Dossier d’œuvre architecture IA44004423 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique
Porte de ville dite porte Saint-Michel ou le Château
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Guérande - Guérande
  • Commune Guérande
  • Adresse Ville intra-muros
  • Dénominations
    porte de ville
  • Appellations
    porte Saint-Michel, le Château
  • Destinations
    musée

C'est en 1350 que l'on trouve dans les textes la première mention de la porte Saint Michel. En février 1390, Guillaume de Lesnérac, capitaine de ville, prête serment pour la garde de la « ville et tour de Guerrande ». Un inventaire d'artillerie, conservé pour l'année 1495, précise que les armes à feu sont entreposées « En une petite chambre au hault du portal Saint-Michel » et « Au bas dudit portal de Saint-Michel ». La porte est également la résidence du capitaine de la ville. En 1542, Mathurin Petiteau, receveur ordinaire du roi à Guérande, reçoit ordre de faire faire « portes et pont-leveix » aux portes du « chasteau ». À la demande des États de Bretagne, réunis à Nantes le 22 août 1614, le roi consent à détruire les défenses du château de Guérande face à la ville. Ce projet ne semble pas avoir été réalisé, ou alors partiellement, si l'on considère que la précision des défenses « face à la ville » pourrait désigner un chemin de ronde à mâchicoulis qui aurait existé au revers de la porte et qui aurait alors été détruit. On n'en trouve pas mention une vingtaine d'années plus tard dans le procès verbal des réparations du château de Guérande. Les travaux à faire concernent essentiellement les menuiseries et les planchers des niveaux supérieurs qui supportent un dallage de pierres de taille de grison que l'on préconise d'enlever afin de soulager les solives. Des briques sont proposées en remplacement. Notons par ailleurs la mention des communications directes entre le châtelet et le chemin de ronde de l'enceinte, avec un petit pont-levis encore en usage. À la fin du XVIIe siècle, des réparations sont nécessaires au pont-levis de l'entrée principale du châtelet. Toute la toiture d'ardoise du châtelet est révisée. Ces travaux requièrent 5 milliers d'ardoises, 500 lattes et 15 milliers de clous de chevilles. Tout au long du XVIIIe siècle, différentes interventions sont demandées pour cloisonner, restaurer les menuiseries, rendre les parties hautes plus habitables. En 1763, une tempête enlève tout un pan de la toiture, qui est alors refaite, ainsi que deux fenêtres. L'année suivante, des travaux de terrassement très importants sont engagés au-devant de la porte et dans le passage dont on relève le pavé. Les fossés sont comblés. En 1787, on décide d'affermer cet « ancien logement du gouverneur quon nomme château ». À la Révolution, la tour est utilisée comme prison (10 juillet 1790) ; elle garde cette fonction sous le Consulat et l'Empire. La Restauration supprime la prison, et la Mairie s'y installe.

Les tours, portes et l'enceinte urbaine sont classés par arrêté du 14 juillet 1877. L'architecte en chef des Monuments Historiques Paul Boeswillwald réalise un projet de reconstitution de la porte Saint-Michel qui n'a jamais été réalisé. En 1896, l'architecte Gout propose une restauration plus simple et plus économique qui « s'applique uniquement à la conservation des dispositions actuellement existantes ». La charpente et la couverture sont réparées. Cependant, la ruine de la façade arrière oblige à déposer la petite échauguette qui surplombe l'entrée de l'escalier en vis, et à refaire les encadrements des fenêtres. En 1899, l'architecte Déverin entreprend des aménagements intérieurs destinés à embellir l'hôtel de ville qui est installé dans les parties hautes de la porte Saint-Michel. Ces travaux sont contestés, en particulier la grande cheminée en bois et les peintures décoratives dans la salle du Conseil. La restauration intérieure totale de l'édifice est entreprise en 1900 par le même architecte : reprise partielle des murs de refends lézardés, réfection des planchers pourris, plafonds, enduits, parquets, carrelages.

Le musée est fondé par Edmond Bertho en 1928 ; il n'occupe tout d'abord qu'une partie de la porte Saint-Michel, puis l'ensemble de l'édifice après le déménagement de l'hôtel de ville en 1954.

En 1960, l'architecte Raymond Cornon réalise des travaux de charpente, couverture et zinguerie sur la tour sud.

  • Période(s)
    • Principale : 14e siècle , (incertitude)
    • Principale : 15e siècle
    • Principale : 18e siècle

La porte Saint-Michel est l'entrée principale de la ville. Elle prend la forme d'un châtelet imposant, formé de deux tours rondes encadrant un passage voûté surmonté de plusieurs étages aménagés en logis.

L'entrée est double, avec porte piétonne et porte charretière dotées chacune de leur propre système de ponts-levis à flèches. Le passage était fermé par des vantaux, s'appliquant au revers du tablier, et une herse à la sortie du passage, vers l'intérieur de la ville. Le couloir d'entrée est percé latéralement d'une porte sous une grande arcade, au Sud. Cette ouverture, qui semble avoir été reprise et surhaussée à l'époque moderne, est aujourd'hui le seul accès à la salle basse de la tour sud. Cette salle de plan carrée possède plusieurs portes, une dans chaque mur. Seule celle qui s'ouvre à l'Ouest semble d'origine et non remaniée. Elle donne sur la petite salle voûtée en cul de four et desservant trois ouvertures de tir : des archères canonnières très remaniées, dépourvues d'encoches latérales. Le plan de la salle en U reprend celui de la tour. La même disposition se lit dans la tour nord : une salle carrée, accessible par une porte ouverte dans le mur de gorge, donne sur une première salle que l'on doit traverser pour accéder à la salle de tir. Notons que dans les deux tours, l'archère flanquant la courtine voisine a été réduite et transformée en canonnière qui s'ouvre en une large fente horizontale et rectangulaire à l'extérieur. Dans les deux cas également, le sol de la salle carrée est nettement surélevé, et son parement ouest, ainsi que le parement opposé au passage d'entrée, est en moellons non assisés, contrastant avec le reste de la construction, entièrement en grand appareil de pierre de taille. Toutes ces anomalies laissent penser que les deux tours rondes n'appartiennent pas à la même phase de construction que la partie arrière.

Les mêmes interrogations subsistent dans les parties hautes : les deux tours présentent une construction très homogène, avec deux niveaux de petites salles où des fenêtres rectangulaires se substituent aux ouvertures de tir. La présence d'une petite cheminée engagée dans le parement confirme la fonction résidentielle (pour des gardes ?) de ces salles. Il n'est pas impossible, cependant, que ces fenêtres soient d'anciennes fentes de tir élargies. Au second étage, ces salles communiquaient directement avec le chemin de ronde des murailles voisines par un passage voûté latéral dans l'épaisseur du mur. La porte donnant sur l'extérieur était protégée par une bretèche. L'accès a été modifié, au Nord, et se fait directement par le logis. On peut en effet qualifier de logis le grand corps de bâtiment de plan rectangulaire qui se développe à l'arrière des tours, au moins au Ier étage dans un premier temps. Il en possède les éléments avec, dans ses trois salles en enfilade, deux cheminées sur les murs pignons et trois grandes fenêtres à meneau et traverse. Elles ont toutes été refaites à l'époque moderne, mais seule celle située au Sud peut avoir été repercée dans le parement. La salle sud pose d'ailleurs problème dans tous ses aménagements, avec une cheminée engagée dans un mur de moellons très perturbé, et un accès dans l'angle sud-ouest à un réduit ouvert sur l'extérieur par une fenêtre (latrines ?). Cette salle est isolée de la salle centrale par un mur de moellons qui semble rapporté. Cependant, la très grande différence de niveaux existant entre les deux pièces ne permet pas d'envisager un seul volume à l'origine. La salle centrale est en revanche séparée de la salle nord par un épais mur de refend en pierre de taille dans lequel est engagée la cage de l'escalier en vis. Cette dernière fait néanmoins saillie à l'intérieur de la pièce.

Cette vis est l'entrée principale du logis. Elle prend naissance au pied du châtelet par une petite porte très simple, à linteau sur coussinets. Une échauguette, détruite en 1896, en défendait l'entrée. La vis se signale sur la façade arrière du bâtiment, par les fentes de jour superposées qui éclairent l'escalier. Elle donne accès au second étage, un grand volume unique sur plancher qui a été recoupé par des cloisons de bois légères aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Ce niveau ne conserve pas d'éléments médiévaux hormis peut-être les fenêtres qui sont masquées par des boiseries. La grande salle a été décorée au XVIIIe siècle. Elle conserve un tableau attribué à Martin Drolling, représentant en pied et en habit de cour, le bailli Jean-Emmanuel de Rohan-Pouldu, grand maître de l'ordre de Malte. Ce tableau fut offert en 1777 à la communauté de ville par Rohan lui-même. La décoration de la salle a été refaite dans les années 1900 par l'architecte Déverin, dans un style néo-gothique qui n'est pas surprenant, à cette époque, pour un hôtel de ville. C'est sans doute à l'époque moderne, lors de l'aménagement de cet ancien niveau de combles, qu'on perça des communications directes avec les petites salles du second étage des tours. Ces pièces sous plancher étaient surmontées probablement d'une toiture conique que ceinturait le chemin de ronde en encorbellement. Cette disposition, que Boeswillwald proposait de restituer à la fin du XIXe siècle, paraît tout à fait évidente au vu des vestiges subsistants au sommet des tours. Comme l'indique le même architecte, le dernier niveau du logis résulte d'une nouvelle surélévation des combles à l'époque moderne. La toiture actuelle, à quatre pans, se substitue à une toiture à deux versants reposant sur les pignons. La trace d'un solin sur la tourelle d'escalier montre que cette dernière passait au-dessus du toit. Elle donne également la pente très marquée du toit. Ce remaniement est enfin confirmé par la surélévation de la façade arrière de la porte, en moellons.

  • Murs
    • granite
    • pierre de taille
    • grand appareil
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
    • croupe
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1877/07/14
  • Référence MH

Ce châtelet peut correspondre, dans ses parties les plus anciennes, à la porte mentionnée en 1350. Il a toujours été habité et présente de nombreuses traces de ses aménagements successifs. Des relevés de détail sont indispensables pour affiner l'analyse e

Documents d'archives

  • Médiathèque du patrimoine. Archives, 81/44/70/1. Guérande, Remparts : Correspondance (1880-1961) : Rapport de Gout le 22 décembre 1896.

    Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont : Archives, 81/44/70/1
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 574.

    f° 238.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 575.

    f° 129-130.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 9166. Procès-verbal des reparacions du château de Guerande. 16 avril 1634.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 9170. Procès verbal des réparations à faire. 11 septembre 1683.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 9173. Devis des réparations à faire. 11 septembre 1688.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 175. Extrait du registre de délibération de la ville et communauté de Guérande. 15 octobre 1763.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 175. Devis des ouvrages a faire a Guerrande pour former la place audevant la porte St Michel. 15 août 1764.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 182. Extrait de délibération de la ville et communauté de Guérande. 29 mai 1787.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. E 136/11.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. E 216/13.

    f° 20-20 v°.
  • Archives du presbytère de Guérande. Cartulaire de la confrérie de Saint-Nicolas, vol. 1, statuts.

Bibliographie

  • CAROFF, Ch. Les fortifications de Guérande. Les cahiers des amis de Guérande, n° 21, 1974-1975.

    p. 27-28.
  • PRUNET, Pierre. 44-Guérande-Remparts : restauration, mise en valeur et mise à la disposition du public de l´enceinte fortifiée. Étude préalable, septembre 2000.

    p. 11.
  • QUILGARS, Henri. À travers la ville de Guérande : guide historique et archéologique contenant un plan de la ville. Nantes : Librairie Durance, 1913.

    p. 9-10.

Documents figurés

  • Plans, coupes, élévations, Boeswillwald, 1877 (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine).

  • Plans de BOESWILLWALD recotés, Service techniques de la ville de Guérande, 2001 (Ville de Guérande, services techniques).

Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2007
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Guérande