Le Clos Bourbon est une vaste parcelle quadrangulaire close de murs (avec pan nord-ouest coupé depuis le second quart du XIXe siècle). Elle mesure près de 350 mètres de long par 150 mètres de large. La partie sud est aménagée en terrasses sur murs de soutènements, parallèles au vallon du ruisseau de la Vacherie. L'angle nord-ouest du clos est aujourd'hui à pan coupé.
Les bâtiments
Le seul édifice qui désormais s'élève dans le Clos Bourbon est l'aile, tronquée, conçue pour abriter les filles de Louis XV, bâtiment dit Logis Bourbon.
On observe toujours, à l'est du clos, les traces d'arrachement de la voûte qui, sur près de 70 mètres de long, couvrait l'actuelle rue du Logis-Bourbon Au nord-est, les dépendances du logis des filles de Louis XV (blanchisserie, boulangerie, etc.), qui mettaient notamment en relation celui-ci et le presbytère de Saint-Michel de Fontevraud, au nord, ont été détruites et n'en restent que des vestiges d'arrachements et des portes, murées, d'anciennes communication.
Plus à l'est encore, on conserve le portail en demi-lune qui ouvrait anciennement sur cette rue. Ce portail est attesté sur les plans du milieu du XVIIIe siècle, mais est absent du premier projet de Jean Aubert pour le logis des filles de Louis XV, où figure un portail plus simple, à double vantaux. Il doit donc avoir été réalisé, probablement sur l'emplacement d'une porte plus ancienne du clos, au cours des travaux de construction du Logis Bourbon, à la fois pour en magnifier l'accès et pour faciliter la manœuvre des véhicules hippomobiles en cette rue étroite. Au sud de ce portail s'alignent le long de la rue des bâtiments construits entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, sans doute comme nouvelles dépendances du Logis Bourbon Le long du mur nord du Clos Bourbon, l'on trouve des traces de baies et arrachements qui correspondent à l'ancienne orangerie et, dans le parc, quelques mètres au sud de l'ancienne porte qui permettait à un religieux d'accéder au chœur de cette chapelle, se trouvent les ruines de Notre-Dame-de-Liesse.
Dans l'espace qui, aujourd'hui, constitue une aire de stationnement pour visiteurs, au nord-est du clos, fut mis au jour début 2014, lors de travaux, la galerie d'une ancienne descente de cave, probablement du XVe ou du XVIe siècle, qui devait être lié à la production viticole du clos de vigne préalablement à l'intégration de la parcelle à l'ensemble monastique.
Le jardin
Le parc de Bourbon selon la vue de 1699 de la collection Gaignières
Conservée à la Bibliothèque nationale de France, la vue de la collection de François-Roger de Gaignières, datée de 1699 et dressée depuis le sud-ouest du bourg, montre qu'à la fin du XVIIe siècle, le clos était divisé principalement en deux secteurs : au nord, des espaces couverts rythmés par de grands alignements, au sud et à l'ouest, des espaces découverts composés de successions de parterres.
Si l'on ne connaît pas clairement leur rôle dans l'aménagement du Clos Bourbon, les archives livrent pour cette période quelques noms de jardiniers à Fontevraud, comme celui de Jean Dubois, qui fut aussi « dessignateur de Madame de Montespan » en 1697 ou encore Claude Dubois, sans doute son proche parent, « maître fleuriste des jardins de Madame l'abbesse » en 1708.
Le parc de Bourbon selon le plan dit de 1762
Le plan de l'abbaye dit de 1762 est connu pour sa grande précision concernant les bâtiments de l'ensemble monastique. En ce qui concerne les jardins, si une grande prudence est de mise, il semble que cette représentation soit là encore assez fidèle à la réalité, d'autant que certains éléments sont confirmés par d'autres plans, comme les parterres de broderie, à l'est, qui figurent sur le projet dressé en 1738 par Jean Aubert pour le Logis Bourbon.
Les jardins tels qu'ils sont représentés sur le plan dit de 1762, reprennent en grande partie la structure précédente. Présentes en effet sur la vue de Gaignière, les grandes lignes directrices du jardin paraissent résulter des aménagements du XVIIe siècle, même si de nouveaux agencements apparaissent là.
Selon ce plan, les jardins sont formés de trois ensemble longitudinaux.
Le partie nord-est détonne dans l'organisation de la zone nord du clos et semble avoir été surimposé à la structure préexistante : cet espace est en effet fortement marqué par la construction de l'aile des filles de Louis XV. Entre l'extrémité ouest du logis des Filles de France et la chapelle Notre-Dame-de-Liesse, semble ainsi avoir été érigée une galerie enserrant un jardin composé de plates-bandes quadrangulaires où prend place une orangerie.
Le secteur nord des jardins se poursuit plus à l'ouest par un ensemble à couvert encadré de deux allées d'arbres de haute tige, qui forment de longues promenades ombragées tout en conférant à l'ensemble un bel effet de perspective linéaire, accélérée par le fait que ces allées convergent vers l'ouest. Si l'allée nord suit simplement le mur de clôture, le tracé de l'allée sud, en légère oblique par rapport à l'axe du clos, semble être lié à un point de vue établi en lien avec l'ancien palais abbatial. C'est là l'allée principale, plantée de marronniers.
Entre ces deux grandes allées, un large espace est occupé par des bosquets réguliers, sans doute plus bas, entrecoupés d'allées secondaires, rectilignes ou diagonales, et traversés d'une allée principale ponctuée, à mesure que l'on s'éloigne du Logis Bourbon, de salles de verdure de plus en plus petites et de formes diverses : en quadrilobe, en ellipse, en carré puis simple carrefour en étoile. Dans certains bosquets sont ménagés des effets, labyrinthe ou fabrique.
La partie centrale du Clos Bourbon, sous le nom de « jardin de Bourbon à l'usage des religieuses », présente un compartimentage plus diversifié de couverts et découverts : à l'est, en venant du palais abbatial, se trouvent des de parterres brodés vraisemblablement de traits de buis à volutes et ponctués d'arbustes en caisse (très certainement des orangers) . L'on trouve ensuite un boulingrin à allée tournante dont le centre devait accueillir une statue ou un arbre en son centre. Un second boulingrin quadrangulaire suit, puis un bosquet à allées formant carrefour en étoile. À l'ouest, enfin, le dernier compartiment est formé d'arbres plantés en échiquier.
Séparé des précédents par une rupture de pente aménagée en terrasse maçonnée, le jardin sud est divisé en trois parties. À l'est, est planté un petit échiquier d'arbustes. Entouré de murs, au centre, se trouve un long « jardin de mille-fleurs à l'usage de Madame l'Abbesse », composé de plates-bandes fleuries qui encadrent une allée centrale le long de laquelle s'alignent de petits arbres. À l'ouest, enfin, il semble que soit composé un théâtre de verdure, avec boulingrin et gradins.
Diverses indications portées sur d'autres plans et sur des documents d'archives du XVIIIe siècle permettent d'apporter quelques précisions supplémentaires. Ainsi, on conserve mention d'allées couvertes de sable de Loire et de boulingrins ensablés. De même, on peut identifier une glacière au centre du mur sud, et une citerne, au sud-est du clos.
Une rapide description des jardins en 1794, alors que l'ensemble saisi au titre des biens nationaux n'a pas encore trouvé d'acquéreur, permet de retrouver des éléments que l'on avait ainsi pu repérer. Sont ici mentionnés des allées de marronniers d'Inde, ormeaux et tilleuls en quinconce, mais aussi des plantations de poiriers, pommiers et pruniers, parfois portés par des espaliers ; on y décrit également des treilles de muscats et de chasselas et les parterres d'un jardin dit « de Mille-Fleurs ».
Le jardin, du XIX siècle à nos jours
Le Clos Bourbon, devenu parc d'une habitation particulière après la Révolution conserva des éléments structurants (murs et terrasses), mais le couvert végétal, par contre, changea comme en témoigne un acte de vente de 1861 qui décrit le clos comme étant composé de « terre, vigne, pâtures et promenades de tilleuls ». De même, une photographie aérienne de 1927 montre que, si le principe d'une grande allée d'arbres est maintenu, son tracé en revanche ne correspond plus à celui du XVIIIe siècle : repoussée plus au nord, l'allée conduit au Logis Bourbon en partant, depuis l'ouest, de la nouvelle porte du domaine percée dans le mur qui longe la route de Loudun. Lorsque le site passa sous administration militaire, le site accueillant des escadrons de blindés, le jardin fut totalement bouleversé et les alignements décimés.
Sous le giron du Ministère de la Culture, associés à l'abbaye, les jardins du Clos Bourbon sont reconstitués dès 1986, sous la direction de Pierre Prunet (ACMH) qui décide de restituer ceux du plan dit de 1762. Les plantations sont réalisées (notamment allées, bosquets et échiquiers), mais progressivement délaissées.
De nouveaux projets paysagers sont désormais en cours d'étude.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.