Dossier d’œuvre architecture IA53004339 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Hameau de la Guiberdière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Hydrographies
  • Commune Rennes-en-Grenouilles
  • Lieu-dit la Guiberdière
  • Cadastre 2020 ZC 13, 67  ; 2020 ZD 54-68  ;
  • Précisions
  • Dénominations
    écart

Le village de la Guiberdière se démarque par une proportion notable d'édifices en pan de bois, dont une maison, qui est la seule occurrence relevée sur le territoire étudié. Les textes anciens ont permis d'émettre l'hypothèse du rôle structurant fort des communs dans le développement de l'habitat. L'architecture ancienne, sans doute d'une facture pauvre, nous est parvenue fortement modifiée ; le XIXe siècle a quant à lui laissé une trace importante.

Le fief de la Guiberdière dépendait de la seigneurie du Bois-de-Maine, ainsi que de celle du Hazay, avant que cette dernière ne se fonde dans la châtellenie du Bois-Thibault. Le village apparaît sur la carte de Cassini, sans statut noble - et ce malgré le linteau armorié surmontant la porte d'une maison. La Guiberdière est qualifiée de closerie en 1743. En 1764, une partie des habitants dépendent de la paroisse de Thuboeuf, et une autre partie de la paroisse de Géneslay (Orne).

Paysage, activités et organisation

La Guiberdière se trouve à proximité de l'axe Lassay-Juvigny-sur-Andaine, sans pour autant que le bâti antérieur au XIXe siècle ne soit organisé autour de cette route.

Les nombreux aveux rendus aux seigneurs du Bois-de-Maine (AD 53, 561 J 2) et du Hazay, puis du Bois-Thibault (AD 53, 2 J 336), qui tantôt se recoupent, tantôt se complètent, dévoilent quelques bribes d'un contexte disparu. Une "commune" (ici, vraisemblablement une parcelle de terre à usage communautaire) est mentionnée dès 1547. Dans les textes, une partie du bâti du XVIe siècle et du XVIIe siècle est localisée par rapport à cette commune. On peut donc légitimement se demander si celle-ci ne se trouvait pas au centre des habitations et si ces dernières n'ont pas été organisées en fonction d'elle : cela expliquerait la disposition des édifices du village autour d'une parcelle fossile circulaire, déjà divisée entre propriétaires sur le cadastre ancien (C2 177-191). La commune pourrait également globalement correspondre à l'actuelle parcelle ZD54, qui appartient encore au domaine public sur le cadastre ancien (1835).

Les communs étaient également constitués de ressources piscicoles : en 1519, deux petites marres à poisson à bonde et chapeau ; en 1638, un "étang de la commune". Celui-ci semble avoir rejoint les possessions d'un seul individu en 1764, puisque "l'étang ou masre a poisson" est mentionné dans l'héritage de maître Charles-Henry Grandin, malgré le maintien des "droits d'usages aux communes franchises et libertés dudit fief, conformément aux anciens droits". Ces marres et étangs se confondaient-ils avec la parcelle commune ou bien étaient-ils situés à l'écart des habitations ?

Quelques mentions anciennes permettent de déceler certains types de cultures. Dès le XVIe siècle, des champs à filasse étaient exploités. C'est encore le cas au XVIIe siècle (jardin à lin et à chanvre). Il n'est donc pas étonnant qu'en 1841, les recensements de population montrent que 35% des habitants (des habitantes en l’occurrence) étaient fileuses. Les documents, du XVIe au XVIIIe, évoquent la présence de vergers (verger de la Chesnaie notamment), qui vont de paire avec la construction de pressoirs : "un pressoir édifié de nouvel" en 1522, un "pressoir couvert de tuilles en 1547". Un gadage est représenté sur le cadastre ancien sur la parcelle C2 169 et la parcelle C2 197 se nomme "le pressoir".

En 1841, 52 individus peuplaient le village : 12 cultivateurs, 18 fileuses, 12 sans activité, 3 journaliers, 2 enfants en nourrice, 2 domestiques, 2 soldats et 1 tricoteuse. La population et le nombre de foyers augmentent légèrement jusqu'en 1886 (64 habitants), avant d'entamer une baisse inexorable d'environ 5 habitants tous les 5 ans.

Phasage chronologique et évolution de l'architecture

Le XVIe siècle

Les premiers aveux faits pour des maisons de la Guiberdière datent du XVIe siècle (1519 ; 1521 ; 1547). S'il s'avère impossible de localiser les maisons citées, du moins nous apportent-ils quelques éléments descriptifs. Entre autres exemples : Jean Peccatte rend hommage en juin 1519 pour une maison couverte de chaume et une grange couverte de tuile située au bout de la maison ; Jean Legoué édifie en 1521 une maison couverte d'ardoise et une autre de bardeau, sise au bout de la première ; Julien Foucault rend hommage en décembre 1522 pour une maison manable couverte de tuile. La diversité des matériaux de couverture peut-être relevée ainsi que le fait que la plupart des maisons apparaissent mitoyennes soit à une dépendance (grange, étable ou cellier), soit à une autre maison.

Du XVIe siècle, peu d'éléments architecturaux demeurent à première vue. Seule la maison de la parcelle ZD59 comporte des traits que l'on peut rattacher à cette phase chronologique : linteau armorié et petite baie chanfreinée incluse dans une maçonnerie de petit moellon à l'arrière.

Linteau de porte orné d'une accolade et d'un écu (parcelle ZD 59).Linteau de porte orné d'une accolade et d'un écu (parcelle ZD 59).

Le XVIIe siècle

Comme au siècle précédent, des dépendances se situent dans le prolongement des habitations, mais pas uniquement. Par exemple, en 1685, François Demieust, prêtre, rend hommage pour "une maison, cellier au bout se tenant, couvert d'ardoise et tuille avec un pressoir devant la maison, petite étable située derrière la maison". Toutes les maisons semblent de plain-pied, à l'exception de celle de François Housseau, prêtre, composée de deux chambres hautes, sur une cave et un fournil.

Dans l'aveu de 1678, deux ensembles sont situés autour de la commune (ce qui amène à supposer son emplacement au centre du village) : une maison manable avec un cellier contigu, appartenant à Lucas Lamy, prêtre, et une maison manable couverte de tuile, appartenant à Mathurin Lamy.

La maison-étable, située sur les parcelles ZD63 et 60, et déjà représentée sur le cadastre ancien pourrait dater du XVIe ou XVIIe siècle, de même que la partie orientée nord-sud de la parcelle ZD58.

Maison-étable (parcelles ZD 63-60).Maison-étable (parcelles ZD 63-60).

Le XVIIIe siècle

Les textes et l'archéologie du bâti révèlent et datent plusieurs nouvelles constructions de ce siècle : avant 1743, une maison a été bâtie par Renée de la Noë, veuve d'André Morice, mitoyenne de la maison d'Anne Remande, au moyen de matériaux d'une ancienne maison. Au bout de cette maison, composée d'une salle basse avec cheminée et grenier dessus, se trouvent une grange et un pressoir. L'ancienne habitation située au nord-ouest de la parcelle ZD58 a été construite ou reconstruite en 1778, selon une analyse dendrochronologique.

La maison située entre les parcelles ZD55 et 56 est probablement antérieure au XIXe siècle car représentée sur le cadastre ancien, mais trop modifiée, elle est indatable.

Les XIXe et XXe siècles

Si le bâti antérieur à 1800 est globalement resté en place jusqu'à aujourd'hui, le XIXe siècle apporte à la Guiberdière son lot de nouvelles constructions. Mais alors que les édifices antérieurs au cadastre napoléonien se situent majoritairement autour de la trace fossile ronde centrale, ceux construits au cours du XIXe siècle se détachent de ce noyau initial. En effet, la route Lassay-Juvigny-sur-Andaine attire les habitations construites à cette période. L'alignement parallèle à la route (deux maisons mitoyennes, une grange-étable, une petite étable, parcelles ZD65 et 66) semble être édifié au cours de la 1ère moitié du XIXe siècle. Une maison est construite en 1868 par Louis Monsallier sur la parcelle ZC92. Il s'agit dans un premier temps d'une maison à trois travées, allongée dans le 1er quart du XXe siècle d'une maison-grange-étable.

En outre, l'autonomisation des bâtiments d'exploitation au cours du XIXe siècle engendre l'édification de deux dépendances, non mitoyennes des habitations : une grande grange-étable à fond de grange en parcelle ZD54 et une grande remise en parcelle ZD67. Une remise en pan de bois et torchis, située sur la parcelle ZD57 pourrait également dater du XIXe ou du début du XXe siècle.

Des modifications sont apportées à l'alignement de la parcelle ZD58 : la façade principale est restaurée et orientée au nord ; la partie occidentale de l'alignement est reconstruite et transformée en une grange-étable à fond de grange.

L'actuelle maison de la parcelle ZD93 est reconstruite indépendamment de l'alignement ancien dans le dernier quart du XXe siècle.

Alignement de maisons et de dépendances agricoles parallèles à la route.Alignement de maisons et de dépendances agricoles parallèles à la route.

Synthèse

La Guiberdière est loin d'être un village fossilisé dans son état d'Ancien Régime. Si les textes et l'observation du bâti laissent présager que le XVIIIe siècle constitue une période de forte construction (ou de reconstruction), c'est au XIXe siècle que de nouveau édifices apparaissent en dehors de ce qui semble être le noyau de peuplement originel, pour privilégier l'orientation vers les axes de circulation. Contrairement à d'autres écarts, les alignements de la Guiberdière les plus conséquents sont l'œuvre du XIXe siècle.

La Guiberdière se trouve entre la lisière orientale de la commune de Rennes-en-Grenouilles, bordant directement l'écart de la Sorrière sis à Thubœuf, et la route départementale 216.

Forme et organisation de l'écart

Le village se structure autour d'un espace, aujourd'hui imperceptible car divisée entre plusieurs parcelles privées, et la départementale. La route reliant cette dernière à la Sorrière semble plus se faufiler entre les parcelles que constituer un axe structurant.

Bâti de l'écart

De l'état de section du cadastre napoléonien (1835), on apprend que 14 maisons peuplaient alors le village. Presque toutes sont encore en élévation (on dénombre une disparition et deux à l'état de ruine), mais celles qui étaient mitoyennes ont généralement été fusionnées en une seule parcelle. Aujourd'hui, 5 maisons sont habitées.

La plupart des édifices sont construits en moellon de grès schisteux, matériau présent dans le sous-sol de cette partie du territoire. Les pierres sont plus ou moins gréseuses ou schisteuses en fonction des édifices. On compte également une remise et une maison en pan de bois et torchis. Une façade a été bâtie en grès blanc, matériau exogène introduit dans la 2e moitié du XIXe siècle.

Aucune maison ne comporte d'étage carré. Les granges-étables indépendantes, aux murs hauts, sont d'un volume similaire.

  • Murs
    • grès moellon
    • torchis pan de bois

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 327. Matrices cadastrales, Rennes-en-Grenouilles, 1860-1880.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 949/2. Etats de sections (B3-C), Rennes-en-Grenouilles, 1835.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 2780/2. Feuille A1 du cadastre napoléonien, Rennes-en-Grenouilles, date inconnue.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 561 J 2. Chartrier du Bois-de-Maine.

    Aveux rendus aux seigneurs du Bois-de-Maine, fief de la Guiberdière.
  • Archives départementales de la Mayenne ; 2 J 336. Chartrier du Bois-Thibault.

    Fief de la Guiberdière
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
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