Dossier d’œuvre architecture IA53004458 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Église paroissiale Saint-Georges de Ménil
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Ménil
  • Adresse rue Saint-Martin
  • Cadastre 1833 A4 933  ; 2022 A1 156
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Georges
  • Parties constituantes non étudiées
    sacristie

Les origines romanes

Saint-Georges était l'une des deux églises paroissiales de Ménil, la seconde dédiée à Saint-Martin-de-Vertou, alors déjà ruinée, ayant été détruite à la fin du XVIIIe siècle. Entre les deux édifices s'étendait un vaste cimetière ayant fait en partie l'objet d'une fouille archéologique qui a permis de dater les tombes les plus anciennes de la fin du haut Moyen-Age. Les récents travaux d'Alain Valais confirment l'existence de l'église Saint-Georges dès le Xe siècle, par l'identification dans les maçonneries du bras nord du transept et de sa chapelle orientée d'une baie en plein cintre murée et de petits moellons disposés en assises régulières. D'autres baies murées similaires sont visibles sur les murs nord et sud du chœur. L'église primitive était donc déjà importante, avec un transept développé.

Les premières mentions écrites figurent au cartulaire de l'abbaye de la Trinité de Vendôme dans les années 1040-1050. A cette époque, les moines de ladite abbaye disposent de l'église et du bourg de Ménil et y fondent un prieuré, situé entre les deux églises, et dont les origines exactes sont mal connues. Si aucune des deux églises de Ménil ne semble jusqu'alors avoir tenu la prééminence sur l'autre, Saint-Martin pouvant même avoir été plus ancienne que Saint-Georges, c'est désormais Saint-Georges qui devient le principal édifice de culte. L'église est agrandie ou fortement remaniée à l'initiative des moines à partir du milieu du XIe siècle, au plus tôt pendant la décennie 1040 selon Sébastien Legros, quand les moines prennent possession des lieux - possession confirmée par le pape Clément II en 1047. Le modèle architectural est Saint-Jean-Baptiste de Château-Gontier, dont le plan et les arcs de la nef sont très semblables. L'essentiel des maçonneries pourrait dater de cette époque, mais les lourdes restaurations du XIXe siècle altèrent considérablement la lecture de l'édifice.

Les transformations de l'époque moderne

Le chevet et les bras du transept sont vraisemblablement repris à la fin du Moyen-Age, vers le XVe siècle, de même semble-t-il que les bas-côtés de la nef. Le percement de nouvelles baies dans le chœur à la fin du XVIIe siècle, et sans doute la construction de la sacristie, sont à mettre en parallèle avec l'installation du retable du maître-autel, daté de 1693. En effet, d'après une chronique de l'église de Ménil, "le chœur de cette église a été fait par le nommé Torlore, menuisier à Chateaugontier et posé à la fête S. Michel 29 septembre de cette année [1697], et a coûté 200 livres en tout et les images de S. Georges et de S. Martin, cent dix livres, lesquelles sommes sont provenues de quêtes que nous avons faites aussi bien que pour cinquente écus d'ornemens que nous fûmes faire, l'année dernière".

La même chronique rapporte qu'en octobre 1672, l'église fut découverte "et notre clocher jetté jusques sur la rivière par un tourbillon de vent". La tour est reconstruite par l'architecte René Trouillard, de Château-Gontier. Les matériaux sont offerts par le seigneur de Magnanne, M. de Racappé, qui fait apposer ses armoiries sur le nouveau clocher : de sable à six roquets d'argent, posés 3, 2, 1. La croix du nouveau clocher est bénite le 20 juillet 1676. Il existe un dessin de l'ancien clocher roman couronné de sa haute flèche en charpente, peut-être fantaisiste par ses dimensions et qui ne correspond pas exactement à un témoignage précisant que "l'on pouvait dire que le dit clocher était un des plus remarquable de la province, la tour étant bâtie à la gothique avec quatre grandes fenêtres, de chaque côte, de dix à douze pieds de hauteur, et la pointe était de quatre vingts pieds de haut".

L'église néo-romane du XIXe siècle

L'église est saccagée et incendiée en 1794 par les Révolutionnaires, et n'est remise en état et pourvue d'un nouveau mobilier que progressivement dans les années 1800 et 1810. Les transformations les plus radicales de l'église sont réalisées au milieu du XIXe siècle. Une première modification est réalisée en 1837, avec l'adjonction d'une chapelle orientée au bras sud du transept, pour le rendre identique au bras nord et ainsi "rendre l'église entièrement régulière". Le devis est fourni par François Douet, maître tailleur de pierre. En 1850-1851, Eugène Leboucher, inspecteur des édifices diocésains au Mans, dresse les plans et devis d'une restauration et d'un agrandissement de l'église, visant à retrouver son homogénéité romane : "Nous pensons que les premiers travaux à entreprendre à l'église de Ménil doivent avoir pour but de rendre à diverses parties du monument le caractère qu'elles ont perdu". Leboucher étant décédé en 1851, le projet est repris et complété par l'architecte Constant-René Fouilleul, de Château-Gontier, qui réalise de nouveaux plans ainsi qu'une maquette en carton "artistement travaillé" évoquée dans la presse en 1852. L'entrepreneur des travaux est à nouveau François Douet, les travaux se poursuivent jusqu'en 1859.

Les principales restaurations visent la nef et ses bas-côtés. Ces derniers, reconstruits postérieurement à l'époque romane, sont jugés en désaccord avec la nef : le bas-côté nord est partiellement reconstruit, tandis que le bas-côté sud est reconstruit en totalité. Les fenêtres hautes de la nef, pour certaines murées, pour d'autres remaniées à diverses époques, sont refaites dans le style roman. Un massif de maçonnerie disgracieux supportant le clocher côté sud et obstruant en partie le bras sud du transept est supprimé. La façade occidentale, dégagée d'un auvent encore visible sur le plan cadastral de 1833, est également lourdement remaniée : si le projet initial prévoyait un portail très sobre surmonté d'un triplet, on lui a finalement préféré un portail sculpté et une grande fenêtre. En revanche, l'agrandissement de la nef d'une travée prévu n'est pas réalisé, probablement faute de moyens. Fialeix fournit les vitraux des apôtres et Gourdin l'horloge.

En 1886, le curé de Ménil et le comte de Sabran maire commandent la tribune à l'architecte angevin Eugène Dusouchay ; celle-ci sera achevée en 1888. En 1891, des réparations sont réalisées à la tour en vue de l'installation d'une horloge. En 1894, le maître-autel et le dallage du sanctuaire sont restaurés. En 1913, des réparations sont réalisées à la charpente et à la couverture de la nef, selon un devis établi par l'architecte Alfred Latouche-Bourel, par les entrepreneurs Gustave Bidault et Charles Périgois. L'édifice est restauré dans les années 1990 sous la houlette de l'architecte des Bâtiments de France Jacques-Henri Bouflet. Une nouvelle tranche de restauration est actuellement à l'étude.

Implantée près de la rivière Mayenne, non loin d'un ancien passage à gué remplacé par un bac toujours existant, l'église Saint-Georges de Ménil est approximativement orientée et possède un plan en croix latine. C'est un vaste édifice comprenant une nef avec bas-côtés, un transept avec chapelles orientées, un chœur prolongé par une sacristie désaxée par rapport au reste de l'édifice.

La façade occidentale s'organise autour du portail central en pierre de taille calcaire sculptée. Les rouleaux à grosses moulures de l'archivolte sont ornés de motifs géométriques (demi-cercles entrecroisés et dents-de-scie). Le tympan et les chapiteaux des colonnettes sont sculptés de feuillages, tandis que les coussinets supportant la plate-bande de la porte sont ornés de lions. Un bandeau à motifs de trilobes forme l'appui de la grande fenêtre en arc brisé à légère accolade au niveau supérieur. Le pignon à corniche rampante est ajouré de deux oculi. La partie centrale de la façade est séparée par deux contreforts, en partie en blocs de grès roussard, des deux ailes formées par les bas-côtés, chacune avec une porte en plein cintre en grès sombre.

La nef prend directement la lumière par douze fenêtres hautes, tandis que chaque bas-côté est éclairé par cinq baies : les fenêtres sont cintrées et possèdent des encadrements harpés en grès roussard. A l'intérieur, ces espaces sont reliés par de grands arcs en plein cintre reposant sur des piliers carrés. La nef, charpentée, est couverte d'un lambris, tandis que les bas-côtés sont couverts de fausses voûtes d'arêtes en lattis couvert de plâtre, dont les doubleaux retombent sur des pilastres adossés aux piliers.

La croisée du transept supporte une coupole reposant sur des culs-de-lampe. Le clocher carré prend place au-dessus : sa base présente la trace de baies en plein cintre murées. La partie supérieure, légèrement plus étroite, présente des angles traités en bossages et des baies géminées en plein cintre sur chaque face : celles-ci sont ornées d'agrafes et d'un décor de feuillages dans les écoinçons. On y voit également des blasons vides ou portant les armoiries de la famille de Racappé. Le toit est en pavillon avec égout retroussé. On accède au beffroi par un escalier à vis logé dans une tourelle circulaire à l'angle nord-est du clocher.

Les bras du transept et le chœur présentent des dimensions similaires et sont percés de baies en arc brisé ; celle du chœur est obstruée par le grand retable du maître-autel et la sacristie. On lit aussi les contours de baies plus anciennes murées, en arc brisé ou en plein cintre. Chaque croisillon est pourvu d'une petite chapelle orientée approximativement semi-circulaire.

A l'intérieur, les murs blanchis sont d'un grand dépouillement. Le riche mobilier est pour partie protégé au titre des Monuments Historiques. Les deux enfeus des seigneurs de Magnanne, du 4e quart du XVIIe siècle, ont été classés en 1910. Une cloche datée de 1690 a été également classée en 1942. En 1987 ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire les retables de la Vierge et du Sacré-Cœur, les fonts baptismaux et la chaire, datés du XVIIIe siècle (en réalité la chaire date de 1811, celle de 1732 ayant disparu dans l'incendie de 1794). Enfin, la pièce maîtresse du mobilier, le grand retable du maître-autel, daté de 1693, avec ses statues attribuées au sculpteur Jean Simon et la toile de l'Adoration des Mages de Touzé (1859) a été classé en 2000.

  • Murs
    • schiste moellon enduit partiel
    • grès moellon enduit partiel
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • lambris de couvrement
    • fausse voûte d'arêtes
    • coupole sans trompe
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis en maçonnerie
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement géométrique, dent de scie, cercle
    • ornement végétal, feuillage
    • ornement animal, lion
    • armoiries
  • Précision représentations

    Portail central à rouleaux ornés de motifs géométriques (demi-cercles entrecroisés et dents-de-scie), tympan et chapiteaux des colonnettes sculptés de feuillages, coussinets ornés de lions.

    Feuillages et armoiries ornant les baies géminées du clocher.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 267 J 593. Travaux à l'église de Ménil, dont tribune, 1877-1888.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 89. Fonds Jacques-Henri Bouflet architecte ; église de Ménil, années 1990.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 482 J 1. Registre des délibérations du conseil de fabrique de Ménil, 1804-1906.

  • Archives départementales de la Mayenne ; E-Dépôt 11 2 M 1. Église Saint-Georges de Ménil, 1850-1913.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-2. Monographie communale de Ménil, par l'instituteur Chalmel, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; O 679/3. Église Saint-Georges de Ménil, 1836-1911.

  • Archives privées. Chronique de l'église de Ménil (copie), 1835.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • ERAUD, Dominique, DE MAYNARD, Diane, PERRIN, Joël, SALBERT, Jacques. Retables de la Mayenne. Nantes : A.D.I.G., 1990. 80 p. (Images du Patrimoine ; 74).

  • JOUBERT, André. Histoire de Ménil et de ses seigneurs d'après des documents inédits. Paris : Librairie Emile Lechevalier, 1888.

    p. 32-35
  • LEGROS, Sébastien. Prieurés bénédictins, aristocratie et seigneuries : une géopolitique du Bas-Maine féodal et grégorien (fin Xe-début XIIIe siècle). Thèse de doctorat en histoire, université Rennes 2, 2007.

    p. 483-488
  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

  • METAIS, Charles. Cartulaire de l'abbaye cardinale de la Trinité de Vendôme, 1893.

  • VALAIS, Alain. Les églises rurales du premier Moyen Age (Ve-XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins. Université Paris-Nanterre, 2021. Th. doct. : Histoire et archéologie des mondes médiévaux : Paris 10 : 2021.

Périodiques

  • L'Indépendant de l'Ouest. Article concernant les travaux de restauration de l'église de Ménil, octobre 1852.

Documents figurés

  • Plans pour la restauration et l'agrandissement de l'église Saint-Georges de Ménil, par Leboucher et Fouilleul architectes, 1851-1854. (Archives départementales de la Mayenne ; E-Dépôt 11 2 M 1).

  • Plans de l'église de Ménil par Jacques-Henri Bouflet architecte, 1997. (Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 89)

  • Plan cadastral napoléonien de Ménil, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2745).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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