Dossier d’œuvre architecture IA53004546 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Château de la Bermondière
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Archives départementales de la Mayenne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Saint-Julien-du-Terroux
  • Lieu-dit Bermondière
  • Cadastre 2023 ZI 0001
  • Précisions
  • Dénominations
    château

Le château de la Bermondière est représentatif des petits châteaux de plaisance, dont le modèle naît en région parisienne au début du XVIIIe siècle et qui attestent du développement de la pratique de la villégiature dans le milieu bourgeois. Le commanditaire de sa reconstruction vers 1740, ayant nouvellement acquis les terres de la Bermondière, était en effet un parlementaire vivant une partie de l'année à Paris, au fait de ce nouveau mode d'habitat. L'implantation du château, dont le jardin et la façade postérieure sont tournées vers la rivière, tire avantageusement parti du cadre paysager.

La première mention de la seigneurie de la Bermondière remonte au XIVe siècle. Au milieu du XVe siècle, celle-ci se trouvait dans le ressort du Bois-Thibault.

De la fin du XVe siècle au début du XVIIIe siècle, le château et ses dépendances appartenaient à la famille Mallet. Renée de Charnières, veuve de René Mallet, possède la propriété jusqu'à son décès, survenu vers 1733. Le château est alors vendu à Pierre de Jarosson, écuyer, secrétaire du roi et avocat du Parlement, qui vivait l'hiver à Paris et l'été à Saint-Julien. La propriété comprenait à cette date la maison seigneuriale, le moulin du domaine, le moulin de Saint-Julien, ainsi que les fermes de la Demaserie, la Chaire, l'Arnerie, les Landes, le Terroux-Fleuri et Bel-Air. Le parlementaire entreprend la réédification complète du château vers 1740, le transformant en une agréable demeure de plaisance, caractéristique du modèle développé au début du XVIIIe siècle dans la région francilienne par les financiers et banquiers non issus du milieu de la noblesse. La chapelle reconstruite est consacrée en 1742. Le physicien et naturaliste Réaumur, ami de la famille de Jarosson, séjournait régulièrement à la Bermondière, qui lui échoit en 1755.

Le château est incendié le 13 août 1943 par les Allemands. Son propriétaire, Robert du Plessis d'Argentré, bénéficie d'indemnités de dommages de guerre pour la reconstruction et emploie pour les travaux l'architecte Jacques Decap. La demande d'indemnités est effectuée en avril 1951. La possibilité de conserver les épaisses maçonneries anciennes est envisagée, puis rejetée en raison de leur état calciné. Les travaux sont achevés en 1957 et ont coûté près d'1,5 millions de francs. La comparaison des photographies prises avant l'incendie, du cadastre napoléonien et des plans de reconstruction montre que cette dernière a respecté le plan-masse et les élévations de la maison de plaisance antérieure à l'incendie. Il est toutefois impossible de savoir si la distribution est restée identique.

Le château de la Bermondière se trouve au nord de la commune de Saint-Julien-du-Terroux, à la frontière de la Normandie, en bordure de Mayenne, dans un méandre de la rivière. Selon les plans de l'architecte J. Decap, la maison de plaisance se dresse en avant d'une cour close, autour de laquelle se trouvent une chapelle et une orangerie dans le même corps de bâtiment, servant de remise et bucher en 1951 et qui ne sont que partiellement endommagées par l'incendie de 1953.

La maison dispose d'un sous-sol semi-enterré, situé au même niveau que la ferme implantée au nord de la cour, surmonté d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un étage carré et d'un comble habitable. Son plan massé est découpé en trois travées de pièces : une travée centrale double en profondeur, dotée d'un vestibule ouvrant sur cour ainsi que d'une salle à manger dont l'avant-corps hémicirculaire s'avance sur le jardin et s'ouvre en direction de la rivière, ce qui témoigne d'une volonté de profiter du paysage. L'étage est distribué par un escalier en vis, qui s'élève au revers de la façade antérieure, contre le vestibule. La travée nord est triple en profondeur, tandis que la travée sud est double.

Le plan massé, la double profondeur de la travée centrale prolongée en demi-cercle vers le jardin, ainsi que l'absence de mur de refend marqué séparant les espaces intérieurs, sans doute pensés dès le projet originel, se situent dans la lignée de maisons de plaisance franciliennes édifiées au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, à l'instar des châteaux d'Issy (Hauts-de-Seine, détruit, édifié en 1681 par Pierre Bullet) ou de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne, vers 1700, Pierre et Jean-Baptiste Bullet), dont le modèle est largement diffusé par le traité de Blondel, publié en 1737. Les angles arrondis du rectangle, visibles sur les cartes postales du début du XXe siècle et dans les maçonneries desquels sont insérés les conduits de cheminées, constituent une des singularités du plan du château.

Le procès-verbal d'apposition des scellés après le décès de Réaumur, datant des 19-21 octobre 1757, permet de se figurer une partie de la distribution à cette date, qui apparaît très proche de celle indiquée sur le plan de reconstruction. L'entrée se faisait par un "corridor", correspondant au vestibule du plan dressé dans les années 1950. A main gauche se trouvait une garde-robe, située dans l'angle, qui communiquait avec deux chambres ouvrant vers la basse-cour. La seconde, également ouverte vers la terrasse, communiquait avec la salle à manger, pièce située dans la travée centrale, accessible par le corridor et ouverte par une porte à deux battants sur la terrasse. Au sud de la salle à manger se trouvait une salle. La seconde pièce située au sud du corridor était un cabinet. Le sous-sol du château était alors occupé par une cuisine, un appartement à côté de la cuisine, deux caves (dont l'une abritait des tonneaux vides de cidre et de poiré), un caveau et un office. L'escalier de service menait à l'entresol, situé entre le rez-de-chaussée et le premier niveau et accueillant une chambre. A l'étage supérieur se trouvaient un cabinet et quatre petites chambres. Les dépendances étaient constituées d'une chapelle, d'une écurie surmontée d'un grenier dans la cour du château, d'une grange à côté de laquelle se trouvait un pressoir et la maison de la gardienne.

Le décor de l'édifice est sobre. Les baies du rez-de-chaussée sont couvertes en arcs segmentaires ou en arcs en plein-cintre, tandis que les fenêtres de l'étage carré sont de format rectangulaire. Côté cour, les lucarnes prennent la forme d'œils-de-bœuf, soulignés d'un décor d'épis de blé et de cornes d'abondance.

  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à plusieurs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections

Documents d'archives

  • AD Mayenne, B 1950, Procès-verbal d'apposition des sceaux au château de la Bermondière, 19-21 octobre 1757.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 445 W 267. Dommages de guerre pour la reconstruction du château de la Bermondière.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Lithographie du château de la Bermondière, gravée par Tirpenne, vers 1850. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 Fi 74).

  • Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 270/3. Carte postale du château de la Bermondière, vers 1900.

  • Château de la Bermondière, carte postale, vers 1900. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi 270/4).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

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