Dossier d’œuvre architecture IA53004495 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure de villégiature dite château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - L'Huisserie
  • Commune Entrammes
  • Lieu-dit la Grande-Roche
  • Cadastre 1810 A1 34  ; 2022 A 648, 651-652
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    demeure de villégiature
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    puits, parc, communs, remise, écurie, chenil

Une nouvelle demeure au goût de l'époque

Aucun bâtiment ne figure à cet emplacement sur le plan cadastral napoléonien de 1810 qui ne mentionne qu'une partie des bâtiments de la ferme, ancienne maison de maître dont les origines pourraient remonter au XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle. En 1858, Ernest Besnard, propriétaire à Laval où il réside rue Napoléon (puis rue de la Paix), rachète pour 100 000 F la métairie de la Grande-Roche au négociant Adolphe Lesegrétain du Pâtis : "Elle se compose de bâtiments d'habitation et d'exploitation, maison de maître derrière et au-dessus de celle du colon, étrages, rues et issues, terres labourables et prairies, pièce d'eau et taillis".

Souhaitant faire de la Grande-Roche une plaisante villégiature près de la ville, Ernest Besnard est à l'origine de la construction d'une nouvelle résidence à proximité des anciens bâtiments désormais dévolus à la seule activité agricole. Cette demeure, dite château, se singularise par son architecture étonnement hétérogène, qui témoigne de trois phases de travaux bien distinctes et sans volonté particulière d'unité, malgré un unique commanditaire. C'est d'ailleurs un parti rare parmi les châteaux bordant la Mayenne, qui affichent ordinairement une recherche d'harmonie architecturale voire de symétrie, y compris pour ceux intégrant des bâtiments anciens. Malheureusement, les architectes qui ont fourni les plans de la Grande-Roche ne sont pas connus. Les travaux s'échelonnent de 1859 à 1884, comme le rappellent les dates inscrites dans un fronton sur la dernière extension de la demeure.

Le chantier débute de toute évidence par l'aile sud, qui s'inspire encore grandement des maisons de campagne néoclassiques de la 1ère moitié du XIXe siècle. La nouvelle construction, élevée en 1859, est portée tardivement au registre des matrices cadastrales en 1868, puis la remise, l'écurie et le logement de domestique en 1869. Il semble vraisemblable que la demeure comprenait alors deux salons de part et d'autre d'un corridor central donnant sur un escalier. D'après certaines irrégularités dans l'épaisseur des murs et dans le plan du sous-sol, on peut supposer qu'il existait dès cette époque une aile adossée qui correspondait peut-être à une cuisine. L'élévation principale, qui présente plusieurs anomalies (absence de porte, fenêtre murée, séries inhabituelles de trois fenêtres), laisse supposer que le bâtiment a sans doute été largement remanié par la suite.

 

Une demeure "castellisée"

Les matrices cadastrales signalent une première augmentation de construction pour l'année 1870, toujours au nom d'Ernest Besnard. Le commanditaire change alors résolument de parti : la construction d'une nouvelle aile en retour, incluant sans doute un bâtiment antérieur (cuisine ?) réoriente complètement la maison désormais dirigée vers la vallée. Le style néoclassique est complètement abandonné pour un goût s'approchant davantage de l'esprit néogothique, avec ses volumes irréguliers et imbriqués évoquant des tours et ses pignons découverts. L'aile nouvellement construite comprend un nouvel escalier d'honneur, inclus dans un faux pavillon, ainsi que les accès principaux : portes à double-battant côté cour et côté jardin. L'irrégularité de l'ensemble témoigne sans doute de la difficulté de s'adapter au préexistant : espace contraint pour l'escalier, portes principales désaxées l'une par rapport à l'autre. S'agit-il d'une volonté du commanditaire, d'un projet étudié à l'économie ou encore de maladresses d'architecte ? L'absence d'archives ne permet pas de répondre à cette question. On note également l'aménagement d'une porte-fenêtre et d'un balcon vers la Mayenne sur le mur latéral du bâtiment antérieur, dont le motif du garde-corps est identique au balcon de l'extension.

Ernest Besnard possédait sans doute quelques chiens pour la chasse ; il se fait construire près des communs, à une date inconnue, ce qui semble être un chenil avec un abri en forme de tour (?). En 1872, il passe une annonce pour la perte d'un chien couchant fauve à poil ras nommé Tom. Aucune information n'a été retrouvée concernant les aménagements paysagers autour du château ; ceux-ci semblent avoir été modestes et il n'est pas certain qu'un paysagiste soit intervenu.

La troisième campagne intervient en 1884 et est enregistré au cadastre en 1888. Il semble que le commanditaire en soit toujours Ernest Besnard, qui ne décède qu'après 1890. La demeure est complétée d'une aile couverte en terrasse, avec cuisine au rez-de-chaussée, flanquée d'une tour carrée abritant un escalier de service. La seconde tour à l'angle du corps sud, sans réelle utilité fonctionnelle, lui est trop similaire pour ne pas avoir été ajoutée pendant la même campagne. Cette fois-ci, le style adopté apparaît plus classique, avec ses ouvertures régulières, ses bandeaux et ses corniches, mais poursuit l'œuvre de "castellisation" de la demeure avec l'adjonction des tours. Vers 1900, la Grande-Roche appartient à Arthur-Marie-Léon-François-Urbain Lefebvre d'Argencé, propriétaire à Mayenne et maire de Châlons-du-Maine, gendre d'Ernest Besnard par son mariage avec sa fille Noémie. Il semble, d'après l'oralité, que celui-ci se soit intéressé à l'aménagement paysager du site.

Le château sera occupé par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale avec la construction de baraquements, depuis supprimés. La demeure est peu transformée par la suite, si ce n'est au début du XXIe siècle par l'adjonction d'une terrasse et la création d'un motif en coquille au-dessus de l'entrée principale, en remplacement de l'ancienne marquise métallique. On note également la disparition des épis de faîtage et d'une partie des souches de cheminées visibles sur les cartes des années 1900.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1859, porte la date
    • 1884, porte la date

La demeure est édifiée au sommet du coteau dominant la vallée de la Mayenne, au cœur d'un parc et de prairies qui descendent doucement vers la rivière. Il s'agit d'un ensemble hétéroclite de bâtiments ajoutés les uns aux autres, affichant un certain éclectisme stylistique.

Le corps principal, orienté au sud-est vers la campagne, est un grand bâtiment rectangulaire dont la façade est mise en relief par un léger avant-corps central. L'ornementation se résume à des chaînages d'angles harpés, des encadrements de baies moulurés, une corniche et trois petits frontons triangulaires soulignant le tripartisme de la façade. Les baies sont réparties en cinq travées et curieusement regroupées par trois sur la partie centrale, dont une murée au rez-de-chaussée. La fenêtre à l'étage du côté de la Mayenne est pourvue d'un balcon. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pans et à croupes. Une tour carrée à angles abattus, couverte d'un toit en pavillon, est postée à l'angle nord-est. Le bâtiment comprend, au rez-de-chaussée, un salon et une salle à manger de part et d'autre de ce qui pourrait être le reste d'un corridor central donnant sur l'ancien escalier. Le salon conserve ses boiseries sculptées, la salle à manger une niche pouvant accueillir un poêle ou une fontaine.

Le bâtiment adossé, qui présente un étage carré et un étage en surcroît, présente à première vue une apparente complexité. Les avancées et retraits de façades simulent des avant-corps, tours et pavillons. Il s'agit en réalité simplement, à chaque niveau, de pièces séparées par un corridor central accueillant l'escalier principal. L'ensemble est couvert de trois toits à longs pans parallèles, celui du milieu étant masqué par deux toits en pavillon à chaque extrémité. L'élévation sur jardin, à trois travées, présente deux légères avancées coiffées de pignons découverts de part et d'autre d'une travée centrale en retrait. La porte est au centre, surmontée d'une porte-fenêtre donnant sur un balcon. L'élévation postérieure est similaire, si ce n'est que la travée nord est largement en retrait : elle met davantage en relief la cage d'escalier qui affecte l'apparence d'une tour carrée. Le corridor présente un carrelage remarquable à motifs de lions vernissés ; l'escalier est en bois avec un garde-corps en métal. La porte d'entrée côté cour donne sur un hall décentré, à gauche de l'escalier.

Le troisième bâtiment, construit à la suite du précédent, présente un étage carré et une couverture en terrasse. Une tour d'angle carrée coiffée en pavillon abrite un escalier de service qui part du rez-de-chaussée (cuisine) et monte jusqu'à la terrasse. Les baies sont disposées en travées avec des pleins-de-travée en pierre de taille ; les façades sont ornées d'encadrements de baies harpés, d'un double bandeau et d'une double corniche. La travée donnant sur la cour est surmontée d'un fronton cintré portant les dates 1859-1884 inscrites dans un écu.

A proximité se trouvent les communs, de taille modeste. La composition est symétrique, avec l'écurie au centre flanquée de deux appentis et, de part et d'autre et placés à la perpendiculaire, la remise à gauche et le logement du gardien à droite. Les encadrements d'ouvertures mêlent le granit, la brique et des agrafes en calcaire, ainsi que des arcs segmentaires et cintrés. Le soubassement semi-circulaire devant l'entrée du logement serait le vestige de la masse d'un four. A droite des bâtiments se trouve l'enclos du chenil, avec une petite tour circulaire voûtée en brique dont la fonction semble incertaine (abri des chiens ?). Les communs du château sont directement adossés aux bâtiments de la ferme. Un puits est également visible.

Le parc, en partie ceinturé par des arbres, est de taille relativement modeste. D'inspiration anglaise, il se confond avec les champs et prairies alentour qui descendent vers la vallée. L'arbre le plus remarquable est un imposant cèdre planté en contrebas de la demeure.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 337. Vente de la métairie de la Grande-Roche à Entrammes, 1858.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 153-154, 569, 1486. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune d'Entrammes, XIXe-XXe siècles.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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