de plus de 600 mètres, bordée de chaque côté d'une double rangée d'arbres, rejoint le bourg de Saint-Sulpice ; l'entrée est marquée par une grille et une maison de gardien en forme de pavillon.

  • Jardins
    bois de jardin, parterre de carrés, parterre en broderie, parterre de gazon, quinconce, salle de verdure
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    classé MH
    classé MH, 1991/10/10
  • Précisions sur la protection

    1991/10/10 : classé MH partiellement (parc, jardins, allée, pavillons et fabriques, douves sèches et aménagements hydrauliques)

Bibliographie

  • ABRAHAM, Tancrède. Château-Gontier et ses environs : trente eaux-fortes. Château-Gontier : Bézier, 1872.

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ABRAHAM, Tancrède. Château-Gontier et ses environs : trente eaux-fortes. Château-Gontier : Bézier, 1872.

Documents figurés

  • Plans et photographies du château de la Rongère et de ses jardins, XVIIIe-XIXe siècles. (Archives privées).

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plans et photographies du château de la Rongère et de ses jardins, XVIIIe-XIXe siècles. (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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