Dossier d’œuvre architecture IA53004496 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de maître
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - L'Huisserie
  • Commune Entrammes
  • Lieu-dit la Grande-Roche
  • Cadastre 2022 A1 648  ; 2022 A 648, 651
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, hangar agricole, écurie, étable, toit à porcs, fournil, grange, cour, laiterie

Une maison de maître de la périphérie lavalloise

Malgré les allures de manoir de la demeure, il n'est pas établi qu'un siège de seigneurie ait jamais existé à la Grande-Roche. La carte de Cassini du XVIIIe siècle mentionne une simple ferme. La partie la plus ancienne des bâtiments actuels est le logis, toutefois difficilement datable du fait des transformations ultérieures. Néanmoins, l'escalier en vis en bois logé dans une tour carré hors-oeuvre et la charpente avec pannes sous chevrons porteurs laissent penser, par comparaison, à une mise en œuvre du XVIe siècle, voire du tout début du XVIIe siècle. D'après le propriétaire, les vestiges de fenêtres à coussièges et peut-être à meneaux et traverses, observés avant la réhabilitation des années 1980, invitent plutôt à une datation haute.

L'abbé Angot relève la plus ancienne mention en 1627 seulement, date à laquelle Isaac Journée, sieur de la Ronce, possède "un logis appelé la Roche du Grand-Breil". La famille Frin en est ensuite propriétaire dans la 1ère moitié du XVIIIe siècle. Dans la succession de Thérèse-Marguerite Frin, veuve de Louis-Joseph Lasnier, elle passe à sa fille Marie-Joseph Lasnier, épouse de Luc Fleuriot des Jaudrais. Au décès de cette dernière, sa fille Jeanne-Bonne Fleuriot, épouse du malouin François-Marie-Yves de la Bouexière, conseiller au parlement de Bretagne, en hérite à son tour. D'après le nom d'une parcelle voisine "le corps de garde", on peut supposer qu'il existait un poste de garde ou de gabelle à proximité de la Mayenne.

En 1771, M. de la Bouexière consent le renouvellement du bail à colonie partiaire du "lieu et métairie de la Grande-Roche, avec la chambre et le jardin de réserve dudit lieu" à son fermier René Thoreau. Une montrée datée de 1774 avec les nouveaux fermiers Jean Bourdais et son épouse Jeanne Fouquet dresse un état des lieux ; Un premier corps de bâtiments inclut un logis avec salle à cheminée, chambre, grande et petite caves en sous-sol, escalier, greniers, une loge surmontée d'un "engrangeoir", des toits à porcs, une étable aux bœufs, une grange, une écurie. La chambre de réserve pour le maître occupe l'étage du logis. La montrée reprend avec les étables aux veaux et aux vaches, un toit à brebis, le pressoir, le four à pain. On précise que le jardin clos compte "vingt poiriers en palissades lesquels sont très anciens et de peu de valleur, lesquels ont été taillés régullièrement". Suivent les terres qui dépendent de la métairie, où est signalé "un petit étanceau qui est actuellement à sec, la chaussée étant endommagée". Enfin, l'auteur précise "que sur le dit lieu de la Grande-Roche nous n'avons point compté les arbres étant en trop grand nombre".

La métairie est rachetée en 1778 par un négociant lavallois, Jean Georget. Son fils François-René Georget agrandit l'exploitation de quelques terres acquises de la commune d'Entrammes. En 1806, Guillaume Gasté, greffier au tribunal de première instance de Laval, acquiert des époux Georget la jouissance de la métairie de la Grande-Roche ; il est déclaré propriétaire à la levée du cadastre napoléonien en 1810. L'acte de 1806 précise "le lieu métairie de la Grande-Roche, taillis en dépendant, maison à maître, autres bâtimens nécessaires à l'exploitation de ladite métairie", exploité à colonie partiaire par la famille Bourdais. Le cadastre de 1810 figure uniquement le logis et des dépendances beaucoup plus modestes que celles de la ferme actuelle.

La ferme du XIXe siècle et ses transformations

En 1830, les époux Georget mettent en vente la métairie, rachetée par un certain Charles-Pierre Boisseau. Elle est ainsi présentée dans les Annonces de la Mayenne : "Belle métairie patrimoniale, avec une maison de maître à vendre ; cette métairie, nommé la Grande-Roche, est exploitée par le nommé Deschamps et située commune d'Entrammes […] entre la rivière la Mayenne qui la borne et la grande route de Laval à Château-Gontier. Elle se compose d'une maison de maître, de bâtimens d'habitation pour le colon et d'autres bâtimens d'exploitation, d'environ 70 journaux de terre labourable, 18 hommées de pré, 20 journaux de bois taillis et deux étangs". Parmi les modifications architecturales à signaler dans la 1ère moitié du XIXe siècle, l'agrandissement du logis par la construction d'une aile adossée, comprenant deux chambres superposées.

En 1844, une nouvelle description est fournie dans l'acte de vente aux enchères, suite au décès de Charles-Pierre Boisseau : "Un principal corps de bâtiment consistant dans une pièce avec cheminée, une chambre à côté, une cave dans cette chambre au pignon à cheminée de la maison de colon, deux toits à porcs l'un à la suite de l'autre, avec un cellier derrière une grande loge au bout, dans laquelle est un pressoir à longs fûts, un toit à moutons et un ancien chenil au bout de la chambre de colon". A la suite, l'habitation du maître est ainsi décrite : "Derrière la maison du colon, une cage avec escalier pour arriver aux étages supérieurs, une cuisine à droite de l'escalier, à gauche une décharge de cuisine et latrines au bout. Sur la maison et la chambre du colon, deux chambres à feu avec alcôve, une pièce froide sur la cuisine, un cabinet sur la décharge, un grenier pavé sur les toits à porcs et le cellier ; deux greniers sur les deux chambres à cheminée et sur la chambre froide". Suivent les dépendances : "Un corps de bâtiment composé d'une étable à bœufs, un fond de grange, une écurie, une étable à vaches […], un ancien bâtiment composé d'un four et fournil". L'ensemble, distribué autour d'une cour, est accessible par une allée plantée de châtaigniers et comprend deux étangs, plusieurs jardins, un verger réservé au maître, champs, prairies et taillis. Le domaine est alors racheté par un négociant, Adolphe Lesegrétain du Pâtis, résidant rue de Chanteloup à Laval.

La 2e moitié du XIXe siècle voit l'édification sur la propriété d'une nouvelle demeure, dite château, pour le compte du lavallois Ernest Besnard. D'importantes transformations sont en parallèle réalisées à l'exploitation agricole qui perd son statut de maison de maître : la façade du logis est entièrement reprise et percée de huit ouvertures régulières ; l'intérieur de la maison est doté de nouvelles cheminées et d'un potager. Les dépendances sont également largement agrandies voire reconstruites. En revanche, contrairement à d'autres fermes de châteaux, les transformations ne vont pas jusqu'à une reconstruction complète. L'écurie en fond de cour est ajoutée en 1936, d'après l'oralité. Les bâtiments agricoles, réquisitionnés pendant la Seconde guerre mondiale par les Allemands, sont de nouveau transformés à cette occasion. Quelques transformations et adaptations sont également réalisés dans le 4e quart du XXe siècle pour les besoins de l'exploitation agricole et la réhabilitation du logis, altéré par un incendie dont il reste quelques traces sur la charpente.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 1ère moitié 19e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle

Situés au sommet du coteau de la rive gauche de la Mayenne, les bâtiments sont organisés autour d'une cour rectangulaire. Il subsiste les restes d'une avenue d'accès bordée d'arbres, en direction de la route de Laval à Château-Gontier, ainsi que d'un chemin descendant jusqu'à la Mayenne. Les châtaigniers de l'ancienne allée ont été abattus au milieu du XXe siècle du fait de la proximité de l'aérodrome de Laval.

Le corps principal, comprenant l'habitation, est orienté au sud-est et non vers la vallée. Le logis se distingue des bâtiments agricoles par la présence d'un étage carré. Les huit ouvertures de la façade ne sont pas organisées en travées régulières : celles du rez-de-chaussée possèdent des encadrements en granit, celles de l'étage en calcaire. Chaque niveau présente deux grandes pièces : au rez-de-chaussée une pièce à cheminée en granite avec potager sous une fenêtre et une pièce froide, à l'étage deux grandes chambres à petites cheminées en briques. La façade postérieure présente, de part et d'autre d'une tour carrée hors-œuvre, un appentis et deux pièces superposées en retour. La tour, coiffée d'un toit en croupe, abrite l'escalier en vis en bois, qui s'enroule autour d'un noyau circulaire. L'étage de comble, coiffé d'une couverture pentue à deux pans et égout retroussé garni d'une gouttière lavalloise, présente une charpente avec pannes sous chevrons porteurs. De part et d'autre du logis se trouvent d'anciennes écuries remaniées, une remise sur trois murs porteurs et poteau de bois, une soue à cochons à fenêtres cintrées et, un peu à l'écart, un ancien fournil.

Le corps de bâtiment parallèle correspond aux anciennes étables, grange et laiterie. La façade a connu plusieurs transformations et présente un mélange d'ouvertures harpées en granit et d'autres en briques. Les portes sont surmontées d'arcs de décharge et la grande ouverture de la grange est en arc segmentaire. La couverture est actuellement en tôle. La partie sud de la cour est fermée par une écurie qui, seule, présente un plan régulier et symétrique. L'axe central comprend la porte et une fenêtre gerbière placée sous un petit pignon couvert. Les chaînages d'angles et encadrements des ouvertures harpés sont en granite, à l'exception des petites fentes verticales destinées à aérer le grenier, en briques.

  • Murs
    • schiste moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en charpente
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; E 98. Titres de la Grande-Roche en la paroisse d’Entrammes, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 65. Vente de la métairie de la Grande-Roche à Entrammes, 1806.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 241. Vente de la métairie de la Grande-Roche à Entrammes, 1844.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Périodiques

  • Annonces de la Mayenne. Annonce concernant la vente de la métairie de la Grande-Roche à Entrammes, avril 1830.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien d'Entrammes, 1810. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2689).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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