Dossier d’œuvre architecture IA53004520 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Église paroissiale Saint-Saturnin d'Azé
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Château-Gontier-sur-Mayenne
  • Lieu-dit Azé
  • Adresse rue du Val-de-Loire
  • Cadastre 1833 C1 235  ; 2022 AO 297
  • Précisions anciennement commune de Azé

Un établissement monastique est signalé à Azé dès le VIe siècle, sous l'épiscopat de saint Aubin qui l'aurait visité et y aurait rendu la vue à un aveugle. Il n'en reste aucun vestige visible. Seigneurs d'Azé, les Mathefelon détiennent l'église Saint-Saturnin d'Azé au XIe siècle et en font donation, avant 1097, à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. Les récents travaux d'Alain Valais ont mis en évidence les traces, dans le mur sud de la nef, de l'élévation de l'église de la fin du Xe siècle ou du début du XIe siècle, à travers deux petites fenêtres haut placées dont une seule est bien visible. Le portail à deux rouleaux à droite de la façade occidentale semble dater de cette même campagne. L'édifice devait alors se résumer, à peu de chose près, au vaisseau sud de la nef de l'église actuelle. En revanche, le curieux massif au centre de la façade, qui pourrait évoquer un clocher primitif, semble plutôt à rapprocher, dans sa mise en œuvre moins soignée, de la partie nord de la nef.

Suite à la donation, les moines de Saint-Nicolas fondent un prieuré à Azé près de l'église et transforment profondément l'édifice. Conservant l'ancienne nef, ils lui adjoignent un chevet échelonné formé d'un transept à absidioles orientées et d'un chœur en abside, datables de la 1ère moitié du XIIe siècle. Il subsiste dans l'absidiole sud des restes de peintures murales romanes, datées de la 2e moitié du XIIe siècle par l'analyse de Christian Davy. L'élément d'architecture le plus remarquable de cette campagne est le clocher positionné sur la croisée, caractérisé par ses baies géminées à colonnettes pourvues de chapiteaux sculptés et à archivoltes au décor typiquement roman. La flèche conique est une adjonction de l'époque moderne. Le soin bien moindre qui semble avoir été apporté à la mise en œuvre des absides laisse penser, peut-être, à des remaniements ultérieurs, mais la lecture des maçonneries est perturbée par la lourde restauration des enduits dans le 4e quart du XXe siècle.

Au cours d'une troisième campagne, dont la datation ne fait pas l'unanimité parmi les historiens, l'église est doublée d'une seconde nef au nord, qui entraine la destruction du mur nord de l'ancienne nef et d'une partie du bras nord du transept. Le raccord des deux nefs n'est pas très heureux, avec une façade occidentale peu gracieuse et une croupe qui masque en partie le clocher ; le dessin des portes est très irrégulier et sans finesse. Le mur oriental semble avoir été percé de diverses ouvertures non homogènes, en partie murées lors de l'installation du retable en 1634. Alain Valais propose de dater cette campagne du XIIIe siècle, ce qui semble cohérent au regard des deux portails en arc brisé (celui du mur nord est muré) à deux rouleaux et des étroites baies cintrées.

En 1643, le curé d'Azé Nicolas Girard commandite la construction de la chapelle nord de l'église, comme l'indique l'inscription sur l'agrafe de l'arc. On lui doit également l'installation du retable et du tabernacle du maître-autel et peut-être celle du retable visible dans le bras sud de l'ancien transept. A en croire le chronogramme inscrit sur le chaînage d'angle, la sacristie est ajoutée en 1779. Celle-ci vient en remplacer une autre qui était aménagée dans le chœur roman, d'après une pièce de procès au cours duquel les paroissiens contestent au prieur sa demande d'en faire sa chapelle priorale. D'après ce même document, un retable fermait cette ancienne sacristie, lequel est démoli en 1727 et remplacé par les deux petits retables actuels.

Enfin, il faut signaler le percement de fenêtres en plein cintre dans sur le mur sud de la nef et la façade occidentale, peut-être dans la 1ère moitié du XIXe siècle, puis d'une grande fenêtre néogothique sur le mur sud de la nef avant 1888 (date portée sur la verrière). Les vitraux sont signés Hucher et fils, de la fabrique du carmel du Mans. D'autres travaux sont signalés dans les archives contemporaines : réparations menées par l'architecte Rolland à la fin des années 1830 (charpente et de couverture par le maître-charpentier Clavreul et ferrures aux portes par Fleury aîné), travaux divers concernant notamment le lambris et le dallage en 1882, réfection de la flèche touchée par la foudre en 1926. Au cours du XXe siècle, à une date indéterminée, la séparation entre les deux nefs, auparavant faite de colonnes en bois et plâtre, est remplacée par des piliers carrés supportant des arcs cintrés.

  • Période(s)
    • Principale : limite 10e siècle 11e siècle, 1ère moitié 12e siècle, 13e siècle, 2e quart 17e siècle, 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle, 4e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1643, porte la date
    • 1779, porte la date

L’église Saint-Saturnin d’Azé est orientée et construite parallèlement à la rivière Mayenne dont elle n’est distante que d’une cinquantaine de mètres. De son histoire résulte une curieuse imbrication de volumes : une nef à deux vaisseaux accolés, un chœur décentré dans le prolongement du vaisseau sud, un bras de transept sud et un vestige de bras nord, une chapelle nord, une petite sacristie, le tout signalé dans le paysage par un clocher roman remarquable.

La façade occidentale masque derrière une apparente unité et un même pignon à deux pans les deux vaisseaux accolés de la nef. Elle est divisée en deux par un curieux massif central formé de deux contreforts se réunissant en arc brisé à mi-hauteur ; la partie supérieure est ajourée de deux petites baies cintrées. Deux portes à deux rouleaux d’archivolte donnent accès aux deux vaisseaux : celle de gauche est en arc approximativement brisé, celle de droite présente un cintre soigné et des claveaux réguliers. Deux grandes fenêtres cintrées à encadrement harpé surmontent les portes. L’angle sud est renforcé par trois petits contreforts dont un percé d’un passage.

Le mur sud de la nef, également contreforté, est percé de petites ouvertures, d’une fenêtre cintrée et d’une grande baie passante en arc brisé. Le mur nord de la nef présente une grande porte murée en arc brisé entre deux fenêtres étroites ; deux corbeaux témoignent de l'existence d'un ballet en bois aujourd'hui disparu. La chapelle nord est éclairée par une fenêtre en plein cintre surmontée d’une petite niche. Le chœur droit est prolongé par une abside, elle-même flanquée des deux absidioles de l’ancien transept ; le tout est dépourvu de décor. Une niche en remploi, qui devait primitivement orner un angle rentrant, est disposée au-dessus de la porte de la sacristie. Elle présente une ornementation Renaissance.

Le clocher carré fait l’objet d’un traitement particulier à double titre : c’est la seule partie de l’édifice construite en pierre de taille (tufeau) et faisant l’objet d’une véritable recherche esthétique. Le niveau inférieur est orné d’une arcature aveugle ; le niveau supérieur, en léger retrait et séparé par un glacis, présente sur chaque face deux baies géminées, divisées par des colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs végétaux ou d’entrelacs. Les bandeaux d’archivolte sont sculptés de billettes ou de pointes de diamant. Le toit à quatre pans est surmonté par une flèche conique très effilée.

A l’intérieur, les deux vaisseaux de la nef sont lambrissés et séparés par de grands arcs reposant sur des piles carrées. La nef nord se termine par un mur plat masqué par un retable, devancé par l’actuel espace de l’autel. Un grand arc cintré donne accès à la chapelle nord. Le chœur de l’église médiévale, où officiait primitivement le desservant, est placé dans l’axe de la nef sud. Plus étroit que la nef, il est précédé par deux autels latéraux dédiés à sainte Anne et à saint Sébastien. La croisée est voûtée d’une coupole sur pendentifs. L’ancien bras du transept sud est voûté en berceau, tandis que les trois absidioles sont voûtées en cul-de-four. L’absidiole sud présente les vertiges de peinture murale romane (échassiers, scène non identifiée, Christ en gloire et frises de rubans et palmettes).

Si l’église n’est pas protégée au titre des Monuments Historiques, une partie de son mobilier l’est. Le retable du bras sud du transept (XVIIe siècle) est classé depuis 1908. Celui de la nef nord (1634) et son tableau de l’Adoration de la Croix, ainsi qu’une cloche (1725) sont classés depuis 1910. Plus récemment, la statue de la Vierge à l’Enfant visible dans le bras sud du transept a été classée en 2000.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • schiste moellon enduit
    • grès moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 vaisseaux
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • lambris de couvrement
    • voûte en berceau plein-cintre
    • cul-de-four
    • coupole en pendentifs
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement géométrique, billette, dent de scie, entrelac
    • ornement végétal
  • Précision représentations

    Niveau supérieur du clocher orné de colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs végétaux et d'entrelacs, avec bandeau d'archivolte à billettes et dents de scie.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
Image non consultable

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; ; 78 G 5. Procès de la paroisse d'Azé contre le prieur Neveu qui voulait faire de la sacristie sa chapelle prieurale, 2e moitié XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/5-2. Monographie communale d'Azé, par l'instituteur Le Roy, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; OA 198. Église Saint-Saturnin d'Azé, 1836-1926.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DAVY, Christian. La peinture murale romane dans les Pays de la Loire. Laval : Société d'Archéologie et d'Histoire de la Mayenne, 1999.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

  • VALAIS, Alain. Les églises rurales du premier Moyen Age (Ve-XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins. Université Paris-Nanterre, 2021. Th. doct. : Histoire et archéologie des mondes médiévaux : Paris 10 : 2021.

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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