Dossier d’œuvre architecture IA44004716 | Réalisé par
  • inventaire topographique, commune de Saint-Fiacre-sur-Maine
Presbytère, actuellement demeure, la Vieille Cure
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vignoble - Vertou
  • Commune Saint-Fiacre-sur-Maine
  • Lieu-dit la Vieille Cure
  • Cadastre 1827 A 1391-1392
  • Dénominations
    presbytère
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    demeure, communs, jardin, fabrique de jardin

La paroisse de Saint-Hilaire du Coin n'apparaît dans les pouillés du diocèse de Nantes qu'au XVe siècle. Elle dépendait alors des seigneurs de Goulaine qui avaient droit de fondation sur l'église, le cimetière et le presbytère. La Vieille Cure, située à 500 mètres de l'église, est probablement contemporaine de la création de la paroisse : semble en témoigner la partie englobée dans l'aile nord de l'édifice, avec son étage à encorbellement. En 1680, le presbytère est sous la dépendance du marquisat de la Galissonnière : le recteur de Saint-Fiacre doit hommage à Jacques Barin "pour raison de la maison presbytérale du dit lieu, jardins, bois de haute futaie, vignes domaines et cartiers, dépendant de la dite rectorie". On peut dater de la fin XVIe-début XVIIe siècle une première campagne de reconstruction sur la base d'un noyau primitif, à savoir la partie ouest du logis avec son aile et sans doute les dépendances est. Particulièrement bien nantie, la cure semble prospérer au XVIIIe siècle. Elle héberge deux prêtres, le recteur et son vicaire, ce qui nécessite l'agrandissement du logis et des dépendances : construction de la partie est à laquelle on adjoint, vers l'est, une cuisine ; édification du portail d'entrée et du magasin qui ferment le côté ouest de la cour. On peut aussi dater de cette période l'aménagement du jardin en terrasse. L'édifice ne subit pas de graves dommages pendant la Révolution : les Bleus préservent le logement du curé constitutionnel ; les Blancs épargnent l'ancienne demeure du curé réfractaire, le curé Charron, qui reviendra, dès 1799, dire la messe dans l'une des granges du domaine. On dispose, pour cette période, d'une visite détaillée des lieux en vue de leur estimation : un certain Robert Roullet de Nantes, déjà propriétaire des terres avoisinantes, souhaite se porter acquéreur de ce bien national. (Cf. texte associé). Selon le livre de paroisse du début du XIXe siècle, "la Vieille Cure fut donnée par le gouvernement pour l'acquit de 10 000 francs que l'hospice devait à un boucher et marchand de bois". En 1809, le citoyen Roullet, demeurant à Nantes, paie l'impôt pour "une maison principale, pressoir, écurie, cellier, boulangerie, cour, jardin, verger, contenant une pièce d'eau et de la terre à côté, contenant, prés, châtaigneraie et vignes". En septembre 1824, le curé de Saint-Fiacre, à la recherche d'un logement décent, signale à l'évêque que "le cy-devant presbytère va être vendu partiellement par adjudication". La municipalité se portera finalement acquéreur d'une maison bourgeoise située en face de l'église pour y établir la nouvelle cure. En 1836, Jean Rosier est propriétaire de la Vieille Cure, en 1863, c'est son héritier, Alexandre, puis, à partir de 1907, Georges Rosier, courtier maritime à Nantes : outre le fait d'avoir été quelques années maire de la commune, celui-ci est également le beau-père et l'hôte régulier de l'écrivain nantais Marc Elder, prix Goncourt 1913. Durant la longue occupation de la famille Rosier, 101 ans, les édifices ne semblent pas avoir été profondément remaniés ; tout au plus restaurés puis entretenus. En 1937, Félix Vannier de Paris achète la Vieille Cure ; il la revend en 1947 à F. Baud qui, souhaitant y établir un restaurant, construit divers appentis de parpaings sur la façade nord de la maison principale. En 1990, le nouveau propriétaire transforme en logement les communs et dépendances situés à l'est de la cour. En 2000, les appentis nord du logis sont abattus pour tenter de restituer l'emprise XIXe et entreprendre une restauration qui se poursuit actuellement.

Un portail monumental donne accès à une cour, fermée au nord par le logis principal, à l'ouest et à l'est, par d'anciens communs et dépendances partiellement transformés en habitation. Au sud, dans le prolongement de la cour, s'étend un jardin en terrasse, clos de murs.

Le logis principal

L'édifice comprend deux niveaux et des combles sous toiture. La façade sud présente trois travées irrégulières reparties selon les proportions deux tiers - un tiers ; cette structure est induite par l'ancien pignon est devenu, après le remaniement du XVIIIe siècle, mur de refend. Les encadrements de fenêtres, en calcaire mouluré, datent d'une restauration XIXe siècle. La façade nord offre une aile perpendiculaire centrée sur les deux premiers tiers de l'édifice. Cette aile englobe, vers l'ouest, un vestige de l'édifice primitif : petite construction dotée d'une base à empattement, presque carrée et d'un étage à encorbellement. Celui-ci repose sur une saillie en granite rainurée. La seule hypothèse susceptible de justifier la préservation de cet édifice est qu'il faisait office d'oratoire. Vers l'est, un contrefort consolide l'extension du logis réalisée au XVIIIe siècle. Les élévations sont en moellons enduits. Le toit d'ardoise est à longs pans et les pignons, découverts : cette mise en œuvre utilisée lors du remaniement fin XVIe-début XVIIe siècle, a été conservée pour le pignon est lors du remaniement XVIIIe siècle. Sur le versant sud, deux lucarnes en pierre de calcaire, de même facture mais de tailles différentes. Deux cheminées de brique enduites surmontent le pignon ouest et le mur de refend ; une troisième surmonte le pignon de l'aile nord. Au rez-de-chaussée, on note la présence de trois cheminées remarquables qui attestent des différents remaniements : à l'ouest, dans l'ancien salon de compagnie, une cheminée monumentale à corbeaux et piédroit de granite ; dans une chambre de l'aile nord, une seconde cheminée monumentale en partie détruite ; à l'est, dans l'ancien salon à manger, appuyée au mur de refend, une cheminée de pierre de calcaire Régence. Les sols sont en carreaux de terre cuites à l'exception de l'entrée dotée de carreaux de ciment à la fin du XIXe siècle. L'étage, auquel on accède par un escalier de bois à deux volées droites, offre deux grandes chambres à cheminées. L'aile nord, en très mauvais état, n'est pas accessible. Les combles sont composés de trois greniers : celui de l'aile nord et ceux du logis principal séparés par le mur de refend en terre et moellons. La trace d'une petite fenêtre apparaît sur le pignon est. L'aménagement d'une chambre de bonne, dans la première moitié du XXe siècle, a nécessité la construction d'un escalier de bois hélicoïdal, en remplacement de l'échelle mentionnée dans l'évaluation 1796.

Le commun nord-est

L'emprise de ce petit édifice, mitoyen du logis, figure sur le cadastre de 1827. L'estimation de 1796 le signale à usage de cuisine, avec un étage de décharge et jouxtant l'ancien salon à manger : cheminée, évier et fourneau ont disparu. Cette extension, sans doute de la deuxième moitié XVIIIe, joint le logis et les dépendances est. Les fenêtres, entourées de briques, ont été remaniées au XIXe siècle. La toiture à long pans est couverte de tuiles.

Les dépendances et communs est

En 1796, étaient regroupés sur cette emprise, du nord au sud, la boulangerie, le logement de deux pressoirs à long fûts, et une écurie à bœufs avec, au-dessus, des greniers éclairés de fenêtres. Ces bâtiments, sans doute contemporain du premier remaniement, étaient encore à usage d'écurie et de forge avant d'être transformés en habitation après 1990. Les élévations, sont en moellons enduits. La façade sur cour est consolidée par deux contreforts. La toiture est à longs pans et couverte de tuiles.

Les dépendances ouest

Ce bâtiment occupe tout le côté ouest de la cour. L'estimation faite en 1796 lui attribue un usage de magasin ; au XXe siècle, il était à usage de pressoir et cellier. La façade comporte cinq ouvertures en meurtrière et une petite fenêtre. L'un des claveaux de la porte cintrée, entourée de pierre de calcaire, porte la date de 1753. Les élévations sont en moellons enduits. La toiture à longs pans est couverte de tuiles.

Le jardin

On accède au jardin en terrasse, clos de murs, par quelques marches pratiquées dans l'axe d'un muret de soutènement de forme galbée. Une allée centrale, bordée d'une collection de poiriers anciens, autrefois en cordon, conduit aux édicules adossés sur le mur sud : au milieu, une tonnelle de pierre voûtée, dotée d'un plafond de planches peintes en trompe-l'œil ; à chacune des extrémités, une volée de marches semi-circulaires, seuls vestiges de l'orangerie (est) et des latrines (ouest) auxquelles elles conduisaient. Au nord-est de l'édifice, un vivier maçonné constitue les vestiges de ce qui a pu être un jardin aux XVIe-XVIIe siècles.

Le portail d'entrée

Le mur de clôture, au sommet galbé, est percé de trois ouvertures cintrées entourées de pierre de taille de granite : la porte charretière et une petite porte donnent sur la cour ; une seconde petite porte, rajoutée au XIXe siècle, permet d'accéder directement au jardin en terrasse. Côté cour, notons les embrasures destinées à recevoir des vantaux de bois rectangulaires.

  • Murs
    • calcaire
    • granite
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile, ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, jardin en terrasses
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • noue
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit
    • escalier intérieur : escalier en vis
  • État de conservation
    remanié, inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    maison d'homme célèbre

La Vieille Cure est le seul édifice de la commune à n'avoir subi aucun dommage pendant les guerres de Vendée, en 1793-1794. Le jardin en terrasse avec sa tonnelle et ses vestiges de fabriques peut être considéré comme exemplaire des jardins de curé au 18e siècle. Marcel Tendron, conservateur du château des ducs de Bretagne à Nantes, a, sous son nom de plume, Marc Elder, reçu le prix Goncourt en 1913 pour son roman Le peuple de la mer. Il a fréquemment séjourné à la Vieille Cure, propriété de son beau-père, Georges Rosier, où il est mort le 16 août 1933. Il se serait inspiré de lieux et d'habitants de Saint-Fiacre pour le décor et les personnages de son roman, La passion de Vincent Vingeame.

Documents d'archives

  • AD Loire-Atlantique ; B 1918. Papiers terriers de la Barre royale de Nantes. Déclaration du marquisat de la Galissonnière par messire Jacques Barin, chevalier, marquis de la Galissonnière [et autres lieux], 1680, folio 201-202.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 E 159 2. Paroisse de Saint-Fiacre. Registre BMS. Le trentième jour de juillet 1735.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 168 2-8. Cadastre de Saint-Fiacre-sur-Maine : états de sections et matrices, 1828-1952.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique Loire-Atlantique ; Q 57 1027. Estimation du presbytère de Saint-Fiacre à la demande du citoyen Robert Roullet, acquéreur soumissionnaire du dit bien national. 3 messidor an IV [= 21 juin 1796].

  • AM Saint-Fiacre-sur-Maine. Matrice du rôle foncier. Exercice de 1809. 4e section : la Pétière. N° 9.

  • Archives de l'Evêché de Nantes ; boîte 59. Paroisse de Saint-Fiacre. Presbytère. Courrier du curé Pesneau à l'évêque. 23 septembre 1824.

  • Archives paroissiales de Vertou. Paroisse de Saint-Fiacre : Livre de paroisse 1847-1893.

  • Pouillés de la province de Tours. Paris : Imprimerie Nationale, librairie C. Klincksieck, 1903.

    p. 269, 287, 293

Bibliographie

  • GERNOUX, Alfred. Saint-Fiacre. Annales de Nantes et du Pays nantais, n° 212, 1984.

    p. 35
  • JOUBIER, Robert. Marc Elder et ses séjours à Saint-Fiacre-sur-Maine. Annales de Nantes et du Pays nantais, n° 256, 1995,

    p. 14-16
  • PEAULT, M.-J., VISONNEAU, Th. Presqu'ile entre Sèvre et Maine : Saint-Fiacre, une commune, une histoire, un vignoble. Saint-Fiacre : Société des Amis de Saint-Fiacre, 2000.

    p. 6-7, 10

Annexes

  • Estimation du presbytère de Saint-Fiacre
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général