Dossier d’œuvre architecture IA44004775 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, commune de Saint-Fiacre-sur-Maine
Ecart dit les Gras Moutons anciennement demeure et domaine dit Gras Mouton
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vignoble - Vertou
  • Hydrographies la Maine
  • Commune Saint-Fiacre-sur-Maine
  • Lieu-dit les Gras Moutons
  • Cadastre 1814 K 9-13  ; 2011 D01 7, 1555, 1556, 1593, 1594, 1599, 1600
  • Précisions anciennement commune de Maisdon-sur-Sèvre
  • Dénominations
    château
  • Destinations
    écart
  • Parties constituantes non étudiées
    moulin, dépendance, maison, jardin

L'écart dit des Gras Moutons est situé sur la portion de territoire de Maisdon rattachée à Saint-Fiacre en 1930. Sous l'Ancien Régime, Gras Mouton est une terre et juridiction de haute, moyenne et basse justice, fief mouvant, relevant du marquisat de la Bretèche et de la châtellenie de Château-Thébaud. La mention la plus ancienne du lieu semble remonter à 1389 : Amaury de la Ville est héritier de Jean de Gras Mouton. Au XVe siècle, la terre et juridiction passe par mariage aux Souvaing et aux Le Blant, puis aux Pantin, également seigneurs du Coing, qui la conserveront jusqu'à la fin du XVIIe siècle. En 1683, Jean Cailleteau, écuyer, seigneur de la Chasseloire, rachète à Samuel Pantin la maison, terre et seigneurie de Gras Mouton consistant en le principal manoir de Gras Mouton, moulins à eau, chaussée et logement, moulin à vent de la Masse, droit de pêche en rivière de Maine et juridiction. En 1731, aveu est rendu pour deux moulins à eau avec leurs maisons, chaussée attachée de çà et de là sur rivière de Maine et leurs pêcheries, appelés les moulins de Gras Mouton ; une rente est due par les preneurs d'arrentement d'un pré joignant la chaussée, sur lequel ils ont bâti, en 1623, un magasin ; un devoir de coutume existe sur les marchandises passant la chaussée des dits moulins ; enfin 13 boisseaux de blé et seigle sont dus à cause de la maison noble de Gras Mouton et de ses dépendances. Le 5 juin 1755, les deux filles et héritières de Pierre Cailleteau vendent la Chasseloire et Gras Mouton aux Le Loup père et fils. Il semble que dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, les moulins et magasin, affermés à Charles Bréban, chirurgien à Vertou, soient en très mauvais état : les machines et la porte de l'écluse de la chaussée ont été démolies, le logement est en ruine. En 1785, la chaussée, située au bout du pré Perdrier, a disparu : c'était le dernier vestige des moulins à eau de Gras Mouton dont l'existence était attestée depuis 1486. En 1788, la visite du domaine de Gras Mouton, affermé au sieur Rambaud signale des bâtiments nécessitant de nombreuses réparations : une maison, un grand magasin avec deux pressoirs, trois celliers et une grange ; jardin potager entouré de murs, verger, prés, châtaigneraies nouvellement plantées et pièces de vigne, à devoir de quart, tenues par plusieurs colons. En septembre 1797, les propriétés des Le Loup, dont Gras Mouton, sont mises en vente comme biens nationaux. N'ayant pas trouvé preneur, le domaine est estimé, en 1801, pour la liquidation de la succession Le Loup : une maison et ménagerie presque totalement incendiées, cour, jardin, verger, terres labourables, bois et pré de la Biousse, vignes. Le cadastre levé en 1814, indique, au nord-ouest de la cour, un groupe de bâtiments aux contours irréguliers, dont une partie est ruinée. En 1844, Verger, signale les ruines du château de Gras Mouton appartenant à Mr de Couessin [héritier des Le Loup]  : quelques pans de mur couverts de lierre ; belle position sur le bord de la Moine. En 1867, Athanase de Couessin vend les vestiges du domaine à Jean-Julien Pageau, de Nantes. En 1890, à la faveur de la succession Pageau, Gras Mouton se morcelle entre plusieurs propriétaires : la famille Libeau et MM Sécher et Gaborit, arpenteurs. Dans les années 1930, M Libeau, un tonnelier, un négociant en vin de Beautour et un entrepreneur de Chantenay se partagent le lieu. Si l'on se réfère aux recensements de population, en 1846, Gras Mouton est une métairie occupée par cinq habitants ; en 1891, on compte deux maisons pour huit habitants et en 1921, quatre maisons pour quinze habitants. Devenu hameau, les Gras Moutons, qui ont gardé leur vocation viticole, sont actuellement constitués de quatre propriétés.

Maison 1

Cette propriété repose sur un fonds constitué de la majeure partie des vestiges bâtis de Gras Mouton : la matrice cadastrale les signale comme maison et sol de maison. La maison ruinée semble avoir été rapidement relevée à partir des substructions existantes : maison à 3 niveaux, aux élévations de moellons jointoyés, coiffée d'un toit à longs pans couvert d'ardoise. Les encadrements de baies sont de calcaire sur la façade nord, et composites sur la façade sud : granite, arcs de schiste, brique sont les témoins de la reconstruction de l'édifice. A l'est de celui-ci, sans doute à la même époque, l'ancienne habitation semble avoir a été remaniée en dépendances vinicoles : bâtiment en rez-de-chaussée, aux élévations de moellons jointoyés, percées d'ouvertures en meurtrières. Les toitures à longs pans et en appentis sont couvertes de tuiles creuses. Cet ensemble de bâtiments, récemment remanié, est aujourd'hui, dans sa totalité, à usage d'habitation.

Maison 2

En 1870, Jean-Julien Pageau construit, ex nihilo, une maison à 3 niveaux. Les élévations, à chaines d'angle de calcaire, présentent 3 travées. Le toit à croupes, couvert d'ardoise, est orné de deux épis de faîtage en zinc. En 1911, un nouveau propriétaire, M Libeau, édifie des dépendances : sur le pignon est de la maison, une remise, dotée d'un portail en anse de panier, avec comble à surcroît et couverte d'une croupe d'ardoise ; sur le pignon est de la remise, une écurie en rez-de-chaussée, fait la jonction avec une dépendance, antérieure à la Révolution, ruinée au moment de la levée du cadastre de 1814. Les portes sont à encadrements de brique et de calcaire ; les élévations sont de moellons jointoyés et la toiture, en appentis, est couverte de tuiles creuses.

Maison 3

Cette propriété, la plus vaste du hameau, siège d'un domaine vinicole, repose, au nord-est, sur une partie du fonds ancien bâti du domaine : la matrice cadastrale de 1821 la qualifie de maison. Les vestiges de l'ancienne entrée, en demi lune, dotée désormais d'un seul pilier, permettent l'accès à ce qui fut la cour de Gras Mouton. Celle-ci est entourée de 3 dépendances : au nord-est, les vestiges d'une habitation à dater des XVIIe-XVIIIe siècles ; à l'est un vaste hangar, construit dans la première moitié du XXe siècle ; à l'ouest, un édifice à 2 niveaux, élevé fin XIXe-début XXe siècle. En bordure du chemin d'accès à l'écart, une maison a été édifiée ex nihilo, dans les années 1880, par Jean-Baptiste Libeau. L'édifice, à 3 niveaux et 2 travées, est coiffé d'un toit à longs pans couvert d'ardoise. Il est agrandi, un siècle plus tard, par une construction accolée à son pignon est. Au nord-est de la maison, une dépendance avec logement, édifiée fin XIXe-début XXe siècle, s'appuie sur la dépendance ouest de la cour. Un if bicentenaire remarquable ombrage la partie du jardin joignant l'ancienne entrée de Gras Mouton.

Maison 4

Construite en 1938 par un négociant en vin, elle fait l'objet, sur le cadastre actuel, d'une parcelle désormais différenciée. De base carrée, à 3 niveaux, elle est coiffée d'une toiture à longs pans couverte de tuile. Les élévations, sans doute de moellons, sont crépies. Le pignon sud, traité en façade, présente un décor de maçonnerie inspiré du style basque, caractéristique des années 1930.

  • Murs
    • brique
    • calcaire
    • granite
    • enduit
    • crépi
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse, ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre
  • Jardins
    arbre isolé
  • État de conservation
    bon état, restauré, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Le destin de Gras Mouton est lié au fait que cette terre et maison était d'abord et avant tout une importante juridiction. Toujours lié à l'un des deux domaines voisins, le Coin ou Chasseloir, il n'était pas lieu de résidence seigneuriale et a vu l'entretien de son bâti négligé dès le 18e siècle. Il semblerait, enfin, que René-Pierre Le Normand du Buisson, ancien procureur fiscal de Gras Mouton mais aussi membre du tribunal révolutionnaire de Nantes, ne soit pas étranger au fait que le domaine, tout comme Chasseloir, n'ait pas trouvé preneur lors de sa mise en vente comme bien national. C'est le seul domaine d'Ancien Régime de l'actuel Saint-Fiacre, devenu hameau.

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; B 1828. Sénéchaussée de Nantes. Paroisse de Château-Thébaud. Jean Pantin et Guillemette Préseau, son épouse, déclarent deux moulins sur la Maine, pêcheries, écluses et droit de tiers et de quart sur la vendange de divers clos de vigne, rentes et vassaux nobles en paroisses de Maisdon et Château-Thébaud. 1486.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; B 1828. Aveu et déclaration fournis par Me Nicolas Gicquiau, avocat des enfants mineurs de défunt écuyer Pierre Cailleteau, seigneur de la Chasseloire, Gras Mouton, Laubraie et de la châtellenie de Château-Thébaud. 31mars 1731.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1402. En la cour royale de Nantes et au marquisat de Goulaine, vente par messire Samuel Pantin à messires Jean Cailleteau, seigneur de la Chasseloire, et Pierre Dugast, sieur du Brossay, de la maison, terre et seigneurie de Gras Mouton. 8 juillet 1683.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1402. Vente, par les filles de Pierre Cailleteau, des terres et seigneuries de la Chasseloire et Gras Mouton à Louis Le Loup et Louis-François Le Loup, son fils, prêtre et père de Louis-Marie Le Loup, son fils mineur. 5 juin 1755.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1402. Aveu de simple obéissance rendu par Charles Brabant, maitre chirurgien à Vertou à messires Louis-François Le Loup, seigneur de la Chasseloire et autres lieux, Louis-Marie Le Loup, seigneur de Château-Thébaud et autres lieux et Armand Louis Jousseaume, seigneur marquis de la Bretèche. 16 mai 1760.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1405. Aveu rendu pour les terres et seigneuries de Laubraie, Gras Mouton et Chasseloire par Amaury de la Ville, héritier de Jean de Gras Mouton, 1389.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1415. Etat des dépendances et rentes de la Chasseloire : métairie de Gras Mouton, chapelle de Chasseloire et de la Bidière, moulins à eau et à vent de Gras Mouton et de la Masse. 1778.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; E 1415. Etat et visite des dépendances de Gras Mouton appartenant au seigneur le Loup de Chasseloire qui a affermé au sieur Jean Rambaud. 10 avril 1788.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 185 J 91. Fonds de Sesmaisons. Succession de feu messire Louis le Loup, seigneur de Château-Thébaud, la Chasseloire, Gras Mouton et autres lieux. Prisage des biens, août-décembre 1785.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 185 J 151. Fonds de Sesmaisons. Mémoire de Louis Le Loup, seigneur des Aubraies, Gras Mouton et autres lieux, contre Charles Brebant, chirurgien, concernant l’affermage du logement de Gras Mouton et la suppression des moulins à eau et de l´écluse. 12 mai 1775.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 2 M 229. Recensements de population. Maisdon-sur-Sèvre, 1836-1860.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 2 M 229. Recensements de population. Maisdon-sur-Sèvre, 1836-1860.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 92 5. Matrice cadastrale de Maisdon-sur-Sèvre. Etats de sections 1821.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 92 21. Matrice cadastrale de Maisdon-sur-Sèvre, 1828-1879.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 92 22. Matrice cadastrale de Maisdon-sur-Sèvre, 1882-1911.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 92 23. Matrice cadastrale de Maisdon-sur-Sèvre, 1911-1963.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; Q 76 3068. Procès-verbal d'estimation des biens confisqués sur le Loup dit Chasseloire, émigré. 24 fructidor an V de la République [= 11 septembre 1797].

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; Q 76 3068 bis. Procès-verbal de prisage des biens invendus dépendants de la maison de Chasseloire et situés en Maisdon, Saint-Fiacre et Château-Thébaud. 26 nivôse an IX de la République [ = 16 janvier 1801].

  • Médiathèque de Nantes ; m.s. 1486. Maisdon. Dans : Notes sur l'arrondissement de Nantes. Renseignements recueillis par F. J. Verger dans toutes les communes de l'arrondissement en 1844 et 1845.

    feuillets 141 et suivants

Bibliographie

  • Dictionnaire des terres et seigneuries de l'ancien comté nantais et de la Loire-Inférieure d'après Ernest de Cornulier. Nouv. éd. rev. et augm. Nantes : Galerie des Ancêtres, 2007.

  • SAINT-ALLAIS, Nicolas de. Nobiliaire universel de France ou recueil général des généalogies des maisons nobles de ce royaume, volume 9. Paris : chez l'auteur, 1816.

    p. 127-129
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2011
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ehlinger Maïté
Ehlinger Maïté

Contractuelle de mai à août 2017.

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