Dossier d’œuvre architecture IA49010874 | Réalisé par
Durandière Ronan (Contributeur)
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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Le Corre Chloé (Rédacteur)
Le Corre Chloé

Stagiaire Conservation départementale du patrimoine (1/03/2022 à 29/07/2022).

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  • enquête thématique départementale, Confluence Maine-Loire
Château de Sainte-Gemmes, puis asile d'aliénés actuellement hôpital psychiatrique dit Centre de Santé Mental Angevin (CESAME)
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Archives départementales de Maine-et-Loire
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Confluence Maine-Loire
  • Hydrographies La Loire
  • Commune Sainte-Gemmes-sur-Loire
  • Lieu-dit
  • Adresse 27 route de Bouchemaine
  • Dénominations
    château, asile d'aliénés, hôpital psychiatrique
  • Appellations
    Centre de Santé Mental Angevin (CESAME)
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle

Le château des Guillemot de Lusigny

Bien que la terre de Sainte-Gemmes soit qualifiée de châtellenie au xve siècle, celle-ci ne semble pas avoir été de grande importance durant le Moyen Âge et il faut attendre le début du XVIe siècle pour qu'elle se distingue du domaine ecclésiastique en passant aux mains de l'une des familles les plus puissantes d'Anjou, celle des Lasnier. Proche du roi de France, François Lasnier obtient en 1646 la transformation du domaine en baronnie. En 1698, la terre est vendue à Philippe Guillemot de Lusigny, receveur au grenier à sel d'Angers. C'est sans doute à ce dernier que l'on doit la reconstruction de cette grande demeure de plaisance, dont la façade sur la Loire porte la date de 1701 et la façade sur le jardin celle de 1706.

Dominant le fleuve, le château reprend certains principes de l'architecture française de la seconde moitié du XVIIe siècle : pavillons d'angle, grande salle en profondeur, escalier extérieur à volée en fer-à-cheval. L'originalité de la façade sur Loire se manifeste surtout par la composition du niveau de soubassement auquel sont adossées, sous l'escalier, des colonnes baguées. L'iconographie ancienne révèle que le logis était pourvu à l'ouest de vastes dépendances et de pavillons ouvrant sur le fleuve, ainsi que d'un jardin aménagé sur plusieurs niveaux de terrasses agrémentées d'arbrisseaux en pots. Le domaine est acquis en 1748 par la famille Baudard de Vaudésir, dont le célèbre Claude, commanditaire de la "Folie Sainte-James" à Neuilly-sur-Seine, adossa la baronnie à son nom. En 1841, il est racheté par le Département de Maine-et-Loire pour être transformé en hôpital.

L'hôpital départemental

Tenu de se pourvoir d'un établissement psychiatrique suite à la loi du 30 juin 1838 portant sur la prise en charge des malades mentaux, le Conseil général de Maine-et-Loire décide de racheter l'ancien domaine de Sainte-Gemmes-sur-Loire le 29 août 1841. Face à la Loire, le château et son parc constituent en effet un lieu idéal, en adéquation avec les théories des aliénistes. Le site de 21 hectares permet notamment de réutiliser les vastes dépendances du château tout en envisageant la construction de nouveaux bâtiments sur les espaces restés libres. Il permet également l'aménagement de lieux de promenade ou d'activités agricoles aidant au bien-être et à la guérison.

Dès l'origine, la beauté du paysage naturel environnant est mise en exergue dans les brochures promotionnelles de l'hôpital : "L'air y est pur, les eaux salubres et abondantes, la température adoucie par le voisinage d'un grand fleuve". En 1844, dans son programme d'ouverture, le premier directeur, le docteur Levincent, fait référence au spectacle offert aux résidents de la galerie ouest, située en front de Loire, où les malades "trouveront un avant-goût de la société à laquelle ils pourront être un jour rendus, un air pur, une perspective admirable".

L'élaboration du projet est confiée dès 1841 à l'architecte angevin Édouard Moll (1797-1876). En étroite collaboration avec le docteur Levincent et Guillaume Ferrus, médecin en chef de l'hôpital Bicêtre à Paris et inspecteur général du service des aliénés, il dessine un plan inspiré des théories de Jean-Étienne Esquirol et du modèle de Charenton. Ses deux premiers projets ayant été rejetés pour des raisons financières, Moll étudie une troisième alternative avec division stricte de l'espace, axée sur le château, entre les quartiers des hommes, à l'ouest, et ceux des femmes, à l'est. Côté hommes, l'utilisation des bâtiments existants de l'orangerie donne naissance à un parallélépipède fermé, surélevé d'un étage. Côté femmes, un nouveau bâtiment est construit. Une classification sociale, médicale et comportementale sépare les malades. Une ferme est bâtie en 1845, et une chapelle en 1854.

L'accroissement du nombre des internements – l'établissement compte cinq cent vingt aliénés dès 1854 – conduit rapidement à réaliser un certain nombre d'agrandissements. Dans les années 1870, Ernest Dainville, architecte départemental, propose ainsi un projet ambitieux de restauration de l'hôpital. La majeure partie de son intervention est centrée sur la reconstruction du quartier des hommes, aménagé en forme de peigne, perpendiculairement à la Loire. Ses dessins témoignent notamment du souci constant de conserver une vue panoramique sur le fleuve par le biais de terrasses et de balcons.

Un service d'hydrothérapie, destiné à calmer l'agitation des malades et atténuer leur violence, est prévu dès la mise en service de l'hôpital. En 1879, le projet de Dainville lui donne une place plus importante dans un bâtiment dédié, équipé d'une piscine et de plusieurs types de bains alimentés par l'eau de la Loire.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne morale
  • Sites de protection
    site classé

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 4 N 221 à 4 N 267. Archives de l'asile départemental de Sainte-Gemmes-sur-Loire (Terrains et immeubles, 4 N 221 à 4 N 227 ; travaux, 4 N 228 à 4 N 267).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 11 Fi. Collection iconographique Célestin Port, Sainte-Gemmes-sur-Loire.

Bibliographie

  • COLLECTIF. Moi Hippolyte, Eugénie... et les autres. De l'insensé à l'aliéné en Anjou (1800-1854). Angers, 2005, 105 p.

  • DURANDIÈRE, Ronan. La confluence Maine-Loire. Territoire de villégiature. Images Patrimoines en région, Nantes, Éditions 303, 2021, 136 p.

  • GUÉRIN, Vincent. "Un hôpital comme les autres : Sainte-Gemmes-sur-Loire, 1920-1977", in PETIT, Jacques-Guy et SAINT-ANDRÉ, Jean-Paul Saint-André (dir.), Médecine et hôpitaux en Anjou du Moyen Âge à nos jours, Rennes, 2009.

    p. 97-108
  • GUÉRIN, Vincent. "Ne plus être un monde à part" : La transformation d'un hôpital psychiatrique : Sainte-Gemmes-sur-Loire (1910-1977). Thèse de doctorat en histoire contemporaine, sous la direction de Christine Bard, Université d'Angers, 2011.

Documents figurés

  • Cartes postales, Sainte-Gemmes-sur-Loire. (Archives départementales de Maine-et-Loire ; 6 Fi).

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Durandière Ronan
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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Le Corre Chloé
Le Corre Chloé

Stagiaire Conservation départementale du patrimoine (1/03/2022 à 29/07/2022).

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