Dossier d’œuvre architecture IA53004493 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure dite château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - L'Huisserie
  • Commune Entrammes
  • Lieu-dit Briacé
  • Cadastre 1810 D1 91 à 93  ; 2022 D 143, 688-689
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, jardin, clôture, ferme, écurie, grange, étable, remise, passage couvert, toit à porcs, four à pain, cour

Un ancien site féodal disparu

Les documents originaux n'ayant généralement pas pu être retrouvés, il faut se référer aux travaux de Louis Morin de la Beauluère sur Entrammes, repris par l'abbé Angot dans son dictionnaire topographique, pour avancer quelques éléments concernant l'histoire de Briacé. C'était un fief vassal de la baronnie d'Entrammes. La famille de Briacé apparait dans les textes dès la fin du XIIe siècle : Henri de Briacé est cité en 1189 (Henricus de Brienseto) avec son épouse Isabelle dans une donation au bénéfice du prieuré d'Origné, dans le cartulaire de Marmoutiers. On trouve ensuite Geoffroy de Briacé en 1294, Guillaume en 1301, Jean en 1312. Le premier site féodal occupait peut-être la butte surplombant la Mayenne, entre le moulin et la chapelle de la Clémencerie, comme le suggère la microtoponymie : une parcelle est nommée "le Châtelier" sur l'état de section du cadastre de 1810, peut-être en référence à une motte castrale. Le site, en position dominante, contrôlant sans doute un ancien franchissement de la Mayenne et un chemin médiéval longeant la rivière, semble en effet propice à une telle installation.

C'est ensuite la famille Ouvrouin, seigneurs de Poligné, qui possède la seigneurie dans la seconde moitié du XIVe siècle (Guillaume Ouvrouin en 1356), puis Pierre d'Anjou selon un aveu rendu à la châtellenie d'Entrammes en 1417. Les propriétaires sont ensuite les seigneurs d'Entrammes eux-mêmes, semble-t-il à partir de 1486. Toujours selon l'abbé Angot, Charles Bourré seigneur d'Entrammes, aurait vendu "le lieu, domayne et appartenance de la métairie de Briacé" le 7 juin 1586 pour 600 livres à Michel Rivault, "son châtelain d'Entrammes". Aucun aveu ou description de l'ancien manoir n'a été retrouvé. Selon Morin de la Beauluère, le fief de Briacé s'étendait sur de nombreux lieux de la paroisse d'Entrammes, tels que Chantelou, Montigné, la Clémencerie, le Frêne, Lanerie, la Roche-aux-Clercs, etc.

Une modeste maison de maître à l’époque moderne

La période qui s’ensuit est encore plus mal connue ; il semble que la seigneurie disparaisse (elle n’est mentionnée ni sur la carte de Jaillot ni sur celle de Cassini au XVIIIe siècle) et qu’une petite maison de maître se substitue à l’ancien logis seigneurial. En 1807, Briacé est une simple métairie incluse dans la vente de la terre d'Entrammes par Guillaume-Mathieu du Mas à Louis-Daniel Courte Vilcler, avocat à Paris, et à Jacques-Pierre Foucault de Vauguyon, propriétaire à Laval. En 1833, Marthe-Thérèse Courte de Vilcler épouse Philippe Morin de la Blotais : le couple demeure rue de Hercé à Laval, tandis que Briacé est une ferme, partiellement reconstruite dans les années 1860 d'après les matrices cadastrales. Philippe Morin de la Blotais consolide le domaine de Briacé en rachetant au meunier Louis Lepage en 1866 l'ancien moulin seigneurial qu'il fait reconstruire en 1875. En parallèle, il fait édifier une seconde métairie ex-nihilo, située plus haut sur le coteau.

En 1878, Marthe-Thérèse Courte de Vilcler, devenue veuve un an plus tôt, effectue une donation de ses domaines d'Entrammes, dont Briacé, à ses enfants Louis-Albert Morin de la Blotais et Marthe-Henriette de Meaulne. Ce document fournit une intéressante et assez précise description des lieux : il distingue la métairie de Briacé, élevée par Philippe Morin et affermée à un certain Gruau, du "domaine de Briacé", c'est-à-dire l'ancienne maison de maître avec ses dépendances, affermée à un certain Pierre Fournier. Celle-ci comprend "un corps de bâtiment renfermant le logement du fermier, une chambre et une étable, greniers sur le tout, trois toits à porcs à côté de l'étable, un four au bout de la maison d'habitation, une loge avec pressoir ; un vieux pavillon comprenant une pièce à feu au rez-de-chaussée, deux caves au-dessous, un cellier à côté, grenier au-dessus, rues et issues". La présence du pavillon confirme l'usage de Briacé comme maison de maître avant la Révolution : logis intermittent du propriétaire, avec une forme architecturale bien identifiable, il se distingue du logis du fermier qui exploite les lieux. Il ne reste aujourd'hui plus rien des anciens bâtiments, à l'exception d'une petite dépendance située entre la demeure et l'orangerie, vestige d'un grand corps de bâtiment visible sur le plan cadastral de 1810. Sa toiture pentue et ses maçonneries irrégulières attestent de son ancienneté, mais il est difficile d'avancer une datation précise.

 

La construction du château moderne

L'héritière de Louis-Albert Morin de la Blotais, Marie-Marthe, épouse Aymar de Sainte-Marie, originaire de Ris Orangis en région parisienne, lequel fait transformer la ferme de Briacé en plaisante demeure de campagne. Les matrices cadastrales enregistrent la conversion d'une maison en étable en 1889, puis la démolition d'une partie des bâtiments en 1901. La construction du château et de ses dépendances est à son tour enregistrée en 1902, pour un achèvement des travaux en 1899. La même année, l'instituteur communal écrit dans sa monographie d'Entrammes : "De nombreux châteaux et villas jettent leur note gaie sur la campagne qui compte beaucoup de paysages délicieux et des promenades très agréables. Les plus connus pour leur architecture élégante ou leur situation pittoresque sont la Coudre, la Drugeoterie, le Vallon et Briacé". Résolument moderne, la demeure est alimentée en électricité par le moulin jusqu'au milieu du XXe siècle et chauffée par un calorifère, comme en attestent les bouches dans les planchers.

La reconstruction de Briacé s'accompagne d'un renouvellement complet de son environnement. Un parterre à la française (en partie réaménagé aujourd'hui) est créé devant la façade sud et un vaste et pittoresque parc à l'anglaise est aménagé, composé comme une clairière entourée par les bois coiffant les escarpements de la Clémencerie et de la Volue. Des passerelles en bois enjambaient l'Ouette, comme en attestent les cartes postales anciennes. En 1901, Aymar de Sainte-Marie fait reconstruire la chapelle de la Clémencerie qui est bénite le 14 septembre. En 1912, il obtient de l'administration l'autorisation d'établir au droit de son château de Briacé un abri pour ses bateaux, également à usage de lavoir : il semble que ce projet n'ait toutefois jamais été réalisé. Lieu de plaisance, Briacé est dévolu aux promenades en campagne, au canotage sur la Mayenne, aux chasses et aux excursions en voiture (d'après les recherches de Jean-Yves Hubert, Aymar de Sainte-Marie aurait fait immatriculer dès 1903 une des premières automobiles mayennaises). L'ensemble du domaine, augmenté d'un cottage à la mode anglaise en 1926, est conservé intact, malgré notamment son occupation pendant la guerre ; seul le logis du fermier a été remanié au niveau des ouvertures dans la 2e moitié du XXe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Le domaine de Briacé est établi au bord de la Mayenne, dans le vallon formé par l'Ouette entre les escarpements de la Clémencerie et de la Verrie. Installé dans un méandre, le site jouit d'une vue ample et dégagée sur la vallée de la Mayenne : il comprend une grande demeure, dite château, des communs répartis autour d'une cour, une serre et une orangerie, un vaste parc, ainsi qu'une chapelle, un moulin et une demeure dite "cottage" (dossiers annexés).

La demeure est placée à une trentaine de mètres de la berge seulement ; depuis la rive opposée, elle offre l'apparence d'un chalet retiré dans un site isolé et pittoresque. Le logis comprend deux ailes à l'équerre, avec une tour d'escalier carrée coiffée en pavillon dans l'angle. Les maçonneries sont en moellons de schiste et de calcaire apparents, tandis que les ouvertures sont encadrées blocs de calcaire bleu lavallois taillé. L'architecture mêle avec retenue et discrétion certains codes de la villégiature francilienne et balnéaire et l'influence du néogothique finissant : maçonneries apparentes, volumes imbriqués, toits pentus à égouts retroussés débordants, pignons couverts, lucarnes en bois, fenêtres chanfreinées à accolades et traverses. Les salons de réception sont tournés vers la Mayenne à l'ouest (façade sans travée) ; les pièces utilitaires vers le jardin au sud (façade à cinq travées). La distribution verticale est assurée par le grand escalier suspendu en bois, à retours, disposé dans la tour ; celle-ci est prolongée par un balcon soutenu par des poutres métalliques. Les toitures d'ardoises sont surmontées par les épis de faîtage en zinc de la tour, un petit clocheton et les souches de cheminées en briques, retenues par des tirants métalliques au monogramme SM de la famille de Sainte-Marie.

Les dépendances sont disposées au sud de la demeure. Ce qui semble être une ancienne bergerie, vestige des constructions antérieures, a été conservée comme remise à outils mais peut-être aussi comme fabrique de jardin pittoresque. A proximité, l'orangerie avec sa grande baie vitrée orientée au sud est accolée à une remarquable serre en métal et verre à profil courbe. L'écurie-remise, aux ouvertures en arc segmentaire en briques, est percée en son centre d'un passage couvert en plein cintre surmonté d'un oculus et d'un pignon couvert. Il donne accès à la cour de ferme, bordée par la grange-étable à l'ouest, un fruitier, un four à pain et des toits à porcs à l'est et le logement du fermier, remanié, au sud.

Un jardin régulier autour d'un bassin prend place sur le parterre devant la façade sud. Le reste du domaine est traité en parc agricole, mêlant sans distinction les espaces de promenade, les prairies et les champs ainsi que la nature environnante. Le dessin du parc renforce l'écrin formé par le relief et les espaces boisés qui l'enserrent ; une vaste clairière bordée par le ruisseau l'Ouette au nord est ponctuée d'arbres isolés ou groupés en bosquets. On note la présence d'un énorme séquoia, de cyprès, de pins, d'acacias, de châtaigniers, de platanes, etc. Un chemin bordé de clôtures en béton relie la propriété à la route de Laval, à proximité duquel se trouvent de curieux rochers placés en demi-cercle, affleurement naturel ou aménagement artificiel du parc. Il subsiste les vestiges de ponts et passerelles enjambant l'Ouette.

  • Murs
    • schiste moellon
    • calcaire moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/4-4. Monographie communale d'Entrammes, par l'instituteur Gravier, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 153-154, 569, 1486. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune d'Entrammes, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 74. Vente de la terre d'Entrammes à Courte de Vilcler, 25 mai 1807.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 447. Vente du moulin de Briacé à Entrammes, 1886.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 226 Q 667. Donation de la métairie et du domaine de Briacé à Entrammes, 1878.

  • Archives départementales de la Mayenne ; S 510. Autorisation donnée à Aymar de Sainte-Marie pour l'aménagement d'un ponton à Briacé à Entrammes, 1912.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • MORIN DE LA BEAULUERE, Louis-Julien. Notice historique sur la commune d’Entramnes [Entrammes]. Laval : H. Godbert libraire-éditeur, 1855.

    p. 48, 54

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien d'Entrammes, 1810. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2689).

  • Plans et photographies anciennes du château de Briacé à Entrammes, 1ère moitié XXe siècle. (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Articulation des dossiers
Parties constituantes