Historique de l'origine, de la construction et de la bénédiction du Monument de Notre-Dame du Triomphe érigé dans l'enclos de l'Abbaye du Port-du-Salut près Laval (Mayenne) par un religieux-prêtre du monastère – 1875 (Extrait).

Description de la statue : "On l'avait recouverte d'une couche de minium afin de la protéger contre l'oxydation. Elle avait les mains jointes, portait au bras droit un gros chapelet et une rose épanouie à ses pieds. Sa robe ondoyante se trouvait retenue, à la jonction du buste par une longue et gracieuse écharpe. La tête enfin était couronnée d'un splendide diadème formé d'étoiles et de lys, et qui, sur la partie antérieure du front, donnait naissance à un voile ou manteau dont la vaste draperie se déroulait en plis capricieux jusqu'au milieu du globe qui lui servait de socle". "Le premier soin de M. Gazel fut donc de dresser, au-dessus du monument, une tente provisoire assez spacieuse […]. Cette fraction du globe et ce diadème qui ruisselaient au soleil comme une cascade d'or ; cette grande robe aux grands dessins, s'enchevêtrant en des méandres insaisissables, et su laquelle la teinte vigoureuse de l'écharpe se détachait à l'instar d'une éclaircie d'azur dans un ciel vaporeux ; enfin, ce manteau bleu, semé d'étoiles et de lys, et doublé d'un or vert".

Description du monument : "[…] la base du monument repose sur un socle circulaire, construit en mosaïque à larges bossages, et couronné, dans sa partie supérieure, par un cordon de granit où sont gravés en lettres d'or ces mots deux fois répétés : Notre Dame du Triomphe La terreur des démons"

Description des anges : "Ils proposèrent la combinaison de n'établir que deux moules pour les quatre anges : deux d'entre eux porteraient une banderole, les deux autres lèveraient une main, et appuieraient l'autre sur le rebord d'un écusson ou bouclier fixé entre leurs jambes. En les alternant sur place, on romprait l'uniformité de leur pose, tandis que la peinture se chargerait à son tour de changer l'identité de leurs traits et de leurs ajustements". "On improvisa pour eux un atelier à part, dans lequel on les peignit sur une exécution plus large et avec des teintes plus uniformes. Au-dessus de leurs robes blanches, flotte en sautoir une longue écharpe ou mantelet de couleur cendrée, verte, rouge ou bleue, et frangé sur toute sa hauteur de filigranes d'or. Leurs yeux sont baissés, leurs bouches légèrement entrouvertes, et une luxuriante chevelure, disposée sur leurs fronts et se détachant du reste de l'ensemble par des tons fortement accentués, encadre la face d'esprits célestes. Débout sur leurs piédestaux respectifs, ces quatre anges sont d'une beauté ravissante ; et quoique la blancheur de leurs robes, en se confondant avec les teintes pâles et indécises des zones de la tour, amoindrisse le mérite de la perspective. Chacun d'eux mesure 2 mètres, du bas de la plinthe au sommet de la tête, et 2m 58 cent. jusqu'aux extrémités des ailes. Chacun d'eux aussi porte deux inscriptions écrites en lettres d'or : sur l'écusson de Saint Michel, vis-à-vis la grille de l'escalier fermant l'accès de l'enceinte, on lit ces mots : "quelle est celle-ci ?" et sur la base de granit, les noms des personnes qui ont concouru à la construction du monument. Des deux banderoles déployées par saint Gabriel et saint Raphaël s'élancent deux cris d'amour : "O clémente ! O pieuse !"  […]. Enfin, au bas de ces trois derniers piédestaux sont, d'un côté, la consécration d'un hommage à Notre-Dame de Lourdes, par le Révérend Père abbé du Port-du-Salut ; de l'autre, la date de la bénédiction du monument par le Mgr Wicart, premier évêque de Laval ; et plus loin, sous l'ange de l'Incarnation, la date encore du Bref d'indulgence, accordé par le Souverain Pontife."

Description de la chapelle : "C'est dans l'épaisseur de ce socle que dom Albéric a eu l'ingénieuse idée de faire ouvrir une petite chapelle qui, en créant un but plus déterminé au pèlerinage, pût en même temps servir de reposterio aux personnes désireuses de se recueillir et de prier. Dans l'intérieur sont creusées trois niches, à dimensions inégales, et qui, avec la porte d'entrée, reposant sur deux axes se coupant en angle droit, donnent à l'ensemble de cette espèce de crypte la physionomie d'une croix. La voûte de la chapelle se termine par une coupole, au haut de laquelle existe une baie circulaire, recevant le jour par quatre ouvertures ou œils-de-bœuf, et ménagés dans la partie la plus évasée de la tour. Cette tour elle-même, construite de zones briquetées, blanches et rouges, semées de croix, s'élève en s'amoindrissant jusqu'au revêtement d'un double chapiteau, dont l'un affecte la forme d'une conque à moulures ; l'autre, celle d'une couronne crénelée, et se trouve flanquée, à son point de départ, de quatre bases secondaires, à trois pans égaux, sur lesquels sont placés les archanges qui, de leurs ailes déployées, semblent soutenir dans les airs le trône de Marie."

"M. Gazel a, en outre, peint sur les murs quatre panneaux oblongs, entourés d'un cordon d'or :

Au-dessus du premier, dans un fond azur avec lointain, le regard s'arrête sur un beau lys, étalant ses blanches corolles et ses gracieux boutons, et enlacé à sa base par de nombreuses épines : Lilium inter spinas.

Au-dessus du second, est représenté un rosier, aux fleurs épanouies, se détachant également sur un beau ciel : Rosa mystica.

Au-dessus du troisième, une croix rustique est plantée sur un rocher d'où jaillit une source (la grâce), autour de la croix grimpent le lierre et le Passi-flora ou fleur de la passion : Mater divinae gratiae.

Au-dessus du quatrième s'élèvent, dans un gracieux vallon, un palmier et un platane. Au pied du palmier est placée une ancre : Refugium peccatorum.

Ces quatre panneaux se trouvent couronnés : d'un côté, par les armes du R.P. Abbé du Port-du-Salut et celles du vicaire-général de la Congrégation ; de l'autre, par les armes de la communauté et celles de la paroisse d'Entrammes. Le blason de Monseigneur de Laval, consécrateur du monument, surmonte le groupe de la Pieta, ou descente de croix. Les statues de saint Joseph et de saint Jean portent chacune leur monogramme enfermé dans un écusson. Enfin, à l'opposé de la porte d'entrée, faisant face à la rivière, sera scellée, dans quelques jours, une vaste plaque où seront inscrits les noms de tous les bienfaiteurs dont l'offrande a atteint la somme de cent francs […]."