• inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Usine d'engrais Saint-Gobain, 1 impasse du Bélem
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bas-Chantenay - Nantes
  • Commune Nantes
  • Adresse 1 impasse du Bélem
  • Cadastre IX 1  ; IX 2
  • Précisions anciennement commune de Chantenay

Saint-Gobain  :

La Manufacture Royale des Glaces de miroirs est fondée en 1665 à Paris par Colbert et s'installe, en 1692, à Saint-Gobain, dans l'Aisne. En 1858, elle fusionne avec son grand rival national, Saint-Quirin, et donne naissance à la Manufacture des Glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey. Après la Première Guerre mondiale, l'entreprise continue la diversification de ses productions commencée au XIXe siècle dans le domaine des engrais, de l'acide sulfurique et des superphosphates.

Installation à Chantenay :

Saint-Gobain, qui possède une usine sur le site de la Prairie au Duc à Nantes, s'installe en 1902 à Chantenay, sur des prairies de bord de Loire, donnant à l'ouest sur la Papeterie Gouraud et à l'est sur Blanzy-Ouest et les chantiers navals des Chargeurs de l'Ouest (future implantation en 1912 de l´usine électrique de Chantenay). En 1959, Saint-Gobain et Péchiney s'associent, puis fondent la société des Produits Chimiques Péchiney-Saint-Gobain. Vers 1970, c'est la Compagnie des Fertilisants de l'Ouest qui occupe le site. Suite à la destruction de la plupart des bâtiments de l'usine Saint-Gobain, la création d'un lotissement industriel sur les terrains acquis par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nantes, au 18 rue des Usines (actuelle rue du Bélem), est actée au début des années 1980. De l'implantation industrielle de Saint-Gobain sur le Bas-Chantenay deux bâtiments ont subsisté : les magasins à phosphates, qui servent aujourd'hui de stockage à Sonastock, et le bâtiment abritant le logement du concierge, à l'entrée du site, qui servit de douanes à la C.E.D.I.C. dans les années 1980, et appartient à la société Mory Team qui l'a désaffecté (cf. figure 4).

Activité de l'entreprise :

L'usine de Saint-Gobain est formée de bâtiments reliés les uns aux autres par des voies ferrées intérieures et des transporteurs aériens. L'acide sulfurique, nécessaire à la fabrication des superphosphates, est obtenu, à partir de pyrites de fer, par le procédé des chambres de plomb. L'obtention de superphosphates se fait par réaction de l'acide sulfurique sur des phosphates naturels broyés. Les machines, broyeurs, malaxeurs, transporteurs à bandes ou à vis sont mues par l'énergie électrique et demandent une main-d´œuvre ni nombreuse ni très qualifiée. Les phosphates proviennent du Nord de l'Afrique, principalement de Tunisie, et sont acheminés par bateau. L'usine est approvisionnée en pyrite depuis les mines que Saint-Gobain possède. La majeure partie de la production est destinée à la région nantaise et aux départements voisins et est expédiée par voie ferrée. Il s'agit principalement d'engrais composés, d'acide sulfurique et de superphosphates.

Politique sociale de l'entreprise :

Au début du XXe siècle, l'usine Saint-Gobain de Chantenay emploie de 400 à 500 hommes ; en 1956, de 100 à 150 personnes. L´activité est saisonnière et les périodes intenses de travail sont au printemps et en automne. La Société de Saint-Gobain, Chauny et Cirey, Société des Manufactures de Saint Gobain, dont le siège est au 10 rue de la Fosse à Nantes, crée en 1916 des jardins ouvriers de 250 m² chacun à la Croix-Bonneau. La politique sociale de l'entreprise, témoignant d'une activité florissante entre les deux guerres, donne lieu également à la construction de deux groupes d'habitations à bon marché pour son personnel sur les "hauteurs de Chantenay", "c'est-à-dire dans des conditions d'aération favorables", note Maurice Amieux, conseiller municipal. La société acquiert, en 1918, une maison bâtie (aujourd'hui détruite) un an plus tôt rue de l'Abbaye, dans l'actuel parc de la Boucardière. Elle servira de logements à ses directeurs d'usine, dont M. Morgand, de 1912 et 1928. Ce même directeur obtient ainsi en octobre 1920 l'autorisation de construire un lotissement ouvrier de 15 logements (7 maisons doubles et une simple alimentées en eau de ville) à la Boucardière, en bordure de l'Avenue du Bois. Trois mois plus tard, en janvier 1921, il obtient également l'autorisation de construire, sur le même modèle de maisons, au lieu-dit de la Pièce-Pointue, un ensemble de 11 maisons ouvrières, dit "groupe de La Lande", alimentées en eau potable par un puits creusé. Les maisons jumelles mitoyennes sont organisées sur des parcelles d'environ 300 m2 par foyer. Les surfaces habitables sont de 33,8 m2 environ par foyer : une pièce donnant sur rue de 17 m2 et 2 pièces donnant sur jardin de 8,4 m2 chacune. Le jardin accueille en fond de parcelle des WC mitoyens. Ces cités sont détruites dans les années 1960. La société fait également construire, au début des années 1920, un immeuble pour ses cadres et un autre pour ses ingénieurs rue de l'Abbaye (cf. dossier).

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Les magasins à phosphates :

Les bâtiments sont composés de deux halles contiguës d'environ 20 mètres sur 70 formant magasins intégrant à l'origine un extracteur et un atelier de broyage. Une bascule à wagons sur un embranchement ferré reliait les magasins aux autres bâtiments du site industriel (magasins à superphosphates, quai, réseau ferré) (cf figure n°5). La structure des bâtiments est en bois et remplissage de maçonnerie de pierre et parpaing en pied, complétée en façade d'une vêture originellement en bois. Chaque halle est couverte par une toiture à 2 pans, coiffée d'un lanternon formant clocher, conservant en partie le bardage bois ajouré d'origine et permettant la ventilation. Les bâtiments ont été réhabilités par la société Sonastock, qui en est propriétaire, en 1985. Les travaux ont donné lieu au remplacement en grande partie des vêtures d'origine en bois par des bardages et couvertures en fibro-ciment, ainsi qu'au percement d'ouvertures destinées à l'entrée de camions à l'intérieur des magasins.

Le bâtiment de bureaux, laboratoires et logement du concierge :

Le bâtiment d'environ 14 mètres sur 20, comprend entresol, RDC et étage, combles aménagés. Il est constitué d'une maçonnerie de pierre enduite, d'une couverture en tuiles mécaniques sur charpente bois. Les nombreuses ouvertures sont encadrées de brique et de pierre calcaire. Le rehaussement de voirie de la rue des Usines, suite à la crue de 1910, semble avoir provoqué l'enfouissement de l'actuel entresol d'environ 1,20 mètre et la création de nombreux escaliers extérieurs d'accès à l'actuel RDC. En 1983, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nantes, propriétaire du bâtiment, aménage les combles et pose des châssis en toiture.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée

Ce site comprend des vestiges d´une entreprise importante pour le quartier bien qu´elle ait eut une période d´activité assez courte (1902-années 1970). Par ailleurs, l´entreprise a beaucoup investi dans l´habitat sur le coteau de Chantenay, dont il subsiste des maisons rue de l´Abbaye.

Bibliographie

  • LE NAIRE Marie-Madeleine, L'industrie des engrais minéraux dans la région nantaise, in Norois. N°10, 1956.

    p. 201-209
  • MICHEL, Jean-Marie. Contribution à l'histoire industrielle des polymères en France.

  • PINSON, Daniel. L'Indépendance Confisquée d'une Ville Ouvrière, 1982. Editions arts-cultures-loisirs.

  • Site internet de Saint-Gobain, rubrique historique.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012