Le corps de bâtiment aujourd'hui désigné comme la Secrétainerie ou Segrétainerie, consiste en un tronçon d'un ensemble bien plus important qui comprenait "tous les bâtiments qui environnent la cour de la Secrétennerie". Il s'agit, en effet, dans la partie nord de l'ensemble monastique, au-delà de la clôture des religieuses et de la Cour-du-Dehors, des édifices qui, dans les derniers siècles du fonctionnement de l'abbaye du moins, qui étaient dévolus aux sacristains qui desservaient l'abbatiale, mais connurent aussi d'autres affectations (logement des frères convers, hébergement d'hôtes de passage, réfectoire, geôles, etc.).
Ces bâtiments de service furent plusieurs fois transformés et agrandis ; ils disposaient de jardin au bord de l'Arceau qui, détourné en amont pour composer le réseau hydraulique de l'abbaye, sourdait à leur immédiate proximité.
Une vue de la collection de François-Roger de Gaignières, datée de 1699, montre le complexe assemblage de corps de bâtiments qui constituaient alors la Secrétainerie (avec en second plan le volumineux et médiéval Grand Vendôme) dont l'un, sans doute érigé lors d'un remaniement survenu au cours du XVIIe siècle, formait une belle aile d'axe nord-ouest/sud-est (longue de neuf ou dix travées, avec passage couvert, soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage-carré et comble à surcroît où alternent hautes lucarnes et œils-de-bœuf). Au sud-est, la cour était, sur cette vue, fermée d'une aile qui semble plus ancienne, large et avec un toit ample et doté de nombreuses cheminées.
Les vestiges du bâtiment du 31, rue Saint-Jean-de-l'Habit correspondent à cette aile-ci. Il s'agit là d'un bâtiment qui fut probablement érigé tôt dans le complexe monastique, peut-être dès les premiers temps de l'abbaye et de nombreuses fois repris par la suite. Ce bâtiment (avec celui du 29, rue Saint-Jean-de-l'Habit), a échappé aux destructions qui frappèrent l'abbaye, soit du fait, tout d'abord, des pillages révolutionnaires qui suivirent le départ des frères (1791) et des moniales (1792), dans un second temps des partages nés du dépeçage de l'abbaye en lots (dès 1792) mis en vente nationalement et, enfin, des expropriations et travaux d'aménagement de la prison (vers 1817) qui s'accompagnèrent de la percée d'une nouvelle voie (actuelle rue Saint-Jean-de-l'Habit) qui passe à travers les bâtiments et l'ancienne cour de la Secrétainerie.
Les parties les plus anciennes sont en sous-sol, il s'agit vraisemblablement de latrines, peut-être du XIIe ou du XIIIe siècle. Les autres caves qui forment le sous-sol ainsi que le bâtiment qui les surplombent furent construits entre le XIVe ou au XVIe siècle. En façade ouest les arcades d'une galerie qui ouvrait sur l'ancienne cour sont conservées : deux d'entre elles (la troisième est totalement reprise) et le pan de mur qu'elles portent conservent un décor qui est identique à celui des galeries édifiées en 1580 au bas des façades des infirmeries de la cour Saint-Benoît, dans le Grand Moutier. Il est donc possible que ces arcades de la Secrétainerie datent de la fin du XVIe siècle ou du tout début du XVIIe siècle.
L'ensemble des parties hautes des élévations a été repris à plusieurs reprises entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, au cours des phases de suppression de l'abbaye et de construction de la prison.
Des travaux de dégagement des sous-sols, dans la seconde moitié du XXe siècle, ont permis de mettre au jour les caves de ce bâtiment qui avaient été en partie remblayées au cours du XIXe siècle.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.