• inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Quartier du Bas-Chantenay : présentation de l'aire d'étude
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Bas-Chantenay
  • Adresse
    • Commune : Nantes

À la Révolution, la paroisse de Saint-Martin-de-Chantenay devient commune. Elle est annexée à la ville de Nantes en 1908. A partir du XIXe siècle, ce quartier s´industrialise avec l'implantation d´usines, d´ateliers et d´entrepôts sur la plaine et d'habitations sur le coteau. En 1865, il ressort des rapports du commissariat central de police que l'Hermitage et Chantenay sont habités "par des Bas-Bretons, pauvres et sales, logeant dans des réduits sans air, ni soleil, qui conservent dans leurs maisons des matières, des os, des vieux chiffons, ou qui y élèvent des lapins". En 1900, l'ensemble de la commune de Chantenay compte 20 000 habitants, dont 9% de Bretons et 5% de Vendéens (elle s'élevait environ à 5000 en 1850). Les capitaines d'industrie du Bas-Chantenay et leurs familles, mais aussi des directeurs d'usine, y font construire ou habitent des maisons à proximité de leurs usines (Georget, Amieux, famille Paris, directeur de Saint-Gobain). La pratique importante des jardins ouvriers est soutenue par la Société des Jardins Ouvriers de Chantenay, créée en 1903, par le maire de Chantenay, Griveaud. L'importance des fêtes, dont celle des Petits Pois, rappelle à la population tout autant son passé rural que son travail ouvrier dans les conserveries, au premier rang desquelles, dans le Bas-Chantenay, Amieux. La cœxistence assez longue d'exploitations agricoles et de pâtures avec les activités industrielles persiste, à l'est, près des villages aujourd'hui disparus de Mallève et de la Fardière, jusqu'à l'urbanisation dans les années 1960-1970 du quartier de Bellevue, au nord. A partir des années 1980, la disparition de nombreuses industries, dont l'activité a été transférée en dehors de la ville, en tout ou en partie, ou abandonnée complètement, a engendré de grands espaces de friches, sur des terrains nécessitant un travail de dépollution ou/et de réurbanisation. Les dernières constructions marquant le paysage industriel du Bas-Chantenay sont, à l'est, la construction des silos Sonastock, de 1973 à 1990, et la construction du pont de Cheviré, en 1990.

Délimitation géographique et géologique de l'aire d'étude

L'aire d'étude couvre 3 500 mètres d'est en ouest sur 500 mètres du nord au sud, représentant une surface d'environ 150 hectares. Elle concerne l'ensemble de la façade fluviale nord de l'ancienne commune de Chantenay, ainsi que les quartiers de la Butte Sainte-Anne et de l'Hermitage, historiquement liés à la paroisse de Saint-Martin-de-Chantenay, mais attachés à la commune de Nantes dès la Révolution. L'aire d´étude se scinde en deux zones géologiques : le "coteau" granitique, constitué par l'extrémité sud du Sillon de Bretagne, des hauts de Roche-Maurice à la Butte-Sainte-Anne, et la "prairie industrielle", vaste plaine de bord de Loire. La toponymie est révélatrice de ce contraste géologique. Sur le coteau, les terres héritées des seigneuries de Lusançay, de la Hautière, d'Alligan, du domaine de l'Abbaye ont donné leur nom à des rues et des quartiers. La toponymie de la prairie évoque, quant à elle, un passé rural de bord de fleuve, à travers les lieux-dits de la Chaussée, du Pressoir Chenay, de la Vigne du Bourg, du Buzard, de la Vallée.

L'urbanisation du Bas-Chantenay

A l'ouest, l'urbanisation du coteau s'est réalisée sans projet concerté autour de foyers anciens d'habitation. Le foyer le plus ancien est attesté dès le XIe siècle autour d'une l'abbaye bénédictine dépendant de l'abbaye Saint-Melaine de Rennes, à l'emplacement actuel du château de l'Abbaye. La paroisse de Saint-Martin s'étend, au XIIIe siècle, entre la Chézine et la Loire. La chapelle "Saint-Martin-de-Tours", son presbytère et son cimetière, autour desquels se forme le centre du bourg ancien de Chantenay, se situent sur la voie de communication entre Nantes et Saint-Herblain, à une altitude d'environ 20 mètres. Un quartier se forme au début du XXe siècle autour de la place Jean Macé résultant plus d'une adaptation à la percée du boulevard de ceinture de Nantes, créé en 1890, que d'une politique de projet urbain. Des bâtiments d'habitation privés, quelques opérations de logements réalisés par les industriels pour leurs ouvriers (cité Arthur Benoît de 1906, créée par la Société Nantaise d'Habitations Salubres et à Bon Marché ; cité des cadres et des ingénieurs de Saint-Gobain, rue de l'Abbaye), s'implantent en retrait des voies, sur des parcelles aérées de cours et de jardins, puis, en pavillonnaires. Le premier règlement de voirie de la commune de Chantenay date de 1897, le règlement sanitaire communal, de1904. À l'est, la butte Sainte-Anne, éperon rocheux terminal du Sillon de Bretagne, atteint son point le plus haut, 35 mètres, au pied de l'église Sainte-Anne. À la charnière des XIXe et XXe siècles, ce quartier de Nantes donne lieu à d'importants projets d'urbanisme qui visent à améliorer la salubrité des quartiers jugés comme des taudis, projets soutenus par les thèses hygiénistes de la fin du XIXe siècle en faveur du développement de mesures convenables d'habitation pour les ouvriers garantissant une bonne santé mentale et physique. Des projets d'élargissement et d'alignement de voies anciennes, d'ouvertures de nouvelles voies, d'articulations de voies autour de nouvelles perspectives et de projets structurants tels que l'église Sainte-Anne, les deux écoles des Garennes, le lotissement de la rue Dupleix, les premiers bains et lavoirs publics, puis les H.B.M. de l'Hermitage, voient le jour et modifient la perception de la façade urbaine de la Butte-Sainte-Anne depuis Nantes. La prairie industrielle, zone naturelle a été rendue accessible depuis Nantes par la construction des quais du Marquis d'Aiguillon et Saint-Louis ; elle a ensuite été industrialisée et urbanisée. Cette zone est, au plus fort de son activité, dans les années 1930, entièrement couverte d'usines, de chantiers navals, d'entrepôts, de nombreux embranchements ferrés raccordés à la ligne Nantes-Saint-Nazaire. L'altitude actuelle de cette plaine est de 5 à 6 mètres.

Bibliographie

  • BAZIN, René. De toute son âme, 1897.

  • BERRANGER, Henri de. Évocation du vieux Nantes, 1966.

  • DUTERTRE, Emmanuelle. Savons et savonneries : le modèle nantais Carnet d'usines, MeMo, 2005.

  • Journée d'étude "Emploi et résidence dans la croissance, les crises et les mutations socio-économiques des banlieues aux XIXème et XXème siècles", 21mai 1985.

  • PINSON, Daniel. L'Indépendance Confisquée d'une Ville Ouvrière, 1982. Editions arts-cultures-loisirs.

  • PINSON, Daniel. Banlieue du XIXe siècle et spécialisation fonctionnelle de l'espace : le rapport industrie habitat à Chantenay. Réflexions sur les origines d'un urbanisme du zonage.

  • ROBINEAU, Evelyne. Raffinage et raffineries de sucre à Nantes : 17e-20e siècles, Association E+PI ; MeMo, 2011.

  • ROCHCONGAR, Yves, MACHELON, Jean-Pierre. Capitaines d'industrie à Nantes au XIXème siècle, Préf. MeMo ; E+PI, 2003.

  • VERNE, Jules. Souvenirs d'enfance et de jeunesse, manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Nantes, et édité pour la première fois par Christian Robin dans les Cahiers du Musée Jules Verne (Association des Amis de la Bibliothèque municipale de Nantes, 1990).

Annexes

  • Jules Verne et le Bas-Chantenay
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012