Dossier d’œuvre architecture IA53004387 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Manoir et ferme de la Monnerie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Lassay-les-Châteaux
  • Lieu-dit la Monnerie
  • Adresse
  • Cadastre 2021 ZD 41, 66
  • Précisions anciennement commune de Niort-la-Fontaine
  • Dénominations
    manoir, demeure, ferme

La demeure de la Monnerie est une imposante bâtisse aux allures de manoir, dont le statut noble n'est pas clairement documenté. Sa position sur un promontoire rocheux dominant le Lassay, son lien géographique avec le moulin et son architecture permettent de supposer qu'il a pu s'agir du siège d'une seigneurie au milieu ou à la fin du Moyen Âge. Il est possible que ce statut noble ait glissé vers la Rivière, lieu voisin, au cours de la période moderne. De fait, l'édifice semble majoritairement dater du XVe siècle ou du tout début du XVIe siècle.

Durant la période moderne, la Monnerie se trouvait à la fois dans la mouvance de la seigneurie du Horps et dans celle de la seigneurie du Bois-Froult. Bien que l'édifice possède les caractéristiques architecturales d'un manoir, qu'il se trouve à proximité immédiate d'un moulin qui semble en dépendre et qu'il se situe sur un éperon rocheux dominant la vallée du Lassay, le statut noble du fief de la Monnerie n'est explicité clairement par aucun document. Dans l'état actuel des recherches, il est donc plus juste de le qualifier de "demeure", plutôt que de "manoir".

Ce fief est mentionné pour la première fois en 1349. En 1453, Guillaume Suzanne en effectue la déclaration au seigneur du Bois-Froult : on y compte alors des "maisons avec granges, les contre-étages, les jardins, les vallées". Dans le pled du Bois-Froult datant de 1494, effectué par le même Guillaume Suzanne, le fief de la Monnerie apparaît lié au moulin du même nom. En 1507, Jean Suzanne détient le lieu. En 1637, la Monnerie est partagée entre Gabriel de Pellermain, écuyer, sieur de la Rivière, Michel Roullière et René Jaron ; en 1650, ce sont monseigneur de Ceaux, messire René Fresset, maître Michel Roullière apothicaire et René Jarry qui le tiennent. L'augmentation du nombre des tenanciers peut être liée à la construction au XVIIe siècle de la ferme, située sur la parcelle voisine, ou à celle d'édifices attenants à la demeure principale, aujourd'hui disparus. En 1770, Joseph-François Maillard, membre d'une famille de notaires et époux de Gillette Foucher de Commerçon, prend à rente la Monnerie.

Du fait des nombreuses ruptures dans sa maçonnerie et de pierres utilisées en remploi, établir un phasage chronologique clair de la demeure principale est rendu complexe. Deux assises de pierres courant le long de toute la façade occidentale semblent constituer le socle originel de l'édifice, témoignant que sa longueur était similaire à celle d'aujourd'hui.

Le mur-pignon sud, la partie sud du mur occidental, ainsi que le mur gouttereau oriental semblent homogènes. Les pierres épaisses des chaînages d'angle, les baies à chanfrein droit du mur gouttereau est, dont l'une est associée à un coussiège, et la forme et le décor des deux cheminées superposées du mur-pignon sud plaident pour une datation de cet ensemble de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. La présence de moulures, composées d'un quart-de-rond convexe, d'un deuxième concave et d'un troisième convexe, amortis à leurs extrémités, sur les trois grosses poutres du premier niveau et la poutre centrale du rez-de-chaussée va dans ce sens. La forme de la charpente, dont les pannes reposent sur deux encoches ménagées dans chacun des arbalétriers, disposant de poinçons, qui reposent sur les grosses poutres du premier niveau, et de faux-entrait, conforte également cette hypothèse de datation.

On accédait alors dans la salle basse par la porte, surmontée d'une accolade, du mur oriental, aujourd'hui bouchée et rendue inaccessible par un changement du niveau de sol. La salle haute était accessible par un escalier extérieur menant à la porte du mur-pignon sud ; les corbeaux de pierre encore présents dans ce mur laissent supposer qu'une galerie de bois y être adossée.

Le mur gouttereau occidental semble avoir été perturbé. La partie inférieure de sa section nord est formée d'épais blocs de granit équarris et assisés. Une comparaison typologique avec les maçonneries d'autres édifices étudiés autour de Lassay (châteaux du Bois-Thibault et du Bois-de-Maine notamment) pourrait faire penser que cette portion de maçonnerie est plus ancienne que le reste de l'édifice et a été conservée lors de remaniements postérieurs. Elle pourrait néanmoins également avoir été remontée au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle, période où l'on prend l'habitude d'équarrir et d'assiser le moellon de granit. La partie supérieure de cette section de mur est en tout cas représentative de cette manière constructive. Les pierres d'encadrement de la porte et des fenêtres de ce mur sont des éléments de remploi, pouvant néanmoins provenir du même édifice.

Un corps de bâtiment, plus bas, était accolé au nord, comme en témoigne la trace de son pignon. Il a été détruit à une date inconnue, entre 1813, date du cadastre napoléonien sur lequel il est représenté, et aujourd'hui. De petits bâtiments agricoles, porcherie et étable, ont été construits à proximité de cet édifice au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Inusités, ils sont aujourd'hui en ruines.

La maison et ferme située à l'est de cette demeure, et ayant pu en dépendre, semble principalement dater du XVIIe siècle, bien qu'elle ait été agrandie vers le nord dans le courant du XIXe siècle. Sa cheminée, à simples corbeaux et profonds chanfreins, ses épais linteaux de portes et de fenêtres en granit, dont la partie supérieure n'est pas taillée, ainsi que son escalier à vis en bois dans oeuvre, sont caractéristiques de cette époque.

  • Période(s)
    • Principale : limite 15e siècle 16e siècle
    • Principale : 1ère moitié 17e siècle

La demeure de la Monnerie se trouve sur un promontoire rocheux qui domine la vallée du Lassay. Orientée nord-sud, elle est construite en moellon de granit ; non équarri et non assisé sur son mur gouttereau oriental, sur la section sud de son mur gouttereau ouest et ses mur-pignons ; assisé et équarri sur la section nord de son mur gouttereau ouest. Elle est couverte d'ardoise et dotée d'un étage carré. Les deux fenêtres ouest de l'étage carré sont dotées d'un chanfrein droit et de grilles ; la porte bouchée de ce même mur surmontée d'une accolade. L'étage du mur-pignon sud est percé d'une porte. Les deux fenêtres superposées du mur gouttereau ouest sont encadrées de pierres en remploi. L'appui de celle du niveau supérieur devait originellement constituer un linteau, par la suite recoupé ; il est orné de fleur de lys, aujourd'hui placées à l'envers.

La demeure est longue de 14 mètres et profonde de 8. Ses mur-pignons, à leur base, sont épais de 2 mètres. Son niveau inférieur est divisé en deux espaces : au sud, une grande salle occupant les trois quarts de la superficie totale ; au nord, une pièce occupant un quart de la surface. La poutre centrale de la salle basse repose à l'ouest sur un corbeau de pierre et est insérée dans le mur du côté oriental. Une cheminée monumentale occupe le centre du mur-pignon sud. Son conduit rejoint celui de la cheminée du premier niveau. Ses corbeaux sont composés de trois ressauts ; le lien entre le profond chanfrein des piédroits et les corbeaux est orné de congés sculptés de têtes humaines. La base des chanfreins est amortie de congés triangulaires ornés de fleurs de lys. A gauche de la hotte droite se trouve une étagère de pierre. Les solives du plancher reposent sur une poutre de rive que soutiennent des corbeaux de pierre insérés dans ce mur. A l'étage se trouve une seconde cheminée dont le linteau de pierre est orné de trois fleurs de lys. Ses piédroits sont en forme de colonnettes surmontées de chapiteaux. Celui de gauche est orné d'un visage humain rieur, aux yeux exorbités, et coiffé. Les trois poutres de cette pièce, liées aux fermes de charpente du niveau de comble, sont moulurées. La baie nord du mur oriental est dotée d'un coussiège.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
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Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2760/5. Feuille B1 du cadastre napoléonien de la commune de Niort-la-Fontiane, 1812.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 114. Chartrier de Lassay. Baux à rentes (1308-1349).

    Prise de rentes au fief de la Monnerie.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 46. Chartrier de la seigneurie de Lassay. Documents divers concernant les censives.

    Copie d'aveux rendus au seigneur du Bois-Froust, la Monnerie, 1494.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 133. Chartrier de Lassay, liste des hommages de la baronnie du Horps, 1637-1650.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 193. Chartrier de Lassay, inventaire des titres de la seigneurie, 1600.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse-Victor (abbé), GAUGAIN, Ferdinand (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Mayenne : J. Floch, 1975.

  • BEN MAKHAD, Théo. Les systèmes d'information géographique comme outil d'étude pour l'archéologie du bâti. Application à deux manoirs du canton de Lassay-les-Châteaux (53). Mémoire de master 2 en archéologie, Université Rennes 2, 2020.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

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